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Etienne Fare Charles Huvier/12
1724/1784 Curé de la Chapelle Rablais...
Vicaire de Marolles en Brie/1

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Le 15 juillet 1749, le curé de Choisy en Brie, proche Coulommiers, résigna sa cure dont "ledit sieur Planson est titulaire et en possession depuis plus de quarante deux ans, lequel Sieur Planson demeurant audit Choisy, âgé de soixante dix neuf ans environ étant très infirme et ne pouvant presque plus faire ses fonctions curiales et étant d'ailleurs entièrement sain d'esprit mémoire et entendement..."
Il avait choisi comme remplaçant son ancien vicaire depuis neuf ans, "Me Jean Louis Renard prêtre dudit diocèse de Meaux".
En présence des notables du lieu et du notaire apostolique, il prit possession de l'église de Choisy : "par les ouvertures et entrées libres des principalles portes ... prise d'eau bénite, prières à Dieu devant les autels, baiser et toucher d'iceux, secance en places ordinaires du pourvu desdites cure... monter en chaire, toucher des fonts baptismaux, son des cloches, exhibition desdites signature de Rome et visa, et par les autres cérémonies en tel cas requises et acoutumées..."
Minutes du notaire apostolique Chrestien Meaux AD77 141 E 216

Texte des actes de résignation & de possession

Je passe rapidement sur les modalités de la résignation "ad favorem", que je développerai dans quelques pages, quand Etienne Fare Charles Huvier deviendra curé de la Chapelle Rablais.

 

Quel rapport avec Etienne Fare Charles Huvier qui n'officia jamais à Choisy? Séminariste à Meaux, vicaire à Saint Soupplets, vicaire à Marolles en Brie, curé à la Chapelle Rablais, curé à Cerneux... Les méandres de l'Histoire firent que le curé de Choisy en Brie devait aussi dessservir "l'église succursale de Saint Thomas et Saint Georges de Marolles annexe dépendant de ladite paroisse" dont Etienne Fare Charles fut vicaire.

 

Choisy et Marolles étaient liés dès le Moyen Age, quand les prieurs de Saint Eutrope à Choisy étaient aussi seigneurs de Marolles : "Il y avoit anciennement un couvent de bénédictins à Choisy. L'église et les bâtimens subsitent encore. Il étoit devenu prieuré simple, et avoit été successivement possédé par trois princes de Courtenay."
Choisy en Brie dans Michelin Essais historiques, statistiques, chronologiques... sur le département de Seine-et-Marne 1829/1841

Exemples de possessions religieuses autour de la Chapelle Rablais

L'église Saint-Pierre et Saint-Paul du village de Choisy "fut construite dans le but de séparer les offices du prieuré de Bénédictins de ceux des villageois. Les premiers officiaient alors dans une église dédiée à Saint-Eutrope, aujourd'hui détruite." Recensement du patrimoine religieux
Quant à l'église de Marolles : "En 1517, à la demande de Clément le Riche, seigneur de Marolles et des principaux habitants du lieu, avec la permission du curé de Choisy, elle fut érigée en succursale. Elle redevint chapelle par décret de l'Impératrice régente en date de 1803, puis succursale définitivement par ordonnance royale du 19 mars 1838.." Monographie de l'instituteur 1889 AD77 30 Z 251

Choisy honorait Saint Pierre et Saint Paul; Marolles, Saint Georges et Saint Thomas Becket. Dans sa monographie en 1889, l'instituteur résume la légende de Saint Georges : "Elle est sous le vocable du chevalier Saint Georges, jeune prince de Cappadoce qui souffrit le martyr sous Dioclétien. La légende rapporte qu'il sauva la fille d'un roi qu'un dragon voulait dévorer : c'est pour cela qu'il est représenté armé d'une lance pourfendant un dragon... Il est le patron des armuriers."
Thomas Becket, archevêque de Cantorbéry dut quitter l'Angleterre à la suite d'un "conflit avec le roi Henri II Plantagenêt sur les droits et privilèges de l'Église catholique", se réfugia en France où "Louis VII de France le reçut avec respect et lui offrit sa protection. Thomas Becket resta presque deux ans dans l'abbaye cistercienne de Pontigny avant de demeurer à l'abbaye Sainte-Colombe de Saint-Denis-lès-Sens." Il revint en Angleterre où il fut assassiné dans sa cathédrale de Cantorbéry le 29 décembre 1170. Wikipédia
Le lieux de culte sous le vocable de Saint Thomas Becket (ou de Cantorbéry) sont rares, moins d'une dizaine, situés en Normandie ou en Ile de France. Pourquoi, en plus de Saint Georges, s'être mis sous la protection de ce saint patron? Et, tant qu'à prendre un archevêque de Cantorbéry en conflit avec le roi d'Angleterre, réfugié en France sous protection royale, retiré dans l'abbaye de Pontigny, pourquoi ne pas avoir choisi Saint Edmé, au parcours si semblable, un siècle plus tard, révéré en Brie puisqu'il termina sa vie à Soisy Bouy, proche de Provins. Une chapelle à sa dévotion se trouve dans la collégiale de Saint Quiriace; le musée de Provins en conserve aussi la chape.

Exemple de popularité du prénom Edmé en Brie

Les paroisses, liées depuis le Moyen Age, étaient encore desservies au XVIII° par le même curé. Les deux églises n'étaient distantes que d'une lieue, cependant un prêtre était nécessaire pour cette succursale, un "vicaire deservant". A Choisy, François Renard était déjà secondé par le "vicaire paroissial" François Joseph Sarazin; à Marolles Etienne Fare Charles Huvier, vicaire desservant, eut la reponsabilité des baptêmes, mariages et inhumations.

Plan de Sanson 1670 : Choisy et Marolles, doyenné de la Ferté, élection de Coulommiers, évéché de Meaux

A Marolles, voici une église sans curé, après avoir découvert un curé sans paroisse à la page "chapelles et chapelains" Notons que le nouveau curé de Choisy en Brie était lui aussi titulaire d'une chapelle : "chapelain de Saint Pierre en Veuve dans la paroisse de Mourou(x)", fort bien dotée puisque son bénéfice était de 150 livres par an d'où il fallait déduire 30 livres et 10 sols de décimes. Le revenu du bénéfice de la cure de Choisy s'élevait à 1.000 livres, moins 105 livres de décimes, dans la moyenne des bénéfices curiaux pour l'élection de Coulommiers. La valeur de la cure de Marolles ne figurait pas dans le Pouillé du diocèse de Meaux d'où sont tirées ces sommes, puisque n'étant pas une cure indépendante, mais la succursale de Choisy.

Chapelain de Saint Pierre en Veuve : Minutes du notaire apostolique Chrestien Meaux AD77 141 E 216
Pouillé du diocèse de Meaux compilé par l'archiviste Lhuillier AD77 J186
Michelin 1841 Essais historiques, statistiques, chronologiques... sur le département de Seine-et-Marne tome 4 p 1334

 

 

Le 11 septembre 1749, lors de la prise de possession de la cure de Choisy en Brie et de Marolles son annexe, Etienne Fare Charles Huvier n'était pas présent, bien qu'il ait noté "Desservant de Marolles près de Coulommiers 16° aoust 1749", près d'un mois auparavant, et qu'il ait été remplacé à Saint Soupplets dès le 13 septembre. Son premier acte à Marolles, l'inhumation d'une fille du meunier Guillot, ne sera daté que du 4 octobre.
Il ne figurait pas parmi les témoins de la prise de possession de Jean Louis Renard, que je cite, un généalogiste y retrouvera peut être un ancêtre. A Choisy, étaient présents "M. François Joseph Sarazin prêtre vicaire dudit Choisy, M. Louis Christophe Camus clerc tonsuré demt aud. Choisy, Mr Henry Gaboyard lieutenant du baillage dud. Choisy y demeurant, Mr Louis Nivert procureur fiscal dud. baillage de Choisy y demeurant, Jacques Cristophe Camus greffier dudit même bailliage, Nicolas Corbedanne maréchal, Louis Canouville laboureur, François Piel marchand, Jacques Adnot tixerand, Claude Le Boeufle marchand, Pierre Renaudin marchand, Pierre Gaultier sergent, Thomas LeBoeufle cabaretier, de Nicolas Louis, clerc paroissial dudit Choisy, de Louis Nion, bedeau de ladite paroisse, tous étant habitans et paroissiens"; à Marolles "Sr Antoine Courtois laboureur, Jean Gobinot aussy laboureur, Jacques Feron cabaretier, Pierre Petiot aussi cabaretier, Denis Lesueur charetier et Louis Pilliot clerc paroissial, tous paroissiens et habitans dudit Marolles étant dans ladite église à cinq heures ou environ de relevée tous (deux lignes blanches) témoins à ce requis et apelés, lesdits jour et an jeudy onzième septembre mil sept cent quarante neuf après midy et a le sieur Renard signé avec les témoins et ledit notaire..."
Minutes du notaire apostolique Chrestien Meaux AD77 141 E 216

On peut aussi noter l'absence du doyen de la chrétienté ou doyen rural. "Les doyens ruraux, nommés par l'évêque, et révocables à sa volonté, mettaient en possession les curés, et après leur mort, les enterraient" Félix Bourquelot Histoire de Provins tome 1 p 280 Le curé Renard deviendra d'ailleurs doyen, comme le notera le curé Huvier, dans le registre de Cerneux, treize ans après avoir quitté Marolles : "Dans le courant de novembre mil sept cent soixante cinq, Mr Renard curé de Choisy en Brie doyen de la Ferté Gaucher à été nommé par Mr Caussade évêque de Meaux à la cure de Saint Siméon et ledit Sr Renard à résigné en cour de Rome à Mr Lamare son vicaire depuis 1752 ladite cure de Choisy."
Etienne Huvier n'a jamais rompu les liens avec Marolles, d'où était originaire Louis Guinand, le maître des petites écoles qu'il choisit pour de la Chapelle Rablais et "Pierre LeRoy dit Dauphin mon domestique natif de Marolles en brie près Coullommiers en Brie". Notes du curé Huvier dans les registre de la Chapelle Rablais & Cerneux

En 1765, le Jean Louis Renard prenait possession de la curé de Saint Siméon, mieux dotée que le binage Choisy / Marolles puisque le bénéfice s'élevait à mille cinq cents livres. Il y retrouvait de nombreux "Renard" Appartenaient-ils à la même famille ? Si on sait que le curé décéda dans cette même paroisse de St Siméon, en 1772, âgé de 58 ans, on ignore son lieu de naissance et le nom de ses parents, donc les liens possibles avec d'autres Renard de cette paroisse.
Le vicaire Huvier et le curé Renard se connaissaient-ils avant que le premier devienne vicaire du second? Rien ne permet de l'affirmer, cependant on note un lien Renard/Huvier quand Louis Renard, laboureur au "Mont de Celle à Saint Siméon" épousa en troisièmes noces, le 16 février 1756 à St Siméon, Marie Jeanne Huvier résidant à Jouarre et née à St Cyr sur Morin, fille de Claude Huvier et de Marie-Jeanne Lucas. A la troisième page de ce dossier, nous avions découvert un "jeune Huvier", clerc tonsuré réclamant une bourse, qui n'avait pas de lien direct avec la famille d'Etienne Fare Charles, il est fort probable que ni l'époux Renard, ni l'épouse Huvier n'aient eu de rapport avec le curé et son vicaire, mais le contraire est aussi possible...

 

 

 

A cette époque, dans la famille Huvier...

Le 3 septembre 1749, comme l'a relaté Charles, père du curé, la soeur d'Etienne perdit un enfant prématuré: "Du mercredy 3 7bre 1749 dernier quartier de la lune par les six heures et demie du soir madame Lefort ma fille est accouchée d’un fils,……enceinte de cinq mois où environ, L’enfant a esté a l’instant ondoyé par madame Goujon sage femme et ensuite porté aussitôt à la paroisse où il a esté baptisé d’abord après quoi on luy a suplé les cérémonies du baptême, il a esté nommé Nicolas par Me Denis Person contr. du Roy est. à Coulommiers, son parrain et par ma fille Marie Françoise Claude huvier sa maraine cet enfant est décédé le vendredi 3 heures après midy cinq dudit mois et inhumé dans le cimetière le même jour 7 heures du soir" Journal de Charles Huvier / AD 77 Coulommiers 5 Mi 2260 p 320

Une autre nièce naquit ..."Du Vendredy 19 février 1751 dernier quartier de la lune une heure du matin madame Le Fort est accouchée d’une fille baptisée ledit jour à deux heures après midy a été nommée Adélaïde Charlotte Françoise, Mde Françoise Guion épouse de M. de la Villeneuve sa maraine, moy parain." le père de Madame Lefort de Champroger, née Jeanne Charlotte Marguerite Huvier, soeur du curé, nota dans son livre de raison le baptême de l'enfant dont il était à la fois grand-père et parrain.

Doc : les livres de raison de la famille Huvier, 4 pages

Le 11 décembre 1749, Jean, frère du curé, est présenté comme "homme vivant et mourant" pour les curés de l'église St Denis de Coulommiers à Marie Maurice de Reynold, veuve de Mre Gaudens Demont, château de Gloise à Touquin. Le sujet est trop complexe pour être traité en un seul paragraphe, voir les trois pages sur ce thème...

Hommes vivants et mourants, trois pages d'enquête...

Portrait de Jean Huvier AD 77 195 J 3-17
aux Archives départementales de Seine et Marne
qui conservent aussi le costume du bailli

Le 20 octobre 1750 fut célébré le mariage dudit Jean Huvier, frère du curé, bailli et maire de Coulommiers, alors âgé de vingt huit ans, avec "Elisabeth Hébert, fille de Pierre-Nicolas Hébert (1691-1766), avocat au parlement de Paris, valet de garde-robe du roi Louis XV et historien de la ville de Coulommiers, et d'Anne-Françoise Saulsoy, et sœur de Pierre-Denis Hébert (1723-1788), correspondant de Buffon." L'époux apportait 15.000 livres au mariage, l'épouse 20.000 livres de dot. Bio de Jean Huvier, Wikipédia

Si le prêtre célébrant ce mariage de notables fut un oncle de l'épouse, Pierre-Jean-Baptiste Saulsoy, ancien curé de St-Quiriace de Provins, celui qui procéda aux fiançailles ne fut autre qu "Etienne Farre Charles Huvier, prêtre vicaire de Marolles en présence de maître Claude Parent de cette paroisse, soussigné."
Quand il sera curé, Etienne célèbrera d'autres cérémonies familiales

Lien externe : Jean Huvier sur Wikipédia

 

Il y a déjà fort longtemps, en transcrivant les notes qu'il avait laissées dans le registre paroissial de la Chapelle Rablais, je n'imaginais pas qu'il aurait pu exister un lien entre ce curé de petit village briard et mes ancêtres. Plus tard, dans le registre de Cerneux, je découvris quelques éléments de sa vie religieuse, avant et après la Chapelle Rablais, dont le vicariat à Marolles en Brie, proche de Coulommiers d'où est originaire la branche paternelle de ma généalogie.

Ce lien est prouvé par l'acte de baptême de Pierre Louis Fare Duval, le 3 juillet 1751, qui montre qu'Etienne Fare Charles Huvier et Pierre Duval, mon ancêtre direct de la neuvième génération n'étaient pas seulement contemporains sur un petit territoire comprenant moins de trois cents habitants avant la Révolution, mais semblaient aussi être assez proches. Pierre, manouvrier au hameau de Bois Saint Georges avait été marguillier, il avait géré les fonds destinés à l'église. Au baptême de son fils, "Pierre Loüis", il ajouta le prénom de Fare, comme le faisaient les parents pour rendre hommage à un parrain ou un protecteur. Je donne ci-dessous la copie de cet acte de baptême, un petit plaisir personnel, mais aussi l'occasion de découvrir l'écriture énergique d'Etienne Huvier, que l'on pourra rapprocher de celle de son père Charles, à gauche et de son frère Jean, le bailli, à droite.

Baptêmes et prénoms à la seconde page de cette enquête

 

 

 

  Suite : Notes dans les registres paroissiaux