Maçons limousins |
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"... la traditionnelle maison briarde construite
en meulière et enduite au plâtre, sans étage, elle n'a
que deux pièces en rez-de-chaussée dont la principale, la"méson",
sert à la fois de cuisine, de pièce à tout faire et
même, pour les vieux, de chambre à coucher. Dans un coin, l'alcôve
et sa couette de duvet à enveloppe rouge; à l'opposé
une large cheminée flanquée de placards; sous le vaste manteau
en saillie, accrochée à la crémaillère, la grosse
marmite de fonte noire bout sur un feu de bois, en avant sur les braises
rougeoyantes, un trépied où l'on peut cuire à la poêle
l'omelette ou les crêpes et frire les lardons." |
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"Les logemens sont enterrés d'un
ou de deux pieds dans les campagnes de presque toute la Brie. Ils sont
avec rez de chaussée seulement, et la plupart couverte en chaume. *Serein. s. m. Vapeur froide & maligne
qui tombe au coucher du soleil. Le serein est plus dangereux en certains pays
qu'en d'autres. le serein est plus dangereux l'esté. le serein est
tombé. le serein pénètre, perce. craindre le serein.
aller au serein. se tenir au serein. Dictionnaire
de l'Académie française 1694
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De 1798 jusqu'à 1926, un impôt
sur les portes et les fenêtres n'incitait pas à multiplier les
ouvertures: "Je lui appris que nous avions en France 21.270 maisons sans
la moindre ouverture, où l'air et la lumière n'arrivaient dans
ces misérables habitations que par les portes ou par un trou pratiqué
dans ces portes. " Martin Nadaud
Dans les Misérables Victor Hugo fait dire à l'évêque de Digne: "Mes très chers frères, mes bons amis, il y a en France treize cent vingt mille maisons de paysans qui n'ont que trois ouvertures, dix huit cent dix sept mille qui ont deux ouvertures, la porte et une fenêtre, et enfin trois cent quarante six mille cabanes qui n'ont qu'une ouverture, la porte. Et cela, à cause d'une chose qu'on appelle l'impôt des portes et fenêtres. Mettez-moi de pauvres familles, des vieilles femmes, des petits enfants, dans ces logis-là, et voyez les fièvres et les maladies. Hélas ! Dieu donne l'air aux hommes, la loi le leur vend." Il n'était pas rare de tracer de fausses fenêtres, il s'en trouve une sur le pignon de l'école actuelle. |
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"Et puis il y a cette inique taxe, l'impôt sur la lumière et le soleil ... alors nos paysans bouchent des ouvertures pour obtenir une détaxation." Henri Villin. |
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"Je suis informé de
l'insalubrité du local affecté à l'école de votre
commune. La cause de cette insalubrité est attribuée:
1/ aux eaux stagnantes et à la boue qui se trouvent devant la porte de l'école. 2/ à la grande humidité des murs et du peu d'élévation du solivage de l'école 3/ et à l'exhaussement du sol du cimetière par rapport à celui de la maison d'école. On m'a signalé également le mauvais état de la clôture du cimetière où s'introduisent, sans difficultés, les bestiaux et les volailles." lettre du préfet 1872 Les rues devaient être encombrées de tas de fumier, de fagots, de roues de charrettes, peuplées de bestiaux allant pâturer, d'oies en promenade puisque plusieurs arrêtés du Maire essayèrent d'y mettre bon ordre. On voit encore un tas de fumier devant une étable sur cette carte postale de la rue des Noyers, au début du XX° siècle et un beau fouillis encombrant la rue principale des Montils, si l'on passe la souris sur l'image ci-dessous. |
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A la Chapelle Rablais, à côté
de demeures mieux construites, les petites "bricoles" étaient
fréquentes, aussi nombreuses et pauvres que les manouvriers,
les journaliers qui y logeaient. Les cartes postales du début
du XX° siècle en montrent, dans le village de la Chapelle,
comme aux Montils. Une pièce unique, la moitié du bâtiment
pour les bêtes ou les outils, un grenier que l'on rejoignait par
une échelle extérieure... Croquis d'une petite maison traditionnelle de la Chapelle Rablais, par les élèves et le maître. |
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A moins d'un hasard exceptionnel, nous n'aurons
pas de représentation des rues et des maisons de la Chapelle
Rablais des siècles passés, à part quelques tracés
sur des projets de construction et de rénovation de bâtiments
publics. Bénissons donc l'architecte qui fit figurer sur un projet
de rénovation de 1864 l'aspect premier de la petite école,
ci-dessus. Ce pimpant bâtiment ne correspond pas à la description
horrifique d'une maison briarde par le docteur Louis Denis Bertin: "les
demeures étroites où il n'y a souvent qu'une porte et
une petite fenêtre ouverte le jour pour voir clair, et quelquefois
fermée pour se garantir du froid, où l'air est froid presque
comme au dehors, épais concentré et souvent putride, surtout
quand la famille est nombreuse ou que les animaux sont à coté."
Métrage de la future petite école Deux experts avaient procédé "à une visite, d'escription figurées et estimation d'un batiment et de deux petits jardins situés en la commune de la Chapelle Rablais", l'un choisi par la mairie, acheteuse, "Claude Désiré Testard, géomètre arpenteur demeurant à Nangis patenté pour l'année 1834 sous le n° 642"; l'autre par le vendeur, Denis Toussaint Félix, ancien maire : "Pierre Lelong maître maçon demeurant à la Chapelle Gauthier patenté sous le n° ". On pourra retrouver ce dernier, maçon limousin et n'habitant pas la Chapelle Gauthier, à la seizième page du dossier, en compagnie de deux autres Limousins, Dubreuil et Delisle. AD 77 4 OP 89/1 |
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Une maison équivalente à
la future petite école, couverte en tuiles, avec le terrain et
des jardins, avait été vendue à un voiturier thiérachien:
"Une maison consistante en un chauffoir où
il y a four et cheminée située aux Trois Chevaux, commune
de ladite Chapelle Gauthier grenier audessus de ladite maison; à
côté d’ycelle une petite grange d’une travée
et demie environ dont il y a une étable dedans, séparée
par un cloisonnage de ladite grange couverte en paille et la maison en
thuiles cour devant lesdists Bâtimens et trois petits jardins"
qu'il acquit de Denis François Roubault
& Marie Anne Antoinette Maugis, sa femme, moyennant la somme de six
cent cinquante francs en 1805. Sa maison sera renvendue aux enchères
400 francs seulement à son décès, trois années
plus tard.
Minutes du notaire Tartarin 1808 AD 77 273 E 31 |
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Les appentis de la maison Félix
étaient construits ou changeaient d'affectation suivant les besoins.
En 1791, l'inventaire révèle une vache et un cochon "une
étable, un appenty, toit à porcs, et une travée de bas
logis aussi couverte de thuille servant de fournil y ayant une cheminée...".
Plus de vache ni de cochon en 1835, mais un cheval, et l'appentis sert de
cellier, à défaut d'une cave, inondable dans ce sol trop argileux:
"...le batiment qui se trouve marqué au plan par la lettre B est
une écurie qui se trouve séparée d'avec la susdite maison
par un mur en pierres... le batiment marqué au plan par la lettre C
est un petit apenti pour servir de seiller." En 1837, revoilà
une vache; l'ancien fournil est reconverti en laiterie: " une petite
laiterie en appentis". Et toujours un petit jardin contigu et un autre
non loin. Quand la maison sera devenue école, on y trouvera un bûcher
et des "lieux" communs aux garçons, filles et maître
que le plan de 1864 aura soin de séparer, de même que la cour
de récréation. Plus tard, dans la classe des Montils, un muret
séparait la cour en deux et une cloison à mi hauteur empêchait
les garçons d'apercevoir les filles!
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Histoire de l'école, texte | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Revenons à la petite maison
de Félix... A la Chapelle Rablais, pas de four commun, chacun cuisait
chez soi. Et, curieusement, le four à pain s'est promené
! En 1791, il est situé sous l'appentis. Vers 1830, on le trouve
dans le "chauffoir": "une
maison d'habitation où il y a four et cheminée".
Mais sur le plan tracé en 1864, révélant les travaux
de 1837 ou 1838, on retrouve le four à l'extérieur, sous
l'appentis. Traditionnellement, en Brie, la gueule du four donnait sous
le manteau de la cheminée qui aspirait la fumée des fagots
qui y brûlaient.
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La voûte débordait à l'extérieur du bâtiment, protégée par un petit toit. Voici quelque temps, on voyait encore de ces excroissances qui révélaient un four à pain. L'un d'entre eux a été détruit, en révélant la structure de briques (photo ci-dessous, 1998). En 1791, dans deux maisons à construire par un Creusois (voir page suivante), la voûte n'est pas de briques, mais de terre: "Plus un four de grandeur suffisante de cuire trois boisseaux de (... lacune) en une fois, construit en mortier de terre, du côté du couchant, de manière que la bouche donne dans ladite cheminée." Ci contre: four et "potager" sont réunis sous la cheminée dans ce tableau d'Edouard Alexandre Sain 1896. |
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On ne promène pas un four
à bois massif comme on changerait de place un micro-ondes. C'est fort
lourd, long à construire (j'en sais quelque chose, en ayant bâti
un) et plutôt coûteux comme on le voit dans le métrage
de la petite école: "9° Le four
estimé soixante cinq francs. 10° La cheminée estimée
quatre vingt dix francs." Si le tranfert
de l'appentis à la cheminée ne trouve pas de justification entre
1791 et 1835, il n'en est pas de même pour la démolition du four
intérieur quand la "bricole" fut transformée en école.
Plus besoin d'un four dans une salle de classe. La démolition du cul
de four était peut aussi être justifiée par l'alignement
des rues du village qui obligeait à raboter extensions et façades
gênantes (ce fut aussi le prétexte pour la démolition
du four au centre du village voici deux décennies). "La
largeur de la traverse étant inégale, ce qui est regretté,
il sera pris comme référence la largeur de 30 pieds (auparavant
40 pieds par endroits) existant entre la maison de M. Félix père
appelée vulgairement la Grande Maison et celle du sieur Lenoir que
nous considérons comme l'une des plus anciennes du village."
est-il noté dans la délibération du Conseil municipal
du 5 avril 1835. Le 14 août de la même année: "Les
chemins de la commune doivent être remis dans la largeur fixée
par le tableau des chemins vicinaux arrêté par le conseil municipal
le 17 mai 1818." Sur le "chemin
vicinal n°29 de Mormant à Vinneuf",
autrement dit, la grande rue de la Chapelle; l'alignement de la traverse fut
repris en 1878.
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"Pour qu'elle soit conforme aux voeux de
la loi, elle nécessitera beaucoup de travaux qui occasionneront
une assez forte dépense. Estimée à deux mille trois
cent quarante francs."
Plan intégral du projet de 1864 |
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Des maçons creusois ont participé à sa rénovation, en 1837. On les connaît, il s'agit de la fratrie Menut, Jean, Jacques, Joseph & Pierre, frères et cousins, originaires des mêmes villages, Arrènes et Ceyroux; en famille avec bien d'autres Limousins repérés à la Chapelle Rablais: Boucher, Momet, Delisle, Jannet... Ils ne résidaient pas dans la commune, mais à Fontenailles, à moins de cinq kilomètres. Il n'est pas écrit en toutes lettres, quelque part: "Les frères Menut ont restauré la petite maison de Denis Toussaint Félix pour en faire une école." Ce serait trop simple ! Dans les archives de la commune, il est noté que les travaux furent adjugés à M. Berlin de Fontenailles pour la somme de 2.330 francs le 24 septembre 1837 et que les cautions de l'entrepreneur furent été acceptées le 28 octobre de la même année. Il eut d'ailleurs bien du mal à se faire payer, le 12 novembre 1842 et le 15 janvier suivant, le conseil a refusé "le mémoire présenté par l'entrepreneur et toute espèce de proposition." Il n'était pas le seul à attendre des fonds de la municipalité: les frais de notaire pour l'achat de la maison de Félix n'étaient toujours pas réglés en 1860, quand la commune fut condamnée à payer 631,15 francs. Registre des délibérations du Conseil municipal Revenons au sieur Berlin. C'est un "maçon
en plâtre" briard, né à Fontenailles le 15
février 1807, fils de Pierre Berlin charretier et d'Elisabeth
Maugis. Dans le recensement de 1836 de ce village, on découvre,
ménage n°112, Louis Pierre Alexandre Berlin, 29 ans, maître
maçon, son épouse Anne Victoire Lauret, 27 ans & Louis
Victor Berlin, 3 ans. Sa mère, Marie Elisabeth Maugis 56 ans,
veuve Berlin, réside aussi à Fontenailles. Tout à
côté, ménage 122 se trouve l'auberge, tenue par
Jean Lemaur, 49 ans, aubergiste & Adélaïde Scholastique
Maugis, de la même famille Maugis que la mère du maître
maçon. Cette même décennie, entre 1835 et 1845, on trouvait à la Chapelle Rablais nombre de Limousins: des Boucher, Jean et Pierre, des Dubreuil, Jean 1, Jean 2 et Léonard, Jean Devoret, Denis Lambert, Antoine Delisle, Pierre Longeaud et Barthélémy Momet qui était déjà venu et que l'on retrouvera à Sourdun, pour le mariage de son fils. Qui d'autre avait travaillé pour la commune et quels étaient les emplois des autres? Il faudrait découvrir d'autres documents pour pouvoir répondre à ces questions. |
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Tous les bâtiments communaux étaient dans un triste état: la petite école pour laquelle les travaux étaient estimés au double du prix d'achat, le presbytère dont "les granges et écuries sont en vétusté, la façade du nord, bûcher, colombier, et lieux d'aisances sont en très mauvais état". Et même l'église pour laquelle des travaux étaient jugés indispensables dès 1818: "attendu l'urgence des réparations à faire à l'église et aux murs du cimetière". Délibération du 15 juillet 1818 Les travaux tardèrent tant qu'en 1854, la communion solennelle ne put y avoir lieu, comme l'indique une note sur le registre de catholicité: "Liste des enfants qui ont fait leur première communion dans l'église de Fontains, l'église de la Chapelle Rablais étant dans un état de ruine." Transmis par M. le curé Juffermans Les bisbilles à propos du presbytère que l'on tardait à mettre à disposition d'un prêtre (il n'en accueillera d'ailleurs aucun), n'arrangeaient d'ailleurs pas les choses auprès de l'épiscopat. Dans les premières décennies
du XIX° siècle, les travaux à effectuer pour la
commune n'auraient donc pas manqué, si les finances avaient suivi.
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