Jean H Hassenfratz 1804
Traité de l'art du charpentier / extraits
Trois scieurs de long font ordinairement en une heure, sur du chêne
encore verd, un trait de scie de 56 décimètres (139 pouces)
de long, sur 3 décimètres (11 pouces 0) de large, Ils donnent
50 coups de scie par minute, c'est 3.000 par heure; la scie est élevée
et abaissée dans chaque coup de 8 décimètres environ
(les conversions en unités anciennes ont ensuite été
supprimées). L'effort moyen de chaque homme est de 15 kilogrammes
environ. Celui qui est placé en haut est occupé à relever
la scie, ceux du bas à la tirer, l'homme du haut pèse un peu
sur la scie en descendant, les hommes du bas soulèvent un peu en
levant ; mais cette pression de l'homme du haut, cette élévation
des hommes du bas sont faibles, surtout lorsque le mouvement de la scie
est de 50 traits par minute. On peut donc considérer l'effort constant
pour soulever la scie comme étant de 13 kilogrammes, et celui pour
l'abaisser et refendre le bois comme étant de 26 kil. .
L'effort pour scier est composé du poids de la scie, plus de l'effort
des hommes du bas; si l'homme du haut emploie un effort constant de 15 kil.
pour soulever la scie, on peut ajouter pour son poids celle force à
celle que les hommes employent; c'est donc un effort de 39 kilogrammes,
qui élèverait un poids égal à 50 fois 8 décimètres
ou 2.400 mètres de haut par minute, conséquemment à
5000 fois 8 décimètres ou 2400 mètres de haut en une
heure. Comme les scieurs de long travaillent douze heures par jour avec
la méme force et la même vitesse, leur action journalière
élèverait un poids de 59 kilogrammes à 28.800 mètres
de haut, ou un poids de 1.128 kilog. à un kilom de hauteur, et l'action
journalière de chaque ouvrier serait de 376 kilogrammes à
un kilomètre de hauteur ..
Puisque les trois scieurs font en une heure un trait de 36 décimètres (139 pouces) de long, sur 3 décimètres (11 pouces) de large, c'est par minute un trait de 6 centimètres (26 lig. 59), et par coup de scie une entaille de 1,2 millimètre (0 ligne 53) de long...
Comparaison entre scieur et machine
Cette scierie peut donc être substituée avec
économie aux scieurs de long et aux équarrisseurs, puisqu'en
supposant la refonte de la planche à 20 fr., prix moyen du scieur de
long, elle produirait, par 24 heures, 232 planches, qui auraient coûté
48 fr. 40 c. et la dépense n'aurait été que de 15 fr.,
conséquemment le bénéfice serait trois fois la dépense...
(erreur sur le coût de la planche : 20 c et non 20 F + multiplication
approximative : 232 x 0,20 =46,40 F)
On peut juger, d'après cette comparaison, quel bénéfice,
pour le moment actuel, donnait une scierie à vapeur transportable,
substituée au travail des hommes; et le bénéfice sera
augmenté dans la plupart des exploitations de la valeur du combustible
employé, que l'on peut considérer comme étant nul.
Si dans le moment actuel, cette sorte d'usine présente un bénéfice
considérable, quelle espérance ne donne-t-elle pas pour l'avenir,
si la main-d'œuvre va toujours en augmentant, comme tout semble le faire
croire.