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Etienne Fare Charles Huvier/8
1724/1784 Curé de la Chapelle Rablais...
chapelain et aumônier/3

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Il n'est pas certain que seules les grandes vertus du jeune Etienne lui avaient fait attribuer en 1745 la chapelle Sainte Madeleine dans le vieux château par le seigneur du lieu. La position sociale de sa famille a dû influer grandement; son père, Charles Antoine était alors "avocat en parlement (1716), écuyer, conseiller du roi assesseur en la juridiction du prévôt de la maréchaussée à Meaux, procureur fiscal au bailliage et maîtrise des eaux et forêts de la châtellenie de Coulommiers (1719), bailli et maître particulier des eaux et forêts de Faremoutiers (1722), bailli de Rebais (1738), président de l’assemblée municipale de Coulommiers (1744)" et gravira encore quelques échelons après l'année 1745. Son frère Jean sera bailli de Coulommiers en 1748, et maire de cette ville; l'année suivante, il fut choisi comme "homme vivant et mourant" pour représenter les curés et chapelains de l'église St Denis.

Les titres des magistrats Huvier; 1° page du dossier
Homme vivant et mourant, 1° page de l'enquête

"Dans ce château deux chapelles... étaient à la nomination des seigneurs de Coulommiers". Quand la "Magdelaine" fut vacante, Charles-Louis d'Albert de Luynes duc de Chevreuse avait le droit d'y nommer un nouveau chapelain suivant son bon vouloir, puisque la Madeleine et Saint Nicolas étaient à l'origine des chapelles castrales, à l'usage du châtelain. Comme on le verra plus loin, le seigneur de Coulommiers ne résidait pas dans cette petite cité. Ses affaires locales étaient gérées par le "fondé de procuration du duc et de la duchesse de Chevreuse" qui, pour le seigneur, établit des baux pour "deux moulins à tan de Pomolin, le moulin à tan des Prés et le moulin à blé des Prés" à Josse Pérot, laboureur à Montblu en 1737; le moulin à blé de Mouroux à Jean Mullot qui était aussi tabellion de Saints; le moulin de l'Arche à Isaac Caudart (Caudat), meunier à Meaux; il octroya à Thomas Cariat et Robert Piat, marchands tanneurs à Coulommiers "les droits de controlles et marques des cuirs, parisis sol et six deniers d’iceux, et le quart ensus, de tous les droits qui appartiennent au Domaine de Coullommiers, et à prendre sur les cuirs qui se fabriquent en cette Ville de Coullommiers et ceux de la Ferté Gaucher, dont les droits susdits sont aussy audit Domaine de Coullommiers". AD77 195 J 7

Il est plus que probable que l'avis du fondé de procurations du duc de Chevreuse fut pris en compte dans le choix d'un chapelain pour la Madeleine. Et devinez qui était le réprésentant local du seigneur? Un "avocat en parlement, écuyer, conseiller du roi assesseur en la juridiction du prévôt de la maréchaussée à Meaux, procureur fiscal au bailliage et maîtrise des eaux et forêts de la châtellenie de Coulommiers, bailli et maître particulier des eaux et forêts de Faremoutiers, bailli de Rebais, président de l’assemblée municipale de Coulommiers", pour faire court, le propre père du nouveau chapelain, Charles Antoine Huvier...

 

 

Continuons et voyons ce qui se cachait derrière l'appelation fort valorisante de "Notre Dame Sainte Marie Magdeleine du vieux château de Coulommiers en Brie".
Comme à Provins, le légendaire Jules César fut à l'origine présumée du château : "On a vu qu'à la place de la fameuse tour que César, au dire des historiens, aurait baptisée, Clovis avait fait construire un château qui prit plus tard le nom d'Hôtel des Salles... Une ancienne maison, sise en ladite ville de Coulommiers, nommée le Vieil Chasteau, avec partie de la cour et jardin à prendre à l'alignement du coin de la petite chapelle dudit Vieil Chasteau, icelle comprise, à ligne droite au coin d'en bas de ladite chapelle jusqu'au bord de la rivière, tenant le tout, tenant d'une part à ladite rivière, d'autre part au grand canal au dessus du Moulin de l'Arche, d'un bout aux anciens fondemens du jardin et cour cy-devant pris à rente du Sieur Prieur de Sainte-Foi, et d'autre bout sur la cour du jardin appelé le jardin du jardinier, cy après mentionné. Demeurant réservé au dit Seigneur et dame de Longueville..." Passez la souris ci-dessous.
Ernest Dessaint, Histoire de Coulommiers, des origines à nos jours 1908

 


Au Vieux Château s'opposait le Château Neuf, construit au début du XVII° siècle, mais détruit au début du XVIII° siècle par ce même "Charles-Louis d'Albert de Luynes, duc de Chevreuse, héritier des biens de la maison de Longueville par sa mère, (qui) décida la destruction du château dans lequel il ne souhaitait pas s'installer." comme on le découvrit quelques pages auparavant; Etienne Fare Charles Huvier n'avait alors que douze ans.
Citation: musée des Capucins

Le château neuf de Coulommiers à découvrir à la 4° page du dossier

 

Le Vieux Château et son pourpris (enclos) sur le plan de Maillard.

Le Vieux Château avait été délaissé dès le début de la construction du château neuf en 1613. Il trouva rapidement une nouvelle affectation : "C'est dans cette antique demeure seigneuriale que s'installèrent les sœurs Notre-Dame de la Paix. Venues de Paris en 1643, elles logèrent rue du Baume (aujourd'hui rue des Vieux-Moulins), puis en 1649, elles achetèrent le vieux château qu'elles firent restaurer; depuis cette époque il s'appela d'abord le couvent des Religieuses et aujourd'hui tout simplement le Vieux-Couvent." Avouez que "chapelain de Sainte Marie Madeleine au Vieux Couvent" est déjà moins prestigieux qu'au Vieux Château !
Ernest Dessaint, Histoire de Coulommiers, des origines à nos jours 1908

Doc: description des bâtiments de religieuses à la page "homme vivant et mourant"

Les religieuses se consacraient à l'éducation des jeunes filles, ce que confirmèrent des lettres patentes du roi Louis XIV, datées de Rocroy en juillet 1673 : " Louis, par la grâce de Dieu, Roy de France et de Navarre, à tous présens et à venir, salut. Nos bien amées les Religieuses de la Congrégation de Notre-Dame establies en la Ville de Coulommiers, nous ont fait remontrer, que comme leur Institut béni de Dieu a esté souhaité en plusieurs villes de nostre Royaume, parce que loin d'estre à charge au public, elles y sont utiles : leur application estant entre autres actions de charité d'enseigner et d'ïnstruire les jeunes filles tant en la Religion Chrestienne et aux bonnes mœurs, qu'aux ouvrages convenables à leur sexe, elles auroient conséquemment esté désirées par les habitans de ladite Ville dés l'année 1637... qu'il nous plaise confirmer leur dit establissement, et prendre et mettre en nostre protection et sauvegarde et des Rois nos successeurs...


En 1770, deux soeurs Huvier, de la branche de Jouy sur Morin, étaient "pensionnaires au Couvent Nôtre Dame de Paix à Coulomiers en Brie", comme le nota le curé Huvier en surchargeant un "mesurage et plan figuré des clos, closeaux et terres novales de la paroisse Saint Brice de Cerneux".
AD77 102G1

Si le titre de chapelain de la Madeleine au Vieux Couvent manque un peu de prestige, que dire de "chapelain de la Madeleine dans un pensionnat de jeunes filles" ?

"De la discipline de cette école, des matières qu'on y enseignait, autre que la religion chrétienne et les travaux convenables aux filles, on ne sait rien. En 1787; il y avait au couvent des Augustines 21 religieuses et 8 soeurs. Cet établissement, si on en juge d'après le personnel avait une certaine importance, et c'était plutôt un pensionnat qu'une école publique puisqu'on y recevait des pensionnaires. On payait 180 livres pour les petites et 350 livres pour les grandes, mais à cette époque, combien peu de familles du peuple pouvaient payer cette somme pour l'instruction de leurs enfants! On peut donc conclure que le couvent des Augustines ne devait pas être fréquenté par les enfants pauvres... Lors de la Révolution, ce couvent subit le sort de beaucoup d'autres : il fut détruit et les Augustines quittèrent Coulommiers...
La nomination des institutrices, tant au couvent des Augustines qu'à l'école de l'hospice, se faisait par le prieur de Ste Foy [qui] était à Coulommiers le Grand Ecolâtre; il devait pourvoir aux grandes et aux petites écoles de la ville et donner aux maîtres et aux maîtresses le droit d'enseigner." Ecole de filles Monographie de Coulommiers 1889 AD77 30 Z 122

En 1781, année où le curé Huvier renouvela le bail des deux arpents de terres loués à la veuve Liénard (voir page précédente), les soeurs "religieuses professes du Couvent de la Congrégation de Notre Dame de Paix ordre de St Augustin, établi audit Coulommier" présentèrent au nouveau seigneur de la ville, Anne-Pierre de Fezensac Marquis de Montesquiou, un "homme vivant et mourant" pour les représenter. Dans les biens relevant du seigneur, est décrite "une maison nommée le Vieil Château consistant présentement en une église à l'autel de laquelle le Seigneur châtelain de Coulommiers à droit de faire célébrer les messes par les chapelains de St Nicolas et de Sainte Madeleine, attendu que la chapelle de ces deux titres de laquelle il est patron fondateur et présentateur est actuellement démolie et que son emplacement est appliqué à d'autres bâtimens."
19 avril 1781 Présentation et acceptation de vicaire des Dames religieuses de Coulommiers AD77 H 443

 


La chapelle Sainte Marie Madeleine du vieux château de Coulommiers, et son pendant, Saint Nicolas étaient donc toutes deux détruites... Trop jeune, puis trop éloigné, Etienne Fare Charles Huvier avait été dans l'impossibilité d'y officier, de plus, ces chapelles ne n'étaient plus sises dans un château, à l'usage du seigneur, mais dans un pensionnat de jeunes filles, et pour couronner le tout, elles étaient détruites au moment où il continuait à en percevoir le bénéfice ! Pourtant le curé Huvier n'aura cesse d'y faire référence, tant dans certains actes publics, dont des actes notariés, comme ci-dessous, que dans les registres paroissiaux. Habituellement, il y terminait l'année par la formule : "Nous curé soussigné certifions le présent registre conforme à l'original que nous avons entre les mains et que ledit registre contient tous les actes passés dans cette paroisse pendant le cours de l'année précédente" Pour l'année 1757 AD77 5 Mi 2828 p 205
Mais, à la fin de l'année 1758, il formula ainsi : "Nous Etienne Fare Charles Huvier, prêtre du diocèze de Meaux chapelain titulaire de la chapelle Notre Dame sainte Marie Magdeleine du vieux château de Coulommiers en Brie, certifions et attestons..." AD77 5 Mi 2828 p 214

 

 

 

Où, quand, comment, pourquoi et pour qui cette insistante mention de chapelain que le curé Huvier n'avait jamais mentionnée avant l'âge de trente cinq ans? Où et quand ? A ces deux interrogations, on peut répondre avec certitude, ce qui ne sera pas le cas pour les autres; je n'ai pas la capacité de découvrir les pensées d'un prêtre ayant vécu au XVIII° siècle, pourtant, je me permettrai d'essayer de comprendre pourquoi, après une quinzaine d'années sans le mentionner, il fit si souvent référence à son état de chapelain.

La mention de "chapelain de la Madeleine" apparaît dans ses écrits pendant les derniers mois qu'il passa à la Chapelle Rablais, pour être précis, à partir du 28 décembre 1758 et jusqu'au 26 mars 1759, date de son dernier acte dans cette cure "nous Etienne Fare Charles Huvier prêtre du diocèze de Meaux chapelain titulaire de la chapelle Notre Dame Sainte Marie Magdeleine du vieux château de Coulommiers en Brie, nommé à la cure de Cerneux" 19 février 1759 AD77 5 Mi 2829 p 217

Le 28 décembre 1758, lorsqu'il inhume Madeleine Liennard veuve Cercot, il emploie la formule habituelle "curé soussigné". Mais le même jour, à l'occasion d'un baptême, il use pour la première fois de la formule "par nous Etienne Fare Charles Huvier prêtre du diocèze de Meaux chapelain titulaire de la chapelle Notre Dame Sainte Marie Magdeleine du vieux château de Coulommiers en Brie, curé soussigné". Le bébé était une fille de Philippe Antoine Fadin, fermier de la Truchonnerie, second marguillier de l'église de la Chapelle Rablais, et de Louïse Goué dont les garçons furent enfants de choeur; c'était des proches du curé, de même que le parrain, "Jean Bordier, porte chappe de ladite église". Ces proches étaient-ils plus aptes que les manouvriers de la famille Cercot à apprécier que les titres de leur curé? Il ne semble pas qu'il y ait eu de rapport car dans les actes suivants, jusqu'en mars, il emploie environ une fois sur deux "curé soussigné" ou "chapelain..." aussi bien pour des cérémonies de manouvriers que de fermiers.

Autre hypothèse à l'apparition de cette mention: Madeleine Cercot qu'il inhuma avant de baptiser la petite Fadin, était née Liennard, ce que découvrit peut être le curé Huvier au moment de rédiger son acte d'inhumation. Ce nom de Liénard lui était très familier, comme on l'a vu précédemment, car c'était un fermier de cette famille qui louait les terres de Montanglaust qui lui avaient été attribuées comme titre ecclésiatique en 1745. Ce sont aussi des Liénard qui prirent à bail les terres d'Aulnoy, bénéfice attaché à sa fonction de chapelain de Sainte Marie-Madeleine au vieux château. Le nom de jeune fille de la veuve Cercot lui a peut-être remémoré cette chapelle et le petit prestige qu'il pouvait en tirer.

Le titre ecclésiastique du séminariste Huvier, 6° page du dossier

 

"Le dixième jour de décembre 1758 a été inhumé par nous curé de Sancy soussigné le corps de Mr Jean Baptiste Huerne curé de Cerneux, et prieur d'Aubigny âgé de 72 ans ou environ, décédé d'hier en sa maison presbitériale, dans l'église de cette paroisse, en assistance de Pierre François de Bure cordelier desservant, et en présence de Mathieu Loüis Huerne de Moulinot capitaine de cavalerie et chevalier de St Loüis, Mr Jean Claude Huerne substitut du procureur général de la cour de aides au grenier à sel de Provins, de Melle Marie Huerne, soeurs et neveux, et de plusieurs autres parens et amis qui ne signent." Registre de Cerneux 5 Mi 7772
La date du décès du curé Huerne, à Cerneux, et celle de l'apparition de la mention de chapelain sont tellement proches qu'il est tentant d'essayer de les lier.


Le décès du curé Huerne laissant la cure de Cerneux vacante, Etienne Fare Charles Huvier dut postuler auprès de "son Eminence M. le Cardinal de Luynes archevêque de Sens, cardinal prêtre de la Snte Eglise Romaine du titre de Snt Thomas in parione, abbé-comte de Corbie, commandeur de l'ordre du Saint Esprit, premier aumonier de madame la Dauphine". Que mettre dans son "curriculum vitae", à part la gestion dynamique de la paroisse de la Chapelle Rablais? A une époque où tous les notables faisaient état de leurs titres aussi ostensiblement que les généraux soviétiques se paraient de médailles, on peut concevoir qu'un fils de notable comme Etienne Huvier ait eu la tentation d'étoffer de quelques lignes son curriculum vitae (il prit d'ailleurs l'habitude d'allonger un peu son titre en signant "Huvier, curé de Saint Brice de Cerneux" au lieu de "curé de Cerneux" alors que précédemment, il n'avait jamais employé la mention "curé de Saint Bonnet de la Chapelle Rablais".)

Péche véniel que de se montrer sous son meilleur jour, même si les attributs que l'on s'octroie n'ont pas grande valeur : n'importe quel paysan de la Chapelle Rablais n'aurait pas compris pour quelle raison on se glorifierait d'être "ancien curé de la Chapelle Arablay près Nangis", simple petite paroisse entre la forêt et la plaine de Brie; et un clerc connaissant Coulommiers n'aurait pas trouvé grande gloire à un "chapelain titulaire de la chapelle Notre Dame Sainte Marie Madeleine du Vieux Château de Coulommiers en Brie" qu'il aurait pu traduire par "chapelle détruite dans un pensionnat de jeunes filles dont le bénéfice permet tout juste de se payer une soutane et demie par an".
Les années passant, la mention de la chapelle du Vieux Château prit de plus en plus d'importance...

 

A partir de 1770, il avait alors quarante six ans, il lui prit la fantaisie de compléter son état de chapelain par une autre mention, sa présentation put atteindre jusqu'à neuf lignes, comme dans l'arpentage ci-dessous.
Comme on l'a vu, il devait sa chapelle au seigneur de Coulommiers qui en était collateur (celui qui avait le droit de conférer un bénéfice ecclésiastique) en souvenir de la période très lointaine où la Madeleine et Saint Nicolas étaient des chapelles castrales desservant le château. Bien des années avaient passé, le vieux château avait été abandonné au profit d'un château neuf, lui-même démoli quelques décennies plus tard. Les bâtiments du vieux château furent achetés par les soeurs de la Congrégation Notre Dame de Paix qui y installèrent un pensionnat de jeunes filles. Les chapelles elles-mêmes furent détruites.
Pourtant, Etienne Fare Charles Huvier fit figurer dans bien des documents :
"en cette qualité aumônier de Monseigneur le duc de Chevreuse seigneur dudit Coulommiers, gouverneur de Paris".
Ci-dessus: registre paroissial de Cerneux 8 février 1771
Ci-dessous: arpentage des novales de Cerneux 1770 AD77 120G1

 

Le duc de Chevreuse faisait partie de la très puissante famille de Luynes, "M. le duc de Chevreuse étoit neveu de son Eminence M. le cardinal de Luynes, archevêque de ce diocèse"
Note du curé Huvier 1772

Marie-Charles-Louis d’Albert cinquième duc de Luynes 1717/1771 était "duc titulaire de Montfort, puis de Chevreuse, comte de Montfort, puis duc de Luynes et pair de France, prince de Neuchâtel, marquis de Saissac et de Dangeau, comte de Tours, de Noyers et de Dunois" Wikipédia

Il hérita aussi de la châtellenie-pairie de Coulommiers qui était loin d'être son fief le plus important, puisqu'il n'est même pas mentionnée dans ses biographies les plus courantes. D'ailleurs, il n'y avait plus de château, l'ancien ayant été vendu aux Religieuses et le nouveau ayant été détruit suivant sa volonté. Ses propriétés se trouvaient en Indre et Loire où il était propriétaire du château de Saint Mars la Pile qu'il échangea contre celui de Bourdaisière à Montlouis sur Loire.

 

Il possédait à Paris un grand hôtel particulier, détruit pour percer les boulevards Saint-Germain et Raspail, qui se situait dans l'actuelle rue de Luynes. Le décor de l'escalier peint par Paolo Antonio Brunetti se trouve aujourd'hui au musée Carnavalet (ci-dessous), les boiseries de la chambre de parade sont au Louvre. On imagine sans peine le faste des demeures de Marie-Charles-Louis d’Albert cinquième duc de Luynes, la richesse et la puissance dudit duc de Chevreuse.

 

Aumônier du duc de Chevreuse..."Quand un prêtre a une charge particulière autre qu'une paroisse, c'est un aumônier". Ce titre recouvre de nombreuses fonctions : distributeur des aumônes d'un roi, ecclésiastique dans un collège, un hôpital, une prison, aumônier militaire...
Le duc de Chevreuse fut colonel général des dragons, participant à la guerre de succession de Pologne 1733/1738, puis à celle de succession d'Autriche 1740/1748, à la guerre de sept ans 1753/1763. Bien sûr, le curé Huvier ne l'accompagnait pas, puisque l'on suit sa carrière ecclésiatique sans aucune interruption.

Autre fonction d'un aumônier : "L'évêque doit constituer sa "maison" qui, outre une domesticité nombreuse, comprend au minimum trois ecclésiastiques : son secrétaire, son confesseur et son aumônier. Le rôle de ce dernier est fort important, car c'est de lui que beaucoup d'évêques entendent la messe, en leur chapelle privée, durant la semaine. Ils ne célébraient eux-mêmes que les dimanches et jours de fêtes." Bernard Plongeron : La vie quotidienne du clergé français au XVIII° siècle

C'est probablement à ce rôle d'aumônier, ici synonyme de chapelain, que fait allusion le curé : si le duc de Chevreuse l'avait désiré, Etienne Fare Charles Huvier aurait été tout désigné pour lui faire entendre une messe dans la chapelle Sainte Marie Madeleine du Vieux Château de Coulommiers, oubliant que le vieux château était devenu couvent, le couvent pensionnat de jeunes filles et la chapelle passablement détruite...

Il aurait aussi fallu que ce petit curé de campagne ait été en contact avec le seigneur de Coulommiers, fort occupé ailleurs. Il semblerait ce cela n'ait pas été le cas, faut-il s'en étonner? Pour preuve, deux mentions à la fin du registre paroissial de 1771 et au début du suivant :
Le 24 décembre 1771, à la fin d'une très longue note de sept pages sur la "Déclaration du Roy qui accorde des encouragemens à ceux qui défrichent les landes et terres incultes", le curé signe après avoir décliné tous ses titres : "La présente déclaration coppiée mots à mots par nous Etienne Fare Charles Huvier prêtre du diocèse de Meaux, ancien curé de la Chapelle Arablay près Nangis, chapelain titulaire depuis mil sept cent quarente cinq de la chapelle Notre Dame Snte Marie Magdeleine du vieux chateau de Coulommiers en Brie, et en cette qualité aumonier de Mgneur le Duc de Chevreuse gouverneur de Paris, curé soussigné ce vingt quatre décembre mil sept cent soixante onze. Huvier C. de Snt Brice de Cerneux."
Le 7 janvier 1772, pour clore le registre paroissial de 1771, il emploie presque la même formule à l'exception de "en cette qualité aumonier de Monseigneur le duc de Luynes fils et héritier de feu M. le Duc de Chevreuse décédé gouverneur de Paris". Il n'apprit donc le décès du duc qu'entre Noël 1771 et début janvier 1772. Problème, le duc était décédé depuis le 8 octobre! On avait oublié d'en informer son "aumônier" !
Citations : registre paroissial de Cerneux en mairie

 

 

Pourquoi, pour qui le curé Huvier faisait-il état de ces titres? Ce sera le sujet d'une autre page, celle-ci terminant le petit chapitre sur les chapelles et les chapelains. Après nous être aventuré jusqu'aux dernières années du curé, revenons à sa jeunesse, au moment où il débute une carrière ecclésiastique.

 

  Suite : ordres mineurs et majeurs, ordination...