Maçons limousins |
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Passez
la souris sur les illustrations pour leur légende. |
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La population de la Chapelle Rablais n'a cessé
de croître et de se renouveler jusqu'à la moitié
du XIX° siècle, rendant nécessaire la contruction
de nouvelles maisons, ou l'amélioration et l'extension des anciennes.
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On imagine les paysans accrochés à leur terre et que rien ne ferait bouger. Ce qui était peut être la réalité aux siècles passés ne l'était plus à la fin du XVIII°. Une comparaison entre les mariages à la Chapelle Rablais au milieu du XVIII° siècle (1752/1762, pour être précis) et ceux au tournant du XIX° (1789/1811) montre que l'aire de recherche des époux, autrefois cantonnée aux paroisses proches, tend à s'étendre. En passant la souris sur la carte, on passe des époux hors paroisse au XVIII° à ceux du début XIX°. |
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Il convient de nuancer: le nombre de points rouges représentant des époux hors commune est plus important au début du XIX° pour deux raisons; tout d'abord parce que la période considérée 1789/1811 s'étend sur 23 ans, alors que l'étude 1752/1762 ne porte que sur onze années. La seconde est que les mariages relevés à la Chapelle Rablais étaient moins nombreux sous Louis XV (3,9 par an) que cinquante ans plus tard (4,8 par an). La proportion d'étrangers à la commune a pourtant augmenté, passant de 24% d'époux extérieurs à 44%; la proportion hommes/femmes hors paroisse n'a pas varié: les deux tiers étaient des hommes, dans les deux cas. Sans tenir compte du nombre de petits points rouges entourant la puce bleue représentant la Chapelle Rablais, on peut noter leur extension géographique. Au XVIII°, les étrangers à la commune se trouvaient principalement dans les paroisses limitrophes; l'époux le plus éloigné se situant dans la région de Provins, en territoire connu puisque certains indigents du village terminaient leurs jours à l'Hôpital Général de cette ville. Cinquante ans plus tard, on trouve encore la plupart des conjoints extérieurs à peu de distance, mais aussi dans toute la Brie, et les petits points dans la marge de cette carte signalent des "étrangers": originaires de départements voisins, mais aussi voituriers de Momignies et sa région, scieurs de long du Forez, anciens prisonniers de guerre de franges Est de l'Europe... A part deux femmes venues de départements voisins, tous les autres "étrangers" étaient des hommes.
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Le recensement de 1872 est le premier à
indiquer le lieu de naissance des personnes recensées, à part
celui de 1851 qui ne signalait que les étrangers. En ne considérant
que les adultes au dessus de vingt ans, on constate que la moitié de
la population n'était pas née dans le village: 132 déclaraient
êtres nés dans la commune, 120 dans une autre commune du département,
25 dans un autre département dont six dans un département éloigné.
Un seul étranger est recensé, un Belge, au château. |
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"Opulente, riche en blé et
en sucre, la Brie n'a guère fixé les hommes. Non seulement la
densité de population y est faible pour un pays aussi productif (56
hab/km² en 1946), mais les hommes n'y font que passer. Le court séjour
des nombreux migrants saisonniers du XIX° siècle s'est allongé
pour les migrants polyannuels ou viagers d'aujourd'hui (1949). Malgré
l'évolution, il a gardé son caractère temporaire. En
Brie, la terre ne meurt pas: les hommes s'y relayent à la tâche.
Toujours de véritables courants humains venus des horizons les plus
divers se forment et se reforment. Les masses humaines s'écoulent régulièrement,
plus ou moins denses selon les moments, mais le flot ne tarit pas.
Abel Chatelain "Brie, terre de passage" Annales.
Économies, Sociétés, Civilisations. 4e année, N.
2, 1949. pp. 159-166La démographie de la Brie est ainsi l'une des plus curieuses que l'on puisse analyser. Comparable à un quartier de ville ou à une commune de banlieue urbaine au peuplement instable, la Brie est très différente de ces régions rurales traditionnelles, aux populations solidement enracinées, où les mêmes familles se retrouvent d'un siècle à l'autre. Ainsi, aux portes de Paris, une grande terre d'abondance n'a pas fixé les hommes. Et de nombreux facteurs contribuent à maintenir à la Brie ce caractère démogéographique essentiel: le surcroît de travaux saisonniers, le peu d'attachement à la terre des hôtes d'un pays de grande propriété enfin l'attraction, de plus en plus marquée, de l'agglomération parisienne. Avec une rapidité incroyable, le peuplement se renouvelle." |
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La population de la Chapelle Rablais augmentant et se renouvelant, de nouvelles maisons étaient nécessaires, sans compter la recherche d'un peu plus d'hygiène et de confort dans les masures les plus rustiques; d'où travaux pour les maçons. On trouve les modifications des propriétés dans le "Registre présentant les Augmentations et les Diminutions survenues dans les contenances et les revenus portés sur les matrices cadastrales" du cadastre dit "napoléonien" bien qu'il date de 1832; modifications à partir de 1835 jusqu'en 1898. Dans les premières années, il s'agit surtout de rectifications des renseignements portés sur l'atlas cadastral (code F pour Faux) ou la matrice. Après 1850, suivant la lettre C, ou verra de nombreuses terres converties en chemins, les routes rectilignes commençaient à être tracées. Y sont surtout notées les modifications dans l'habitat que j'ai reportées sur le schéma ci dessous: maisons détruites (en rouge), maisons agrandies (en vert) ou maisons nouvelles (en bleu). Pour que le graphique et la carte restent lisibles, j'ai limité la période à une grosse décennie autour de 1840; années où jusqu'à sept Creusois laissèrent des traces à la Chapelle Rablais. De même, le plan des Montils, village tout en longueur, aurait été illisible; une page particulière lui est réservée. On peut constater que, presque chaque année, le registre des Augmentations et Diminutions montre que les maçons avaient de l'ouvrage. Ce sont encore de modestes logis, mais bientôt, une autre génération de maçons -creusois- construira de belles maisons dont ils pourront être fiers. Il vous faudra attendre encore quelques pages avant de les découvrir.
Cadastre napoléonien: liste des propriétaires |
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Les modifications de maisons aux Montils | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Les Limousins maçonnaient chez les particuliers, et un peu pour la municipalité dont les bâtiments auraient bien eu besoin des soins des Creusois, mais pour lesquels les finances ne suivaient pas. Ont-il participé à la contruction du nouveau château au milieu du XIX° siècle? A cette époque, les maçons creusois étaient nombreux à la Chapelle Rablais: Jean et Léonard Dubreuil, Jean et Pierre Boucher, Antoine Delisle, Denis Lambert, Pierre Longeaud, François Roucheteau, Pierre Picot, et probablement le fils de Barthélémy Momet, Léonard... d'autres peut être qui n'ont pas été retrouvés. |
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Sous l'Ancien Régime, l'Empire
et la Restauration, le château avait un tout autre aspect que seuls
des plans nous permettent de connaître. Sur le Plan d'Intendance,
fin XVIII°, ci dessous, à gauche, il est figuré par
deux grands U ouverts à l'Est. L'un pour la résidence seigneuriale,
où convergent les allées et où résidaient
Charles de la Brière et son épouse Françoise Boivin
qui apparaissent sur de nombreux actes, preuve de leur présence
effective. L'autre grand U est la ferme nommée "la
Basse Cour des Moyeux" où furent fermiers, au XVIII°
siècle, Jean Gibert, Denis Poirat, Louis Trouvé... La mention
"Basse cour des Moyeux" apparaît sur plusieurs
actes, bien qu'au décès de son épouse, Marguerite
Rondinet le 29 décembre 1753, Louis Trouvé soit qualifié
de "fermier de la Grande Cour",
probablement une confusion du curé Huvier.
Au milieu, figure un extrait du "Plan géométrique du Domaine des Moyeux situé commune de la Chapelle Rablais, canton de Nangis Seine et Marne appartenant à M. le Comte De Latour Maubourg... " levé et arpenté l'an II de la République française, conservé au château des Moyeux. On distingue mieux les bâtiments séparés du château et de la ferme, dont le plan cadastral de 1832, à droite, précise les axes de circulation. |
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L'ancien château, cadastré C
17, a été détruit peu avant 1848; le nouveau figure sur
le registre des Augmentations en 1852. Son récent propriétaire,
Marie Claude Charles Lemaire, qui acheta les Moyeux aux héritières
de Just Faÿ Latour Maubourg, les 29 juillet et 1° août 1846,
ne tarda pas à procéder aux rénovations. Achat
du château: AD77, minutes du notaire Bonny |
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On
pourrait penser que ce "Plan géométrique
du domaine des Moyeux situé commune de la Chapelle Rablais canton de
Nangis département de Seine et Marne, appartenant à MM Lemaire
frères propriétaires à Paris, Ratel géomètre
à Nangis en l'an 1857" a été
tracé exactement au moment où le château, détruit,
n'avait pas encore été reconstruit, puisqu'il est effacé.
Ce qui serait une belle erreur. En 1857, la modification des bâtiments
avait été notée depuis de nombreuses années (1852).
En fait, sur ce plan, ne figurent que les masses de culture. Pas de château,
mais non plus, pas de maisons, pas de fermes....
Archives des Moyeux |
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En passant la souris sur la carte
ci-contre, on passera du plan levé pour Latour Maubourg en 1794
à une autre carte tracée pour Marie Claude Charles Lemaire,
après travaux, où, cette fois, figure le tracé
du château et de ses annexes, dont la ferme. A quelques détails
près, c'est le même château que celui vous pourrez
découvrir de l'intérieur, si vous le désirez, puisque
les Moyeux proposent des gîtes dans le pavillon de chasse et la
maison du régisseur. |
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Un autre plan arpenté pour
la châtelaine du début du XX° siècle, madame Rigaud,
donne plus de précisions sur la disposition des bâtiments.
C'est un détail d'un arpentage que chaque châtelain avait
à coeur de réaliser pour visualiser l'étendue de
ses possessions, et les gérer au mieux; car sous Mme Rigaud, les
terres des Moyeux couvraient les deux tiers de la superficie de la commune.
Archives des Moyeux |
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Les maçons creusois ont-ils participé
à la destruction de l'ancien château puis à la reconstruction
du nouveau ? Rien ne permet de l'affirmer. On ne note pas d'augmentation
de la fréquentation des Limousins, pas de traces dans l'état
civil, quelques passeports, quelques maçons creusois déjà
installés... Les maçons en terre ou en gros mur, sous l'Empire,
construisant des maisons rustiques, avaient cédé la place
à des maçons plus qualifiés, certains, petits entrepreneurs,
étaient même "maîtres maçons", comme
nous le verrons plus loin. Mais il est certain que les entreprises de maçonnerie
locales n'étaient pas à même de mener un tel chantier. |
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Peut être les Limousins ont-ils
participé à la destruction de petites fermes et de hameaux,
qui n'étaient plus rentables à cause du regoupement en grosses
exploitations. Aujourd'hui, on peut fouiller là où étaient
les Petites Maisons, les Trenels, les Farons et bien d'autres, on ne trouvera
plus pierre sur pierre car toutes ont été récupérées
pour servir à d'autres constructions, pour le mur d'enceinte du
parc des Moyeux, par exemple. Un bon kilomètre de meulières
et de blocs de grès surmontés d'une grille en fer forgé.
Imagine-t'on le nombre de tombereaux de pierres, le temps et la main d'oeuvre
nécessaires? |
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Le 28 septembre 1850, "le sieur Lemaire, propriétaire
du Bois des Moyeux, situé commune de la Chapelle Rablais, (s'oppose)
à l'extraction de matériaux dans sa propriété...
pour l'exécution de travaux d'entretien sur la route départementale
n°3 de Melun à Nangis, a fait défense aux agents de l'administration
des ponts et chaussées de s'introduire dans ladite propriété...
considérant que .. les entrepreneurs de travaux publics peuvent prendre
les matériaux ... sans néanmoins qu'ils puissent prendre dans
les lieux qui sont fermés de murs ou autres clôtures équivalentes
suivant l'usage du pays... qu'à l'époque ... la propriété
du sieur Lemaire n'était entourée ni de murs, ni de clôtures..."
Source: Parcrisie, recueil général
de la jurisprudence, Bruxelles 1853 |
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En 1907, Mme veuve Rigaud fit installer
l'interminable grille qui longe la rue des Vieux Prés. L'architecte
en était M. Maugue, la ferronnerie fut exécutée par les
ateliers Georges Vinant, rue Cambronne à Paris et le soubassement par
un Bouché, descendant de maçon creusois. On découvrira
plus loin les pages consacrées à cette famille qui fut active
à la Chapelle Rablais de 1838 jusqu'à une époque récente.
Ce bleu d'architecte, issu des archives de la famille Bouché, représente
une petite partie de cette grille, le portail, de nos jours condamné,
entre la ferme des Moyeux et le haras. |
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Mme Rigaud, parfumeuse. Son flacon "Un
air embaumé" fut pastiché par Marcel Duchamp sous le
titre "Belle haleine, eau de voilette"
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