La maison du berger
Alfred de Vigny, extrait

Ce coquin d'Alfred, qui avait juste envie de mêler ses cheveux à ceux de sa belle dans la cabane à roulettes du berger, n'avait pas dû souvent y mettre le nez, car il y a fort à parier qu'à l'intérieur, cela devait sentir le mouton et le moutonnier qui se négligent!
Il est sur ma montagne une épaisse bruyère
Où les pas du chasseur ont peine à se plonger,
Qui plus haut que nos fronts lève sa tête altière,
Et garde dans la nuit le pâtre et l'étranger.
Viens y cacher l'amour et ta divine faute ;
Si l'herbe est agitée ou n'est pas assez haute,
J'y roulerai pour toi la Maison du Berger.

Elle va doucement avec ses quatre roues,
Son toit n'est pas plus haut que ton front et tes yeux
La couleur du corail et celle de tes joues
Teignent le char nocturne et ses muets essieux.
Le seuil est parfumé, l'alcôve est large et sombre,
Et là, parmi les fleurs, nous trouverons dans l'ombre,
Pour nos cheveux unis, un lit silencieux.