A partir des années 1600, et pendant près de trois siècles, les colporteurs ont sillonné la France, distribuant dans les hameaux les plus reculés une grande variété de produits comme des tissus, de la mercerie, des couteaux et des rasoirs, des petits ustensiles ménagers, ou de la bijouterie.

extrait de: le fait divers
Musée des Arts et Traditions Populaires
hotte de colporteur Musée de Fessy, Haute Savoie

Les tissus pour l'ameublement ou pour l' habillement, en une époque où la confection n'avait pas le quasi monopole de maintenant, constituaient le négoce majeur de nombreux colporteurs. Bien entendu, ceux-ci ne transportaient pas le stock de marchandises
nécessaires à toute leur saison.
Ils se réapprovisionnaient dans les fabriques des régions visitées.

L'intérieur d'une hotte d'une quarantaine de kilos

La sociologie du temps révèle que c'est avec les domestiques que les colporteurs réalisaient, de demeure en demeure, leur plus grand nombre d'affaires. Sans doute parce qu'ils ne vendaient qu'à crédit, sans même faire signer de papier.
Ils n'encaissaient qu'au cours de la tournée de l'année suivante. Mais, pour rafraîchir la mémoire aux débiteurs oublieux, qu'on ne soupçonnait jamais de malhonnêteté, ils notaient sur leur calepin des détails concrets de la vente, le nom d'un ou deux témoins, des circonstances typiques. "Essayez de bien vous rappeler", disait Jean Eymard, de Clavans, à une cliente. "On était chez Gautier, l'auberge. Vous nous avez dit que c'était pour faire un pantalon au petit."

Extrait d'un article sur les colporteurs des Alpes dans Alpes Loisirs n°14       1997
Canard du 24 nov 1764  reproduit dans  "la Bête du Gévaudan" de François Fabre, éditions Borée
Mais ils ont également joué un rôle important dans la diffusion de l'information et des idées en vendant dans les campagnes, des livres, des almanachs, des images et les feuilles d'actualité.

Les canards sont généralement illustrés d'images gravées sur bois de fil et imprimés simplement à l'encre noire. C'est la plus simple de toutes les techniques permettant la multiplication des images; celle qu'utilisaient traditionnellement les graveurs populaires. Elle présentait l'avantage, pour les artisans modestes qu'étaient les canardiers, de nécessiter un matériel très réduit: un canif, quelques gouges; à la limite, la presse typographique n'est pas absolument indispensable au tirage. Pour répondre à l'attente de la clientèle et exploiter les événements "à chaud, le canard doit être gravé, composé et tiré très vite. De là vient sa facture souvent sommaire et l'imperfection de ses tirages mais aussi, peut-être, le caractère expressif qui fait le charme de ses illustrations. Contrairement aux images populaires qui, à partir du milieu du XIX° siècle, subissent l'influence de plus en plus affadissante de l'art savant, le canard garde généralement un style brutal et franc qui perpétue les meilleures traditions de la gravure populaire.

extrait de: le fait divers Musée des Arts et Traditions Populaires
Almanach 1831  extrait du CDrom  "Louis François, colporteur d'histoire"

Avec les livrets de la Bibliothèque bleue et les occasionnels, le calendrier est un des articles les plus courants que les colporteurs apportent aux habitants des campagnes. Il a un usage surtout pratique mais, pour susciter l'attention de sa clientèle, le fabricant n 'hésite pas à l'enrichir d'un récit illustré racontant un événement susceptible de toucher l'intérêt du public.

Les bagues de Saint Hubert
Dans la hotte des colporteurs