Equarisseurs, écarisseurs de bois
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 Lien vers une vidéo d'équarissage sur Youtube
Patrons, maîtres scieurs, écarisseurs retrouvés dans les archives


Wikipédia équarissage des bois

L’équarrissage des bois, équarrissement des bois, est une technique du bûcheronnage et de l'industrie du bois qui vise, ou visait à produire, un bois de section carrée à partir d'un bois rond, appelé « équarri » (ou bois carré, bois avivé), par élimination des dosses. On dit aussi par exemple, qu'une poutre à douze, seize pouces d'équarrissage, équarrissage est ici synonyme de « grosseur ». L'équarrissage a deux objets principaux:
une phase préliminaire au sciage, qui autrefois pouvait se réaliser dans la forêt, à la hache, et s'effectue actuellement dans une scierie par des machines appelées collectivement "équarrisseuse"; un moyen simple d'obtenir un bois carré ou bois d'équarrissage, un bois propre à être utilisé par la charpenterie.
Les outils employés par les hommes qui équarrissent les bois, sont au XIXe siècle: une grande hache ou cognée (coignée), une doloire de charpentier (ou épaule de mouton); une grande scie à deux poignées, appelée passe-partout; un cordeau de laine placé sur une espèce de bobine, et un plomb.
La pièce de bois étant placée sur des chantiers fixes, soit dans l'entaille avec des coins, soit sur le chantier avec les crochets, l'équarrisseur enlève, avec la hache, l'écorce du bois, à l'endroit où il doit tracer la direction de la face à dresser, si cette face doit être droite: il déroule son cordeau et le plonge dans une infusion de paille brûlée, s'il veut tracer sa ligne en noir, ou de sanguine s'il veut tracer sa ligne en rouge. Lorsque le cordeau est mouillé par l'une ou l'autre de ces infusions, deux ouvriers se placent aux deux extrémités de la pièce, posent le cordeau sur chaque bout, le raidissent en le plaçant sur la trace qu'ils veulent obtenir; un d'eux soulève le cordeau, le laisse tomber verticalement en frappant, l'infusion se détache du cordeau, se dépose sur le bois et y marque une ligne droite que les ouvriers doivent suivre dans leur équarrissage; ils tracent de la même manière une seconde ligne qui marque la largeur ou l'épaisseur de la pièce, et se disposent à l'exploiter. La pièce tracée, l'ouvrier monte dessus, et avec sa cognée fait des entailles à 60 ou 80 centimètres (20 ou 50 pouces) les uns des autres. Leur profondeur est déterminée par la position de la ligne que l'on ne doit jamais entamer.
Lorsque ces entailles sont faites dans toute la longueur de la pièce, on fait éclater les morceaux, séparés par les entailles, ensuite l'ouvrier descend, et il enlève avec sa cognée les parties de bois saillantes; en commençant ainsi la pièce, il doit avoir l'attention d'ébaucher les faces bien verticalement; un plomb suspendu à une ficelle, ou même une pierre à défaut de plomb, lui indique si les faces sont verticales. Lorsque la pièce est ébauchée des deux côtés, l'ouvrier change d'outil; il prend la doloire ou épaule de mouton, il coupe le bois, le redresse, le polit. Un doleur adroit rend ses faces unies, planes, sans apparence de coups d'outils. Dans le travail de l'équarrissage, le fini, le redressement, le poli des bois à la doloire est le plus difficile ; il exige une grande habitude, une grande adresse et une grande sûreté; c'est pourquoi, lorsque plusieurs ouvriers se réunissent pour équarrir du bois, ils choisissent toujours le plus adroit d'entre eux pour doler et finir les pièces.

Gérard Boutet (extraits)

En principe, les scieurs de long étaient également équarrisseurs en bois puisque les deux façons allaient de pair et se complétaient. En effet, l’équarrissage constituait en quelque sorte la préparation des grumes destinées à être débitées sur le lieu même de l’abattage. Cela ne devenait un métier à part entière que dans la construction navale où les besoins en madriers de haut-fût permettaient d’occuper une nombreuse équipe…

Ailleurs, comme en nos régions dont les bois ne fournissaient guère que des pièces de charpente, l’équarrisseur se confondait presque toujours avec le scieur de long....

D’abord, on griffait le tronc, on le calait sur ses chantiers de rondins pour l’empêcher de rouler ; ensuite, on tendait les cordons de guidage sur sa longueur, d’un bout à l’autre, selon les dimensions désirées et le gabarit de la grume ; enfin, on commençait à épanneler avec la dégrossisseuse, les pieds fermement plantés de chaque côté de la bille, l’outil bien en poigne.... La finition s’effectuait à l’équarrisseuse, cette terrible hache dont le tranchant impressionnant, d’une trentaine de centimètres, détachait des copeaux d’une largeur supérieure aux deux paumes d’un homme ; leur épaisseur, en revanche, ne dépassait guère celle d’un ongle ! ...

L’ouvrage s’accomplissait à proximité de la coupe, afin de faciliter les transports ; il était effectivement plus commode -et moins coûteux- de déplacer des bastaings que de débarder une énorme grume !

"Les forestiers, vieux métiers des taillis et des futaies" Gérard Boutet, éditions Jean-Cyrille Godefroy, 1997