... Le Conseil des Anciens, considérant qu’au moment où le numéraire prend, dans la circulation, la place du papier-monnaie que la nécessité des circonstances y avait substitué, il est instant et juste de rendre à la solde des défenseurs de la patrie sa véritable valeur, et de statuer sur sa fixation proportionnelle. Déclare qu’il y a urgence et prend la résolution suivante:
Art 1°. A compter du 1° prairial prochain, la solde des troupes, de quelque arme qu’elle soient, sera réglée et payée en numéraire, conformément au tarif annexé à la présente.

2. Il n’est rien dérogé aux dispositions de la loi du 23 germinal relativement aux fonds à faire par la Trésorerie nationale pour la solde des troupes.
3. A compter de l’époque ci-dessus, toutes espèces de fournitures en subsistances, pour les troupes employées dans l’intérieur, seront supprimées; le pain seul leur sera distribué sans retenue.
4. A compter du 1° vendémiaire prochain, les rations de fourrages dues et à distribuer aux officiers de tout grade employées dans l’intérieur, cesseront de leur être fournies en nature, mais elles leur seront payées à raison d’un franc ou vingt sous par ration, conformément au tarif fixé par les lois antérieures: la loi du mois de mai 1793, relative à cet objet, demeure abrogée.
5. Le supplément de solde pour les troupes aux armées, pour celles employées aux colonies, et pour celles en marche dans l’intérieur, consistera pour les soldats et sous officiers, en distribution de pain, viande, riz, légumes, bois et fourrages.
6. Le supplément de solde pour les officiers aux armées ou aux colonies, sera de pain, viande, riz, légumes, bois et fourrages.
7. Le logement des officiers, lorsque la République ne le leur fournira pas en nature, leur sera payé en numéraire effectif suivant le tarif fixé par la loi du 23 mai 1792.
Il en sera de même pour les commissaires des guerres, à l’égard desquels on suivra le tarif fixé par la loi du 28 nivôse an III, sur l’ordre de la comptabilité.
8. Les officiers en activité recevront, seulement pour les jours complémentaires, les rations qui leur seront accordées par la loi.
9. Il sera accordé par an, aux directeurs d’artillerie et des fortifications, lorsqu’ils ne seront point officiers-généraux, pour frais de bureau et de tournée, une indemnité de deux mille quatre cents francs pour ceux de première classe et de dix-huit cents francs pour ceux de seconde classe. Le Directoire exécutif demeure chargé de fixer les directions de première et seconde classe selon leur grandeur et leur importance.
10. Ceux desdits officiers qui seraient directeurs des fortifications ou d’artillerie, et employés en même temps soit aux écoles soit aux dépôts, ne pourront prétendre aux indemnités accordées à ces derniers emplois, ou seront tenus d’opter, sans que toutefois les officiers-généraux de ces deux armes puissent prétendre, sous quelque prétexte que ce soit, à ces indemnités.
11. Pareille indemnité de deux mille quatre cents francs ou de dix-huit cents francs, sera accordée aux commandans en chef de ces deux armes du génie ou de l’artillerie, dans le cas où ils ne seraient pas officiers- généraux.
12. Les soldats et caporaux seront tenus de mettre trois sous par jour à l’ordinaire de la chambrée; le surplus de la solde sera à la libre disposition du soldat, lorsqu’il aura sa masse complète et fourni à son entretien de linge et chaussures.
13. Il ne sera retenu aux sous- officiers et soldats, lorsqu’ils seront à l’hôpital, que les deux tiers de leur solde. Le surplus leur sera remis lorsqu’ils seront rendus au corps.
14. Tout soldat ou sous- officier sortant de l’hôpital aura trois sous par lieue pour rejoindre son corps.
15. L’étape, pour les officiers en route avec leurs corps, est supprimée; il leur est accordé en remboursement une indemnité de cinq francs par jour pour les chefs de brigade, de quatre francs pour les chefs de bataillon et d’escadron, trois francs pour les capitaines, deux francs cinquante centimes pour les lieutenans et sous- lieutenans.
16. Il n’est rien dérogé aux lois rendues sur le mode de paiement, ni aux conditions exigées par les même lois, sur l’ordre de la comptabilité.