Maçons limousins |
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Passez
la souris sur les illustrations pour leur légende. |
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Voyez le Panthéon Lien vers une vidéo de la chanson
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Les Limousins sont fiers -à juste titre- de la participation de leurs ancêtres à la construction de monuments prestigieux. En Brie, les Creusois, Michel Villedo et son beau frère Antoine Bergeron furent maîtres d'oeuvre du château de Vaux le Vicomte dessiné par le Vau. D'autres réalisations sur le site "Les maçons de la Creuse" Mais tous les maçons limousins n'étaient
pas occupés à construire des palais, à embellir
et agrandir Paris quand, sous Napoléon III, la capitale passa
de douze à vingt arrondissements. |
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Qu'en était-il en Brie? De nombreux
maçons limousins sont révélés par l'enquête
de 1809 "Emigrations et immigrations
d'ouvriers. Questions adressées aux communes sur le nombre approximatif
d'individus qui viennent y travailler ou qui en sortent pour chercher
de l'ouvrage." AD77 M9215
Bien sûr, ils venaient pour "la
maçonnerie, la limousinerie, la bâtisse, la construction".
Quand une spécialité est mentionnée, c'est "construction
des murs, grosse maçonnerie, maçons en gros mur, maçons en terre et
couvreurs en paille..." et quelques
activités que nous découvrirons plus loin. "Maçons
en terre"... on est plus près
de la maison des petits cochons que du palais de Versailles! |
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Les Limousins dans l'enquête de 1809 | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
C'est en "mortier
de terre" que le Limousin Michel
Couty s'engage à construire deux petites maisons aux Montils,
l'une pour Jean Louis Hû, l'autre pour Jean Bureau. Le contrat
du 9 mars 1791 chez le notaire Hardouin précise: "De
faire le mur de costière, de neuf pieds d'hauteur compris les
fondations, sur vingt et un pouces de large, un pignon à chaque
bout et un autre au milieu pour séparer lesdites deux travées,
le tout avec mortier de terre." AD77
Minutes du notaire Hardouin 261 E 24 |
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Les plus nobles tâches de la
contruction ne semblaient pas réservées aux Limousins. La
feuille de l'arrondissement de Fontainebleau, en 1809, précise
que les 380 maçons recensés s'occupaient aux travaux de
grosse maçonnerie, la taille des pierres étant effectuée
par une vingtaine de Normands originaires du Calvados, bien mieux payés.
Le terme "limousin ou limosin" est défini par "Ouvrier maçon spécialisé dans la construction à partir de moellons et de mortier, ou limousinage, souvent originaire du Limousin ou de la Marche." Daniel Boucard Dictionnaire des outils et instruments pour la plupart des métiers |
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En 1783, l'architecte Lucotte publia, dans
"L'art de la maçonnerie" une classification des maçons,
suivant leur ordre de prestige, mais aussi de salaire, classement reproduit
en 1859, dans "Les maçons de la Creuse" par Louis Bandy de
Nalèche. Car d'après cet auteur: "L'art
de la maçonnerie n'a pas fait de sensibles progrès; nous trouvons
dans le Dictionnaire des arts, et métiers de Lucotte, architecte, la
nomenclature des ouvriers en bâtiment, qui en 1783 était exactement
la même qu'aujourd'hui... Tous les emplois indiqués par Lucotte,
sauf pourtant celui d'architecte, sont remplis par l'émigrant Marchois."
Le Limousin n'arrive qu'en neuvième position sur dix ouvriers, si l'on
excepte "ceux qui servent", qui aident
les maçons, battent le plâtre, roulent les pierres, poussent
les chariots... |
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"Bousilleur ou bouzilleur: maçon
travaillant un mortier de terre et de paille, ou bousillage. Cette spécialité
ne demandant pas un grand savoir-faire prendra une connotation péjorative."
Daniel Boucard "Bousilleurs: ouvriers maçons qui avaient la spécialité du bousillage. Celui-ci consistait à élever des constructions légères avec de la boue et de la paille hachée. Mauvais ouvriers, qui sçavent mal leur métier et qui travaillent avec peu d'adresse et de propreté. Savary: Dictionnaire du Commerce |
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La maçonnerie en terre, en Brie,
ne consiste pas en murs entiers de pisé ou de torchis, qu'on ne
trouve que rarement, dans les greniers et autres pièces sans gloire,
ou dans des bâtiments très anciens à pans de bois.
La pierre n'est pas rare, surtout la meulière, mêlée
à l'argile et que les socs déterrent à chaque labour.
Eponge minérale aux contours incertains, il est bien difficile
d'en monter des murs en pierre sèche, même en calant les
plus grosses pièces avec les "garnis",
les petits cailloux cités par Nadaud. Par souci d'économie,
les murs étaient montés en intercalant, entre chaque lit
de meulières ou de grès, une couche d'argile mêlée
de sable à lapins plutôt que de mortier. Ce qui fait le bonheur
de parasites qui y creusent des labyrinthes, que ce soit le lierre ou
de sales bestiasses comme insectes, souris et rats.
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J'en ai fait la triste expérience
dans ma vieille maison qui fut fermette de vigneron, auberge, boulangerie,
épicerie avant de devenir ruine et que j'essaie de restaurer depuis
des lustres, avec un talent que n'égale que ma modestie. Les murs sont
bâtis en meulières liées à la terre, les chaînages
d'angle en grès. Un sale raton a eu la bonne idée de creuser
des galeries dans la terre des murs et l'encore meilleure idée de venir
crever dans une cloison de la chambre! Ambiance !
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Pour protéger cet appareil
très fragile, les murs étaient diversement recouverts, suivant
leur fonction. Enduit uni et lissé pour la maison d'habitation;
à pierres vues pour les pignons, les granges, les étables
ou totalement absent pour les constructions les moins nobles qu'il fallait
protéger d'un bon toit relevé d'un coyau, les gouttières
étant inconnues. Est-ce par souci d'économie que le maçon
Couty ne devait recouvrir ses murs d'aucun enduit: "ni
de crépir les murs, dont il est dispensé par ledit Hû"...
"ni de crépir lesdits murs de manière quelconque"
précise l'acte de Jean Bureau.
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La meulière, trop irrégulière, n'est
pas idéale pour les chaînes d'angles, les entourages de
portes et de fenêtres. En Brie, on trouve des chaînages
de grès ou de briques, suivant les terroirs. La Chapelle Rablais
se situe non loin de la zone où règnent les nervures de
briques, un peu plus au sud et vers Provins, comme le montre cette carte
issue de"Maisons de Brie et d'Ile de France",
de Michel Vincent. Les grès se trouvant sur place, dans les carrières
des Montils, étaient fréquents dans les maisons anciennes
de la commune; on y trouvera plus tard des chaînages de briques,
plus faciles à mettre en oeuvre.
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Un four à plâtre était une horreur
écologique comme on peut en juger par ce tableau de Géricault:
une simple grange, sans la moindre cheminée, dans laquelle on
entasse du bois et les pierres à calciner. Et de répandre
une épaisse fumée pendant une journée entière!
Il n'est pas étonnant qu'un voisin ait déposé une
plainte, l'année même de sa construction en 1848, par Théodore
Petit dit Lafond, représentant d'une lignée de maçons
locaux, dans une petite ruelle du Châtelet, derrière l'église.
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Le plâtre était utilisé
pour les enduits intérieurs, comme de nos jours (avant l'usage
du placo), mais aussi pour les moulures et enduits extérieurs,
sous la forme du "plâtre gros", mélange de plâtre,
de charbon de bois, de sable et d'un peu de chaux.
Docs: Les fours à plâtre du Châtelet en Brie |
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En Brie, réputée pour son agriculture,
on trouvait de grosses fermes à cour carrée. Elles appartenaient
à de riches propriétaires qui louaient terres et bâtiments
à des fermiers ou des laboureurs. De nombreux ouvriers agricoles
étaient nécessaires, nommés "manouvriers"
dans les recensements. |
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De nombreux et vastes bâtiments, comme sur cette
vue de la ferme de Tourneboeuf... Bien de l'ouvrage en perspective pour
les maçons ! |
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On trouvait aussi quelques fermes dans les villages comme ci-contre, à l'emplacement du café qui a traversé les siècles: les armes du marquis de Guechy, seigneur de Nangis en témoignent. Le café, épicerie, restaurant, coiffeur et que sais-je encore a été profondément modifié: nervures de briques, fenêtres agrandies... |
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Déplacement de la ruelle Cantria octobre 1913
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Le plan d'Intendance, tracé entre 1777
et 1789, révèle de nombreuses fermes à cour carrée,
bordées de bâtiments sur trois ou quatre côtés:
"les Molinots, la petite cour des Moyeux, la Truchonnerie, Tourne
Boeuf, le Grand Trennelle, les Farons, Picmus, le Metz, le Rüe
Guérin, et les Clos (sur Fontains)" ,
suivant l'orthographe d'alors; d'autres hameaux n'étaient constitués
que de petites maisons, comme "la
Darderie -justement nommé "les
Petites Maisons" dans d'autres documents-,
le Taillis Verd, le Petit Trennelle, Froid-vent..."
AD 77 1 C 56/9 |
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On peut retrouver leur aspect et leur emplacement sur des cartes plus anciennes.
La ferme du Ru Guérin appartenait aux moines de Barbeau, comme la
forêt de Villefermoy. Elle se situait à l'extrémité
du hameau des Montils, en lisière de forêt. Un atlas de 1774
en donne la représentation. AD77, 101 H
28
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Ne cherchez pas la "ferme
des Grands Montils" à l'emplacement
de l'exploitation actuelle; pas si ancienne que celà puisqu'il
y a un peu plus de cinquante ans, ce n'était qu'un débit
de boissons. De l'ancienne ferme ne subsite qu'une impressionnante muraille
renforcée de forts piliers qui se terminent en l'amorce d'une voûte
d'ogives, vestiges d'un bâtiment exceptionnel pour ce petit village,
surnommé "la Grange aux Dîmes" ou "le Prieuré".
Merci aux propriétaires et à Brigitte qui n'en saura rien, étant réfractaire à Internet Peut être était-ce le siège d'une seigneurie, retrouvée par Pignard Peiguet: " Au XVI° siècle, en vertu du droit du premier possédant, chacun s'empara de ce qu'il pouvait: celui-ci des Moyeux, celui-là des Montils, un autre de Tournebœuf, un quatrième du Mée l' Archevêque, créant ainsi autant de seigneuries partielles et de fiefs distincts. Pierre Lefebvre Desclos devint ainsi seigneur des Clos de Fontains et seigneur de Moyeux où il éleva un château et une chapelle; un sieur de La Brière occupa les Mesnils (?) avec son château seigneurial; Le Mée l'Archevêque devint la propriété d'Antoine de Saive, Tournebœuf celle d'Etienne d'Avyan. La famille de la Brière prospéra aux Montils qu'on appelait La Borde les Montils. Cyprien de La Brière réunit en 1747, aux Montils, les fiefs de Tournebœuf et des Moyeux. Charles de la Brière, qui était au service du duc d'Orléans, habitait le château de Moyeux en 1770." Histoire illustrée de Seine et Marne Maurice Pignard Peiguet 1911 |
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La seigneurie de
la Borde les Montils est ignorée par l'archiviste Lecomte, dans l'almanach
de Seine et Marne en 1909: |
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Les traces d'un "hôtel
seigneurial" seraient à chercher, sur cette parcelle qui
a gardé la forme de l'ancienne ferme, telle qu'on la découvre
sur cet extrait du plan d'Intendance, fin XVIII° : de forts bâtiments
en U, peut être une ancienne ferme forte dont l'un des côtés
aurait été abattu pour s'ouvrir sur la route. A l'arrière
se trouvent encore les vestiges d'une carrière, comme il existait aux
Montils, qui avait servi à édifier ces impressionnants murs
de grès et peut être, plus tard, à paver la route royale
Paris Bâle, la RN 19. |
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Les petites seigneuries étaient nombreuses, sans
pour autant que chaque seigneur ait disposé de pouvoirs bien étendus.
Pour remonter à l'origine, peu après le défrichement
de la Haye de Brie, on note multitude de "feys",
les fiefs, dans le rôle des vassaux de Gautier Cornu en 1292: "Guiot
dou Pré" tient un fief de "monsor
Gautier Le Cornu" qu'il divise pour une vingtaine de vassaux,
comme "Jehans de Montrinble, seignor de Malenoe,
tient en fey de Guiot dou Pré" ou "damoisele
Marguerite de Lepoisse tient en fey de Gulot dou Pré escuier"...
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Entre le 21 juin 1822 (procès verbal
de récolement) et l'établissement du cadastre, la décennie
suivante, la ferme des Grands Montils fut détruite. Partir sur
les traces de ce bâtiment peu commun nous a bien éloignés
des Limousins. En fait pas vraiment car bâtir, démolir, reconstruire...
c'est toujours modifier le bâti, mission des maçons.
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Les maisons traditionnelles au village de la Chapelle Rablais, comme au hameau des Montils avaient rarement un étage. On les appelait "bricoles"; les agences immobilières les qualifient aujourd'hui de "longères". Les maisons à étages étaient tellement rares que celle de Denis Toussaint Félix, ci contre, était surnommée "la Grande Maison" comme le confirme l'avis de sa vente en 1840, dans la feuille de Provins. vente du 28 juin 1840, annoncée dans le journal du 16 mai 1840. |
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Si l'on excepte le château, le presbytère
était le bâtiment le plus prestigieux du village, le seul
de première catégorie. Un plan en a été
tracé lors de son achat par la municipalité, en 1841.
le corps de logis possédait aussi un étage. "La grange et l'écurie au levant sont en vétusté; la façade du nord, bûcher, colombier et lieux d'aisances sont en très mauvais état" pourtant, à part quelques menus travaux, les maçons durent attendre 1846 pour y mettre la truelle. Le presbytère fut démoli pour faire place à une construction neuve qui existe encore. |
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Châteaux, grosses fermes, maisons
à étage n'étaient pas les constructions les plus nombreuses;
comme châtelains, gros fermiers et notables ne constituaient pas la
majorité de la population de la Chapelle Rablais, voici deux cents
ans. Les pages suivantes seront consacrées aux petites maisons des
manouvriers, les "bricoles" et aux traces des travaux qu'ont pu
y effectuer les maçons de la Creuse (ils ne sont pas oubliés,
mais il faut bien situer le cadre avant de faire entrer les acteurs).
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