Etienne Fare Charles
Huvier/11 |
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Jeune prêtre de vingt cinq ans, Etienne Fare Charles Huvier débuta son sacerdoce; avant d'être curé, son "apprentissage" fut progressif : il fut tout d'abord "vicaire paroissial", en décembre 1748, secondant le curé de Saint Soupplets, bourg d'environ 800 habitants au nord de Meaux. En 1749 il devint "vicaire desservant" de Marolles en Brie, près de Coulommiers, dépendant du curé de Choisy en Brie. En 1752, il géra seul la cure de la Chapelle Rablais qu'il quitta en 1759 pour celle de Cerneux... "Les vicaires paroissiaux, catégorie singulièrement défavorisée, ne sont aussi que des commissaires choisis par les curés. On les appelle parfois "secondaires" pour les distinguer des vicaires desservants qui, eux, sont chargés d'une annexe non érigée en paroisse..." |
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"... Les vicaires paroissiaux sont choisis
dans l'immense vivier des ecclésiastiques ayant obtenu de l'évêque
leurs "lettres d'aptitude". Ils incarnent le prolétariat
ecclésiastique : situation précaire et avenir bouché.
Rares sont ceux qui, au bout de quinze à vingt ans de vicariat,
décrocheront une cure soit par résignation, soit par vacance.
Au diocèse de Viviers, ils forment une masse de 681 ecclésiastiques:
225 seulement accèdent à un bénéfice curial
au cours du XVIII° siècle."
Un vicaire devait assister le curé.
Quelques décennies auparavant, c'est lui qui aurait été
"chargé de donner l'instruction aux lieux
et place du curé... Car St Soupplets eut un vicaire jusqu'à
l'époque de la Révolution.", mais, depuis 1669,
un clerc laïc nommé Daux remplissait cette fonction, suivi d'un
Musnier ou Meunier (comme le curé, patronyme fréquent à
Saint Soupplets), puis ,jusqu'en 1838, d'une longue lignée de Hallet
; Jacques, Jacques-Claude (qui officiait en 1749), Jean-Baptiste, Etienne-Victor.
Le vicaire Huvier était donc dégagé des obligations
de l'enseignement.
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Fonts baptismaux de St Soupplets |
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Le nouveau vicaire devait seconder ou remplacer le prêtre
au cours des cérémonies de baptême, mariage et inhumations.
Deux registres paroissiaux couvrant la période 1737/1757 ne sont pas en ligne aux Archives départementales, cotes 1 Mi 1245 et 1247; donc l'année 1749 où Etienne Fare Charles Huvier débuta son sacerdoce est manquante. C'est dommage, car on aurait pu y découvrir si le vicaire avait pris une part importante dans la cure de Saint Soupplets. (J'en profite pour remercier la mairie de ce bourg qui m'a communiqué des reproductions des actes que je cite. Peut être, un jour, irai-je consulter les originaux...) |
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Généralement, le vicaire
"est nommé par l'évêque.
Sous l'Ancien Régime, il était habituellement choisi par le
curé, son choix devant être approuvé par l'évêque."
Wikipédia Le
curé Meunier a-t'il marqué sa préférence pour
le jeune Huvier, parmi les nouveaux prêtres ordonnés à
Meaux en décembre 1748? C'est possible, mais rien ne permet de l'affirmer.
Aucune relation avec un Meunier n'est notée dans les archives de la
famille Huvier, à part évidemment ceux qui géraient un
moulin; et s'il existe un Musnier, autre forme de Meunier fréquente
à Saint Soupplets, cela ne concernait qu'un échange de terres
en 1653 avec Jacques Lambert, ancien seigneur du Mée. AD77
195 J 43
Le vicaire Huvier était très
dépendant de son curé, tant pour le spirituel que pour ses besoins
bassement matériels. Les vicaires pouvaient partager le quotidien de
leur curé : "pour s'asseoir à sa
table, ils assurent quelques tâches cultuelles dans la paroisse, mais
se logent à leurs frais." Bernard
Plongeron Si l'évêque nommait le vicaire, c'était le curé qui le rétribuait, suivant son bon vouloir. "Comme dans tous les apostolats, il existait une grande disparité de revenus. Ainsi le vicaire de Thiais percevait seulement soixante quinze livres pour assister le curé tous les dimanches et fêtes. D'autres se voyaient favorisés avec trois cents livres de traitement pour le vicaire de Moiselles en 1651. Le vicaire d' Ecouen François le Duc, quant à lui, recevait quatre cents livres de gages et le tiers du casuel." ... Dans le Jura, "le curé Pierre-Joseph Boillon jouissait du presbytère de Rothonay composé de six chambres, d'une cuisine, d'un petit cabinet à côté des greniers et bûcher... il déclarait à l'époque 2.130 livres 2 sols de dîmes, 227 livres 9 sols 10 deniers de terres et 612 livres de casuel." De ces très coquettes sommes, il ne consacrait que cinquante livres pour son vicaire ! " Revue Nos ancêtres vie et métiers n°22 |
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A partir de la fin du XVII° siècle
des édits fixèrent une somme minimum , la "portion
congrue", que devaient percevoir les curés quand ils ne bénéficiaient
pas de la dîme. En 1690, elle était fixée à
300 livres pour un curé et 50 pour un vicaire, en augmentation
au cours du XVIII° siècle : en 1768 un curé percevait
500 £ et un vicaire 200 £, en 1786, 750 £ pour le curé,
300 pour le vicaire...
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Le curé Huvier recopia sur plusieurs
pages, à la fin du registre de 1768, l'édit royal de mai concernant
les portions congrues, qui ne le concernait pas directement, puisqu'il levait
la dîme sur les terres de Cerneux, comme le faisaient la plupart de
ses confrères; une exception, le curé de Beauchery, proche de
Provins : "Mr le curé de Beauchery a gagné
son procès contre les deux chapitres de Provins pour de la dime dont
il n’avoit aucune auparavant, et par ce moien a amélioré
son bénéfice de douze cent livres par an."
"Art. I. La portion congrue des curés
& vicaires perpétuels, tant ceux qui font établis, à
présent, que ceux qui pourroient l'étre à l'avenir, sera
fixée à perpétuité à la valeur en argent
de vingt-cinq septiers de blé froment, mesure de Paris. |
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Le curé de Saint Soupplets avait les
moyens de retribuer un vicaire. Le bénéfice associé
à cette cure était le plus important du doyenné
d'Acy, dans le diocèse de Meaux. Les dîmes rapportaient
en 1759 mille six cents livres, quatre fois plus que la cure la moins
dotée, 400 £ pour le curé de Manoeuvre; la moyenne
se situant vers 900 livres par an pour ce doyenné. On ne sait pas quel était le montant que le curé Meunier versait à son vicaire Huvier. Moins de deux cents livres, probablement car l'édit fixant la portion congrue d'un vicaire à cette somme ne fut promulgué qu'une vingtaine d'années après le (bref) passage d'Etienne Fare Charles à Saint Soupplets. |
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L'Almanach de Seine et Marne de 1894 consacre
plusieurs pages au budget d'un curé de campagne en 1745, qu'il
avait griffonné à la fin du registre paroissial de Chevrainvilliers,
non loin de Nemours. Un curé vivait chichement avec les trois
cent cinquante livres restantes après les frais propres à
la cure. Comment un vicaire aux finances bien moindres pouvait-il subister?
"Quant aux vicaires, certains sont, au pied
de la lettre, nus et meurent de faim." Lille
22 avril 1789 Le bénéfice de la chapelle Sainte
Madeleine et le titre clérical de cent cinquante livres accordé
par ses parents en 1745 ne semblaient pas suffire au jeune prêtre.
Le "Journal" de son père, Charles Antoine, fait état
d'au moins deux versements : "L'abbé
a fait prendre chez mon frère par le fils de Courtois chirurgien
St Souplets le 5 ou autre jour de février 1749 vingt quatre livres...
4 de juin Lagrive domestique de mon fils vicaire de St Souplets a reçu
de mon frère douze livres."
"Le treizième jour de septembre mil sept cent quarante neuf vu les lettres données par monsieur l'abbé Garnier vicaire général de Monseigneur l'Evesque de Meaux du vingt huit du mois d'aoust dernier par lesquelles il nous envoie maître Joseph Humbert prêtre du diocèse dudit Meaux pour faire les fonctions de vicaire en cette paroisse [Quelques années plus tard, Joseph Humbert sera curé du Plessis au Bois]; je soussigné maître Etienne Meunier prêtre curé de ladite paroisse ay receu ledit maître Joseph Humbert pour faire en ma paroisse les fonctions de vicaire en foy de quoy jay signé le présent acte lesdits jour et an que dessus." Registre paroissial de Saint Soupplets en mairie Etienne Fare Charles Huvier n'aura passé que quelques mois comme "vicaire paroissial" du curé Meunier à Saint Soupplets; dès la mi-août 1749, il recevra sa nouvelle affectation comme "vicaire desservant" à Marolles en Brie qu'il rejoindra un mois plus tard. Là, il pourra commencer à gouverner, presque seul, une paroisse...
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