Hainaut / Brie
Mobilité des populations
"Infinité d'estrangers, plus que le
double de ceux qui estoient en résidence" Le
Prince se plaignait de l'affluence des étrangers établis en
trop grand nombre dans sa Terre de Chimay, depuis quarante ans ença
et surtout depuis la paix de Vervins (1598)...
cité dans Emile Dony bulletin de la commission royale d'histoire,
Bruxelles 1907
Les listes du recensement qu'il ordonna en
1.616 tempèrent un peu les affirmations du Prince de Chimay, cependant
l'afflux d'étrangers vers la Principauté était réel:
sur 232 foyers rencensés à Momignies (165) et Beauwelz (67),
les deux paroisses d'où proviennent principalement les voituriers
retrouvés en forêt de Villefermoy, 91 trouvent leur origine
dans d'autres paroisses (40%) dont 63 de terroirs non limitrophes (27%)
"Jean Du Quesne, venu d'Arras, néantmoins
allyé par mariaige à une fille de Mommegnyes et résident
puis 7 ans... Hubert Geoffroy, ne sçachant d'où il est ny
sa femme, néantmoins résident deppuis 14 à 15 ans...
Marin Gillet, liégeois, venu avecq sa femme et famille deppuis 4
ans..."
Sur les cartes du Hainaut, ci dessous, chaque
point rouge correspond au lieu d'origine d'une famille; pour plus de clarté,
la région de Momignies a été agrandie.
Comparons, la situation à Momignies et à la Chapelle Rablais.
Tout d'abord, les cartes ne sont pas à la même échelle.
L'extrait de Cassini agrandi, entre Ohain, Momignies et Chimay, grisé
sur la carte supérieure, correspond à peu près à
la distance la Chapelle Rablais (point bleu) Provins sur la carte de Tassin.
Ensuite, Momignies est un bourg de plus deux cents familles alors que la
Chapelle Rablais n'atteignait pas la centaine de foyers avant la Révolution,
moins encore au début du siècle où n'étaient
comptés que 40 feux en 1709. Paroisses et
Communes de France Les périodes envisagée ne sont pas
les mêmes: XVII° siècle pour Momignies, XVIII° pour
la Chapelle Rablais: la première carte de la Chapelle Rablais montre
les conjoints hors paroisse correspondant au premier volume des Registres
Paroissiaux conservés en mairie: 1752/62. Quarante trois mariages
ont été célébrés, soit quatre vingt six
époux, dont les trois quarts, soixante cinq, étaient de la
commune et quatorze de terroirs limitrophes. L'époux le plus éloigné
vient de la région de Provins. On reste dans la Brie.
En passant la souris sur la carte ci-dessous, on découvre la situation,
cinquante ans plus tard. La dispersion est beaucoup plus grande. On n'hésite
plus à prendre des conjoints hors province, dont les voituriers thiérachiens.
Pour 112 mariages, soit 224 époux, cent venaient d'une autre commune,
soit 44%. A peu près le même rapport que les familles du Hainaut,
deux siècles auparavant. Contrats de mariage
Nangis AD77 108 C 70 & Etat civil la Chapelle Rablais
Pour résumer: peu de déplacements en Brie qui était une province privilégiée, tant par la richesse de son agriculture que sa tranquillité; beaucoup de mobilité dans la "Thiérache", à la fois soumise aux invasions et n'offrant pas les mêmes facilités de culture: "Momignies, Seloignes et Forges villages absolument dépourvus de bonnes terres" Fagne et Thiérache, architecture rurale de Wallonie