Maçons limousins à la Chapelle
Rablais / 15 |
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la souris sur les illustrations pour leur légende. |
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En 1810, Jean Momet et Léonarde
Cadillon ont acheté une fermette "à une vache".
Puis ils ont peu à peu agrandi leur modeste domaine en acquérant
des champs autour d'Azat.
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"Le Marchois aime son champ, parce qu'il y a souffert la faim et le froid, parce qu'il est forcé de l'abandonner neuf mois sur douze, parce que si les citadins le méprisent et l'humilient, il sait un petit coin de terre où il pourra dire : Ici je suis le maître. Dans cette passion trop souvent aveugle du Marchois, le philosophe trouverait peut-être une raison de la ruine des héritages." Bandy de Nalèche "Pour l'acquérir, il consent à tout, même à ne plus la voir; il émigre, il s'éloigne, s'il le faut, soutenu de cette pensée et de ce souvenir... A quoi supposez-vous que rêve, à votre porte, assis sur une borne, le commissionnaire savoyard ? Il rêve au petit champ de seigle, au maigre pâturage qu'au retour il achètera dans sa montagne. Il faudra dix ans ! N'importe... L'Alsacien, pour avoir de la terre dans sept ans, vend sa vie, va mourir en Afrique." Michelet le Peuple 1846 Ruine des héritages, pense Bandy de Nalèche, car l'effet pervers de l'amour de la terre et de l'abondance -relative- de numéraire apporté par les maçons creusois est l'augmentation du prix des terres sans rapport avec leur valeur. |
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"La Creuse représente une superficie de 556,400 hectares, dont les deux cinquièmes, composés de landes, bruyères, ribières * et pâtis presque improductifs, appartiennent aux communes ou aux sections de communes. Restent 333,960 hectares, qui sont divisés en 1,100,000 parcelles et distribués à 70,000 propriétaires, qui possèdent ainsi chacun 4 hectares et 77 ares en 15 héritages distincts: terres pour le seigle, pour les petites semences, pour les jachères, taillis pour le chauffage, pacages d'été, prairies, chenevières, jardin, maison, écuries, le tout formant un petit domaine d'une valeur de 6,000 à 10,000 francs. " Bandy de Nalèche
"Parvenu à l'âge de 45 ans, le maçon, ayant continué le même régime d'émigrations périodiques, possède ordinairement une maison, un jardin potager, un ou deux hectares de terre arable et de prairie, une vache et plusieurs animaux domestiques, ayant ensemble une valeur de 6,000 à 10,000 francs. Le chef de famille reste désormais sur sa propriété pour la cultiver lui-même, en employant le surplus de son temps pour le compte des propriétaires et des fermiers du voisinage. II commence, dès lors, à jouir de l'aisance et de la considération qu'il doit à son travail et à sa prévoyance." Frédéric Le Play Les ouvriers européens 1877-1879 Jean et Léonarde
étaient exactement dans la norme citée par Bandy de Nalèche,
car leurs propriétés avaient une superficie de quatre hectares,
cinquante quatre ares et quarante huit centiares (4 hectares et 77 ares
pour Bandy de Nalèche). Le cadastre de Mourioux, établi
après le décès de Jean et celui de leur fille à
qui ils avaient fait donation, porte, au nom de leur gendre Martial Allary,
les références de leurs parcelles; en noir, les achats de
1810, en blanc, les achats ultérieurs. En médaillon: la
maison, n°81, la cour n°82, une masure n°84, en bas, une autre
masure n°95. La maison n°94 est celle de Marc Gros, voir plus
loin. |
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Jean Momet eut bien de la chance de posséder
deux grands champs, entendons pas là des champs d'un hectare
et demi environ, ce qui semblerait négligeable de nos jours.
Michel Pagot qui l'accompagna à la Chapelle Rablais, possédait
au village de Bord, dans la même commune de Mourioux, une maison
plus vaste, avec cinq portes et fenêtres et une exploitation presque
deux fois plus étendue, 8 hectares 72 ares et 8 centiares, mais
morcelée en quarante et une parcelles, plus une autre sur le
territoire proche de Ceyroux. Ses possessions étaient plus diversifiées
que celles des Momet "A partir de
5 hectares, il n'était guère de paysan creusois qui ne
possédât toute la gamme des sols"
: des terres, pâtures, prés, chènevières,
jardins, bois & taillis, bois & fûtaie, châtaigneraie,
bruyères... il ne lui manquait plus que verger, semis (pépinière),
étang et pêcherie (Piège des mots limousins: "Pêcherie:
large fosse creusée à flanc de coteau ou au sommet d'un
vallon, à l'emplacement d'une mouillière ou d'un gaulier,
ou simplement d'une source, pour irriguer les parties élevées
des versants" Antoine Perrier) ...
pour avoir fait le tour des catégories du cadastre. Mais rares
étaient les parcelles à dépasser l'arpent et aucune
n'atteignait l'hectare: une terre de 72 ares, une pâture, un pré
et deux châtaigneraies... Il avait même deux pâtures
d'environ un are, dix mètres sur dix, à peine la place
à une vache pour se retourner ! Jean Momet n'avait aucune attache à Azat. Seul ou avec ses parents, il était passé par les hameaux de la Rue, les Combes, Bord, les Groppes puis la Ribière. Peut être a-t'il pu patiemment économiser pour acheter en une fois de beaux terrains, alors que Michel Pagot aurait patiemment agrandi un petit bien familial en grapillant les petites parcelles disponibles. Ce n'est qu'une vue de l'esprit, car Michel Pagot est né fils de métayer à Sous-Fransour, commune de Marsac en 1784 et s'il s'est intallé à Bord, à son mariage en 1804, il n'y habitait pas auparavant, étant domicilé au village de Beauvais, à Saint Etienne de Fursac. Par contre, son épouse, Catherine Gavinet était née à Bord. Aurait-il agrandi la fermette des beaux parents? Pour étayer cette hypothèse, il faudrait consulter les archives des notaires sur vingt cinq ans. Hélas, j'habite fort loin de la Creuse et je ne peux sollliciter les correspondants sur une tâche aussi minutieuse. J'en profite pour remercier tous ceux qui m'ont transmis des actes originaux, découvrir les trésors cachés des Archives en ligne de la Creuse, et relire ces pages; et plus particulièrement les membres du groupe Yahoo Gen23. |
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L'exploitation des terres est radicalement
différente en Brie où les Limousins étaient maçons
et en Creuse où ils étaient cultivateurs. "Celui qui a
abandonné, parce que trop âgé, le métier de maçon,
se déclare alors laboureur." Annie
Moulin. Pour simplifier, à la Chapelle Rablais, clairière
en limite de forêt de Villefermoy, on trouvait de grandes exploitations
appartenant à des citadins, exploitées par des fermiers et de
nombreux "manouvriers". Par manque de prairies, donc de bétail,
et par conséquence de fumier, les sols avaient besoin d'une année
de repos, et les cultures suivaient obligatoirement un cycle sur trois années
imposé à toutes les parcelles d'une "saison" qui désignait
alors un lieu comme aussi "climat" : saison des bleds, des mars,
des jachères. Quand la terre reposait, les jachères étaient
parcourues par des centaines de moutons (900 à la Chapelle Rablais)
qui contribuaient un peu à fertiliser le sol pour les céréales
à venir par leurs incessants petits crottons. Les petits paysans pouvaient
posséder des champs de peu d'étendue, tout en longueur à
cause du défrichement médiéval, mais aussi à cause
du partage entre enfants. Les communaux avaient disparu.
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A l'opposé de la Brie, le territoire de Mourioux
était divisé en multiples petites exploitations. On y trouvait
cependant quelques "domaines". En 1818, le père de Jean
Boucher est décédé au domaine de la Védrenne.
Le cadastre de 1840 montre que la plupart des parcelles de ce "village"
appartenaient à Jean Baptiste Villechabrolle, de Saint Goussaud;
en 1824, la nièce de François Pety décéde "en
la maison du domaine de Lavos Vergniaud" où résidait
la famille agrandie du maçon; Lauvaud Vergniaud était la propriété
du sieur Bion, notaire à Saint Vaury. Les cinquante et un hectares
du domaine du Camp appartenaient en 1840 au notaire Nicolas Bouttelas de
Bénévent. Dans ces "domaines", les parents des maçons
étaient "colons" ou journaliers. "On cultive essentiellement du seigle, de l'avoine et du blé noir. Le froment, absent de l'élection de Guéret, ne pousse que dans quelques paroisses de l'élection d'Evaux, près de Chambon sur Voueize, à la limite du Bourbonnais... Le seigle et le sarrasin ne pouvant suffire, les habitants de la région suppléent à cette disette en grains par les châtaignes, et une espèce de grosses raves dont le pays est abondant. Les châtaignes sont surtout ramassées dans les paroisses de la partie sud ouest de l'élection, aux limites du Limousin." Annie Moulin: Les Maçons de la Creuse: les origines du mouvement La petite ferme devait nourrir Jean Momet, Léonarde
Cadillon, Antoinette Momet, son époux Martial Hallary et leurs enfants
(dont trois au moins sur six étaient en vie avant le décès
de leur mère en 1837). Elle n'était pas bien grande, moins
de cinq hectares. Une petite pâture pour la
vache, deux minuscules prés pour le foin, une chènevière
pour la toile de chanvre... Il faut espérer qu'en plus des revenus du limousinage, et peut être d'un placement comme journalier, la famille Momet avait loué d'autres parcelles... Barthélémy Momet, au moment de son décès,
résidait aussi à Mourioux, au village de Saint Chartier. Pas
de Momet sur le cadastre de 1840 (les propriétés de feu Jean
étaient au nom de son gendre Martial Allary). Rien à Saint
Chartier, pas plus qu'à Leychamaud, pas de mention dans la "liste
par ordre alphabétique des noms des propriétaires", de
Barthélémy, ses filles, son fils, son épouse Marguerite
Cadillon, ni de son gendre posthume Léonard Galateau (mariage en
1839). Seul Louis Basmoreau qui avait épousé Marguerite-1
en 1836 est mentionné, propriétaire de minuscules parcelles
de taillis. |
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En 1837, Jean Momet soixante quatre ans et Léonarde
Cadillon, soixante trois ans, font donation de tous leurs maigres biens
à leur unique fille survivante, Antoinette. |
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"... lesquels
ont dit que leur âge ne leur permettant plus de continuer l'exploitation
de leurs propriétés... " Jean Momet était
trop fatigué pour continuer d'exploiter sa fermette avec Léonarde,
d'ailleurs leur fille et Martial Halary, son mari, vivaient déjà
avec eux, s'occupant du maigre cheptel et des petits champs. Et l'apport du
gendre était minime. A son décès en 1850, alors qu'il
ne pouvait disposer du "petit bordelage"
où sa belle mère terminait ses jours, il ne possédait
que de 17 francs de meubles, dont hérita sa nièce, Halary, femme
Gros, à Villejague, Marsac, alors que le couple Martial Halary &
Antoinette Momet avait eu six enfants dont trois, au moins, étaient
encore en vie au décès de leur père: Anne-1, Anne-2 et
Joseph. On peut d'ailleurs se demander comment Martial Halary a géré
son manque de fortune ! En 1826, âgé de moins de trente ans,
il renonça à "ses biens immeubles"
peut être pour éviter d'avoir à régler des dettes,
comme le sous-entend un paragraphe de la donation de 1837: "Demeurent
tenus Martial Halary et Antoinette Maumé son épouse, de loger,
nourrir et entretenir les donateurs pendant leur vie à leur même
pot et feu tant en santé que maladie et à la charge pour eux
de payer leurs dettes..." |
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Quelle fut la cause de l'incapacité
de Jean Momet, à la fin de sa vie? |
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Le décès dans ces établissements
était pudiquement caché: "Julien
Jardinaud décédé hier Parvis Notre Dame n°4
à quatre heures du matin"
Le lieu de décès "Parvis
Notre Dame n°4" cachait l'adresse
de l'ancien Hôtel Dieu de Paris qui enjambait un bras de la Seine,
face à la cathédrale; l'hôpital faisait toujours
peur... Le registre de l'Hôtel-Dieu indique qu'il était
entré le 22 janvier, pour décéder le 24 février
d'une "hypertrophie du coeur".
HDT/3/Q/31 1829 p 18 Lien vers la page sur les hôpitaux sur le site "Migrants limousins" |
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La vie de maçon était
fort rude, comme celle de tous les travailleurs au grand air: manouvriers,
bûcherons, débardeurs, scieurs de long, bergers, paysans
et paysannes... pour ne citer que ceux qui travaillaient à la Chapelle
Rablais. Ils craignaient peu le froid: "Plus
économes ou plus aguerris contre la froidure, nos pères
ne se chauffaient presque point."
Sébastien Mercier 1740/1784 Mais ils redoutaient la pluie. "Ce n'est pas d'être mouillé qui nuit à la santé, c'est de laisser sécher sur soi ses hardes pendant le repos. La répercution de la transpiration arrive toujours quand la force vitale diminuant, l'action centripète l'emporte sur la centrifuge. L'expérience apprend qu'il est fort rare qu'un homme qui a été mouillé en soit incommodé lorsqu'il prend ces précautions, et qu'il est également rare qu'il échappe à la maladie lorsqu'il ne les prend pas. Celui qui marche ou qui travaille par la rigueur du froid ne succombe que lorsqu'il s'arrête. Si l'exercice cesse l'action centrifuge diminue, la transpiration est refoulée vers le centre et le froid s'empare du corps." la Brie vue par ses médecins "... il fallait protéger le corps. Le protéger aussi de la pluie et du froid, sachant que rien n'était alors réellement efficace, et que l'on se contentait souvent de multiplier les épaissseurs, pour mieux les diminuer par temps chaud, les tenues d'été étant alors inconnues." Jean Louis Beaucarnot Entrons chez nos ancêtres |
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A cause du mortier, les travaux s'arrêtaient
quand il gelait, neigeait ou que la pluie devenait trop forte, sauf exception:
"Alors par une pluie battante, nous
montâmes sur nos échafauds, et nos garçons qui avaient
consenti à cet engagement se mirent à gâcher et à
monter les moellons à la hotte, chaque fois que nous en avions besoin.
Nous avions eu soin d'enlever nos chemises et de ne garder que nous blouses
afin d'avoir du linge sec lorsque nous nous serions essuyé le corps.
Vers le soir, la pluie se changea en neige, mais nul ne broncha."
La santé des maçons était mise à rude épreuve. Peu de protection contre les accidents: des échafaudages sans rambardes, des échelles de bois branlantes, pas de casque... Dès son plus jeune âge, le "poulain" devait supporter de lourdes charges pour servir son compagnon. Il faut avouer que c'était aussi le lot de tous les manouvriers: imagine-t'on aujourd'hui monter au grenier des sacs de cent kilos de blé comme il se faisait à l'époque? Maladie, accident, épuisement. On ne sait pourquoi Jean Momet se sentit incapable, à l'âge de soixante quatre ans, de continuer à subvenir aux besoins de sa famille en cultivant ses maigres biens: "lesquels ont dit que leur âge ne leur permettant plus de continuer l'exploitation de leurs propriétés, ils ont pris le parti de faire l'abandon et donation irrévocable de tous leurs biens..." |
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Le décès des frères Momet a laissé les soeurs Cadillon veuves. Marguerite, épouse de Barthélémy, décédé à l'âge de 56 ans en 1836 lui survécut jusqu'en 1849. Elle termina sa vie au village de Leychamaud, commune de Ceyroux, où elle décéda "en sa maison". Leychamaud était le lieu de résidence de sa fille Marguerite-1, épouse de Louis Basmoreau, domestique et propriétaire au même lieu; très modeste propriétaire puisqu'il ne possédait que de minuscules parcelles de taillis. Il faut dire qu'étant domestique, il ne devait pas disposer de bien grandes richesses. |
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Domestique en 1836, Louis Basmoreau
est cultivateur à Léchamaud en 1841, métier noté
sur l'acte de décès d'une petite Marie, âgée
d'un mois, "en la maison de ses père
et mère située à Lechamaud".
Quand il y décède en 1850, sa femme est-elle présente
car les voisins le déclarent époux de "Françoise
Maumeix" au lieu de Marguerite Maumet;
il faut dire que quelques années auparavant, la même Marguerite
fut prénommée Marie; Françoise ou Marie étaient
peut être son prénom usuel, étant donné le
nombre de Marguerites dans la famille!
Les voisins qui ont déclaré le décès de Marguerite mère, le 19 novembre 1849, n'ont pas été plus précis. Ils ont été incapables de donner le nom de son époux, ni de ses parents: "Marguerite Cadillon, 84 ans (erreur), veuve de Barthélémy (pas de nom), fille des défunts (blanc) née à (blanc), sans profession, demeurant à l'Echameaud, décédée en sa maison." |
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Jean Momet décéda en 1839, son épouse Léonarde Cadillon termina sa vie en 1854 à l'âge déclaré de quatre vingt huit ans. Il semblerait que les témoins aient eu envie d'assimiler les soeurs Momet à Jeanne Calment car Léonarde était née en 1774, comme l'atteste son acte de mariage: "Léonarde Cadillon, âgée de vingt huit ans, née au lieu du Grand Murat, commune de Bénévent, département de la Creuze, le vingt neuf du mois de novembre an mil sept cent soixante quatorze", ce qui la fait décéder à quatre vingts ans, au lieu de 88, et sa soeur n'atteignit pas 84 ans, mais 77, tout de même, une belle longévité, pour l'époque. Léonarde Cadillon, veuve Momet ne possédait
plus rien, ayant fait donation en 1837 à Antoinette, qui décéda
dans l'année, peut être victime d'une épidémie:
sur la même page, on trouve aussi le décès de Marguerite
Longeaud, épouse de Jean Boucher qui perdra de nombreux membres
de sa famille entre 1837 et 1838 et que nous retrouverons plus loin
à la Chapelle Rablais, plus dix autres décès qui
furent mentionnés dans la marge par manque de place. |
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Marc Gros figure dans l'arbre généalogique
des Halary: quand Martial décéde, ses maigres biens propres
(17 francs et de modestes biens à Bénévent) reviennent
à sa nièce, Halary, femme Gros, sa nièce à
Villejague, Marsac. Table des décès,
successions et absences Bénévent l'Abbaye 3 Q 5/418 Bingo !
pense-t'on. Léonarde Cadillon
était aux bons soins de la nièce de son gendre, son héritière!
Erreur fatale, piège de la généalogie creusoise.
Il faut pousser l'enquête plus loin que les apparences et chercher
des preuves parmi les indices parfois trompeurs... |
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Marc Gros, né en 1819, habitait Azat où il était cultivateur. Sa descendance y est attestée jusqu'au XX° siècle. Il épousa Marie Peyrot le 25 février 1844. En 1840, Martial Peyrot était propriétaire à Azat de la maison n° 94, et d'environ 9 hectares et demi de terres. Quelques années après le décès de Léonarde, au premier recensement, celui de 1866, Marc Gros, 48 ans, figure dans la liste d'Azat, avec son épouse Marie Peyrot 38 ans, Prosper, 18 ans, cultivateur et Clémence, 13 ans. Marc Thomas Gros né en 1815, était l'époux de Marguerite Halary, héritière de son oncle Martial, époux d'Antoinette Momet. Il était cultivateur à Villejage, commune de Marsac, sa présence y est attestée par des naissances entre 1841 et 1857, tous à Marsac et à Villejague, quand c'est précisé. Villejague et Azat ne sont séparés que de trois kilomètres, distance suffisamment courte pour permettre à la petite-fille de porter des galettes et des petits pots de beurre à sa mère-grand, mais trop éloignée pour pouvoir lui assurer un soin constant. Ce n'était donc pas cette petite-fille qui avait la charge de Léonarde. Qu'en était-il des autres petits-enfants de Léonarde? Joseph Halary, né en 1829, était assez âgé en 1854 pour s'être occupé de sa grand-mère, il ne se mettra en ménage qu'en 1862 avec Marie Anne Pasquet, fille de Jean Pasquet et de Anne Nicard; puis se fixera dans la commune de ses beaux parents, à Chamborand. Il était maçon, donc absent une bonne partie de l'année; n'étant pas marié, personne à domicile ne pouvait s'occuper de l'aïeule pendant de longs mois. Jean, né le 4 décembre 1825 n'apparaît plus dans les actes et Léonarde, née en 1831 décèdera en 1833. Anne, née en 1834, atteignait la vingtaine au décès de sa grand-mère; elle ne se mariera qu'en 1854, puis partira à Bénévent. François était trop jeune, il n'avait que dix sept ans au décès de Léonarde. Il est possible que ces deux descendants aient vécu à Azat jusqu'au moment où ils purent voler de leurs propres ailes, à moins qu'ils n'aient été placés comme domestiques dès leur adolescence. Mais ils ne pouvaient être "chef de ménage". Ne reste plus qu'une autre Anne Halary, née en 1822, épouse et mère de famille, appelons-la Anne-1 puisqu'elle était l'aînée des "Anne" Halary. Son mari était aussi un Pasquet (Paquet, Pâquet), mais d'une autre famille que la future femme de Joseph Halary. Etienne Paquet était aussi originaire de Chamborand, fils de Jacques Paquet et de Léonarde Dumont; après son mariage, il se fixa à Azat où naquirent les enfants du couple: Martial François 1841/1845, Jean en 1843, Etienne en 1850, Marie née en 1855, Baptiste né en 1860... Il est plus que probable que Léonarde Cadillon,
veuve de Jean Momet, résidait encore en 1854 dans la petite maison
qu'ils avaient achetée en 1810. Son mari, ses enfants, son gendre
étaient tous décédés. Elle était aux
bons soins de la famille de l'une de ses petites filles, Anne-1, épouse
d'Etienne Pâquet, dont la descendance occupera la maison d'Azat pendant
les décennies suivantes. |
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La famille Pâquet
a conservé la maison des grands parents, puisqu'on la retrouve dans
les recensements qui ne débutent, hélas, qu'en 1866 (1836 en
Seine et Marne):
à Azat, Etienne Paquet, 50 ans, cultivateur, chef de ménage et veuf (pas de traces du décès d'Anne) avec ses enfants Jean, maçon de 24 ans, célibataire; Marie, 11 ans, Baptiste 6 ans, plus une domestique de 35 ans, Marie Manégrier et son fils Joseph de six ans. Au recensement suivant, Jean est devenu chef de ménage, il a épousé Joséphine Pacaud originaire d'Arrènes; Baptiste et Marie habitent encore avec lui. En 1876, Marie est partie; en 1881, Baptiste n'est plus là. Des filles sont nées: Marie et Clémentine. Marie épousera un maçon, Louis Janisson; Clémentine épousera l'ancêtre de l'habitant actuel de la maison Momet, à Azat. On la découvre ici, un peu surélevée, agrandie, cimentée, au bord de la route... |
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Passez la souris sur la photo pour une
autre vue.
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Je prendrai bien soin de ne pas en révéler
plus, ayant pour principe de ne pas dépasser la limite légale
des cent ans. Cependant les traces de la famille qui réside dans la
maison d'Azat ne sont pas difficiles à découvrir, en parcourant
les recensements, les arbres en ligne de Généanet, les annuaires
commerciaux et les annonces funéraires du "Populaire du Centre"...
La maison achetée en 1810 est encore dans la famille d'un descendant de Jean Momet et d'Anne Cadillon, deux cents ans plus tard, bien qu'il n'en porte plus le nom. Quand je me suis rendu à Mourioux, puis Azat, voici une dizaine d'années, mes recherches n'étaient pas aussi avancées qu'aujourd'hui et je ne savais pas quel pouvait être le point de chute des Momet, ignorant d'ailleurs qu'ils avaient été propriétaires. Le nom de cette famille était inconnu des braves gens qui m'ont renseigné. J'ai donc raté la maison surplombant la route entre Mourioux et Marsac, un peu trop sensible à l'abandon d'un long bâtiment, situé au centre de la boucle que forme le hameau, et que les Azatois (ça se dit?) qualifient de "Maison mère"; pourquoi? toute information à ce sujet sera bienvenue... |
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Jean Momet a été pris comme exemple de
maçon creusois venu en Ile de France régulièrement
dans le même village; qui, chaque année, effectuait le
voyage du retour vers sa région natale. Même s'il avait
eu la tentation de migrer avec sa famille, il termina ses jours dans
le canton qu'il connaissait bien, tout proche des autres membres de
sa famille et de ses compagnons. Ses économies lui servirent
à acquérir une petite maison et des terres où il
se retira, l'âge venu. Quand ses forces ne lui permirent plus
de cultiver sa petite ferme, il en laissa le soin à ses descendants
qui, génération après génération,
continuèrent à limousiner et à cultiver. Les pages suivantes seront consacrées aux maçons limousins qui choisirent de ne plus rentrer au pays et qui se fixèrent à la Chapelle Rablais. |
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