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Ordres mineurs et majeurs
Ordinations

Rite actuel
Eglise catholique en France, site internet

L’ordination sacerdotale est la célébration liturgique où le prêtre reçoit de l’évêque le 2ème degré du sacrement que l’on appelle « sacrement de l’ordre » au degré de prêtre. Par l’ordination, le nouveau prêtre reçoit le caractère sacerdotal qui est une marque ineffaçable comme le caractère baptismal. Il entre aussi dans le « presbyterium » qui est la communauté des prêtres d’un diocèse unis autour de leur évêque.

1. L’appel du candidat. « Que celui qui va être ordonné prêtre s’avance… »
« Que celui qui va être ordonné prêtre s’avance… » « Me voici » Au début de la célébration, l’Église locale demande à l’évêque d’ordonner le candidat (ordinand) pour la charge du presbytérat. Un prêtre, désigné pour cela, atteste à l’évêque qui l’interroge publiquement, que le candidat a été jugé digne d’être ordonné. L’évêque dit alors : « Avec l’aide du Seigneur Jésus-Christ, notre Dieu et notre Sauveur, nous les choisissons pour l’ordre des prêtres ». Ce choix est accueilli par un chant comme l’hymne du Gloire à Dieu.

2. L’engagement de l’ordinand
Il y a un dialogue public entre l’évêque et le futur prêtre : ce dernier s’engage devant tous à vivre son ministère de prêtre selon ce que demande l’Église.

3. La litanie des saints
C’est la prière d’intercession chantée pendant que l’ordinand est allongé sur le sol. Il sait qu’il a besoin du soutien du Seigneur et de la prière de ses frères. Le fait d’être allongé au sol (prostration) signifie l’abandon de l’ordinand à Dieu dans son ministère pour toute sa vie.

4. L’imposition des mains de l’évêque et la prière d’ordination
Le candidat reçoit le don de l’Esprit Saint pour la charge qui lui est confiée. Répétant les gestes déjà adoptés par les premières communautés chrétiennes, l’évêque impose les mains. Dans un geste de bénédiction et de prière silencieuse, les pères imposent eux aussi leurs mains. L’imposition des mains signifie la mission confiée par le Christ, mission qui se transmet par les mains des Apôtres et de leurs successeurs : « Père tout puissant, donne à tes serviteurs que voici, d’entrer dans l’ordre des prêtres…»

5. Vêture
Aussitôt après la prière d’ordination, on revêt l’ordonné de l’étole presbytérale et de la chasuble, pour que soit manifesté extérieurement le ministère qu’il devra accomplir dans la liturgie.

6. Puis, l’évêque répand dans les paumes des mains du nouveau prêtre l’huile sainte, mêlée de parfum que l’on appelle le saint Chrême. Cette onction signifie le don de l’Esprit Saint qui fortifie le prêtre « pour sanctifier le peuple chrétien ».

7. L’évêque dans un dernier geste significatif remet au nouveau prêtre la patène et le calice nécessaires à son nouveau ministère Le nouveau prêtre reçoit le pain et le vin qui deviendront dans l’eucharistie le Corps et le Sang du Christ.
L’évêque leur dit alors : « Ayez conscience de ce que vous ferez, imitez dans votre vie ce que vous accomplirez par ces rites et conformez-vous au mystère de la croix du Seigneur. »

8. Le baiser de paix
En donnant un baiser fraternel au nouveau prêtre, l’évêque scelle l’acceptation de celui-ci comme son ministre. Les autres prêtres font de même et manifestent ainsi qu’ils sont en communion de ministère, membre d’un même ordre. Dans la liturgie eucharistique qui suit, le nouveau prêtre exerce pour la première fois son ministère en concélébrant avec l’évêque et les autres prêtres.


Rite actuel
Wikipédia

Dans tout cérémonial d'ordination de quelque degré, on distingue trois temps :

Les rites initiaux : il y a d'abord la présentation et l'élection de l'ordinand, l'allocution de l'évêque, l'interrogatoire de l'ordinand, les litanies des saints. Tout cela atteste que le choix du candidat s'est fait conformément à l'usage de l'Église et préparent l'acte solennel de la consécration.

Puis l'ordination proprement dite, l'imposition des mains en silence par l'évêque sur la tête de l'ordinand ainsi que la prière consécratoire spécifique au degré de l'ordre demandant à Dieu l'effusion de l'Esprit Saint et de ses dons de grâce appropriés.

Et enfin des rites complémentaires qui viennent exprimer et achever d'une manière symbolique, le mystère qui s'est accompli.

 

Ordination ordres mineurs et majeurs
Alfred Vacant Dictionnaire de théologie catholique 1908
Tome 11.2 p 1266/67

Ordination des portiers. Le portier, instruit par l’archidiacre des devoirs de sa charge, est présenté à l'évêque qui, prenant sur l’autel les clés de l'église, les lui remet en prononçant la formule : Sic âge quasi redditurus Deo ralionem pro his rébus quæ his clavibus recluduntur (C'est comme s'il allait rendre compte à Dieu de ces choses qui sont fermées avec ces clés). Puis invitation à la prière Deum Patrem omnipotentem… et l’oraison Domine sancte, Pater omnipotens… (Seigneur, saint père, tout-puissant ) toutes formules conservées, avec des variantes insignifiantes, dans le pontifical actuel.
(Traductions du latin par google)

Ordination des lecteurs. Le futur lecteur devait avoir été élu. Après quelques formalités préliminaires, l'évêque remettait à l’ordinand le livre des leçons, en disant : Accipe et esto verbi Dei relator habiturus, si fideliter et utiliter impleveris officium, partem cum his qui verbum Dei ministraverunt (Acceptez et soyez porteur de la parole de Dieu, si vous remplissez fidèlement et utilement la fonction, faites partie de ceux qui ont exercé la parole de Dieu). Puis, oraison Domine sancte pater omnipotens, toutes formules insérées dans le pontifical actuel.

Ordination des exorcistes. Elle consistait dans la remise à l’ordinand du livre des exorcismes, avec la formule : Accipe et commenda, et habeto potestatem imponendi manum super energumenum sive baptizatum sive catechumenum. (Recevez-le et confirmez-le, et ayez le pouvoir de mettre la main sur les énergiques [?], qu'ils soient baptisés ou catéchumènes.) Puis, invitatoire Deum Patrem omnipotentem supplices deprecemur… et l’oraison Domine sancte, Pater omnipotens.. du pontifical actuel.

Ordination des acolytes. Il n’y avait d’acolyte que dans les églises plus importantes. D’où le silence du sacramentaire gélasien sur leur ordination. Le Missale Francorum ne contient que l’oraison finale. D’après les Statuta, le futur acolyte, instruit de son office par l'évêque, recevait de l’archidiacre un chandelier avec son cierge et, de plus, une burette vide. L’oraison finale était la deuxième de celles que porte le pontifical actuel.

Ordination des sous-diacres. Le sous-diaconat n’est devenu ordre majeur qu’au XII° siècle. Aussi, dans le rite gallican, la cérémonie par laquelle on le conférait ressemble à celle des ordres mineurs. L’ordination commençait par une allocution dont le début et la fin ont été conservés dans le pontifical actuel comme forme de la porrection du calice : Vide cujus minislerium tibi traditur.. Ideo te admoneo, ita tu te exhibe ut Deo placere possis (Voyez quels ministères vous sont confiés. Par conséquent, je vous conseille de vous présenter de manière à pouvoir plaire à Dieu). Entre ces deux parties, un long monitoire, dans lequel l'évêque recommande à l’ordinand piété, vigilance, sobriété, chasteté et l’instruit de quelques-unes de ses fonctions. Ce monitoire se retrouve, coupé en deux, dans le monitoire Adepturi (je suivrai) de l’actuel pontifical. Puis venait la porrection, par l'évêque, du calice vide avec sa patène, et l’archidiacre présentait au candidat une burette d’eau avec sa cuvette et une serviette. Aucune formule n’accompagnait ces gestes. Suivaient l’invitation à la prière et l’oraison Oremus Deum et Dominum nostrum… et Domine sancte, Pater omnipotens (Prions Dieu et notre Seigneur... /le Saint Seigneur, le Père tout-puissant)…, qu’on trouve encore dans le pontifical, après la tradition des instruments.

Ordination des diacres.
L'évêque avait choisi les futurs diacres, et, avant de procéder à leur ordination, il consulte le peuple sur leur dignité. L’assemblée ayant acquiescé, l'évêque l’invite à la prière, puis, la main étendue sur la tête de l’ordinand, prononce la formule consécratoire. Invitation à la prière et formule consécratoire ont été conservées dans le pontifical actuel. L’invitatoire Commune votum commuais prosequatur oratio (Communiquer un vœu commun de continuer la prière)… y suit le monitoire Provehendi (Être avancé); la formule Domine sancte, spei, fidei graille (Saint Seigneur, le Graal de l'espérance et de la foi).., y forme la dernière prière de l’ordination. Les Slaluta font observer (et cette rubrique se retrouve déjà dans les plus vieux textes en rapport avec la Tradition apostolique) que l'évêque seul impose la main à l'ordinand, parce que celui-ci est ordonné, non ad sacerdotium, mais ad minislerium.

Ordination des prêtres. L’ordination des prêtres ressemblait à celle des diacres, à laquelle elle ajoutait l’onction des mains. Après avoir dans l’allocution Quoniam dilectissimi fratres (Parce que les frères les plus aimés), conservée au pontifical avec des variantes insignifiantes, fait ratifier le choix de ses candidats par l’assemblée, l'évêque invite la foule à la prière, demandant, pour l'ordinand, le don divin, la bénédiction du presbytérat et la grâce d'être divine de l’honneur qui lui est conféré. Puis venait la formule consécratoire, pendant laquelle l'évêque et tous les prêtres présents tenaient la main étendue sur la tête de l'ordinand. C'est la prière Deus sanctificationum omnium cuclor (Le Dieu de toutes les sanctifications), conservée au pontifical actuel, avant le Veni Credor. La prière consécratoire était suivie de l'onction des mains, avec la formule : « Que ces mains soient consacrées par cette onction et par notre bénédiction afin que tout ce qu’elles auront béni soit béni, et que tout ce qu’elles auront sanctifié soit sanctifié. » C’est à peu près la formule actuelle.


Dictionnaire de droit canonique et de pratique bénéficiale
Durand de Maillane 1761

p 377...
Ordre, sacrement. On entend dans l'église catholique par le sacrement de l'Ordre, une action sainte & sacrée, instituée par notre seigneur Jésus-Christ, par laquelle un homme baptisé est tiré du rang des laïcs, & est attaché au minsitère de l'Eglise d'une manière particulière, en recevant un augmentation de grâce, avec une puissance spirituelle pour consacrer le corps et le sang de Jésus-Christ, & exercer certaines fonctions qui regardent e service de Dieu & le salut des âmes... L'Ordre est donc un sacrement. (Conférences d'Angers)

p 378
Entre ces sept Ordres, il y en a trois qu'on nomme majeurs, savoir le sacerdoce, le diaconat & le sous-diaconat. On nomme ordres mineurs ou moindres, les quatre qui sont, suivant le rang du concile, ceux de l'acolyte, de l'exorciste, du lecteur, & de portier... Remarquez qu'il n'est pas parlé ici de la tonsure, parce que les théologiens ne la regardent que comme une cérémonie sainte, qui ne fait pas par conséquent un huitième ordre.

p 254
Les ordres mineurs n'impriment point de caractère. ceux qui y sont promus peuvent résilier & revenir au siècle. Les évêques ont pouvoir de conférer ces ordres hors le temps de l'ordination; mais il est de règle qu'il ne les confèrent que le dimanche ou les fêtes doubles au matin. On les confère par le porrection des instruments propres à chaque ordre, mais sans l'imposition des mains, & sans l'onction. Il y a des diocèses où les ordres mineurs se confèrent séparément : l'usage le plus universel est de les conférer tous quatre le même jour.

p 382
Le droit de conférer les Ordres, est la marque la plus essentielle de la juridiction épiscopale; les évêques sont seuls les ministres du sacrement de l'Ordre.

p 379...
L'archidiacre présente celui qui doit être ordonné prêtre, de même qu'il a présenté le diacre, comme étant demandé par l'Eglise, & rend témoignage qu'il est digne. L'évêque consulte aussi le peuple, en disant que c'est un intérêt commun du pasteur & du troupeau, d'avoir de saints prêtres, parce qu'un particulier peut savoir ce que plusieurs ignorent, & que chacun obéit plus volontiers à celui qui a été ordonné de son consentement. Ensuite, il s'adresse à l'ordinand, & lui dit :
"Un prêtre doit offrir, bénir, présider, prêcher. Il faut donc montrer à ce degré avec une grande crainte, & se rendre recommandable par une sagesse céleste, de bonnes moeurs, & une longue pratique de la vertu. Les prêtres tiennent la place des 70. vieillards qui furent donnés à Moïse, pour lui aider à conduire le peuple, & des 72. disciples de Jésus-Christ. Ils doivent aimer la mortification, par la considération du mystère de la mort de Jésus-Christ qu'ils célèbrent; être par leurs instructions, les médecins spirituels du peuple de Dieu; réjouir l'éEglise par l'odeur de leur sainte vie, & édifier par leur prédication & leur exemple."
Alors l'évêque met les deux mains sur la tête de l'ordinand, & tous les prêtres qui se trouvent présens lui imposent aussi les mains. Les prêtres qui sont dans le second ordre, sont les compagnons et les aides des pontifes, comme les enfans d'Aaron accompagnoient le fils de Dieu. Il lui donne ensuite les ornemens, & ajoute une prière où il dit entr'autres choses :
"Seigneur, auteur de toute sainteté, donnez votre bénédiction, afin que par la gravité de leurs moeurs & la sévérité de leur vie, ils se montrent vieillards; qu'ils profitent des instructions que S. Paul donnoit à Tite & Timothée; que méditant jour & nuit votre Loi, il croient ce qu'ils liront, ils enseignent ce qu'ils croiront & pratiquent ce qu'ils enseigneront; que l'on voie en eux la justice, la constance, la compassion, la force, & toutes les autres vertus; qu'ils en montrent l'exemple, & qu'ils y confirment par leurs exhorations."
Après cela l'évêque lui consacre les mains par dedans avec l'huile des Cathécumes, afin que ces mains soient capables de bénir, de consacrer, & de sanctifier; cependant on chante une hymne pour invoquer le Saint-Esprit. Il lui fait toucher le calice plein de vin, & la patene avec le pain, lui donnant le pouvoir d'offrir le Sacrifice à Dieu; & en effet à la même messe de l'ordination, le nouveau prêtre célèbre & consacre avec l'évêque.
Après la communion, le prélat dit ces paroles de Jésus-Christ à ses disciples : "Je ne vous appellerai pas mes serviteurs, mais mes amis" , & le reste; puis le nouveau prêtre se lève & récite le symbole des apôtres pour professer publiquement la foi qu'il doit prêcher. Il se met à genoux devant l'évêque, qui lui impose les mains sune seconde fois, en disant : "Recevez le Saint-Esprit; ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis; & ceux à qui vous les retiendrez, ils seront retenus." Il lui fait promettre obéissance, & l'avertit d'apprendre soigneusement l'ordre de la messe d'autres prêtres déjà instruits, à cause de l'importance de la chose.

Diverses conditions d'accès aux ordres
Bernard Plongeron La vie quotidienne du clergé au XVIII° siècle

Elles sont de deux sortes : canoniques et sociologiques. Les conditions canoniques ont été fixées par les décrets de Trente. Elles divisent la probation de l'ordinand en trois étapes dont la dernière est la seule décisive. D'abord la tonsure, indispensable à qui convoite un bénéfice. Vers 1750, elle n'est plus conférée qu'à des sujets âgés d'au moins 14 ans (Diderot l'avait reçu dans sa douzième année), et après un mois de petit séminaire, dans les diocèses où ces établissements existent.

La deuxième étape groupe les quatre ordres mineurs (portier, lecteur, exorciste et acolyte) et n'intervient que beaucoup plus tard, vers la vingtième année du postulant, après les études de philosophie. Au XVIII° siècle, l'évêque confère simultanément les quatre mineurs, un dimanche ou jour de fête, le matin, avant la messe.

Par le sous-diaconat, on aborde l'étape décisive des ordres majeurs qui engagent définitivement dans la voie sacerdotale. Il est donc normal d'exiger des garanties supplémentaires. Le candidat produira d'abord ses lettres testimoniales, délivrées par l'Ordinaire (son évêque propre), sur avis du supérieur du séminaire et parfois du curé de la paroisse où est né l'ordinand, qui certifient sa filiation légitime; au cas contraire, il faut une dispense de Rome. Des mœurs irréprochables et l'absence de toute censure et empêchement canonique complètent I'enquête. Ensuite, il doit être possesseur légitime d'un bénéfice dont le revenu ne peut être inférieur à 100 ou 120 livres, toutes charges payées. Le titre bénéficial requiert deux témoins dignes de foi assurant que le fonds appartient bien à celui qui l'a constitué et qu'il est libre de toute hypothèque. A défaut de titre bénéficial, l'impétrant devra exhiber l'acte notarié de son titre clérical, c'est-à-dire la rente annuelle que des parents ou amis lui assurent en attendant l'obtention d'un bénéfice. Ce minimum vital varie entre 80 et 100 livres, à la fin de l'Ancien Régime; il définit la catégorie des "pauvres prêtres", par vertu ou par nécessité. Titres bénéficiaux et cléricaux sont "insinués" sur un registre spécial. Reste une formalité qui se répétera pour la réception du diaconat et celle de la prêtrise : la publication des bans. Pendant trois dimanches successifs, le curé de la paroisse où est domicilié l'ordinand annonce à la grand-messe l'ordination prochaine et somme les paroissiens, sous peine de faute grave, de faire connaître "quelques vices ou empêchements qui le rendraient indigne de cet état". La prêtrise ne peut être reçue que dans la vingt-quatrième année accomplie du diacre, mais les dérogations demeurent encore fréquentes, jusque vers 1780. Notons aussi que, par esprit d'humilité, certains clercs resteront diacres pendant une très longue période, sinon toute leur vie.

L'évêque confère les ordres majeurs à des époques privilégiées du cycle liturgique : les samedis des Quatre-Temps, le samedi précédant le dimanche de la Passion, le Samedi saint. Pour recevoir les Majeurs hors de son diocèse propre, l'ordinand doit être en possession de lettres dimissoires qui autorisent l'ordination par un autre évêque. Cette pratique courante, avant 1770, deviendra, nous le verrons, un moyen de pression de la part de l'Ordinaire, à la fin du siècle, en raison des conditions nouvelles qui l'accompagnent. Encore que des diocèses connaissent le phénomène inverse : Viviers accuse les deux records du siècle, pour les ordinands extra-diocésains, en 1777 et en 1789. La chasse aux bénéfices persiste et attire les candidats étrangers au diocèse. Nul doute qu'elle pèse également sur la répartition sociale des clercs. Des enquêtes en cours ou déjà publiées, il serait prématuré de tirer une synthèse. Néanmoins, est d'ores et déjà détruite une légende : celle du petit paysan en sabots, un maigre baluchon sur le dos, venant se faire "dégrossir" au séminaire et y apprendre quelques bonnes manières afin d'être reçu plus tard au château en sa qualité de notable rural. Cette imagerie camperait facilement le clergé de 1830, non celui du XVIII° siècle. Parce que, si la noblesse ne pousse ses cadets vers le séminaire que dans une proportion de 2 pour 100 et presque toujours en vue d'un évêché ou d'un canonicat important, la majorité des ordinands sort des classes "moyennes" : de la petite à la haute bourgeoisie. Massivement se détachent les fils d'officiers de justice, de marchands et de chirurgiens (les barbiers-médecins-accoucheurs des petites villes et campagnes); de même les fils de "laboureurs", qui, dans les grandes régions rurales comme le Nord, représentent la classe des petits propriétaires, des paysans aisés, symbole d'un Tiers état qui veut allier la culture intellectuelle à l'indépendance matérielle et jouer un rôle politique dans la nation en incitant ses enfants à faire carrière dans le premier ordre du royaume. On s'explique par avance les mépris déclarés de la part de certains curés qui consentent à vivre parmi les rustres de la campagne, mais à condition de le clamer bien fort et d'agir en conséquence.

A quoi s'ajoute une autre constatation : l'importance du recrutement clérical en milieu urbain. Une petite ville, comme Annecy, qui ne comptait que 4 700 habitants en 1726, fournissait à elle seule 15 pour 100 des effectifs du clergé séculier du diocèse. La Haute-Saône, pourtant plus peuplée que le Doubs, d'après le recensement de 1762, fournit deux fois moins de prêtres que celui-ci, avec prédominance des cantons urbains sur les ruraux. D'autres régions apporteront de sérieuses nuances à ce premier constat, si l'on songe, par exemple, que dans le diocèse de Vannes, en 1789, la proportion est inversée: sur 102 titres cléricaux qui fournissent des données socio-professionnelles, 26 seulement indiquent une origine urbaine du possesseur.

De même, ne doit-on pas déduire hâtivement de ces enquêtes que l'Eglise n'accueille que des séminaristes rentés. Elle sait faire la part du pauvre, et l'une des préoccupations épiscopales consiste à augmenter le nombre des bourses ou à créer des séminaires pour pauvres clercs. Autrement dit, le même moule clérical respecte et sanctionne les clivages sociaux; il admet, dès l'entrée en cléricature, des genres de vie différents.


Quatre temps dans le catholicisme
Le temps ordinaire : temps commun, en dehors des autres temps liturgiques ci-dessous :
Le temps de l'avent.
Le temps de Noël.
Le temps du carême, auquel appartient la semaine sainte.
Le temps de Pâques. (samedi saint : on ne célèbre dans le rite romain ni messe ni baptême, ni mariage en ce jour, et l'eucharistie n'est délivrée que dans le cadre du sacrement des malades. )

 

 

Ordination du curé Huvier, 10° page du dossier

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