Les voituriers par terre / 3
Ornières et gadoue
La création de chemins praticables a été au centre des préoccupations de la Municipalité à partir de cette époque, en même temps que la réfection de l'église qui s'écroulait et l'achat du presbytère et d'une école. Il n'est pas étonnant que les élus aient alors cherché à faire argent de tout dans cette commune sans ressources: on a vendu les peupliers qui entouraient la croix de la Mare Bluneau, des tronçons de chemins qui deviendraient inutiles, la terre des murs abattus, jusqu'à la boue de la mare! Trois routes au tracé rectiligne ont été crées au cours du XIX° siècle pour remplacer ces chemins qui laissaient les chartiers en souffrance par les obstacles qu'éprouve la libre circulation pendant les trois quarts de l'année.
1838 Délibérations
du Conseil municipal Parmi les hautes et puissantes
considérations qui déterminent les membres du Conseil Municipal
à voter la confection prompte et urgente dudit chemin, c'est l'état
affreux des chemins qui conduisent à Nangis et à Fontainebleau
et qui paralysent l'industrie agricole et commerciale; une route de grande
communication sortirait de la misère et de la détresse un climat
tout entier, un canton de la Brie qui, jusqu'à présent a été
oublié et qui cependant mérite toute la protection de l'administration.
A la même
époque, Balzac: " Le plus urgent moyen de fortune était
une route. Si nous obtenions du conseil municipal l'autorisation de construire
un bon chemin d'ici à la route de Grenoble, mon adjoint était
le premier à en profiter ; car, au lieu de traîner coûteusement
ses arbres à travers de mauvais sentiers, il pourrait, au moyen d'une
bonne route cantonale, les transporter facilement, entreprendre un gros commerce
de bois de toute nature, et gagner non plus six cents malheureux francs par
an, mais de belles sommes qui lui donneraient un jour une certaine fortune.
"
le Médecin de campagne
La concentration
de voituriers par terre, on dirait maintenant des camionneurs, ne peut s'expliquer
par la position de la Chapelle Rablais au carrefour de grandes routes, ou
auprès d'un port. Il n'y avait ni cours d'eau, ni chemin praticable
en toute saison.
Le 10 janvier 1836, le Conseil municipal prévoit de convertir en journées
de travail les dépenses prévues pour l'entretien du chemin de
la Chapelle à Frévent, passant par Tourneboeuf à
savoir, pour chaque journée d'homme 1 franc 25, pour idem d'une bête
de trait de cheval de selle ou d'attelage de luxe: 2 francs 50c ou pour chaque
journée d'une charrette ou tombereau attelé d'un cheval 5 francs
50, pour chaque tombereau idem de trois chevaux: 8 francs.
Ce chemin devait être réparé préférablement
à tous les chemins existants, attendu l'état dangereux et même
périlleux dans lequel il se trouve.
Les terres ne demandent
que de bons chemins pour s'enrichir des engrais des villes; la carrière
de grès des Montils et de la Chapelle Rablais, les superbes et précieuses
forêts de Villefermoy appartenant à la liste civile s'exploitent
difficilement à défaut de chemins praticables, celui projeté
doit leur donner une nouvelle vie et une double valeur; les vignobles de Machault,
de Féricy et du Gâtinais verront avec le plus grand intérêt
s'ouvrir un nouveau débouché pour leurs vins; en un mot, les
pays traversés par la route de grande communication verront s'accroître
leur prospérité et les villes de Nangis et de Fontainebleau
gagneront considérablement à cette nouvelle voie qui les alimentera
de céréales, de bois et des produits des autres climats.
Qu'il plaise à l'administration, au conseil d'arrondissement et au
conseil général de jeter un coup d'oeil sur la carte du département,
ils verront partout des routes départementales, des chemins de grandes
communications traverser de riches contrées et dont nous avons contribué
de nos centimes à leur confection; aujourd'hui, nous réclamons
à notre tour, il est temps de s'occuper d'une contrée du Département
qui ne demande que justice et protection pour sortir de cette triste position...
fait et arrêté en séance le 8 juillet 1838 et ont tous les membres signé à l'exception du sieur Enguerrant qui a déclaré le ne savoir.