Le voiturier de Provins
conte en vers

Gravure: le château de Provins. Coll  perso

Le voiturier de Provins est l'un de ces poèmes que les versificateurs du XIX° siècle ne pouvaient s'empêcher de commettre. J'espérais, en le découvrant, trouver quelques traits particuliers aux voituriers ou à Provins. A part la mention de l'hôtel "au Coq à la Poule", rien de bien particulier; la gravure ci-contre ne figure même pas dans le petit livret de quatorze pages conservé aux Archives 77. AZ4014
J'en propose quelques lignes, pourtant, pour juger de la grande valeur littéraire de chef-d'oeuvre. Pour résumer: un brave voiturier de Provins hérite d'un oncle de Russie d'une petite fortune en roubles "plus un village ou deux , et mille paysans". Il se fait escroquer, mange et boit toute sa fortune à Paris pour revenir à Provins, pas plus fâché que ça.
On peut aussi apprécier les vers de mirliton que Michelin (pas le Bibendum, l'imprimeur) adressait au Prince de Salm, qui avait entrepris de creuser un canal entre Provins et la Seine.

Doc: le canal de Provins

Connaissez-vous Provins?
Ses roses d'Orient, ses joyeux petits vins,
Son donjon crénelé s'élançant comme un cippe?
Les refrains de Thibault, de Dupont, d'Hégésippe,
Qui chantent ses vallons et ses coteaux riants?
Or, à Provins vivait, il est quelque trente ans,
Un vaillant voiturier; bon pied, bon oeil, bon coffre
Gosier toujours ouvert pour la demande et l'offre
-Demande d'une choppe, offre d'une chanson,-
Tel était Jean Durand, brave homme et sans façon.

Ses clic-clacs, modulés de gentille manière,
Avaient charmé jadis plus d'une chambrière.
Mais le traître eut son tour; de Jeannette le rouet
A ses fils prit un soir et son coeur et son fouet,
Si bien que, se livrant à son destin prospère,
Jean devint, comme on dit, bon époux et bon père.
Dès lors tout réussit. Le modeste jardin
S'accrut de quelques champs, prit un air citadin.
La maison fut l'hôtel du Coq et de la Poule:
Bonne table, bon gîte, avec un jeu de boule........

Extraits du Voiturier de Provins, conte en vers par E. de Lépinois, de l'Académie des Sciences, Belles Lettres et Arts de Rouen.
à Rouen, 1872