A partir des années 1600, et pendant près de trois siècles, les colporteurs ont sillonné la France, distribuant dans les hameaux les plus reculés une grande variété de produits comme des tissus, de la mercerie, des couteaux et des rasoirs, des petits ustensiles ménagers, ou de la bijouterie.
Les tissus pour l'ameublement ou pour l' habillement,
en une époque où la confection n'avait pas le quasi monopole
de maintenant, constituaient le négoce majeur de nombreux colporteurs.
Bien entendu, ceux-ci ne transportaient pas le stock de marchandises
nécessaires à toute leur saison.
Ils se réapprovisionnaient dans les fabriques des régions visitées.
L'intérieur d'une hotte d'une quarantaine de kilos
La sociologie du temps révèle
que c'est avec les domestiques que les colporteurs réalisaient, de
demeure en demeure, leur plus grand nombre d'affaires. Sans doute parce qu'ils
ne vendaient qu'à crédit, sans même faire signer de papier.
Ils n'encaissaient qu'au cours de la tournée de l'année suivante.
Mais, pour rafraîchir la mémoire aux débiteurs oublieux,
qu'on ne soupçonnait jamais de malhonnêteté, ils notaient
sur leur calepin des détails concrets de la vente, le nom d'un ou deux
témoins, des circonstances typiques. "Essayez de bien vous rappeler",
disait Jean Eymard, de Clavans, à une cliente. "On était
chez Gautier, l'auberge. Vous nous avez dit que c'était pour faire
un pantalon au petit."
Les canards sont généralement illustrés d'images gravées sur bois de fil et imprimés simplement à l'encre noire. C'est la plus simple de toutes les techniques permettant la multiplication des images; celle qu'utilisaient traditionnellement les graveurs populaires. Elle présentait l'avantage, pour les artisans modestes qu'étaient les canardiers, de nécessiter un matériel très réduit: un canif, quelques gouges; à la limite, la presse typographique n'est pas absolument indispensable au tirage. Pour répondre à l'attente de la clientèle et exploiter les événements "à chaud, le canard doit être gravé, composé et tiré très vite. De là vient sa facture souvent sommaire et l'imperfection de ses tirages mais aussi, peut-être, le caractère expressif qui fait le charme de ses illustrations. Contrairement aux images populaires qui, à partir du milieu du XIX° siècle, subissent l'influence de plus en plus affadissante de l'art savant, le canard garde généralement un style brutal et franc qui perpétue les meilleures traditions de la gravure populaire.
Avec les livrets de la Bibliothèque bleue et les occasionnels, le calendrier est un des articles les plus courants que les colporteurs apportent aux habitants des campagnes. Il a un usage surtout pratique mais, pour susciter l'attention de sa clientèle, le fabricant n 'hésite pas à l'enrichir d'un récit illustré racontant un événement susceptible de toucher l'intérêt du public.
Les bagues de Saint Hubert
Dans la hotte des colporteurs