Maçons limousins |
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La Brie était réputée prospère et attirait nombre de migrants venus de contrées moins favorisées. Pourtant, les habitants de la Chapelle Rablais étaient pauvres. Des riches, il y en avait, bien sûr que l'on aurait pu compter sur les doigts d'une main: les propriétaires des terres et des bois, qui ne résidaient pas à la campagne et laissaient à leurs fermiers, plutôt aisés, le soin de gérer leurs exploitations en employant une nombreuse main d'oeuvre de journaliers. |
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En l'absence de documents antérieurs,
il faut faire un bond de plus d'un demi-siècle, jusqu'au second
empire pour avoir une idée précise du nombre de pauvres.
A cette époque, la population de la Chapelle Rablais s'élevait
à 557 habitants, 151 ménages dans 139 maisons. Recensement
de 1851 |
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En 1857, la liste pour le bois atteignait 89 noms, la moitié des ménages! Avoir le droit de ramasser du bois mort dans les forêts de l'Etat, Villefermoy et Saint Germain, ne coûtait rien à la commune, la liste pouvait donc s'allonger d'autant plus que M. Lemaire, maire et châtelain des Moyeux, contentait ainsi un plus grand nombre d'administrés. La "liste des familles qui auront ou pourront avoir besoin de secours pendant l'hiver de 1855 à 1856" était beaucoup plus réduite, dix huit noms, car, cette fois, des dépenses étaient nécessaires; de même que pour les personnes inscrites sur le "Registre des indigents désignés par le bureau de bienfaisance ou par la commission charitable pour recevoir des soins médicaux gratuitement, en exécution de l'arrêté de M. le Préfet de Seine et Marne du 25 avril 1855 (circulaire du 7 8bre 1859, recueil n°56)" limitées à dix. Toutes citations: archives de la commune, mairie
la Chapelle Rablais |
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"40 ans, nombre des membres composant la famille:
5, veuf malheureux |
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Autre source: en 1902 et 1903, le cordonnier et chef de la fanfare municipale a noté officieusement sur son carnet: "distribution de faisans aux indigents". Dix sept noms y figuraient en 1902 et vingt neuf en 1903. Si l'on reprend la longue liste des personnes autorisées à ramasser du bois, on note trente six "indigents" aux Montils, un à Frévent, quatorze seulement à la Chapelle Rablais. Le hameau des Montils était plus peuplé que le chef-lieu: 288 habitants aux Montils pour 179 au village, et 66 dans les écarts, quand la population était de 533 âmes en 1846... |
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Maison de Martin Lelu, 6 floréal an XIII, 26 avril 1805 Par devant Laurent Hardoüïn, notaire
public du département de Seine et Marne résidant à
Nangis soussigné, furent présents ... Marie Jeanne Martin,
manouvrière demeurante à la Chappelle Rablais veuve de Nicolas
Lelu avec lequel elle était en commune en biens, Antoine Gibert manouvrier
demeurant à la maison du moulin, commune de la Chappelle Rablais
et Marie Marguerite Charles Lelu, sa femme ... Sieur Denis Toussaint Félix
fils, maire de ladite commune ... au nom et comme fondé de la procuration
de Denis Nicolas Lelu gendarme en la commune de Geté, canton de Beaupréau,
département de Maine et Loire... AD77 minutes du notaire Hardouin 261 E 70 n°276 Maison d'Edme Picardat, 10 vendémiaire an
XIV, 10 oct. 1805 AD77 minutes du notaire Hardouin 261 E 71 Maison de Nicolas
Pupin, 22 mai 1808 AD 77 minutes du notaire Tartarin 273 E 31 |
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Une seule pièce pour toute la famille,
avec four et cheminée; une annexe pour le bétail, les récoltes
ou les outils; couverte de tuiles ou, bien souvent de paille; la "bricole"
du début XIX° siècle ressemblait fort à celle du
XVII°, peinte ici par Le Nain. Maisons de Hû et Bureau, les Montils,
9 mars 1791 "Furent présents Michel Couty
maçon limosin demeurant à Rampillon d'une part
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Michel Couty est né en 1741 "au lieu de Volondat", paroisse Saint Michel de Laurière, Haute Vienne, où il épousa Thérèse Pasquet en 1768. L'épouse restera en Limousin où naîtront plusieurs enfants. Michel Couty migrait donc régulièrement, du moins jusqu'au décès de Thérèse, en 1788. Il approchait alors la cinquantaine. Il devait travailler fréquemment à la Chapelle et aux Montils, puisqu'on le retrouve dans l'inventaire après décès de Thomas Nival, voiturier mort en 1800, mais dont la mise à plat des actifs et passifs ne fut réalisée qu'en 1803 : "Dettes passives... 31. Plus
au citoyen Jean Tancelin boulanger aux Montils vingt quatre francs pour pain
qu'il a fourny 32. Plus au citoyen Couty maçon à Rampillon vingt
neuf francs pour ouvrages de son état..." AD
77 minutes du notaire Hardouin 261 E 61
Pourtant, le "lieu d'habitude"
de Michel Couty n'était pas la Chapelle Rablais, mais Rampillon,
à une dizaine de kilomètres à vol d'oiseau. Il
y résidait encore en 1806, quand il décéda chez
Jean Baptiste Goussard, propriétaire à Rampillon. |
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A noter qu'en 1791, Michel Couty
a signé les deux actes, ce qu'il n'avait jamais su faire dans les
documents antérieurs. Ses lettres bâtons montrent bien qu'il
s'était appliqué, mais ne savait certainement ni lire, ni
écrire. Pas plus que les citoyens Bureau & Hû.
Par chance, le clerc du notaire Hardouin n'a pas profité de leur illettrisme pour gribouiller ses minutes à une allure record. Bien sûr, il s'est un peu mélangé la plume d'oie en recopiant le contrat du sieur Hû sans toujours bien l'adapter au citoyen Bureau, mais cela reste dans les limites raisonnables des étourderies d'un scribe fatigué. Mais que penser de la décontraction de cet autre clerc quand il était certain qu'aucune des parties du contrat n'aurait été capable de le relire? AD 77 261 E 61 minutes du notaire Hardouin |
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Si la maison de Félix n'était
pas bien grande, dix mètres en deux travées, les deux maisons
identiques à construire étaient encore plus petites "deux
travées l'une desquelles sera de quatorze pieds de large sur treize
pieds de long, letout dans oeuvre pour servir de chauffoir, et l'autre de
pareille largeur sur douze pieds de long aussi dans oeuvre, pour servir de
ce que ledit Hû jugera convenable." soit, avec un pied du
roi à 32,484 m, on arrive une longueur d'environ 4,5 mètres
à l'intérieur de "l'oeuvre"
sur 4,2 m de largeur, pour le chauffoir et 3,9 m de façade pour la
seconde travée, un peu plus de huit mètres en tout, mesures
intérieures. "De faire le mur de costière,
de neuf pieds d'hauteur compris les fondations, sur vingt et un pouces de
large, un pignon à chaque bout et un autre au milieu pour séparer
lesdites deux travées, le tout avec mortier de terre."
L'épaisseur des murs prévue était de 21 pouces (2,707
cms par pouce) un peu plus de 55 cms à rajouter de chaque côté.
La façade des maisons devait donc mesurer environ neuf mètres.
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"... le général des matériaux
nécessaires à icelle, comme pierres, terre, chaux, sable,
briques, paille et autres seront fournis par ledit Hû et rendus
sur place au fur et mesure du travail, sans être ledit Couti tenu
de fournir aucun des matériaux, ni de crépir les murs,
dont il est dispensé par ledit Hû."
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Trois quarts de siècle plus tard,
en 1873, la commune de la Chapelle Rablais fit établir une liste de
huit pages: "Rappel et série des prix portés au devis devant
servir de base à l'adjudication" qui détaillait très
précisément prix des matériaux, des travaux et des salaires
servant de base au devis pour la construction de la mairie-école actuelle;
on y trouve, par exemple: |
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Revenons en 1791
: "Laquelle construction sera commencée le premier avril
prochain et sera achevée le jour de Saint Martin d'hiver suivant."
Certains Limousins faisaient même
le long voyage, uniquement pour cette période comme ces brassiers qui
"aident à faire la récolte dans
les provinces de Brie et de Sologne" dont parle un des rapports
de l'élection de Guéret en 1763: "Au
commencement du mois de juin, il fut ainsi qu'il avoit accoutumé d'aller
tous les ans faire la moisson dans la province de Brie, d'où estans
de retour sur la fin du mois d'août dernier..." |
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Peu de maçons participaient à la moisson, d'après l'enquête de 1809 sur les travailleurs saisonniers. Par contre, ils étaient très nombreux pour la fenaison. Sur quatre vingt trois groupes de Limousins cités, trente huit associaient maçonnerie et fauche des prés, des luzernes ou des avoines, comme à "Brie sur Yerres" (Brie Comte Robert) où "ils travaillent de l'état de maçon jusqu'à la fauche des foins, ils fauchent les foins et les avoines et ensuitte travaillent à nouveau à la maçonnerie..." |
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Pourquoi l'énergie des maçons
était-elle sollicitée pour les foins et non pour les moissons?
Probablement pas pour une question de technique: la faux était employée
pour les foins, mais beaucoup moins pour les moissons, où le "soyage"
à la faucille dispersait moins les grains, mais celui qui était
capable de faucher pouvait aussi bien moissonner en "sciant" à
la faucille. Et ces familles avaient grand besoin de
cet argent, peut être le seul apport pécuniaire de l'année.
"Il paraît que plusieurs cultivateurs de
la Brie et de la Beauce ont adopté le mode de faire moissonner avec
la faux, ce qui rend moins nécessaire les moissonneurs à bras..."
se plaint le préfet de l'Yonne qui craint des troubles si ses manouvriers
ne trouvent pas d'ouvrage. Si les Limousins avaient participé à la moisson, ils auraient pris la place d'autres migrants qui en avaient fort besoin, comme le montre la note du préfet de l'Yonne. Peut être leur a-t'on enjoint de retourner à leurs occupations premières, eux qui avaient déjà de l'embauche... Dossier: les moissonneurs saisonniers en Brie
Il existe des traces écrites prouvant la participation des maçons à la fenaison; en existerait-il pour d'autres activités car il semblerait que les Limousins aient prêté leurs bras à la demande : en 1765, l'acte de mariage du Limousin Michel Desenfans indique : "de la profession de maçon et autres ouvrages a quoy il est en état de s'occuper" Andrezel AD 77 6 E 4/2 p 68 |
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