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Etienne Fare Charles Huvier/10
1724/1784 Curé de la Chapelle Rablais...
Prêtre, cérémonie d'ordination

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Le 21 décembre 1748, grand jour pour Etienne Fare Charles Huvier : "Monseigneur Antoine René de la Roche de Fontenilles évesque de Meaux" l'ordonnait prêtre.
La cérémonie eut lieu un samedi, pendant le temps de l'Avent. Ses précédentes accessions aux ordres mineurs puis majeurs avaient aussi eu lieu un samedi, à cette même période avant Noël : acolythe et sous-diacre le samedi 18 décembre 1745, diacre le 17 décembre 1746; et si c'est en juin qu'il avait reçu la tonsure c'est qu'elle ne faisait pas partie des sept ordres reconnus par l'Eglise : "il n'est pas parlé ici de la tonsure, parce que les théologiens ne la regardent que comme une cérémonie sainte, qui ne fait pas par conséquent un huitième ordre."
Dictionnaire de droit canonique

"L'évêque confère les ordres majeurs à des époques privilégiées du cycle liturgique : les samedis des Quatre-Temps, le samedi précédant le dimanche de la Passion, le Samedi saint." A Meaux, l'évêque privilégiait le temps de l'Avent.. Vie quotidienne du clergé

La cérémonie d'ordination est décrite en détail en 1761 dans le "Dictionnaire de droit canonique et de pratique bénéficiale par monsieur Durand de Maillane, avocat en Parlement" :
"L'archidiacre présente celui qui doit être ordonné prêtre, de même qu'il a présenté le diacre, comme étant demandé par l'Eglise, & rend témoignage qu'il est digne. L'évêque consulte aussi le peuple, en disant que c'est un intérêt commun du pasteur & du troupeau, d'avoir de saints prêtres, parce qu'un particulier peut savoir ce que plusieurs ignorent, & que chacun obéit plus volontiers à celui qui a été ordonné de son consentement. Ensuite, il s'adresse à l'ordinand, & lui dit :
"Un prêtre doit offrir, bénir, présider, prêcher. Il faut donc montrer à ce degré avec une grande crainte, & se rendre recommandable par une sagesse céleste, de bonnes moeurs, & une longue pratique de la vertu. Les prêtres tiennent la place des 70. vieillards qui furent donnés à Moïse, pour lui aider à conduire le peuple, & des 72. disciples de Jésus-Christ. Ils doivent aimer la mortification, par la considération du mystère de la mort de Jésus-Christ qu'ils célèbrent; être par leurs instructions, les médecins spirituels du peuple de Dieu; réjouir l'Eglise par l'odeur de leur sainte vie, & édifier par leur prédication & leur exemple."

Cette "prostration" n'est pas décrite dans les textes anciens

"Alors l'évêque met les deux mains sur la tête de l'ordinand, & tous les prêtres qui se trouvent présens lui imposent aussi les mains. Les prêtres qui sont dans le second ordre, sont les compagnons et les aides des pontifes, comme les enfans d'Aaron accompagnoient le fils de Dieu. Il lui donne ensuite les ornemens, & ajoute une prière où il dit entr'autres choses :
"Seigneur, auteur de toute sainteté, donnez votre bénédiction, afin que par la gravité de leurs moeurs & la sévérité de leur vie, ils se montrent vieillards; qu'ils profitent des instructions que S. Paul donnoit à Tite & Timothée; que méditant jour & nuit votre Loi, il croient ce qu'ils liront, ils enseignent ce qu'ils croiront & pratiquent ce qu'ils enseigneront; que l'on voie en eux la justice, la constance, la compassion, la force, & toutes les autres vertus; qu'ils en montrent l'exemple, & qu'ils y confirment par leurs exhorations."
Après cela l'évêque lui consacre les mains par dedans avec l'huile des Cathécumes, afin que ces mains soient capables de bénir, de consacrer, & de sanctifier; cependant on chante une hymne pour invoquer le Saint-Esprit. Il lui fait toucher le calice plein de vin, & la patene avec le pain, lui donnant le pouvoir d'offrir le Sacrifice à Dieu; & en effet à la même messe de l'ordination, le nouveau prêtre célèbre & consacre avec l'évêque.
Après la communion, le prélat dit ces paroles de Jésus-Christ à ses disciples : "Je ne vous appellerai pas mes serviteurs, mais mes amis" , & le reste; puis le nouveau prêtre se lève & récite le symbole des apôtres pour professer publiquement la foi qu'il doit prêcher. Il se met à genoux devant l'évêque, qui lui impose les mains sune seconde fois, en disant : "Recevez le Saint-Esprit; ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis; & ceux à qui vous les retiendrez, ils seront retenus." Il lui fait promettre obéissance, & l'avertit d'apprendre soigneusement l'ordre de la messe d'autres prêtres déjà instruits, à cause de l'importance de la chose."
Dictionnaire de droit canonique et de pratique bénéficiale Par monsieur Durand de Maillane, avocat en Parlement. 1761

Avant la prêtrise, Etienne Fare Charles Huvier accéda aux ordres mineurs puis majeurs. Sur une page blanche du registre paroissial de Cerneux, il en résuma les étapes, après celles de la carrière d'un confrère:

Au cours de l'été 1762, une épidémie emporta trois prêtres de paroisses proches de Cerneux où officiait le curé Huvier. Parmi eux, le curé Bouflers (ou Boufflers) de Courtacon, dont Etienne Fare Charles fut l'exécuteur testamentaire. Il eut ainsi l'occasion d'étudier les archives de ce curé dont il résuma la carrière dans le registre paroissial de Cerneux : Ledit Bouflers "tonsuré à Amiens le 22e Xbre (décembre) 1722; Acolythe à Amiens le 22e may 1723; Sous diacre à Amiens le 18e Xbre 1723; Diacre à Amiens le 10° juin 1724; Prêtre à Amiens le 17° mars 1725; Vicaire de Beauquène (Beauquesne, Somme) diocèse d'Amiens le 12° octobre 1729; Vicaire de Ladon, diocèse de Sens le 20° avril 1736; Curé de Champcoüelle le 9° avril 1743; Curé de Courtacon le 18° mars 1756; Décédé le mardy 31° aoust 1763 ./."

 

A la suite de la bio succinte du curé Bouflers, Etienne Fare Charles résuma la sienne, qui fut complétée après son décès par son successeur; je ne mets en évidence, ci-dessous que les étapes de sa formation: tonsure à Meaux le 12 juin 1745, ordres mineurs : sous-diacre et acolythe le 18 décembre de la même année "C'est au sous-diacre à lire, à chanter l'épître à la grand'messe / acolyte : clerc promu à l'un des quatre ordres mineurs, et dont l'office est de porter les cierges, de préparer le feu, l'encensoir, le vin et l'eau, et de servir à l'autel le prêtre, le diacre et le sous-diacre." ; diacre : "Le diacre sert le prêtre ou l'évêque à l'autel, et proclame l'Évangile", prêtre l'année suivante... Citations dictionnaire Littré & Larousse
Si les études du curé Huvier eurent la même durée que celles du curé Bouflers, environ deux ans et demi entre la tonsure et la prêtrise, la carrière du curé de la Chapelle Rablais fut bien plus rapide que celle du curé Bouflers qui dut attendre presque vingt ans pour devenir titulaire de sa propre paroisse, après avoir changé de diocèse. Les relations familiales -et le degré de fortune- en étaient probablement la cause, comme on pourra le voir plus loin.

 

 

"Entre ces sept Ordres, il y en a trois qu'on nomme majeurs, savoir le sacerdoce, le diaconat & le sous-diaconat. On nomme ordres mineurs ou moindres, les quatre qui sont, suivant le rang du concile, ceux de l'acolyte, de l'exorciste, du lecteur, & de portier... Les ordres mineurs n'impriment point de caractère. ceux qui y sont promus peuvent résilier & revenir au siècle" Dictionnaire de droit canonique 1761
Seul l'ordre mineur d'acolyte est cité par le curé Huvier dans le résumé de sa formation ecclésiatique;
"il n’y avait d’acolyte que dans les églises plus importantes", dont la cathédrale de Meaux.
Dictionnaire de théologie catholique, 1908

Les ordinations aux ordres mineurs ont été décrites en détail par Alfred Vacant dans son Dictionnaire de théologie catholique, 1908, dont on pourra retrouver des extraits en page annexe. Elles ressemblaient à l'ordination à la prêtrise, avec à chaque fois une formule et une prière différentes et la "porrection" d'un objet symbolique: les clés de l'église pour le portier, le livre des leçons pour le lecteur, le livre des exorcismes pour l'exorciste, un chandelier avec son cierge et, de plus, une burette vide pour l'acolyte. Etienne Fare Charles Huvier dut donc les recevoir des mains de l'archidiacre, en même temps qu'il accédait au sous-diaconat : "L’ordination commençait par une allocution dont le début et la fin ont été conservés dans le pontifical actuel comme forme de la porrection du calice : Vide cujus minislerium tibi traditur.. Ideo te admoneo, ita tu te exhibe ut Deo placere possis (Voyez quels ministères vous sont confiés. Par conséquent, je vous conseille de vous présenter de manière à pouvoir plaire à Dieu). Entre ces deux parties, un long monitoire, dans lequel l'évêque recommande à l’ordinand piété, vigilance, sobriété, chasteté et l’instruit de quelques-unes de ses fonctions. Ce monitoire se retrouve, coupé en deux, dans le monitoire Adepturi (je suivrai) de l’actuel pontifical. Puis venait la porrection, par l'évêque, du calice vide avec sa patène, et l’archidiacre présentait au candidat une burette d’eau avec sa cuvette et une serviette. Aucune formule n’accompagnait ces gestes. Suivaient l’invitation à la prière et l’oraison Oremus Deum et Dominum nostrum… et Domine sancte, Pater omnipotens (Prions Dieu et notre Seigneur... /le Saint Seigneur, le Père tout-puissant)…, qu’on trouve encore dans le pontifical, après la tradition des instruments."
Dictionnaire de théologie catholique.

Doc : ordres mineurs et majeurs, ordinations, textes...

 

 

 

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