Provins
le canal inachevé /1
" La grande quantité de blé qui se vend sur le marché de Provins, & qui s'enlève pour la provision de Paris, a toujours fait désirer une communication directe par eau entre ces deux villes. Provins, il est vrai, n'est éloigné de la Seine que d'environ trois lieues et demie, mais ce trajet étant difficile & quelquefois impraticable, le service pour la capitale est pénible, coûteux, & souvent interrompu. On a cherché de tout temps à épargner le transport par terre... "
Supplique du Conseil Général de la Commune de Provins à l'Assemblée nationale, pour l'achèvement de son Canal, dit Canal Royal de Provins. vers 1826 fonds ancien, Provins ms 145
" La Brie devient réserve à grains, farine et vin de Paris, première ville du royaume de France. Pour assurer l’approvisionnement de la capitale, deux zones sont créées autour de Paris, qui obéissent à des contraintes différentes: la zone de 8 lieues et la zone au-delà des 8 lieues; Provins se situe dans cette dernière; les convois de grain, farine doivent traverser directement, sans escale ni vente, la zone des 8 lieues; ces charrois terrestres sont fréquemment attaqués par des bandes affamées. Les laboureurs, meuniers et vignerons sont à la recherche d’une voie plus sûre, la voie fluviale. "
Extrait de " Par delà la palissade : les voies de l’évolution de la cité " d’Anne Marzin et de François Morin, livret de 74 pages publié par la Bibliothèque Municipale de Provins 1999
"Paris,
le pont Charenton, Creteil, Boissy, la vallée de Gros Boys où
jadis faisoit dangereux passer, Brye conte Robert: repue, Suysnes, Guignes
Putain: giste. Mormand, Grandpuys , la la Maison Rouge, Nangis: repue. Il
faut le laisser à main dextre, boys, Rampillon, Velaine, Provins: giste.
Sainct Ordim, Forest, la Queue aux Bois..."
Extrait de "La Guide des chemins de France"
Charles Estienne, XVI° siècle décrivant les étapes
sur la route Paris-Bâle.
Voyages et transports par terre étaient longs: deux jours pour Paris; les transports par eau, hasardeux sur la Petite Seine, en amont de Montereau, à cause du débit irrégulier du fleuve...
" La Seine, depuis Nogent jusqu'à Bray, a peu de profondeur dans certains endroits. Pendant neuf mois de l'année, les bateaux qui chargent entre ces deux villes n'ont pas leur cargaison complette; les mariniers sont même obligés de concerter leur départ avec celui du coche de Nogent, au départ duquel on lâche une grande masse d'eau retenue à dessein, & qui, augmentant la rivière & lui donnant plus de rapidité, leur fait plus aisément gagner Bray. "
Supplique du Conseil Général de la Commune de Provins à l'Assemblée nationale, pour l'achèvement de son Canal, dit Canal Royal de Provins. vers 1826 fonds ancien, Provins ms 145
" En 1665, il avoit été projetté de rendre la petite rivière de Voulsie navigable qui passe à Provins. Feu Mr Dubuisson de la Moussière, Officier, qui avoit rendu des services à l'Etat en formant et équipant un régiment de Cavalerie à ses dépens, demanda pour dédommagemens, le privilège de rendre cette rivière navigable, ce qui lui fut accordé par arrêt du Conseil du mois de Novembre 1665. Enregistré au cidevant Parlement le vingt trois août 1668, il fit faire des redressements et ébergements, afin de la continuer dans son lit..."
extrait d'un Mémoire des Co associés au Canal de Provins du quatre prairial an deuxième fonds ancien, Provins ms 143
" MM Dubuisson et de Marolles obtinrent l'autorisation de rendre la Voulzie navigable."
Le sieur Chamois, ingénieur et architecte du Roi visita les lieux en mai 1665; "Il y trouva un avantage considérable tant pour la ville de Provins que pour celle de Paris … en conséquence au mois de novembre suivant, sa majesté accorda aux suppliants le don de la navigation de la rivière de Voulsie et leur permit de faire travailler aux ouvrages nécessaires suivant le devis du sieur Chamois; donnant pouvoir d'abattre les Bois, Moulins, Ecluses… Suivant le devis du sieur Chamois, la confection du canal, des écluses, glacis, ponts levis tournant et autres ouvrages nécessaires pour l'exécution du dessein devoit se monter à la somme de soixante et douze mille livres."
Histoire de la Province du Montois par FA Delettre >>>
"Le sieur de Marolles ayant
pris le parti de se faire religieux à la Charité de Paris sous
le nom de frère Yves, Me Louis Dubuisson associa avec luy Messire Jean
de Rancurel Intendant et contrôleur général des finances
de la Reine, par contrat du 14 juillet 1670… mais l'inexécution
de ce traité de la part de M. de Rancurel fut cause que cette grande
entreprise échoua… M. de la Moussière … fut obligé
en 1678 d'abandonner tous les travaux faits et ceux qui restoient à
faire…"
Projet de rendre la Rivière de Provins
navigable Bibliothèque de Provins, fonds ancien cote ms 97
"..Mais les pluies abondantes
qui survinrent pendant l'hyver produisirent une si grande crue d'eau qu'elle
détruisit tous les travaux que l'on avoit faits sur les bords de cette
rivière, montant à cinquante mille livres, ensorte qu'il fut
reconnu par les habitans et les gens de l'art qu'il étoit impossible
de rendre navigable la dite rivière."
extrait d'un Mémoire des Co associés
au Canal de Provins du quatre prairial an deuxième fonds ancien, Provins
ms 143
1665 "Le premier batteau qui
fut mis sur la rivière de Provins après avoir été
béni par le curé de Ste Croix fut nommé par le fils du
Sieur Frelon maire alors et Madame de la Moussière du nom de St Louis.
Il se trouva à cette cérémonie une multitude considérable
de gens de toutte condition. Le premier Batteau avoit 54 pieds de long et
dix de large."
Projet de rendre la Rivière de Provins navigable Bibliothèque
de Provins, fonds ancien cote ms 97
"Feu Dubuisson de la Moussière
... fit construire un Bateau de cinquante pieds de long, qui fut chargé
de charbon pour Paris, et partit sous les yeux des Maire et Echevins: les
habitans de Provins vinrent en foule voir partir ce Bateau, qui arriva dans
la Seine et vint à Paris."
extrait d'un Mémoire des Co associés
au Canal de Provins du quatre prairial an deuxième fonds ancien, Provins
ms 143
"Il est constaté que,
sur la rivière de Voulsie, on a vu conduire de Provins à Paris,
sans le moindre obstacle, la quantité de quatre- vingt à cent
muids de Bled, autant d'Avoine, plus de cent cordes de Bois, & cinq à
six milliers de foin."
Notes sur le Canal de Salm, ms 145, copie d'actes
du 19 mai 1671 et 14 mars 1672
" Ce qu'il y a de certain, c'est qu'en 1671 et 1672, la navigation étoit établie à Provins .. par le moyen d'un grand nombre de batteaux marchands qui alloient de Voulsie en Seine jusqu'à Paris… Mais cela ne subsista que pendant trois ou quatre ans, les ouvrages n'étant pas assez solides pour durer longtems sans entretien, tellement qu'il y eut plusieurs Batteaux qui périrent et coulèrent à fond, faute de réparer et d'entretenir lesdits travaux. "
La Ville Basse de Provins était sujette à des crues violentes, comme le montre encore cette plaque apposée à hauteur d'homme, près de la Sous Préfecture. Le creusement de la Fausse Rivière tenta d'y apporter remède.
"...les Montagnes des Cordelières, du petit Flegny, l'Hospital et autres, desquelles en temps de pluie descendoient les eaux, qui viennent donner contre les murailles de laditte ville… Quand les pluyes sont grandes, les eaux abondent en cette vallée, avec une telle abondance et violence. et estant ainsi enfournées, donnent contre les murailles, de telle hauteur, que souvent, elles passent par dessus."
Acte d'assemblée des habitants de Provins pour visiter la ville et chercher les moyens d'empêcher les innondations 3 avril 1571 Bibliothèque de Provins fonds ancien ms 144
"A ce dernier desgel, la vallée de Prouvins eut fort à souffrir, pour les eaues qui y entrèrent par les crenaux des murailles et canaux qui conduist par divers endroictz l'eaue dans la ville. "
"Les vanes desquelz furent rompues, comme aussi furent les portes Neufve et de Troys, par dans lesquelles portes entra l'eaue dans laditte ville en grande habondance, ayant esté rompues par l'impétuosité desdittes eaues. Laquelle entra dans les maisons de trois à quatre piedz de hauiteur et dans les boticques des marchans, qui avec les habitans y eurent grosse perte. Les celiers et caves, depuis le pont au Poisson pour tout le reste de la valée, furent emplittes desdittes eaues pour desgeler leurs lartz, vins et huilles d'olives. Heureux furent ceux qui avoient des haultes chambres pour se saulver et se mettre seichement Qui fut cause d'en donner si habondenmant fut que la terre n'estoit desgelée, et la pluye qu'il fit pour faire fondre les neiges. Ceste eaue fut merveilleusement froide." 1565
"Les hommes sage dudit Prouvins penserent ce deluge d’eaue estre advenu en punition de Dieu sus laditte ville pour les insolences que quasi toutes personnes de laditte ville faisoient en dances, chansons et insolences par les rues de laditte ville dès le jeudy au soir, jour de la petite Feste Dieu, et la nuict mesme d’entre le vendredy et samedy que fut et advint ledit deluge." 1570
Inondations à Provins, témoignage de Claude Haton curé, réédition Société d'Histoire et d'Archéologie de l'Arrondissement de Provins.
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L'importance du trafic et les causes de l'échec du projet divergent suivant les sources...
La Voulzie et le Durteint ne sont pas de ces rivières amples, propices à la navigation:
"S'il est un nom bien doux fait pour
la poésie,
Oh ! dites, n'est-ce pas le nom de la Voulzie ?
La Voulzie, est-ce un fleuve aux grandes îles ? Non;
Mais, avec un murmure aussi doux que son nom,
Un tout petit ruisseau coulant visible à peine ;
Un géant altéré le boirait d'une haleine ;
Le nain vert Obéron, jouant au bord des flots,
Sauterait par-dessus sans mouiller ses grelots..."
Lien vers le texte intégral de La Voulzie Elégie d'Hégésippe Moreau
Plus d'un siècle auparavant: " Quelques uns prétendent qu'un nommé Jean Guérin riche bourgeois de Provins avoit déjà en 1531 fait la même entreprise de rendre la Rivière de Voulsie navigable… et qu'il avoit commencé les traveaux nécessaires à son dessein au lieu que l'on appelle encore le Port, mais qu'il n'en put venir à bout de sorte que ce travail fut nommé la folie Guérin. On ajoute que cela donna lieu à un proverbe qui devint commun parmi le peuple, de dire d'un homme qui avoit manqué son coup; il est penaut (honteux) comme Guérin… Il est vrai qu'en 1665, lors de la seconde tentative, on trouva en fouillant quelques anciens vestiges d'édifice de charpente…"
Projet de rendre la Rivière
de Provins navigable
Bibliothèque de Provins, fonds ancien cote ms 97
" Le 23 Avril 1531, une Commission de Voituriers par Eau de Bray et de Vimpelles a été convoquée pour visiter la Voulzie depuis Provins jusqu’à la Seine pour estimer si elle était navigable. Cette commission a rendu un rapport favorable en estimant que la Voulzie pouvait porter des petits bateaux de dix toises de long sur huit pieds de large, et qu’ils pouvaient être chargés de vingt queues de vin ou dix muids de blé."
FA DELETTRE "Histoire de la Province du Montois". 1849
Un projet encore plus ancien aurait
existé, de rendre la Voulzie navigable, ainsi qu'en témoigne
l'ordre de Philippe le Bel à Guillaume de Nogaret et à Simon
de Marchais de s’occuper de rendre la Seine navigable jusqu’à
Troyes, et le fleuve Seine jusqu'à Provins: "flumine Secane usque
Pruvinum"
"A fide dignis acceptimus quod cum flumen Secane sit navigabile usque
Nogentum, nec ultra navigia onerata mercaturis, bladis, vinis et aliis rebus
necessariis versus Trecas portari possint, et satis de facili, ad magnam utilitem
publicam et nostram, alvens dicti fluminis sic posset parari quod navigia
rebus quil bus pibet onerata ascendentia et descendentia, nedum usque Trecas
sed lungius ultra versus Burgundian, per flumen predictum, ac eciam de flumine
Secane usque Pruvinum..."