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Témoignage d'un exploitant
plâtrier aux Grands Montgoins, Saint Cyr sur Morin, extraits.
Le gypse ainsi remonté était
cuit dans des fours suivant diverses techniques. Aux Grands Montgoins, on
utilisait des "fours à culée"... Deux ouvriers déchargeaient
les wagonnets et montaient les fours. Ils les emplissaient de pierres à
plâtre, plaçant les plus grosses sur le sol. Les pierres étaient
empilées à sec, de façon que l’air puisse circuler
entre elles. Des "voûtains", six par four étaient construits
à la base, afin de recevoir le bois de chauffage que l’on plaçait
au fur et à mesure de leur construction. Au XIXe siècle, on
utilisait des "bourrées" ou fagots. Les voûtains n’étaient
pas toujours voûtés. Le plus souvent, aux Grands Montgoins, les
ouvriers commençaient par monter des murets. Puis ils choisissaient
des pierres triangulaires, qu’ils plaçaient sur les murets, la
pointe en haut: ces pierres s’appelaient des "traits". Ils
les coinçaient par des "clés", également triangulaires,
mais placées dans l’autre sens, la pointe en bas. D’autres
fois, faute de traits ou de clés, ils formaient une voûte avec
des pierres plates, posées en biais, comme pour la voûte d’un
pont. Chaque voûtain était large de 50 cm, haut de 80, puis on
empilait le gypse. Les grosses pierres en bas, les plus petites au sommet.
Le four avait une hauteur de 2,80 à 3 m. Lorsqu’il était
prêt, que les voûtains avaient reçu leur provision de bois,
on le fermait par des tôles, à l’intérieur du bâtiment
et on allumait les bourrées, par les "culées" extérieures.
Le four brûlait pendant 20 ou 24 heures. Il consommait 1.200 bourrées.
On rechargeait les voûtains suivant le besoin de cuisson qui variait
en fonction du tirage: on "rafourait" pour employer le terme utilisé
par les plâtriers. Plus tard, on utilisa entre 16 et 20 stères
de bois dit de "boulange", parce qu’il était employé
par les boulangers, composé de bouleau, brûlant vite, chauffant
bien, et d’aulne, un bois très humide et très dense, long
à s’enflammer mais se consumant lentement et assurant une égalité
de température. Plus tard encore, on utilisa n’importe quel bois:
du charme, du tilleul, etc., mais la cuisson était moins régulière.
Et pendant la guerre 1939 on chauffa au coke. Après 20 ou 24 heures,
il fallait s’assurer que le plâtre était cuit. Pour cela,
un ouvrier armé d’une pioche montait sur le four tout fumant.
Naturellement, il mettait une planche pour ne pas se brûler les pieds,
et il y restait juste le temps de donner une quinzaine de coups de pioche,
pour voir si les pierres du dessus étaient cuites. Si oui, le four
était bon. Sinon, il fallait remettre du bois dans les voûtains.
L’ouvrier redescendait vivement de son bain de vapeur, qui l’avait
fait transpirer comme dans un sauna. La cuisson faite, le four refroidissait
pendant 24 heures. Les pierres étaient cuites alors broyées
à la mailloche, et plus tard dans un broyeur auquel était attelé
un cheval. Ce broyeur était constitué par une grosse meule en
fonte, verticale, reliée à un axe central, tournant dans un
auget en fonte dont le fond était garni de "soles" ou plaques
en acier perforé. Le plâtre broyé dans une fosse, était
repris par une chaîne à godets, qui le remontait pour le déverser
dans un entonnoir permettant l’ensachage. Les sacs en toile contenaient
25 l, pesaient 30 kg. Au XIXe siècle lorsque le plâtre était
broyé à la mailloche, l’ensachage était fait à
la main. On en respirait, du plâtre !
Cité dans "Maisons de Brie
et d'Ile de France" de Michel Vincent, p 282 à 293, extraits.
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L'an mille huit cent trente deux, le 16
février, Nous Maire de la commune du Châtelet en vertu de l'invitation
qui nous a été faite par Mr Le Préfet de Seine et Marne
par sa lettre en date du vingt et un novembre dernier, de procéder
à l'information des Commodo et Incommodo dont il est ci après
parlés.
Avons fait publier et afficher en cette commune le vingt cinq janvier dernier
l'avis dont la teneur suit.
AVIS
Les habitants de la commune du Châtelet
sont informés que le sieur Devien maçon en cette commune a formé
devant M. le Préfet une demande tendant à obtenir l'autorisation
d'établir un four à plâtre sur le territoire du Châtelet,
lieu dit Le Plessier, à gauche de la route allant à Melun à
trente mètres de la grande route et à soixante dix mètres
de la maison de Louis Bourguignon, à cent quatre vingt mètres
de la poste aux chevaux et à deux cent dix mètres de la ferme
du château des Dames.
Le Maire de la commune invite les personnes qui verraient un inconvénient
à établir ce four, à l'endroit ci dessus indiqué
à présenter sous huit jours pour tout délai la Mairie
à l'effet d'y faire constater leurs observations. Le procès
verbal qui sera ouvert à cet effet sera clos à l'expiration
du dit délai et adressé immédiatement à M. le
Préfet, chargé du dossier sur la demande du Sr Devien.
La présente loi sera publiée et affichée ce jour d'hui
en cette commune aux endroits accoutumés; le maire Alloënd Bessand.
Attendu que personne ne s'est présenté pour faire des observations
sur l'établissement du four dont il a été ci dessus parlé.
Nous avons clos le présent procès verbal ce jour et a dit en
observant qu'il n'y a aucun inconvénient à ce que ce four soit
établi à l'endroit ci dessus désigné.
Le Maire de la commune du Châtelet
Alloënd BESSAND
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