Grèves des scieurs de long
ou des terrassiers

6 décembre 1833
Coalition des menuisiers et des scieurs de long / Chalon (sur Saône), le 6 décembre 1833
Il y a quelques jours, nous avons eu la coalition des cordonniers: aujourd'hui, c'est le tour des menuisiers et des scieurs de long. C'est dans l'ordre. Puis ce seront les maçons, les plâtriers, puis les boulangers, puis les imprimeurs! Une fois le mouvement donné, il faut que tout le monde y passe.
(Les scieurs de long) Peu satisfaits du salaire qui leur est accordé, ils ont refusé de travailler. Jusque là, c'est bien. Malheureusement, ils ne se sont pas tenus à ces limites. Plusieurs ouvriers auvergnats... contents sans doute de ce qu'il gagnent, n'ont pas cru de voir suspendre leurs travaux... Avant hier matin, les ouvriers non travailleurs se sont portés au chantier où étaient les Auvergnats. On les a sommés de laisser là l'ouvrage. Après les avoir sommés, on les a assommés.
Le Drapeau tricolore 16 décembre 1833

20 août 1845
Les ouvriers scieurs de long viennent à leur tour de demander une augmentation de salaire, et sur le refus des maître de chantier d'accéder à cette prétention, ils ont suspendu leurs travaux dans toute l'étendue du département de la Seine.
Journal des Débats

17 octobre 1845
C'était vers les premiers jours du mois d'août dernier, à l'exemple des ouvriers charpentiers, les ouvriers scieurs de long songèrent à se mettre en grève, à imposer certaines conditions aux maîtres, relativement à une élévation de salaire... Ils avaient décidé qu'il devait leur être alloué 1 franc de plus par chaque jour, et qu'en outre le salaire à la tâche ne serait plus toléré...
Tarif qu'ils voulaient faire accepter par les maîtres, et qui se dispose ainsi:
1° Tout ouvrier scieur de long, affuteur, porteur de son livret, recevra 4 fr 75 c pour prix de la journée, et tout ouvrier non affuteur touchera 4 fr 50 c;
2° Chaque heure avant ou après la journée de travail sera payée, le jour 1 fr 10c;
3° Deux heures avant ou après la journée de travail seront comptées pour trois heures;
4° Les heures de nuit seront comptées double;
5° Les grandes journées commenceront le 1° mars et finiront le 1° novembre;
6° Les petites journées commenceront le 1° novembre et finiront le 1° mars;
7° Les petites journées seront payées 3 fr 80 c pour les affuteurs et 3 fr 50 c pour les non-affuteurs;
8° Le travail à la tâche est aboli.
Dans l'arrière boutique d'un marchand liquoriste se tenaient les chefs de la coalition. C'était à eux que devaient s'adresser les maîtres qui se détermineraient à accepter le tarif. On leur faisait signer des déclarations; qu'ils étaient obligés d'acheter, au prix de 1 fr, chacune des cartes dont ils devaient munir leurs ouvriers, pour qu'ils ne fussent pas inquiétés par la coalition...
Moniteur Universel

24 octobre 1845
On se rappelle, que peu de jours après la grèves des charpentiers, les ouvriers scieurs de long, beaucoup moins nombreux à Paris, cessèrent leurs travaux... Par suite de cette nouvelle grève, plusieurs scieurs de long furent arrêtés et sept d'entre eux renvoyés devant le tribunal correctionnel de la Seine... Ce sont les nommés Léonard Bourdon, Gilbert Bordier, Nicolas Vergnes, Antoine Faugeron dit l'Enfant de choeur, Martin Bayard, Antoine Foriot et François Michelet... Le tribunal... a condamné Bourdon (chef et moteur de la grève) à un an d'emprisonnement, Faugeron à trois mois, Bordier à deux mois; Bayard, Foriot et Michel, chacun à un mois. Vergnes a été renvoyé des fins de la poursuite.
Le Siècle

3 septembre 1881
Les ouvriers de deux importantes industries de Paris ne travaillent pas en ce moment. Après les charpentiers, les scieurs de long se sont également mis en grève; ils demandent une augmentation de 20 centimes par heure...
Le nombre total des scieurs de long du département de la Seine et de 2,000 *; beaucoup ont quitté la capitale pour rentrer dans leur famille, d'autres sont occupés en ce moment aux travaux de terrassement dans la banlieue; les autres travaillent chez les patrons qui ont adhéré au programme et qui, par conséquent, paient 2 fr. par jour de plus qu'avant la grève...
Détail caractéristique: les scieurs de long dont les patrons ont adopté le nouveau tarif versent à la caisse sociale la somme de 2 francs tous les jours, pour les besoins de la cause.
Le Petit Caporal

* dans un article du Petit Parisien du 4 septembre 1881, le nombre de scieurs pour le département de la Seine est 1.800.

4 août 1888
Les ouvriers terrassiers de Paris, qui ne gagnaient jusqu'ici que 45 ou 50 centimes l'heure ont réclamé à leurs patrons le prix de 60 centimes, qui est dit prix de la Série de la Ville de Paris, c'est à dire le prix adopté dans les chantiers où s'exécutent les travaux de la Ville.
Les entrepreneurs n'ayant pas accepté les prétentions des ouvriers terrassiers, ces derniers se sont mis en grève. C'était évidemment leur droit. Malheureusement un certain nombre de grévistes ne s'en sont pas tenus là. Armé de gourdins, ils ont parcouru les divers chantiers, forçant les ouvriers à abandonner leurs travaux et menaçant ceux qui persistaient à continuer...
Il y a eu des arrestations des condamnations en police correctionnelle et il y aura expulsion de tous les étrangers arrêtés dans les bagarres.. Ce n'est que justice; si les étrangers ne sont pas satisfaits du salaire qu'on leur paie en France, qu'ils aillent chercher mieux dans leur pays sans prétendre faire la loi ici.
Le nombre des grévistes est d'environ 15,000. On craint que les maçons se joignent à eux et que tous les travaux du bâtiment soient suspendus. On parle en outre d'une grève des cochers.

Eclaireur de Coulommiers

14 avril 1889
La Chapelle Rablais. Ne trouvant pas leur salaire suffisamment rémunérateur, les bûcherons de la coupe des Moyeux viennent de se mettre en grève. L'exploitation appartient à M. Ouvré, marchand de bois à Paris, conseiller général de Seine et Marne.
Journal de Seine et Marne