Les textes sont repris de l'enquête réalisée par les élèves en 1997

Les sangsues

Pour reconstituer le passé de notre village, nous avons cherché dans de vieux papiers: les passeports pour l’intérieur.
Nous sommes tombés sur un métier bizarre: marchand de sangsues !

Les sangsues ne se pêchaient pas comme des poissons: pas de cannes à pêche ni d'épuisettes. Il suffisait de mettre les jambes dans l’eau d’un fossé jusqu’aux genoux et d’attendre. Les sangsues venaient sucer le sang et elles s’accrochaient aux jambes. Il suffisait de les décoller et de les mettre dans un bocal avec de l’eau.

Le pêcheur allait chez l’apothicaire (le pharmacien) qui les revendait au médecin.
Le docteur s’en servait pour soigner les gens, car dans le temps, on faisait souvent saigner les gens pour enlever le mauvais sang.
Les médecins ne savaient pas bien comment fonctionnait le corps humain...

Les quatre principales humeurs du corps sont, Le sang, la pituite, la bile, & la melancolie.
Humeur sanguine. humeur pituiteuse, ou phlegmatique. humeur bilieuse. humeur melancolique, ou atrabilaire. l'intemperie & l'alteration des humeurs causent les maladies
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Dictionnaire de l'Académie Française fin XVII°

Hippocrate attribuoit ensuite à ces quatre sortes d'humeurs quatre qualités principales ; il prétendoit que le sang est chaud & humide, la pituite froide & humide, la bile chaude & seche, & la mélancholie froide & seche : il pensoit ensuite que la combinaison de ces différentes qualités en formoit d'autres, telles que l'amer, le doux, le salé, l'âcre, l'insipide, & une infinité d'autres matieres qui ont diverses qualités, selon qu'elles sont abondantes ou qu'elles sont fortes ; ces différentes qualités selon lui, ne s'apperçoivent point, & ne font point de mal à qui que ce soit, tant que les humeurs sont mêlées également, & que par ce mêlange elles se temperent l'une l'autre ; mais s'il arrive que les humeurs se séparent, qu'elles prédominent entr'elles, & qu'elles demeurent à part, alors leurs qualités deviennent sensibles & incommodes en même tems.

Encyclopédie Diderot, d'Alembert, fin XVIII°

Les sangsues étaient vendues au poids, les plus grosses s’appelaient des sangsues Vaches: elles pesaient de 4,5 à 12 grammes. Il y avait aussi les bâtardes, chalands, demoiselles, fleuries, syriennes, dragons qui ne valaient rien.

“Au milieu du XIX° siècle, on pratiquait l’élevage (hirundiniculture) en France dans un certain nombre de départements. Lorsque les sangsues avaient atteint tout leur développement dans les marais artificiels où on les nourrissait avec le sang des bestiaux ou des chevaux hors de service qu’on mettait à pacager dans ces marais, on les transportait dans un autre marais dit d’épuration ou de dégorgement.”

Maintenant, la médecine s’est améliorée. Depuis Pasteur, on sait que les microbes donnent les maladies; on a trouvé des médicaments efficaces. On ne sert presque plus des sangsues. Les sangsues sont encore utilisées pour “soustraire le sang, surtout en milieu hospitalier chez l’enfant après des greffes de peau dans les services des brûlés. La sangsue permet d’absorber le sang qui s’accumulerait au niveau de la greffe...”

Merci à Mme Dolliou, pharmacienne,   pour la documentation sur l'usage actuel des sangsues.