Etienne Fare Charles
Huvier/8 |
|||||||||||||||||||||||||||
Passez
la souris sur les illustrations pour leur légende. Ctrl + pour agrandir la page |
|||||||||||||||||||||||||||
Un dictionnaire bien fait est une merveille de précision; que l'on ne change qu'une lettre et l'on passe du novice à l'évêque : ordinand avec un d, celui qui va recevoir l'ordination; ordinant avec un t, évêque qui procède à l'ordination (dit aussi "ordinateur") Dans la définition de "chapelain"
par l'Académie française en 1694, déjà citée,
chaque mot est pesé: "Chapelain.
Prestre qui dit ordinairement la Messe dans une chapelle pour quelque
personne de condition. C'est son Chapelain. les Chapelains du Roy. Il
signifie aussi, Un Beneficier qui joüit d'une chapelle. Les Chapelains
de Nostre-Dame, de la sainte Chapelle." |
|||||||||||||||||||||||||||
En 1745, quand il devint chapelain de la "chapelle
nôtre dame Snte Marie Magdeleine du vieux château de Coulommiers
en Brie", Etienne Fare Charles Huvier
n'avait que vingt et un ans; : il ne devint "acolythe
et sous diacre" qu'à la fin de
cette année 1745, le 18 décembre, et prêtre trois ans
plus tard, le 21 décembre 1748 ! Il était donc titulaire d'une
chapelle sans pouvoir y célébrer la moindre messe, ce qui
était pourtant la fonction de ces autels annexes où des messes
pouvaient être célébrées presqu'à toute
heure "nous deffendons de dire aucune
messe basse dans l'église de la paroisse, depuis que la grande messe
aura esté sonnée, jusqu'à ce que l'élévation
du Saint Sacrement ait esté faite; comme aussi d'en célébrer
aucune dans les chapelles du dehors, même castrales ou domestiques,
pendant la grande messe de la paroisse."
|
|||||||||||||||||||||||||||
Doc : Grégoire Ninonet et sa chapelle |
|||||||||||||||||||||||||||
Au fil des siècles, l'état de
chapelain, après avoir été "sine cura"
au sens ancien, était devenu une sinécure au sens moderne.
Retournons aux dictionnaires; "Sine cura" signifait "sans
soin (des âmes)", cette même étymologie qui
donna le mot "cure" puis "curé", celui qui
prenait soin des fidèles de sa paroisse. Le chapelain n'avait
pas charge d'âmes; il était même interdit "aux
prêtres disans la messe dans les chapelles particulières
ou castrales, d'y faire la bénédiction de l'eau et du
pain & même d'y célébrer les jours de Pâques,
Pentecôte, de la Toussaint, de Noël & de la fête
annuelle du patron de la paroisse ... ni d'y confesser ... sans notre
permission expresse." Compilation
des ordonnances du diocèse de Meaux n°26 |
|||||||||||||||||||||||||||
Pourquoi donc solliciter une charge
de chapelain quand on est trop jeune, trop éloigné, dans
l'impossibilité d'en assurer les fonctions? Très prosaïquement,
pour des raisons pécuniaires : "beneficium
propter officium", un bien à cause d'un office... au cours
du Moyen Age se fit jour la pratique d'affecter une partie du bien de
l'Église à un clerc pour le récompenser du service
et du ministère qu'il remplissait au sein de l'Église."
Encore un petit tour dans les dicitonnaires
: "Bénéfice Dr. canon. Revenu attaché
d'une façon inséparable à un titre, à une dignité
ecclésiastique; le titre la dignité elle-même: Aller solliciter
à Rome un bénéfice."
|
|||||||||||||||||||||||||||
A Coulommiers, le curé disposait d'un bénéfice, mais aussi les prieurs, les vicaires que Dom Toussaints Du Plessis, dans son "Histoire de l'église de Meaux", en 1724, nomme "grands chapelains"; de même que les "petits chapelains" titulaires de l'une des nombreuses chapelles : à l'Hôtel-Dieu, à Montanglaust, à Pontmolin, deux chapelles au Prieuré Sainte Foy : la Trinité et Saint Michel; trois dans l'église paroissiale: Saint Jean, Saint Louis et la Petite Mère de Dieu déjà signalée dans ces pages, et les deux chapelles du Vieux Château, Saint Nicolas et la Madeleine. On en trouvera la liste et les bénéfices qui y étaient attachés dans un extrait du "Pouillé du diocèse de Meaux avec le revenu de chaque bénéfice et la taxe des décimes ordinaires 1756", ainsi que tous les bénéfices du doyenné de Coulommiers, curés, prieurs, chapelains de la ville et de la campagne. AD77 F 186 Pouillé du diocèse de Meaux, doyenné de Coulommiers Au fil du temps, les bénéfices
des chapelles ont surtout représenté une petite aide financière
pour les clercs. Le curé d'Armentières en Brie et d'Isles
les Meldeuses, s'il devait desservir deux paroisses, n'en percevait
qu'un maigre bénéfice de 700 £; l'apport de la chapelle
de la Petite Mère de Dieu à Coulommiers allait ajouter
la petite somme de 70 livres, lui permettant d'approcher la valeur moyenne
des bénéfices dans les paroisses proches de Coulommiers,
777 £. Ce qui est fort bien résumé dans la "Nomenclature des curés et vicaires de Coulommiers.. depuis le XII° jusqu'au XX° siècle" :
Le "jeune écolier" Nicolas Lefrançois ne percevrait que 29 livres pour la chapelle de "Sainte Catherine de Fonte archer fondée et desservie dans l'église paroissiale de Sain" de laquelle somme, il lui fallait retrancher 5 £ 16 de décimes.
Prise de possession de la chapelle de la Petite Mère de Dieu à
Coulommiers |
|||||||||||||||||||||||||||
Que pouvait percevoir l'autre "jeune écolier",
Etienne Fare Charles Huvier pour la chapelle Sainte Madeleine? Les différentes
sources font état de sommes diverses : "Dans le château
de Coulommiers il y a deux chapelles fondées, qui valent 100
£ de revenu chacune. Elles sont à la collation du seigneur."
Dans le "Pouillé du diocèse de
Meaux avec le revenu de chaque bénéfice et la taxe des
décimes ordinaires 1756", l'archiviste Lhuillier notait,
pour les chapelles du Vieux Château: la "chapelle de la Madeleine
au château" : 45 £, imposition de 9,9 £; la chapelle
St Nicolas 65 £ imposition de 13,13 £ AD77
J 1860 |
|||||||||||||||||||||||||||
En 1782, presqu'à la fin de sa vie, Le curé Huvier rappela cette dotation de Jeanne d'Evreux, en revendiquant cent cinquante perches de terre labourable sur la paroisse d'Aulnoy, limitrophe de Coulommiers, "appartenantes à ladite chapelle de Ste Madelaine au moyen de la dotation à elle faite de l'an mil treize cent cinquante par Jeanne d'Evreux Reine de France et de Navarre, veuve du Roy Charles Le Bel et fille de Louis de France, comte d'Evreux, Dame en partie de Coulommiers."; il fut débouté, le notaire à terrier de la chapellenie de Coulommiers ayant opposé cette même "transaction passée entre Dame Catherine de Gonzague, Dame de Coulommiers" de 1623. 15 avril 1782 AD 77 G 387 S'il ne put bénéficier des cent
cinquante perches revendiquées, il disposait de "deux
arpents de terres labourables scis au champ de la Madeleine près
la Hémerie", les deux champs
étant très proches: La liste des biens du clergé confisqués au moment de la Révolution française confirme que seul le champ de deux arpents était attribué à la chapelle : "n°42 B6 2 arpents de terre (Chapelle de la Madelaine en l'église des religieuses de Coulommiers)" Aulnoy, bien nationaux, extrait du classeur en salle de lecture AD77
Passez la souris sur le plan d'Intendance
ci-dessus, contemporain du curé Huvier Evidemment, le futur curé n'allait pas mettre en valeur lui-même les terres de la Madeleine, d'autant plus que ... "les visiteurs pastoraux admonestent les nombreux curés surpris aux travaux des champs. Certains en tirent un profit personnel et l'on signale fréquemment les prêtres qui font commerce des grains et bestiaux. Or, les canons de l'Eglise ne leur autorisent aucune profession mercantile: depuis le XVI° siècle, l'état de fermier leur est strictement interdit." Bernard Plongeron La vie quotidienne du clergé français au XVIII°s Etienne Huvier les mit en
location, suivant un bail classique : le 9 mars 1781,
"Mre Etienne Fare Charles Huvier... a fait bail et donné
à loyer pour neuf années entières et consécutives
qui ont commencé à courir le premier mars présent
mois pour finir à pareil jour à la fin du tems promettant
faire jouir à Marie Françoise Lambert, veuve d'Alexis
Liénard laboureur demeurante à l'hôpital paroisse
de Coulommiers" reconduisant pour
la veuve, le bail accordé à son époux le 29 septembre
1771. Après le décès du curé Huvier, c'est
encore un séminariste, "Claude
Norbert Cruel clerc tonsuré du diocèze de Meaux demeurant
ordinairement au séminaire de Meaux, chapelain de la Chapelle
de la Madeleine" qui établit
un bail le 7 septembre 1785 pour "André
Nicolas Charpentier laboureur demeurant à Montanglaust paroisse
de Coulommiers et à Etienne Liénard laboureur demeurant
à Montblu paroisse de Mourou". C'était déjà
un fermier de la famille Liénard qui avait pris à bail
les terres de Montanglaust, base du titre clérical octroyé
aux parents du séminariste Huvier en 1745. La rente cléricale du séminariste Huvier, 6° page du dossier "Ce bail (du curé Huvier en 1781) fait moyennant le prix et somme de dix neuf livres de loyer pour chacune desdites neuf années" somme correcte puisque les terres se louaient de 6 à 9 livres l'arpent au Châtelet en Brie en 1790; les prés de 10 à 40 livres, les vignes de 6 à 12 livres, les bois de 15 à 25 livres; la journée du manouvrier se payait 32 sols. Abbé Péricart Notice historique sur le Châtelet en Brie Le bail précédent, en 1771 ne lui rapportait que 15 livres. Son successeur en 1785 demandera vingt livres "et une paire de chapons gras vifs et en plumes". Mêmes sources Dix neuf livres en 1781 (et même un peu moins en 1745) ne représentaient qu'une partie des quarante cinq livres relevées dans le "Pouillé du diocèse de Meaux" et du titre clérical de cent cinquante livres demandé pour accéder aux ordres mineurs. Les terres de la chapelle de la Madeleine à Aulnoy, documents, actes, références
Il faut essayer de trouver un acte complémentaire,
pour une valeur de vingt six livres, complément du bénéfice
de la chapelle, terre ou rente si l'on prend comme base le "Pouillé
du diocèse de Meaux avec le revenu de chaque bénéfice
et la taxe des décimes ordinaires" 1756, pour une valeur
de 45 £ qui semble la plus fiable, relevé sur les originaux
par l'archiviste Lhuillier.
|
|||||||||||||||||||||||||||