La Grande Haye de Brie...

La région a été dangereuse comme le sont toutes les frontières: les territoires de la Chapelle et de Fontenailles ont fait partie, pendant une longue période du Moyen Age d'une zone tampon entre le puissant Comté de Champagne et l'Ile de France royale.

Près de mille ans auparavant, au temps de la Gaule romaine, la région de Villefermoy -flèche bleue- était proche d'une limite entre deux provinces: la Lyonnaise et la Belgique.

La Chapelle Rablais était juste dans la Marche séparante comme le suggère la carte ci-dessous. Depuis le XI° siècle, la puissance des Comtes pouvait rivaliser avec celle du Roi. Ils s'étaient permis de reculer la frontière qui était auparavant à la limite de l'ancienne voie romaine: le Chemin Perré. Les conflits devaient être fréquents; on garde le souvenir du roi Louis VII qui, pour se venger de la résistance des Champenois, brûla Vitry et ses 1300 habitants qui s'étaient réfugiés dans l'église.           
Louis Leboeuf, précis d'histoire de seine et Marne

Sur le fond de la carte de France de 1180...
 
Domaine royal: les possessions du Roi
 
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Gardée ça et là par des châteaux de bois, les Plessis, cette frontière aurait été trop perméable si elle n'avait pas été fortifiée de façon naturelle. Une forêt touffue de 5 à 15 kms de largeur gênait le passage des gens d'armes et des cavaliers; on l'appelait la Haye de Brie. Elle devait rappeler la haie entretenue par les Nerviens qui avait embarrassé les légions de Jules César qu'il décrit dans la Guerre des Gaules: ils taillaient et courbaient de jeunes arbres; ceux-ci poussaient en largeur de nombreuses branches; des ronces et des buissons épineux croissaient entre leurs intervalles: si bien que ces haies semblables à des murs offraient une protection que le regard même ne pouvait violer. Jules César    De bello gallico

Passez la souris sur l'image pour localiser les restes de
la Grande Haye de Brie sur la carte de Cassini XVII°s

On peut retrouver les limites exactes de la Haie en 1270 grâce à une sentence rendue au Parlement concernant les commenchemens et les bonnes (bornes) de terrouirs del roaime et du comté de Champagne.
Ce bois-frontière a été défriché aux 12° et 13° siècles, cependant des lambeaux de ses franges se sont conservés jusqu'à nos jours. Le seigneur de Nangis avait choisi de délimiter ainsi clairement son territoire qui est depuis le Grand Chemin Paré, qui passe par Châteaubleau, et de là tenant à Pécy, et depuis Pécy jusqu'à Courpalay, et dudit lieu par devers Grandpuits et le hameau du Feuillet... de là, suivant le long de la Haye de Brie, jusqu'à la Pierre du Compas et dudit lieu, suivant toujours la Haye de Brie, jusqu'à Valjouan. Ernest Chauvet

Plus loin, dans "Nangis, recherches historiques", Ernest Chauvet précise : "Il est souvent parlé des haies de Brie... il y en avait au moins deux : l'une, dont nous parlons au début de ce travail, qui commençait vers Closfontaine, gagnait la Psauve, passait entre Nangis et Rampillon, et, par la Boulaye, s'étendait jusqu'à Valjouan. Nous avons dit qu'elle fut détruite au cours du siècle dernier, et qu'on en voit encore les traces sur les terrains qu'elle occupait. L'autre ... commençait vers Feuillet, qui est aujourd'hui une ferme sur la commune de Grandpuits, se dirigeait, enveloppant la commune de Fontenailles, vers la pierre au Compas, qui se trouve à l'extrémité des Montils. à l'entrée de la forêt de ce nom, et, de là, gagnait Valjouan, où elle rejoignait sans doute la première. Ainsi, ces bois longs et étroits que l'on appelait les haies de Brie, enveloppaient de tous côtés le territoire de Nangis. "

 

Un chemin de la commune
conserve le souvenir de cette haie.