Maçons limousins
à la Chapelle Rablais-8

"... la traditionnelle maison briarde construite en meulière et enduite au plâtre, sans étage, elle n'a que deux pièces en rez-de-chaussée dont la principale, la"méson", sert à la fois de cuisine, de pièce à tout faire et même, pour les vieux, de chambre à coucher. Dans un coin, l'alcôve et sa couette de duvet à enveloppe rouge; à l'opposé une large cheminée flanquée de placards; sous le vaste manteau en saillie, accrochée à la crémaillère, la grosse marmite de fonte noire bout sur un feu de bois, en avant sur les braises rougeoyantes, un trépied où l'on peut cuire à la poêle l'omelette ou les crêpes et frire les lardons."
Je ne résiste pas au plaisir de citer cet extrait des mémoires d'Henri et Zoé Villin, couple d'instituteurs au début du XX° siècle dans le même village où j'ai grandi, moi même fils d'un couple d'insituteurs au milieu du XX° siècle.
Les chemins de la communale. par Marc Villin, fils d'Henri et Zoé Villin

"Les logemens sont enterrés d'un ou de deux pieds dans les campagnes de presque toute la Brie. Ils sont avec rez de chaussée seulement, et la plupart couverte en chaume.
Presque partout les bestiaux sont séparés des hommes par une simple cloison. Les fumiers non seulement s'étendent jusqu'à la porte de la maison, mais quand le local le permet on y amasse des eaux qui croupissent avec, pour le pourrir. Les maisons sont ou trop peu percées ou trop peu closes; froides en hyver et chaudes en été à cause des mauvais jours. Les inconvéniens qui résultent de ces vices sont: l'humidité terreuse qui s'élève du sol et à laquelle les murs servent de conducteurs. Cette humidité rend les logemens pourrissans et leur fait contracter une odeur de pourri quand ils sont fermés. Elle altère les sucs limphatiques. Ceux qui habitent les demeures sont comme dans un serein* continuel. Ils sont sujets à des douleurs rhumatismales. Comme les batimens n'ont point d'étages il est impossible de se sauver de cette humidité que la couverture en chaume retient encore. Et trop heureux quand elle est bien faite et qu'elle garantit entièrement de la pluie.
Dans les demeures étroites où il n'y a souvent qu'une porte et une petite fenêtre ouverte le jour pour voir clair, et quelquefois fermée pour se garantir du froid, où l'air est froid presque comme au dehors, épais concentré et souvent putride, surtout quand la famille est nombreuse ou que les animaux sont à coté. Quand il y a devant la porte des eaux putrides avec des fumiers qui y croupissent, les constitutions sont presque toujours cachectiques."

Observations sur les maladies les plus ordinaires, faisant suite à la topographie du département de Seine et Marne, Louis Denis Bertin, docteur en médecine à Rosoy 1791

*Serein. s. m. Vapeur froide & maligne qui tombe au coucher du soleil. Le serein est plus dangereux en certains pays qu'en d'autres. le serein est plus dangereux l'esté. le serein est tombé. le serein pénètre, perce. craindre le serein. aller au serein. se tenir au serein. Dictionnaire de l'Académie française 1694
De 1798 jusqu'à 1926, un impôt sur les portes et les fenêtres n'incitait pas à multiplier les ouvertures: "Je lui appris que nous avions en France 21.270 maisons sans la moindre ouverture, où l'air et la lumière n'arrivaient dans ces misérables habitations que par les portes ou par un trou pratiqué dans ces portes. " Martin Nadaud
Dans les Misérables Victor Hugo fait dire à l'évêque de Digne: "Mes très chers frères, mes bons amis, il y a en France treize cent vingt mille maisons de paysans qui n'ont que trois ouvertures, dix huit cent dix sept mille qui ont deux ouvertures, la porte et une fenêtre, et enfin trois cent quarante six mille cabanes qui n'ont qu'une ouverture, la porte. Et cela, à cause d'une chose qu'on appelle l'impôt des portes et fenêtres. Mettez-moi de pauvres familles, des vieilles femmes, des petits enfants, dans ces logis-là, et voyez les fièvres et les maladies. Hélas ! Dieu donne l'air aux hommes, la loi le leur vend." Il n'était pas rare de tracer de fausses fenêtres, il s'en trouve une sur le pignon de l'école actuelle.

"Et puis il y a cette inique taxe, l'impôt sur la lumière et le soleil ... alors nos paysans bouchent des ouvertures pour obtenir une détaxation." Henri Villin.

"Je suis informé de l'insalubrité du local affecté à l'école de votre commune. La cause de cette insalubrité est attribuée:
1/ aux eaux stagnantes et à la boue qui se trouvent devant la porte de l'école.
2/ à la grande humidité des murs et du peu d'élévation du solivage de l'école
3/ et à l'exhaussement du sol du cimetière par rapport à celui de la maison d'école. On m'a signalé également le mauvais état de la clôture du cimetière où s'introduisent, sans difficultés, les bestiaux et les volailles.
" lettre du préfet 1872
Les rues devaient être encombrées de tas de fumier, de fagots, de roues de charrettes, peuplées de bestiaux allant pâturer, d'oies en promenade puisque plusieurs arrêtés du Maire essayèrent d'y mettre bon ordre. On voit encore un tas de fumier devant une étable sur cette carte postale de la rue des Noyers, au début du XX° siècle et un beau fouillis encombrant la rue principale des Montils, si l'on passe la souris sur l'image ci-dessous.

A la Chapelle Rablais, à côté de demeures mieux construites, les petites "bricoles" étaient fréquentes, aussi nombreuses et pauvres que les manouvriers, les journaliers qui y logeaient. Les cartes postales du début du XX° siècle en montrent, dans le village de la Chapelle, comme aux Montils. Une pièce unique, la moitié du bâtiment pour les bêtes ou les outils, un grenier que l'on rejoignait par une échelle extérieure...
En 1986/87, dans le cadre d'une "classe patrimoine", en partenariat avec les Archives départementales de Seine et Marne, les élèves avaient dessiné une petite maison traditionnelle du village qui avait évolué, au fil du temps, mais gardait les caractéristiques du passé. A découvrir en cliquant sur le lien...

Croquis d'une petite maison traditionnelle de la Chapelle Rablais, par les élèves et le maître.

A moins d'un hasard exceptionnel, nous n'aurons pas de représentation des rues et des maisons de la Chapelle Rablais des siècles passés, à part quelques tracés sur des projets de construction et de rénovation de bâtiments publics. Bénissons donc l'architecte qui fit figurer sur un projet de rénovation de 1864 l'aspect premier de la petite école, ci-dessus. Ce pimpant bâtiment ne correspond pas à la description horrifique d'une maison briarde par le docteur Louis Denis Bertin: "les demeures étroites où il n'y a souvent qu'une porte et une petite fenêtre ouverte le jour pour voir clair, et quelquefois fermée pour se garantir du froid, où l'air est froid presque comme au dehors, épais concentré et souvent putride, surtout quand la famille est nombreuse ou que les animaux sont à coté."
Hélas, ce croquis ne correspond pas non plus à l'état initial de cette maison, avant que les descendants de Denis Toussaint Félix ne la vendent en 1837 pour servir de bâtiment d'école. Les maçons creusois étaient déjà passés par là et avaient adapté la petite "bricole" à son nouvel usage.
Car, à l'origine, quand les beaux parents de Félix y habitaient, elle était tout autre:
"une maison d'habitation où il y a four et cheminée, une petite croisée au midi et une porte pour entrer. Le tout donnant sur la rue, ayant un grenier au dessus de laditte maison qui se trouve carrelés en carreaux." Un acte de vente de 1791 précise qu'il y avait "deux chambres basses... une étable, un appentis, toit à porcs et une travée de bas logis servant de fournil." La deuxième travée n'était pas destinée à l'habitation: "une écurie qui se trouve séparée d'avec la susdite maison par un mur en pierres" et l'unique fenêtre n'avait pas six, mais quatre carreaux: "une petite croisée garnie de quatre carreaux et trois barreaux en fer". Point de boîte aux lettres, bien sûr; le bâtiment n'était pas communal. Notons aussi que, si le pavement du grenier est précisé, il n'est rien dit de celui du "chauffoir", l'unique pièce à vivre qui devait être en terre battue. Seuls équipements ménagers, la cheminée, un four à pain et une pierre à laver en grès. La toiture était de tuiles et non de chaume: "La couverture en tuiles en assez bon état contenant trente cinq toises y compris les lattes... Une lucarne pour entrer audit grenier." Minutes du notaire Hardouin
Ces précisions sont connues grâce à plusieurs actes, notamment le métrage pour estimer la valeur de la maison à acquérir. Plutôt que métrage, on devrait dire toisage car perches et toises sont préférées à ares et mètres (il faut dire que le système métrique ne sera officiellement adopté que cette même année 1837, même si le mètre avait été étalonné sous la Révolution française).
Deux experts, l'un pour le vendeur, l'autre pour l'acheteur mesurèrent tous les composants de la petite maison et de son appentis:
"Les batimens A et B et le mur qui sépare la maison d'avec l'écurie contiennent quarante cinq toises en murs tout crépis... Le plancher de ladite maison étant composé de quinze solives, une poutre pour les porter et la charpente nécessaire pour porter la couverture du corps des batimens A et B. Le tout en bois de chêne et contenant trente cinq pièces sept douzièmes de pièces réduites... Cinquante deux chevrons contenant ensemble cent trente neuf toises, le tout en bois de chêne..." AD77 4 OP 89/1 Ils estimèrent le bâtiment et ses petits jardins à la somme de seize cent soixante deux francs trente deux centimes. La municipalité acheta la propriété à un prix inférieur à son estimation: "douze cent vingt huit francs quarante centimes que M. Decornoy, pour ladite commune, promet et s'oblige payer aux vendeurs.", payables en trois annuités. En 1791, Denis Toussaint Félix avait versé "cent quatre vingt six livres franc denier" pour acquérir un tiers de cette propriété à la soeur de son épouse, héritière, la maison valait donc 558 livres, à l'époque.

Métrage de la future petite école

Deux experts avaient procédé "à une visite, d'escription figurées et estimation d'un batiment et de deux petits jardins situés en la commune de la Chapelle Rablais", l'un choisi par la mairie, acheteuse, "Claude Désiré Testard, géomètre arpenteur demeurant à Nangis patenté pour l'année 1834 sous le n° 642"; l'autre par le vendeur, Denis Toussaint Félix, ancien maire : "Pierre Lelong maître maçon demeurant à la Chapelle Gauthier patenté sous le n° ". On pourra retrouver ce dernier, maçon limousin et n'habitant pas la Chapelle Gauthier, à la seizième page du dossier, en compagnie de deux autres Limousins, Dubreuil et Delisle. AD 77 4 OP 89/1

Une maison équivalente à la future petite école, couverte en tuiles, avec le terrain et des jardins, avait été vendue à un voiturier thiérachien: "Une maison consistante en un chauffoir où il y a four et cheminée située aux Trois Chevaux, commune de ladite Chapelle Gauthier grenier audessus de ladite maison; à côté d’ycelle une petite grange d’une travée et demie environ dont il y a une étable dedans, séparée par un cloisonnage de ladite grange couverte en paille et la maison en thuiles cour devant lesdists Bâtimens et trois petits jardins" qu'il acquit de Denis François Roubault & Marie Anne Antoinette Maugis, sa femme, moyennant la somme de six cent cinquante francs en 1805. Sa maison sera renvendue aux enchères 400 francs seulement à son décès, trois années plus tard.
Minutes du notaire Tartarin 1808 AD 77 273 E 31
Les appentis de la maison Félix étaient construits ou changeaient d'affectation suivant les besoins. En 1791, l'inventaire révèle une vache et un cochon "une étable, un appenty, toit à porcs, et une travée de bas logis aussi couverte de thuille servant de fournil y ayant une cheminée...". Plus de vache ni de cochon en 1835, mais un cheval, et l'appentis sert de cellier, à défaut d'une cave, inondable dans ce sol trop argileux: "...le batiment qui se trouve marqué au plan par la lettre B est une écurie qui se trouve séparée d'avec la susdite maison par un mur en pierres... le batiment marqué au plan par la lettre C est un petit apenti pour servir de seiller." En 1837, revoilà une vache; l'ancien fournil est reconverti en laiterie: " une petite laiterie en appentis". Et toujours un petit jardin contigu et un autre non loin. Quand la maison sera devenue école, on y trouvera un bûcher et des "lieux" communs aux garçons, filles et maître que le plan de 1864 aura soin de séparer, de même que la cour de récréation. Plus tard, dans la classe des Montils, un muret séparait la cour en deux et une cloison à mi hauteur empêchait les garçons d'apercevoir les filles!
Histoire de l'école, texte
Revenons à la petite maison de Félix... A la Chapelle Rablais, pas de four commun, chacun cuisait chez soi. Et, curieusement, le four à pain s'est promené ! En 1791, il est situé sous l'appentis. Vers 1830, on le trouve dans le "chauffoir": "une maison d'habitation où il y a four et cheminée". Mais sur le plan tracé en 1864, révélant les travaux de 1837 ou 1838, on retrouve le four à l'extérieur, sous l'appentis. Traditionnellement, en Brie, la gueule du four donnait sous le manteau de la cheminée qui aspirait la fumée des fagots qui y brûlaient.

La voûte débordait à l'extérieur du bâtiment, protégée par un petit toit. Voici quelque temps, on voyait encore de ces excroissances qui révélaient un four à pain. L'un d'entre eux a été détruit, en révélant la structure de briques (photo ci-dessous, 1998). En 1791, dans deux maisons à construire par un Creusois (voir page suivante), la voûte n'est pas de briques, mais de terre: "Plus un four de grandeur suffisante de cuire trois boisseaux de (... lacune) en une fois, construit en mortier de terre, du côté du couchant, de manière que la bouche donne dans ladite cheminée."

Ci contre: four et "potager" sont réunis sous la cheminée dans ce tableau d'Edouard Alexandre Sain 1896.

On ne promène pas un four à bois massif comme on changerait de place un micro-ondes. C'est fort lourd, long à construire (j'en sais quelque chose, en ayant bâti un) et plutôt coûteux comme on le voit dans le métrage de la petite école: "9° Le four estimé soixante cinq francs. 10° La cheminée estimée quatre vingt dix francs." Si le tranfert de l'appentis à la cheminée ne trouve pas de justification entre 1791 et 1835, il n'en est pas de même pour la démolition du four intérieur quand la "bricole" fut transformée en école. Plus besoin d'un four dans une salle de classe. La démolition du cul de four était peut aussi être justifiée par l'alignement des rues du village qui obligeait à raboter extensions et façades gênantes (ce fut aussi le prétexte pour la démolition du four au centre du village voici deux décennies). "La largeur de la traverse étant inégale, ce qui est regretté, il sera pris comme référence la largeur de 30 pieds (auparavant 40 pieds par endroits) existant entre la maison de M. Félix père appelée vulgairement la Grande Maison et celle du sieur Lenoir que nous considérons comme l'une des plus anciennes du village." est-il noté dans la délibération du Conseil municipal du 5 avril 1835. Le 14 août de la même année: "Les chemins de la commune doivent être remis dans la largeur fixée par le tableau des chemins vicinaux arrêté par le conseil municipal le 17 mai 1818." Sur le "chemin vicinal n°29 de Mormant à Vinneuf", autrement dit, la grande rue de la Chapelle; l'alignement de la traverse fut repris en 1878.

"Pour qu'elle soit conforme aux voeux de la loi, elle nécessitera beaucoup de travaux qui occasionneront une assez forte dépense. Estimée à deux mille trois cent quarante francs."
La "bricole", un peu tordue -les anciens bâtiments sont rarement d'équerre- fut transformée en une école que l'on peut découvrir sur cet extrait d'un plan plus vaste, car, trente ans après l'achat de la maison de Félix, la commune acquit aussi celle de l'instituteur Gasc qui partait en retraite. Deux petites maisons mitoyennes qui nécessitaient encore d'être remaniées pour s'adapter à leur nouvelle fonction. Plusieurs plans furent proposés, pour aboutir, comme pour le presbytère, à une destruction suivie d'une refonte totale. Le bâtiment actuel ne sera construit qu'en 1879, retard dû, entre autres, à une forte indemnité de guerre à verser aux Allemands après la guerre de 1870. Un million pour la Seine et Marne, mille trois cent cinquante neuf francs et soixante centimes pour la Chapelle Rablais.

Plan intégral du projet de 1864
Projets d'une mairie-école 1864 / 1869 / 1873

U: salle d'école
C: cour
K: bûcher
J: fournil
H: four
I: lieux

Des maçons creusois ont participé à sa rénovation, en 1837. On les connaît, il s'agit de la fratrie Menut, Jean, Jacques, Joseph & Pierre, frères et cousins, originaires des mêmes villages, Arrènes et Ceyroux; en famille avec bien d'autres Limousins repérés à la Chapelle Rablais: Boucher, Momet, Delisle, Jannet... Ils ne résidaient pas dans la commune, mais à Fontenailles, à moins de cinq kilomètres.

Il n'est pas écrit en toutes lettres, quelque part: "Les frères Menut ont restauré la petite maison de Denis Toussaint Félix pour en faire une école." Ce serait trop simple ! Dans les archives de la commune, il est noté que les travaux furent adjugés à M. Berlin de Fontenailles pour la somme de 2.330 francs le 24 septembre 1837 et que les cautions de l'entrepreneur furent été acceptées le 28 octobre de la même année. Il eut d'ailleurs bien du mal à se faire payer, le 12 novembre 1842 et le 15 janvier suivant, le conseil a refusé "le mémoire présenté par l'entrepreneur et toute espèce de proposition." Il n'était pas le seul à attendre des fonds de la municipalité: les frais de notaire pour l'achat de la maison de Félix n'étaient toujours pas réglés en 1860, quand la commune fut condamnée à payer 631,15 francs. Registre des délibérations du Conseil municipal

Revenons au sieur Berlin. C'est un "maçon en plâtre" briard, né à Fontenailles le 15 février 1807, fils de Pierre Berlin charretier et d'Elisabeth Maugis. Dans le recensement de 1836 de ce village, on découvre, ménage n°112, Louis Pierre Alexandre Berlin, 29 ans, maître maçon, son épouse Anne Victoire Lauret, 27 ans & Louis Victor Berlin, 3 ans. Sa mère, Marie Elisabeth Maugis 56 ans, veuve Berlin, réside aussi à Fontenailles. Tout à côté, ménage 122 se trouve l'auberge, tenue par Jean Lemaur, 49 ans, aubergiste & Adélaïde Scholastique Maugis, de la même famille Maugis que la mère du maître maçon.
Le "ménage" n°116 est fort divers: un voiturier, Pierre Henry Feuillâtre, son épouse et deux enfants adultes; une veuve très âgée, Anne Leplanois, 80 ans, veuve Moreau et les quatre maçons creusois. Cette variété donne à penser qu'il s'agissait d'une annexe de l'auberge. D'autres maçons sont aussi signalés à Fontenailles: Louis Denis Légué (Legay?), 22 ans, ouvrier maçon, "ménage" n° 118 avec le voiturier Fiacre Denis Bijard, 39 ans, époux de Marie Henriette Lemaur; Pierre Rossignol, 66 ans, maçon, époux de Thérèse Rousseau, ménage n°42.
Il n'est pas ecrit, non plus, que les quatre maçons creusois travaillaient forcément pour l'entrepreneur briard qui logeait tout à côté. Il faut avouer que c'était fort probable. Il n'est pas dit, non plus, que les maçons repérés en 1836 étaient encore là en 1837, mais il semblerait bien qu'il y ait eu une présence des Menut sur de nombreuses années: Jacques Menut sera présent au mariage d'Antoine Delisle, maçon creusois à la Chapelle Rablais en 1838 et un autre Menut, Pierre 33 ans, sera encore là en 1866 pour le décès de ce même Delisle.

Cette même décennie, entre 1835 et 1845, on trouvait à la Chapelle Rablais nombre de Limousins: des Boucher, Jean et Pierre, des Dubreuil, Jean 1, Jean 2 et Léonard, Jean Devoret, Denis Lambert, Antoine Delisle, Pierre Longeaud et Barthélémy Momet qui était déjà venu et que l'on retrouvera à Sourdun, pour le mariage de son fils. Qui d'autre avait travaillé pour la commune et quels étaient les emplois des autres? Il faudrait découvrir d'autres documents pour pouvoir répondre à ces questions.

Doc: années de présence des maçons

Tous les bâtiments communaux étaient dans un triste état: la petite école pour laquelle les travaux étaient estimés au double du prix d'achat, le presbytère dont "les granges et écuries sont en vétusté, la façade du nord, bûcher, colombier, et lieux d'aisances sont en très mauvais état". Et même l'église pour laquelle des travaux étaient jugés indispensables dès 1818: "attendu l'urgence des réparations à faire à l'église et aux murs du cimetière". Délibération du 15 juillet 1818 Les travaux tardèrent tant qu'en 1854, la communion solennelle ne put y avoir lieu, comme l'indique une note sur le registre de catholicité: "Liste des enfants qui ont fait leur première communion dans l'église de Fontains, l'église de la Chapelle Rablais étant dans un état de ruine." Transmis par M. le curé Juffermans Les bisbilles à propos du presbytère que l'on tardait à mettre à disposition d'un prêtre (il n'en accueillera d'ailleurs aucun), n'arrangeaient d'ailleurs pas les choses auprès de l'épiscopat.

Dans les premières décennies du XIX° siècle, les travaux à effectuer pour la commune n'auraient donc pas manqué, si les finances avaient suivi.
Les maçons creusois ont trouvé à s'employer auprès des habitants du village...

Suite: Maçons limousins à la Chapelle Rablais /9

   
Plan: les maçons limousins à la Chapelle Rablais
Liens, sites et bibliographie
   
  Les maçons, docs
   

Traces des maçons limousins

Années de présence des maçons

   
  Les maisons traditionnelles

Croquis d'une petite maison, élèves et maître

   
  L'école, docs

Métrage de la maison de Denis Toussaint Félix 1835

Projet de rénovation, 1864

Projets de mairie école 1864 1869 1873

Histoire de l'école, texte extrait du livret d'archives 1997

   

Quelques sources

 

Vente d'immeuble, le 3 avril 1791, minutes du notaire Hardouin AD77 261 E 24

Estimation d'un bâtiment le 4 avril 1836 AD77 4 OP 89/1

Ordonnance du Roi autorisant l'acquisition de la maison Félix du 25 novembre 1836. Archives de la mairie.

Acte de vente par les héritiers Félix, chez maître Bony à Nangis, le 25 février et 5 mars 1837

Projet d'école communale plan de 1864 AD77 4 OP 89/2

Projet d'école communale et de salle de mairie le 9 décembre 1869 AD77 4 OP 89/2

Projet de maison d'école pour les deux sexes avec logements des maîtres et salle de mairie le 30 avril 1873. Calque. Archives de la mairie.

Délibérations du conseil municipal et arrêtés du maire. Archives de la mairie.

Plan et matrice cadastrale 1832. Archives de la mairie.

Plan d'alignement de la traverse de la Chapelle Rablais 24 avril 1878. Archives de la mairie.

Recensement de la commune de Fontenailles, canton de Nangis 1836 AD77

Registre de catholicité de la paroisse de la Chapelle Rablais, consulté grâce au curé Juffermans avant son archivage au diocèse de Meaux.

Observations sur les maladies les plus ordinaires, faisant suite à la topographie du département de Seine et Marne, Louis Denis Bertin, docteur en médecine à Rosoy 1791

Marc Villin: "Les Chemins de la communale : regards sur l'école et les maîtres d'autrefois" Editions du Seuil 1981
Mémoires d'un couple d'instituteurs à St Barthélémy 77, Henri et Zoé Villin, vers 1900, et de leur enfant, Marc.