Ordres mineurs et
majeurs |
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Rite actuel L’ordination sacerdotale est la célébration liturgique où le prêtre reçoit de l’évêque le 2ème degré du sacrement que l’on appelle « sacrement de l’ordre » au degré de prêtre. Par l’ordination, le nouveau prêtre reçoit le caractère sacerdotal qui est une marque ineffaçable comme le caractère baptismal. Il entre aussi dans le « presbyterium » qui est la communauté des prêtres d’un diocèse unis autour de leur évêque. 1. L’appel du candidat. «
Que celui qui va être ordonné prêtre s’avance…
» 2. L’engagement de l’ordinand 3. La litanie des saints 4. L’imposition des mains de
l’évêque et la prière d’ordination 5. Vêture 6. Puis, l’évêque répand dans les paumes des mains du nouveau prêtre l’huile sainte, mêlée de parfum que l’on appelle le saint Chrême. Cette onction signifie le don de l’Esprit Saint qui fortifie le prêtre « pour sanctifier le peuple chrétien ». 7. L’évêque dans
un dernier geste significatif remet au nouveau prêtre la patène
et le calice nécessaires à son nouveau ministère
Le nouveau prêtre reçoit le pain et le vin qui deviendront
dans l’eucharistie le Corps et le Sang du Christ. 8. Le baiser de paix
Dans tout cérémonial d'ordination de quelque degré, on distingue trois temps : Les rites initiaux : il y a d'abord la présentation et l'élection de l'ordinand, l'allocution de l'évêque, l'interrogatoire de l'ordinand, les litanies des saints. Tout cela atteste que le choix du candidat s'est fait conformément à l'usage de l'Église et préparent l'acte solennel de la consécration. Puis l'ordination proprement dite, l'imposition des mains en silence par l'évêque sur la tête de l'ordinand ainsi que la prière consécratoire spécifique au degré de l'ordre demandant à Dieu l'effusion de l'Esprit Saint et de ses dons de grâce appropriés. Et enfin des rites complémentaires qui viennent exprimer et achever d'une manière symbolique, le mystère qui s'est accompli.
Ordination ordres mineurs et majeurs Ordination des portiers. Le portier,
instruit par l’archidiacre des devoirs de sa charge, est présenté
à l'évêque qui, prenant sur l’autel les clés
de l'église, les lui remet en prononçant la formule : Sic
âge quasi redditurus Deo ralionem pro his rébus quæ
his clavibus recluduntur (C'est comme s'il allait rendre compte à
Dieu de ces choses qui sont fermées avec ces clés). Puis
invitation à la prière Deum Patrem omnipotentem… et
l’oraison Domine sancte, Pater omnipotens… (Seigneur, saint
père, tout-puissant ) toutes formules conservées, avec des
variantes insignifiantes, dans le pontifical actuel. Ordination des lecteurs. Le futur lecteur devait avoir été élu. Après quelques formalités préliminaires, l'évêque remettait à l’ordinand le livre des leçons, en disant : Accipe et esto verbi Dei relator habiturus, si fideliter et utiliter impleveris officium, partem cum his qui verbum Dei ministraverunt (Acceptez et soyez porteur de la parole de Dieu, si vous remplissez fidèlement et utilement la fonction, faites partie de ceux qui ont exercé la parole de Dieu). Puis, oraison Domine sancte pater omnipotens, toutes formules insérées dans le pontifical actuel. Ordination des exorcistes. Elle consistait dans la remise à l’ordinand du livre des exorcismes, avec la formule : Accipe et commenda, et habeto potestatem imponendi manum super energumenum sive baptizatum sive catechumenum. (Recevez-le et confirmez-le, et ayez le pouvoir de mettre la main sur les énergiques [?], qu'ils soient baptisés ou catéchumènes.) Puis, invitatoire Deum Patrem omnipotentem supplices deprecemur… et l’oraison Domine sancte, Pater omnipotens.. du pontifical actuel. Ordination des acolytes. Il n’y avait d’acolyte que dans les églises plus importantes. D’où le silence du sacramentaire gélasien sur leur ordination. Le Missale Francorum ne contient que l’oraison finale. D’après les Statuta, le futur acolyte, instruit de son office par l'évêque, recevait de l’archidiacre un chandelier avec son cierge et, de plus, une burette vide. L’oraison finale était la deuxième de celles que porte le pontifical actuel. Ordination des sous-diacres. Le sous-diaconat n’est devenu ordre majeur qu’au XII° siècle. Aussi, dans le rite gallican, la cérémonie par laquelle on le conférait ressemble à celle des ordres mineurs. L’ordination commençait par une allocution dont le début et la fin ont été conservés dans le pontifical actuel comme forme de la porrection du calice : Vide cujus minislerium tibi traditur.. Ideo te admoneo, ita tu te exhibe ut Deo placere possis (Voyez quels ministères vous sont confiés. Par conséquent, je vous conseille de vous présenter de manière à pouvoir plaire à Dieu). Entre ces deux parties, un long monitoire, dans lequel l'évêque recommande à l’ordinand piété, vigilance, sobriété, chasteté et l’instruit de quelques-unes de ses fonctions. Ce monitoire se retrouve, coupé en deux, dans le monitoire Adepturi (je suivrai) de l’actuel pontifical. Puis venait la porrection, par l'évêque, du calice vide avec sa patène, et l’archidiacre présentait au candidat une burette d’eau avec sa cuvette et une serviette. Aucune formule n’accompagnait ces gestes. Suivaient l’invitation à la prière et l’oraison Oremus Deum et Dominum nostrum… et Domine sancte, Pater omnipotens (Prions Dieu et notre Seigneur... /le Saint Seigneur, le Père tout-puissant)…, qu’on trouve encore dans le pontifical, après la tradition des instruments. Ordination des diacres. Ordination des prêtres. L’ordination des prêtres ressemblait à celle des diacres, à laquelle elle ajoutait l’onction des mains. Après avoir dans l’allocution Quoniam dilectissimi fratres (Parce que les frères les plus aimés), conservée au pontifical avec des variantes insignifiantes, fait ratifier le choix de ses candidats par l’assemblée, l'évêque invite la foule à la prière, demandant, pour l'ordinand, le don divin, la bénédiction du presbytérat et la grâce d'être divine de l’honneur qui lui est conféré. Puis venait la formule consécratoire, pendant laquelle l'évêque et tous les prêtres présents tenaient la main étendue sur la tête de l'ordinand. C'est la prière Deus sanctificationum omnium cuclor (Le Dieu de toutes les sanctifications), conservée au pontifical actuel, avant le Veni Credor. La prière consécratoire était suivie de l'onction des mains, avec la formule : « Que ces mains soient consacrées par cette onction et par notre bénédiction afin que tout ce qu’elles auront béni soit béni, et que tout ce qu’elles auront sanctifié soit sanctifié. » C’est à peu près la formule actuelle.
p 377... p 378 p 254 p 382 p 379... Diverses conditions d'accès
aux ordres Elles sont de deux sortes : canoniques et sociologiques. Les conditions canoniques ont été fixées par les décrets de Trente. Elles divisent la probation de l'ordinand en trois étapes dont la dernière est la seule décisive. D'abord la tonsure, indispensable à qui convoite un bénéfice. Vers 1750, elle n'est plus conférée qu'à des sujets âgés d'au moins 14 ans (Diderot l'avait reçu dans sa douzième année), et après un mois de petit séminaire, dans les diocèses où ces établissements existent. La deuxième étape groupe les quatre ordres mineurs (portier, lecteur, exorciste et acolyte) et n'intervient que beaucoup plus tard, vers la vingtième année du postulant, après les études de philosophie. Au XVIII° siècle, l'évêque confère simultanément les quatre mineurs, un dimanche ou jour de fête, le matin, avant la messe. Par le sous-diaconat, on aborde l'étape décisive des ordres majeurs qui engagent définitivement dans la voie sacerdotale. Il est donc normal d'exiger des garanties supplémentaires. Le candidat produira d'abord ses lettres testimoniales, délivrées par l'Ordinaire (son évêque propre), sur avis du supérieur du séminaire et parfois du curé de la paroisse où est né l'ordinand, qui certifient sa filiation légitime; au cas contraire, il faut une dispense de Rome. Des mœurs irréprochables et l'absence de toute censure et empêchement canonique complètent I'enquête. Ensuite, il doit être possesseur légitime d'un bénéfice dont le revenu ne peut être inférieur à 100 ou 120 livres, toutes charges payées. Le titre bénéficial requiert deux témoins dignes de foi assurant que le fonds appartient bien à celui qui l'a constitué et qu'il est libre de toute hypothèque. A défaut de titre bénéficial, l'impétrant devra exhiber l'acte notarié de son titre clérical, c'est-à-dire la rente annuelle que des parents ou amis lui assurent en attendant l'obtention d'un bénéfice. Ce minimum vital varie entre 80 et 100 livres, à la fin de l'Ancien Régime; il définit la catégorie des "pauvres prêtres", par vertu ou par nécessité. Titres bénéficiaux et cléricaux sont "insinués" sur un registre spécial. Reste une formalité qui se répétera pour la réception du diaconat et celle de la prêtrise : la publication des bans. Pendant trois dimanches successifs, le curé de la paroisse où est domicilié l'ordinand annonce à la grand-messe l'ordination prochaine et somme les paroissiens, sous peine de faute grave, de faire connaître "quelques vices ou empêchements qui le rendraient indigne de cet état". La prêtrise ne peut être reçue que dans la vingt-quatrième année accomplie du diacre, mais les dérogations demeurent encore fréquentes, jusque vers 1780. Notons aussi que, par esprit d'humilité, certains clercs resteront diacres pendant une très longue période, sinon toute leur vie. L'évêque confère les ordres majeurs à des époques privilégiées du cycle liturgique : les samedis des Quatre-Temps, le samedi précédant le dimanche de la Passion, le Samedi saint. Pour recevoir les Majeurs hors de son diocèse propre, l'ordinand doit être en possession de lettres dimissoires qui autorisent l'ordination par un autre évêque. Cette pratique courante, avant 1770, deviendra, nous le verrons, un moyen de pression de la part de l'Ordinaire, à la fin du siècle, en raison des conditions nouvelles qui l'accompagnent. Encore que des diocèses connaissent le phénomène inverse : Viviers accuse les deux records du siècle, pour les ordinands extra-diocésains, en 1777 et en 1789. La chasse aux bénéfices persiste et attire les candidats étrangers au diocèse. Nul doute qu'elle pèse également sur la répartition sociale des clercs. Des enquêtes en cours ou déjà publiées, il serait prématuré de tirer une synthèse. Néanmoins, est d'ores et déjà détruite une légende : celle du petit paysan en sabots, un maigre baluchon sur le dos, venant se faire "dégrossir" au séminaire et y apprendre quelques bonnes manières afin d'être reçu plus tard au château en sa qualité de notable rural. Cette imagerie camperait facilement le clergé de 1830, non celui du XVIII° siècle. Parce que, si la noblesse ne pousse ses cadets vers le séminaire que dans une proportion de 2 pour 100 et presque toujours en vue d'un évêché ou d'un canonicat important, la majorité des ordinands sort des classes "moyennes" : de la petite à la haute bourgeoisie. Massivement se détachent les fils d'officiers de justice, de marchands et de chirurgiens (les barbiers-médecins-accoucheurs des petites villes et campagnes); de même les fils de "laboureurs", qui, dans les grandes régions rurales comme le Nord, représentent la classe des petits propriétaires, des paysans aisés, symbole d'un Tiers état qui veut allier la culture intellectuelle à l'indépendance matérielle et jouer un rôle politique dans la nation en incitant ses enfants à faire carrière dans le premier ordre du royaume. On s'explique par avance les mépris déclarés de la part de certains curés qui consentent à vivre parmi les rustres de la campagne, mais à condition de le clamer bien fort et d'agir en conséquence. A quoi s'ajoute une autre constatation : l'importance du recrutement clérical en milieu urbain. Une petite ville, comme Annecy, qui ne comptait que 4 700 habitants en 1726, fournissait à elle seule 15 pour 100 des effectifs du clergé séculier du diocèse. La Haute-Saône, pourtant plus peuplée que le Doubs, d'après le recensement de 1762, fournit deux fois moins de prêtres que celui-ci, avec prédominance des cantons urbains sur les ruraux. D'autres régions apporteront de sérieuses nuances à ce premier constat, si l'on songe, par exemple, que dans le diocèse de Vannes, en 1789, la proportion est inversée: sur 102 titres cléricaux qui fournissent des données socio-professionnelles, 26 seulement indiquent une origine urbaine du possesseur. De même, ne doit-on pas déduire hâtivement de ces enquêtes que l'Eglise n'accueille que des séminaristes rentés. Elle sait faire la part du pauvre, et l'une des préoccupations épiscopales consiste à augmenter le nombre des bourses ou à créer des séminaires pour pauvres clercs. Autrement dit, le même moule clérical respecte et sanctionne les clivages sociaux; il admet, dès l'entrée en cléricature, des genres de vie différents.
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