Des entrepreneurs en défrichement...
C'est une très puissante dynastie de la région qui défricha de vastes forêts en Brie: la famille Cornu.
Moins répandus
en France qu'en Allemagne, les entrepreneurs de défrichements, cependant,
n'y ont pas été un type social inconnu. Beaucoup d'entre eux
furent des hommes d'Eglise: dans la première moitié du XIII°
siècle, deux frères, Aubri et Gautier Cornu, prirent ainsi à
l'entreprise -quitte à distribuer ensuite des lots à des sous
entrepreneurs- l'essartage de nombreux terrains, découpés dans
les forêts de la Brie.
"Caractères originaux de l'histoire rurale
française" de Marc Bloch.
Vers 1180, vivait à Villeneuve-Cornut, aujourd'hui
Salins, près Montereau, une veuve nommée Elisabeth. Cette
veuve avait quatre fils qu'elle éleva dans la crainte de Dieu; le
premier, Gauthier Cornut devint archevêque de Sens, le deuxième
Albéric Cornut fut évêque de Chartres; le troisième,
Gilon Cornut fut archidiacre, puis archevêque de Sens et succéda
à Gauthier, son frère aîné; le quatrième
resta avec sa mère à Villeneuve.
dans Congrès Archéologique de France
Dijon 1852
Ce texte peu rigoureux (Simon 1° eut cinq fils et une fille, l'aîné n'en étant pas Gauthier, mais Simon II qui reprit la châtellenie ainsi que le montre Paul Quesvers, l'historien de la famille Cornu), montre en peu de mots l'importance des futurs seigneurs de la Chapelle Rablais et Fontenailles. Elisabeth (ou Isabelle) Clément, épouse de Simon 1° était elle-même fille de Robert Clément, régent du royaume sous Philippe Auguste; pour le dire en peu de mots: des gens puissants avec de bonnes relations!
Les moines de Ste Colombe de Sens durent
commencer le défrichement avant d'attendre la fin du conflit entre
le Comte et le Roi; la construction de villes neuves et de châteaux
ayant rendu la Grande Haye moins nécessaire.
Bien plus tard, l'abbaye possédait encore des terres sur le territoire
de la commune qui furent confisquées à la Révolution
Française:
lot N° 34: la ferme de Putemuse, bâtiment
et 240 arpens d'héritage
Archives Départementales de Seine et
Marne
Blason des Cornu: de vair plein.
"Un des métaux composé d'argent et d'azur en petites pièces
égales"
Autrement dit, de petites cloches
bleues et blanches
Bel exemple de pyramide féodale
que l'on verra se prolonger sur les lieux du défrichement. L'instituteur
du siècle passé, chargé de rédiger l'histoire
de sa commune pour le centenaire de la Révolution Française
ajoute: par suite des débauches et des désordres
de ce couvent royal, les terres furent détachées de leur unique
suzerain et passèrent aux seigneurs des environs.
M. Boisvieux, instituteur, monographie de Salins 1889
Dans "Nangis, recherches historiques"
publié en 1910, Ernest Chauvet indique :
" Les moines de Tours, seigneurs de Mons et de
Donnemarie poussent leurs défrichements jusque sur les territoires
de Vanvillé, de Rampillon et de Fontains.
Les moines de Barbeau défrichent jusque sur le territoire de Fontenailles
et y élèvent l'abbaye de Villefermoy. En 1145, le roi Louis
VII leur donne sa terre des Ecrennes à mettre en culture. Le nom primitif
de ce lieu, Screona, signifiant huttes de branchages, indique qu'il n'était
alors qu'un hameau de bûcherons.
Dans le partage du Montois, le comte de Champagne avait reçu la partie
de la forêt de Bièvre formant aujourd'hui les territoires de
Villeneuve-les-Bordes et de La Chapelle-Rablais. Au XIe siècle, ses
descendants créèrent le village de Villeneuve, qui s'appela
alors Villeneuve-Ie-Comte-Champagne, et, plus tard, Villeneuve-les-Bordes-l'Abbé,
ou Villeneuve-l'Abbé, après la donation de ce fief aux moines
de Sainte-Colombe de Sens. C'est à ces moines qu'il faut attribuer
l'origine de la Chapelle-Arablais, devenue par corruption la Chapelle-Rablais."
Les moines de Sainte Colombe ne défrichèrent qu'une petite partie du territoire de la Chapelle Rablais, ne dépassant pas le hameau de Putemuse qui leur appartenait encore quand les biens de l'église furetn confisqués, sous la Révolution : "la ferme de Putemusse bâtiments et 240 arpents d'héritage".