Maçons limousins
à la Chapelle Rablais-7

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Voyez le Panthéon
Voyez les Tuileries
Le Louvre et l'Odéon
Notre-Dame jolie
De tous ces monuments
la France est orgueilleuse
Elle en doit l'agrément
Aux maçons de la Creuse
Jean Petit: Chanson des maçons de la Creuse

Lien vers une vidéo de la chanson

 

Les Limousins sont fiers -à juste titre- de la participation de leurs ancêtres à la construction de monuments prestigieux. En Brie, les Creusois, Michel Villedo et son beau frère Antoine Bergeron furent maîtres d'oeuvre du château de Vaux le Vicomte dessiné par le Vau.

D'autres réalisations sur le site "Les maçons de la Creuse"

Mais tous les maçons limousins n'étaient pas occupés à construire des palais, à embellir et agrandir Paris quand, sous Napoléon III, la capitale passa de douze à vingt arrondissements.
Quelques décennies auparavant, Martin Nadaud, débuta comme "poulain" d'un compagnon maçon:
"On me donna à servir un nommé Henry Raymond, de Gagny... Nous étions occupés à faire des murs de clôture de jardin. Je faisais tant bien que mal mon service, pendant que nous étions dans les fouilles et jusqu'à hauteur d'échafaud." Puis, à Paris, il servit un autre compagnon, devant monter des auges de plâtre jusqu'au cinquième étage: "Un jour, mon compagnon se mit à pigeonner les têtes de cheminées de ce bâtiment, travail qui consistait à adosser aux murs, avec la main, des languettes de plâtre." Plus tard, il aida un ouvrier qui reconstruisait un pignon mal bâti. Jeantou, héros de fiction, eut à consolider les murs d'une cave... On était bien loin des chantiers de prestige !

Qu'en était-il en Brie? De nombreux maçons limousins sont révélés par l'enquête de 1809 "Emigrations et immigrations d'ouvriers. Questions adressées aux communes sur le nombre approximatif d'individus qui viennent y travailler ou qui en sortent pour chercher de l'ouvrage." AD77 M9215 Bien sûr, ils venaient pour "la maçonnerie, la limousinerie, la bâtisse, la construction". Quand une spécialité est mentionnée, c'est "construction des murs, grosse maçonnerie, maçons en gros mur, maçons en terre et couvreurs en paille..." et quelques activités que nous découvrirons plus loin. "Maçons en terre"... on est plus près de la maison des petits cochons que du palais de Versailles!

Le père des deux Jean Dubreuil de la Chapelle Rablais décéda à Rozay en 1812:
"François Dubreuil âgé de 46 ans, est décédé hier à une heure du soir en la maison n°220, rue Saint Jacques, maçon en terre, demeurant à Rozoy depuis dix neuf jours et en la commune du Grand Bourg département de la Creuse" AD77 5 Mi 5632 A Boissy le Châtel, des générations de Dumas furent maçons en terre, depuis Augustin, né en 1716 jusqu'à Denis Auguste décédé en 1877; le dernier, Etienne Cyprien mort en 1912 fut qualifié de "maçon en gros mur" (sans S à mur), comme Jacques Menut, présent en 1838 au mariage du maçon limousin Delisle à la Chapelle Rablais.
Correspondance avec M. Sarazin Charpentier & AD77 5 Mi 2831

Les Limousins dans l'enquête de 1809

C'est en "mortier de terre" que le Limousin Michel Couty s'engage à construire deux petites maisons aux Montils, l'une pour Jean Louis Hû, l'autre pour Jean Bureau. Le contrat du 9 mars 1791 chez le notaire Hardouin précise: "De faire le mur de costière, de neuf pieds d'hauteur compris les fondations, sur vingt et un pouces de large, un pignon à chaque bout et un autre au milieu pour séparer lesdites deux travées, le tout avec mortier de terre." AD77 Minutes du notaire Hardouin 261 E 24
Le 2 avril 1854, le Conseil municipal propose de vendre des peupliers, étant "d'une extrème grosseur", mais aussi la terre provenant de la démolition d'un mur du presbytère. Registre des délibérations, archives de la mairie

Les plus nobles tâches de la contruction ne semblaient pas réservées aux Limousins. La feuille de l'arrondissement de Fontainebleau, en 1809, précise que les 380 maçons recensés s'occupaient aux travaux de grosse maçonnerie, la taille des pierres étant effectuée par une vingtaine de Normands originaires du Calvados, bien mieux payés.
Le terme "limousin ou limosin" est défini par "Ouvrier maçon spécialisé dans la construction à partir de moellons et de mortier, ou limousinage, souvent originaire du Limousin ou de la Marche."
Daniel Boucard Dictionnaire des outils et instruments pour la plupart des métiers

En 1783, l'architecte Lucotte publia, dans "L'art de la maçonnerie" une classification des maçons, suivant leur ordre de prestige, mais aussi de salaire, classement reproduit en 1859, dans "Les maçons de la Creuse" par Louis Bandy de Nalèche. Car d'après cet auteur: "L'art de la maçonnerie n'a pas fait de sensibles progrès; nous trouvons dans le Dictionnaire des arts, et métiers de Lucotte, architecte, la nomenclature des ouvriers en bâtiment, qui en 1783 était exactement la même qu'aujourd'hui... Tous les emplois indiqués par Lucotte, sauf pourtant celui d'architecte, sont remplis par l'émigrant Marchois." Le Limousin n'arrive qu'en neuvième position sur dix ouvriers, si l'on excepte "ceux qui servent", qui aident les maçons, battent le plâtre, roulent les pierres, poussent les chariots...
"Le neuvième Ouvrier est le Limousin. Son emploi est de construire les ouvrages en mortier. Gain Le prix de journée est d'environ 36 sous.
Le dixième et dernier Ouvrier est le Manoeuvre. Son emploi est de faire les ouvrages bas & rudes et de servir les autres. Le prix de journée est de 25 à 30 sous."

Nomenclature des ouvriers en bâtiment aux XVIII° & XIX° s.

"Bousilleur ou bouzilleur: maçon travaillant un mortier de terre et de paille, ou bousillage. Cette spécialité ne demandant pas un grand savoir-faire prendra une connotation péjorative."
Daniel Boucard

"Bousilleurs: ouvriers maçons qui avaient la spécialité du bousillage. Celui-ci consistait à élever des constructions légères avec de la boue et de la paille hachée. Mauvais ouvriers, qui sçavent mal leur métier et qui travaillent avec peu d'adresse et de propreté.
Savary: Dictionnaire du Commerce
La maçonnerie en terre, en Brie, ne consiste pas en murs entiers de pisé ou de torchis, qu'on ne trouve que rarement, dans les greniers et autres pièces sans gloire, ou dans des bâtiments très anciens à pans de bois. La pierre n'est pas rare, surtout la meulière, mêlée à l'argile et que les socs déterrent à chaque labour. Eponge minérale aux contours incertains, il est bien difficile d'en monter des murs en pierre sèche, même en calant les plus grosses pièces avec les "garnis", les petits cailloux cités par Nadaud. Par souci d'économie, les murs étaient montés en intercalant, entre chaque lit de meulières ou de grès, une couche d'argile mêlée de sable à lapins plutôt que de mortier. Ce qui fait le bonheur de parasites qui y creusent des labyrinthes, que ce soit le lierre ou de sales bestiasses comme insectes, souris et rats.
J'en ai fait la triste expérience dans ma vieille maison qui fut fermette de vigneron, auberge, boulangerie, épicerie avant de devenir ruine et que j'essaie de restaurer depuis des lustres, avec un talent que n'égale que ma modestie. Les murs sont bâtis en meulières liées à la terre, les chaînages d'angle en grès. Un sale raton a eu la bonne idée de creuser des galeries dans la terre des murs et l'encore meilleure idée de venir crever dans une cloison de la chambre! Ambiance !
Pour protéger cet appareil très fragile, les murs étaient diversement recouverts, suivant leur fonction. Enduit uni et lissé pour la maison d'habitation; à pierres vues pour les pignons, les granges, les étables ou totalement absent pour les constructions les moins nobles qu'il fallait protéger d'un bon toit relevé d'un coyau, les gouttières étant inconnues. Est-ce par souci d'économie que le maçon Couty ne devait recouvrir ses murs d'aucun enduit: "ni de crépir les murs, dont il est dispensé par ledit Hû"... "ni de crépir lesdits murs de manière quelconque" précise l'acte de Jean Bureau.

La meulière, trop irrégulière, n'est pas idéale pour les chaînes d'angles, les entourages de portes et de fenêtres. En Brie, on trouve des chaînages de grès ou de briques, suivant les terroirs. La Chapelle Rablais se situe non loin de la zone où règnent les nervures de briques, un peu plus au sud et vers Provins, comme le montre cette carte issue de"Maisons de Brie et d'Ile de France", de Michel Vincent. Les grès se trouvant sur place, dans les carrières des Montils, étaient fréquents dans les maisons anciennes de la commune; on y trouvera plus tard des chaînages de briques, plus faciles à mettre en oeuvre.
Les enduits étaient réalisés à la chaux, le plâtre étant plus utilisé dans le Nord de la Seine et Marne où se situent les bancs de gypse. Pourtant, on trouvait des fours à plâtre au Châtelet en Brie.

 

Un four à plâtre était une horreur écologique comme on peut en juger par ce tableau de Géricault: une simple grange, sans la moindre cheminée, dans laquelle on entasse du bois et les pierres à calciner. Et de répandre une épaisse fumée pendant une journée entière! Il n'est pas étonnant qu'un voisin ait déposé une plainte, l'année même de sa construction en 1848, par Théodore Petit dit Lafond, représentant d'une lignée de maçons locaux, dans une petite ruelle du Châtelet, derrière l'église.
L'implantation d'un autre four à plâtre avait été sollicitée à la sortie du village par le sieur Devien, autre représentant d'une lignée de maçons locaux.

 

Le plâtre était utilisé pour les enduits intérieurs, comme de nos jours (avant l'usage du placo), mais aussi pour les moulures et enduits extérieurs, sous la forme du "plâtre gros", mélange de plâtre, de charbon de bois, de sable et d'un peu de chaux.
Pour faire du plâtre, il faut calciner du gypse. Et du gypse, si on en trouve de forts gisements au Nord de la Seine et Marne et même à Paris, on n'en trouve pas au Sud:
"Dans le département les dépôts gypsifères sont présents dans la partie Nord uniquement car au Sud d'une ligne Ouest-Est située à quelques kilomètres au Sud de Meaux, les conditions de sédimentation étant différentes, le dépôt de gypse a été remplacé par la sédimentation du Calcaire de Champigny."
Schéma départemental des carrières de Seine-et-Marne 2014 2020 p 69
Avec le calcaire on faisait de la chaux dans des fours beaucoup plus élaborés que pour le plâtre. Ceux de Valence en Brie on été conservés.
Mais pourquoi installer des fours à plâtre à des kilomètres de toute carrière de gypse? La réponse est dans l'Encyclopédie de Diderot:
"Afin de jouir de sa bonne qualité on doit l'employer immédiatement après sa cuisson, et on ne doit point trop l'écraser. Lorsqu'on est obligé de faire des provisions de plâtre, parce qu'on n'est pas à portée des fours où on le cuit, on doit l'enfermer dans des tonneaux bien secs."
Les maçons en plâtre avaient choisi de le cuire eux-mêmes plutôt que de le faire venir et risquer d'employer du "plâtre éventé" ou du "plâtre mouillé", mais comment les pierres à brûler arrivaient-elles au Châtelet? Par la Seine, par la route? A creuser...

Docs: Les fours à plâtre du Châtelet en Brie
Lien externe : le Musée du Plâtre à Cormeilles en Parisis

En Brie, réputée pour son agriculture, on trouvait de grosses fermes à cour carrée. Elles appartenaient à de riches propriétaires qui louaient terres et bâtiments à des fermiers ou des laboureurs. De nombreux ouvriers agricoles étaient nécessaires, nommés "manouvriers" dans les recensements.
En 1836, les
"cultivateurs" du recensement étaient Enguerrant à la Chapelle Rablais; Fessard aux Moulineaux, Pecquenard, Gervais & Varache aux Montils, Decornoy à Tourneboeuf, Charbonnier aux Farons, Chaise, régisseur aux Moyeux. Archives départementales, recensement de 1836, canton de Nangis 10 M 29
La résidence principale des plus gros propriétaires n'était pas à la campagne; le plus souvent à Paris. Ils possédaient en Brie des rendez-vous de chasse ou des châteaux, comme les Moyeux, que nous découvrirons plus loin.

Doc: les métiers à la Chapelle Rablais en 1836

De nombreux et vastes bâtiments, comme sur cette vue de la ferme de Tourneboeuf... Bien de l'ouvrage en perspective pour les maçons !
Hélas, surtout des démolitions, car, en cette première moitié du XIX° siècle, la tendance était déjà au regroupement de propriétés et à l'abandon de nombreuses fermes. Entre l'établissement du cadastre (vers 1832) et aujourd'hui, sept écarts ont disparu. A vrai dire, sept autres avaient existé et ne figuraient déjà plus sur le premier plan cadastral. Il n'en reste plus la moindre petite pierre.
Ci-dessous, quelques fermes à cour carrée qui ont disparu depuis le début du XIX° siècle.

On trouvait aussi quelques fermes dans les villages comme ci-contre, à l'emplacement du café qui a traversé les siècles: les armes du marquis de Guechy, seigneur de Nangis en témoignent. Le café, épicerie, restaurant, coiffeur et que sais-je encore a été profondément modifié: nervures de briques, fenêtres agrandies...

Déplacement de la ruelle Cantria octobre 1913

Le plan d'Intendance, tracé entre 1777 et 1789, révèle de nombreuses fermes à cour carrée, bordées de bâtiments sur trois ou quatre côtés: "les Molinots, la petite cour des Moyeux, la Truchonnerie, Tourne Boeuf, le Grand Trennelle, les Farons, Picmus, le Metz, le Rüe Guérin, et les Clos (sur Fontains)" , suivant l'orthographe d'alors; d'autres hameaux n'étaient constitués que de petites maisons, comme "la Darderie -justement nommé "les Petites Maisons" dans d'autres documents-, le Taillis Verd, le Petit Trennelle, Froid-vent..." AD 77 1 C 56/9
Vers 1830, les fermes des Montils avaient déjà disparu, ne restaient que deux petites exploitations, celle de Nicolas Auguste Varache, cadastrée A 197 et celle de Joseph Honoré Gervais A 444. La ferme des Grands Montils -un hameau des Petits Montils avait existé- et celle du Ru Guérin dont on trouve les inventaires dans un procès verbal de récolement en 1822, ne figurent plus sur le plan cadastral, dix ans plus tard: "Ferme des Grands Montils, environ 73 ha louée à Lemoust de la Fosse, bail du 12 vendémiaire an XI comprenant 173 arpents 61 perches de terres labourables, 18 arp 98 p de prés et 20 arp 47 p de pâtures, après vérification, total de 213 arpents et 6 perches; ferme du Ru Guérin, louée à Angenoust le 21 germinal an X, 13 pièces: 85 arp 11 p de terres labourables, 10 arp 27 p de prés, 10 arp de pâtures, après vérification, total de 105 arpents 38 perches 14 pieds." Justice de paix de Nangis AD 77 UP 2315
Ces deux fermes faisaient partie de la succession de Jean Gabriel Marie Richard, rentier, demeurant rue de l'Ile Saint Louis, quai d'Orléans n°22, qui possédait aussi des terres de l'ancienne ferme de la Fontaine du Tonneau.
Par curiosité, on pourra consulter le bail de cette même ferme des Montils en 1752, les contraintes imposées au fermier et les paiements aux propriétaires et différents seigneurs du lieu...

Doc: les hameaux disparus à la Chapelle Rablais
Doc: bail de la ferme des Montils en 1752

On peut retrouver leur aspect et leur emplacement sur des cartes plus anciennes. La ferme du Ru Guérin appartenait aux moines de Barbeau, comme la forêt de Villefermoy. Elle se situait à l'extrémité du hameau des Montils, en lisière de forêt. Un atlas de 1774 en donne la représentation. AD77, 101 H 28
La ferme des Montils ne pouvait être que ce vaste bâtiment au centre du village, visible sur le plan d'Intendance. AD 77 1 C 56/9
Pour situer ces fermes, passez la souris sur la carte ci-dessous.

 

Ne cherchez pas la "ferme des Grands Montils" à l'emplacement de l'exploitation actuelle; pas si ancienne que celà puisqu'il y a un peu plus de cinquante ans, ce n'était qu'un débit de boissons. De l'ancienne ferme ne subsite qu'une impressionnante muraille renforcée de forts piliers qui se terminent en l'amorce d'une voûte d'ogives, vestiges d'un bâtiment exceptionnel pour ce petit village, surnommé "la Grange aux Dîmes" ou "le Prieuré".
Merci aux propriétaires et à Brigitte qui n'en saura rien, étant réfractaire à Internet
Peut être était-ce le siège d'une seigneurie, retrouvée par Pignard Peiguet: " Au XVI° siècle, en vertu du droit du premier possédant, chacun s'empara de ce qu'il pouvait: celui-ci des Moyeux, celui-là des Montils, un autre de Tournebœuf, un quatrième du Mée l' Archevêque, créant ainsi autant de seigneuries partielles et de fiefs distincts.
Pierre Lefebvre Desclos devint ainsi seigneur des Clos de Fontains et seigneur de Moyeux où il éleva un château et une chapelle; un sieur de La Brière occupa les Mesnils (?) avec son château seigneurial; Le Mée l'Archevêque devint la propriété d'Antoine de Saive, Tournebœuf celle d'Etienne d'Avyan. La famille de la Brière prospéra aux Montils qu'on appelait La Borde les Montils. Cyprien de La Brière réunit en 1747, aux Montils, les fiefs de Tournebœuf et des Moyeux. Charles de la Brière, qui était au service du duc d'Orléans, habitait le château de Moyeux en 1770."

Histoire illustrée de Seine et Marne Maurice Pignard Peiguet 1911

La seigneurie de la Borde les Montils est ignorée par l'archiviste Lecomte, dans l'almanach de Seine et Marne en 1909:
"Ces deux parties de la seigneurie devaient être les fiefs des Moyeux et du Mée l'Archevêque. En effet, les déclarations pour le ban et arrière ban du baillage de Melun en 1635-1636 sont faites pour la seigneurie de La Chapelle Rablais par deux nobles y tenant les deux fiefs des Moyeux, appartenant à Pierre Lefebvre Desclos; et Le Mée l'Archevêque, appartenant, à Antoine Saive.
... Quant à Pierre Lefebvre Desclos ou mieux des Clos, il était seigneur de la petite seigneurie des Cloz ou Clos, paroisse de Fontains, dont l'hôtel seigneurial était pourvu d'une chapelle en 1377. Ce logis est maintenant une bergerie."
Almanach de Seine et Marne 1909 Maurice Lecomte

Les traces d'un "hôtel seigneurial" seraient à chercher, sur cette parcelle qui a gardé la forme de l'ancienne ferme, telle qu'on la découvre sur cet extrait du plan d'Intendance, fin XVIII° : de forts bâtiments en U, peut être une ancienne ferme forte dont l'un des côtés aurait été abattu pour s'ouvrir sur la route. A l'arrière se trouvent encore les vestiges d'une carrière, comme il existait aux Montils, qui avait servi à édifier ces impressionnants murs de grès et peut être, plus tard, à paver la route royale Paris Bâle, la RN 19.
L'existence du siège d'une petite seigneurie est confirmée par le Terrier du 2 janvier 1555 établi pour Messire de la Brière, seigneur de La Borde lez Montils, Bourguignon, La Borde Ravenel et Tournebeuf: "en censive de messire Antoine de Louvières, écuyer, seigneur desdits lieux, dressé par Jean Bellanger, notaire royal au bailliage de Melun, demeurant à Nangis, en vertu des lettres à terrier obtenues en la chancellerie du Palais, à Paris... contenant d'abord la désignation de l'hôtel seigneurial et du domaine de La Borde lez Montils..." AD77 E 208

Les petites seigneuries étaient nombreuses, sans pour autant que chaque seigneur ait disposé de pouvoirs bien étendus. Pour remonter à l'origine, peu après le défrichement de la Haye de Brie, on note multitude de "feys", les fiefs, dans le rôle des vassaux de Gautier Cornu en 1292: "Guiot dou Pré" tient un fief de "monsor Gautier Le Cornu" qu'il divise pour une vingtaine de vassaux, comme "Jehans de Montrinble, seignor de Malenoe, tient en fey de Guiot dou Pré" ou "damoisele Marguerite de Lepoisse tient en fey de Gulot dou Pré escuier"...
Extraits de notes sur les Cornu par Paul Quesvers, 1893 AD77 Az 5329 /Manuscrit BN collection Joursanvault n° 2169


En 1787, à la veille de la Révolution française, deux frères ont encore pu devenir petits seigneurs, avec la tentation d'ajouter à leur nom la particule du lieu, (Grandjean de la Haute Borne sonnant mieux que Grandjean), et "jouir faire et disposer dudit droit d'Inféodation et droit de chapelle ... le tout avec droit de moyenne et basse justice" auprès du marquis de Guerchy, "moyennant la somme de six cent livres francs denier", pour avoir acquis des terres à la Haute Borne et aux Moulineaux, paroisse de la Chapelle Rablais. Oculistes du roi, ils eurent une vie privée si dissolue qu'elle servit de trame à deux nouvelles sulfureuses du "Hibou", Nicolas Restif de la Bretonne (encore un qui a accollé un nom de lieu à son nom de famille); à retrouver dans "les deux vies des frères Grandjean", sur ce site.

Entre le 21 juin 1822 (procès verbal de récolement) et l'établissement du cadastre, la décennie suivante, la ferme des Grands Montils fut détruite. Partir sur les traces de ce bâtiment peu commun nous a bien éloignés des Limousins. En fait pas vraiment car bâtir, démolir, reconstruire... c'est toujours modifier le bâti, mission des maçons.

Les maisons traditionnelles au village de la Chapelle Rablais, comme au hameau des Montils avaient rarement un étage. On les appelait "bricoles"; les agences immobilières les qualifient aujourd'hui de "longères". Les maisons à étages étaient tellement rares que celle de Denis Toussaint Félix, ci contre, était surnommée "la Grande Maison" comme le confirme l'avis de sa vente en 1840, dans la feuille de Provins. vente du 28 juin 1840, annoncée dans le journal du 16 mai 1840.

Si l'on excepte le château, le presbytère était le bâtiment le plus prestigieux du village, le seul de première catégorie. Un plan en a été tracé lors de son achat par la municipalité, en 1841. le corps de logis possédait aussi un étage.
a/mur à construire par M. Deroussel (maire, pour séparer le presbytère de l'école)
b/ corps de logis
c / cuisine, salle à manger et fournil
d/ mur d'entrée du jardin
e/ bûcher ou resserre au dessus de la cave
f/ colombier et passage de l'enclos
g/ lieux d'aisances
h/ grange, écurie et petite grange...

"La grange et l'écurie au levant sont en vétusté; la façade du nord, bûcher, colombier et lieux d'aisances sont en très mauvais état" pourtant, à part quelques menus travaux, les maçons durent attendre 1846 pour y mettre la truelle. Le presbytère fut démoli pour faire place à une construction neuve qui existe encore.

Voir: 150 ans de Conseil municipal

Châteaux, grosses fermes, maisons à étage n'étaient pas les constructions les plus nombreuses; comme châtelains, gros fermiers et notables ne constituaient pas la majorité de la population de la Chapelle Rablais, voici deux cents ans. Les pages suivantes seront consacrées aux petites maisons des manouvriers, les "bricoles" et aux traces des travaux qu'ont pu y effectuer les maçons de la Creuse (ils ne sont pas oubliés, mais il faut bien situer le cadre avant de faire entrer les acteurs).
Suite: Maçons limousins à la Chapelle Rablais /8
   
Plan: les maçons limousins à la Chapelle Rablais
Liens, sites et bibliographie