Maçons limousins à la Chapelle
Rablais /16 |
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Passez
la souris sur les illustrations pour leur légende. |
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Sous Napoléon I°, les maçons
qui venaient limousiner à la Chapelle Rablais retournaient dans leurs
foyers à la mauvaise saison et terminaient leur vie près de
leurs proches, en Limousin. |
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Années de présence des maçons 1750/1882, agrandissement du graphique | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Le choix de ne plus retourner en Limousin modifia profondément l'existence des maçons creusois. S'installant en Brie, ils purent entretenir d'autres relations avec les autochtones. N'ayant plus comme seul but d'acheter des terres en Limousin, ils purent consacrer leur pécule à leur installation. Si aucun migrant de la génération précédente n'était "maître maçon", tous ceux qui se fixèrent à la Chapelle Rablais devinrent leurs propres maîtres et fondèrent, avec plus ou moins de bonheur, des entreprises de maçonnerie; l'une d'elles a perduré jusqu'à aujourd'hui. Les "maçons en gros mur", "maçons en terre" et autres "bousilleurs" appartiennent au passé; les maçons du milieu du XIX° siècle construiront de belles maisons qui sont encore visibles au village. |
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Quelques Limousins furent maîtres maçons pendant la première phase de migration, mais aucun ne résidait à la Chapelle Rablais. Michel Couty, qui vint travailler aux Montils pendant la Révolution, avait fait sa résidence à Rampillon; le paiement échelonné sur trois années des maisons commandées par les citoyens Hû et Bureau montre qu'il comptait bien y rester (ou y revenir) quelques années. Autre maître maçon: Léonard Bétoule. On peut suivre sa migration en comptant ses mariages: en janvier 1780, il était à Villiers Louis, dans l'Yonne, non loin de Sens où il épousa une fille de charron. Il n'était que maçon et résidait dans ce village depuis trois mois. En octobre 1791, "veuf en dernières nôpces de Marie Anne Creveau, de droit dans la paroisse de Nexon en bas Limousin, de fait dans celle de Savin", Léonard épousa une veuve, fille de vigneron de Chalautre la Reposte. Le terme "dernières nopces" signifie-t'il que Léonard fut plusieurs fois marié, et veuf, avant ces dernières épousailles, Barbe-Bleue du Limousin? En 1795, il se remaria, sans que son veuvage ne soit mentionné, à Villeneuve les Bordes. Il avait "sainquante ans", son épouse vingt six; elle avait eu un enfant hors mariage avant Léonard, en aura un autre après son décès. Léonard Bétoule était alors maître maçon à Villeneuve. |
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Je n'ai pas trop poussé les recherches
sur les corporations, les patentes et autres moyens d'accéder à
la maîtrise chez les maçons. |
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Le 14 juin 1767, procuration de plusieurs
maîtres maçons tailleurs de pierre à Montargis: Nicolas
Vouret, Thomas Pochon, François Vourette, Pierre Creuzot, Pierre
Gravier, Maurice Creuzot..." ils donnent pouvoir de pour eux et en
leurs noms faire homologuer en la cour de parlement de Paris en la forme
ordinaire et accoutumée les statuts et réglements concernant
le mettier de maître maçon tailleur de pierres pour ladite
ville faux-bourg et ban-lieu dudit Montargis..."
AD45 3 E 7909 |
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
En 1782, trente trois articles d'une lettre
patente encadrèrent les activités des maçons: "Article
premier: ...défendons à tous Compagnons, ou autres gens
sans qualité, de s'immiscer en la dite profession à peine
de confiscation de leurs outils, équipages et matériaux,
de tels dommages et intérêts qu'il appartiendra envers
la dite Communauté, et de cent livres d'amende envers nous..." Ces règles étaient valables pour Paris; qu'en était-il dans les petites villes de province? La demande d'homologation des maîtres de Montargis, ci-dessus, montre que les maçons de cette ville n'étaient pas encore régis par les "statuts et réglements" en cours à Paris. Dans les petits villages de campagne, comme la Chapelle Rablais, les règles étaient peut être plus souples, comme au XIII° siècle: "Il puet estre maçon ... qui veut, pour tant qu'il sache le mestier et qu'il oevre as us et aus coustumes du mestier." Cité dans Alfred Franklin Dictionnaire historique des arts, métiers et professions 1906 |
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Quatre Dubreuil laissèrent des traces non loin de la Chapelle
Rablais, et tous restèrent en Brie. François, le père,
bien malgré lui, il faut l'avouer, puisqu'il décéda
à Rozay en Brie, le 20 avril 1812 "en
la maison n°220, rue Saint Jacques, maçon en terre, demeurant
à Rozoy depuis dix neuf jours et en la commune du Grand Bourg
département de la Creuse, né à Fursac, département
de la Creuse". (A noter que la minuscule et fort étroite
rue Saint Jacques de Rozay ne comportait que cinq maisons d'un côté
et trois de l'autre; le n° 220 correspondait probablement à
la numérotation globale des maisons de Rozay.) De ses huit enfants,
deux décédèrent en bas âge. Ses trois filles
survivantes se marièrent en Creuse. Cadastre
& état civil, Rozay en Brie AD77 5 Mi 5632 |
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Jean-1, né en 1797, veuf de la Creusoise
Léonarde Gerbaud, époux de la Briarde Marie Catherine Fauconnier
et, résidant à la Chapelle Rablais, y était "maître
maçon" à son décès en 1835, à l'âge
de trente huit ans. Les Dubreuil qui restèrent à la Chapelle Rablais ne furent pas bien riches, à la limite quelquefois de l'indigence. Ils n'ont pas été adjudicataires de travaux communaux, est-ce tant mieux? la commune était très mauvaise payeuse, nous le verrons plus loin. Dans la table des successions et absences de Nangis, après le décès à l'âge de 35 ans de Jean-1, ses héritiers n'eurent que 258,05 F de numéraire à se partager, plus 149,42 F pour le mobilier, l'argent, les rentes et les créances et la petite maison qu'il possédait aux Montils: revenu des immeubles à la Chapelle Rablais: 27 F. Au décès de Léonard, ses héritiers se partagèrent 103 francs. La table de succession qui aurait permis de connaître le degré de fortune de Jean-2 Dubreuil, décédé à Chalmaison, canton de Bray sur Seine, n'est pas en ligne. Tables des successions et absences Nangis 247 Q 9/1 & Q 11 |
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
En 1841, Félicité Dubreuil, fille de Léonard, bénéficiait de la gratuité de l'enseignement, comme six autres enfants, preuve du peu de moyens de la famille; alors que les vingt cinq autres élèves payaient mensuellement 0,75 franc pour ceux qui apprenaient à lire, 1 franc pour ceux qui lisaient et écrivaient. Délibérations du Conseil municipal de la Chapelle Rablais, archives de la mairie Léonard et la veuve de Jean-1 figurent sur la "Liste des indigents désignés et qui pouvant par leur position être admis à ramasser le bois mort dans la forêt de la couronne" En 1854, y figure Léonard avec quatre enfants, ne payant que 4,57 F de contribution. En 1857, on trouve Léonard et la veuve de Jean, épouse Lepanot. Cette liste comporte, cette année-là, quatre vingt neuf noms pour les cent cinquante cinq ménages de la commune, plus de la moitié; il faut dire que la demande pour ramasser du bois mort en forêt de Villefermoy ne coûtait rien à la commune... par contre, ils ne figurent pas sur les listes plus restreintes pour des secours pendant l'hiver 1855/56 ou l'aide médicale en 1860/61. S'ils n'étaient pas riches, leur pauvreté n'était pas critique. |
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
A cette époque, peu de femmes déclarent
un métier suceptible d'apporter un peu d'argent au ménage.
Au recensement de 1836, pour une population de 506 habitants, cent quarante
six hommes sont actifs, pour seulement vingt six femmes, en comptant les
quinze petites domestiques et autres couturières célibataires
de moins de vingt ans. Mais le recensement ne fait pas état d'une
autre source de revenus...
|
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Marie Catherine Fauconnier, veuve de
Jean Dubreuil se remaria avec Denis François Lepanot, lui aussi
veuf. Elle ne fut pas nourrice, comme la mère de son époux,
Marie Elisabeth Félix: quatre Petits Paris décédés
entre 1799 et 1805; ou comme la première épouse du même
Denis François, Bonne Brigitte Filliot, chez qui un petit Alexis
Hyacinthe Martinet décéda en 1828.
|
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Marie Catherine avait déjà
quarante ans lorsqu'elle entra dans la famille Lepanot; Denis François
en avait quarante huit. Pour allaiter, il fallait qu'un bébé
soit né, et Marie Catherine avait atteint l'âge canonique.
C'est la fille de Jean Dubreuil et de Marie Catherine Fauconnier qui prit la relève. Appartenant à une famille reconstituée, entendons par là un veuf avec enfants épousant une veuve avec enfant, Marie Catherine Dubreuil junior (prénommée comme sa mère!) épousa le fils du nouvel époux de sa mère, Eugène Jules Gabriel Lepanot, qu'il avait eu avec Bonne Brigitte Fillot. Au mariage de leurs parents, Marie Catherine avait 7 ans, Eugène 9 ans. Ils ont été élevés ensemble, mais aucun lien de sang ne les unissait. Les règles d'union étaient fort strictes entre parents du même sang; depuis Latran IV en 1215, nul ne pouvait épouser une personne en deçà du cinquième degré de parenté. Elles étaient beaucoup plus souples entre membres d'un même foyer car ce type d'union n'était pas si rare, nous le verrons plus loin. |
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Tu ne découvriras point la nudité
de ta soeur, fille de ton père ou fille de ta mère, née
dans la maison ou née hors de la maison.
Lévitique XVIII, 9 |
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Du couple junior, Jules Gabriel Lepanot et Marie Catherine Dubreuil, vingt et dix huit ans à leur mariage en 1848, naquit le 31 mars 1852 une petite Lucile Julie. En même temps qu'elle allaitait sa fille, Marie Catherine nourrissait une petite Marie Adrienne Fillot qui décéda le 18 juin 1852 à l'âge de treize jours. Il est possible que cette petite Parisienne ait eu des liens familiaux avec la famille Lepanot, car le nom Fillot est proche de celui de la première épouse du beau père de Marie Catherine: Bonne Brigitte Filliot. Une petite différence dans l'orthographe des noms était plus que fréquente voici deux cents ans, les Lepanot le savaient bien, dont le nom a pu être retranscrit: Lepanneau, Le Panneau, Panneau, Paneau, Paniot, Panniot... c'est cette dernière graphie que choisira Henri Edouard, par jugement en 1900, alors qu'il avait été inscrit sous le nom de Lepanot à sa naissance en 1867. Etat civil la Chapelle Rablais, AD77 6E92/7 p. 121 et suivantes, & AD77 5 Mi 2832 p 166 Parmi les Lepanot, certains avaient d'ailleurs l'habitude
de mettre en nourrice leurs petits aux Montils, comme les bébés
d'Etienne Bonnet Lepanot, commis à Melun, et de Charlotte Brésillon:
Claire Marie Louise y décéda à l'âge de quatre
mois en 1848, en nourrice chez Eugène Delâtre; Marie Stéphanie
mourut en 1852, en nourrice chez Amable Tancelin. Faits divers : la famille Lepanot & les puits D'autres épouses ou filles de maçons creusois
ont peut être été nourrices de Petits Paris. Si
ces bébés ont eu la chance de ne pas mourir à la
campagne, ils ont pu passer inaperçus. |
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
A la roue de la fortune, Antoine Delisle semble avoir tiré un bon numéro: petit maçon migrant, il est devenu propriétaire, entrepreneur et notable à la Chapelle Rablais. Sa vie familiale n'a peut être pas été aussi rose.. Antoine Delisle s'est marié une première fois, à l'âge de vingt quatre ans à Aulon, Creuse, en 1833 avec Marie Dézert (à la naissance de Marie Dézert, les témoins étaient "Jean Dézert ... et autre Jean Dézert.", tradition limousine !). Parmi les témoins du mariage, trois maçons dont Louis Menu, et Silvain Goux. Trois ans plus tard, Marie Dezair (Dézert, Dezahire..) décède à Ceyroux, le 24 novembre 1836, son époux, "cultivateur" semble absent. Deux années passent et l'on retrouve Antoine Delisle à la Chapelle Rablais. Agé de presque trente ans, il épouse en 1838 Marie Julienne Dagoureau, veuve de quarante ans, fille du feu charron, marchande épicière de son état. Elle avait eu une petite fille qui mourut à l'âge de six ans et trois fils d'un précédent époux, Edmé Félix, fils de l'ancien maire. Le plus âgé, Louis Adrien, 12 ans au remariage de sa mère, commença jeune son apprentissage de charron, métier de son grand-père; au recensement de 1851, âgé de quinze ans, il ne résidait pas avec sa mère, ses frères et son beau père, mais à quelques maisons de là, chez Eugène Martin Lenoir, charron, où il retrouva une Dagoureau, domestique. Pour son apprentissage de maréchal ferrant, son oncle François Ferdinand Félix avait voyagé: en 1823 à Bolbec, près du Hâvre, puis en Seine et Marne l'année suivante, à Chevry sur Hyères (Chevry Cossigny) en 1826, pour se fixer à Coulommiers après avoir épousé une fille de Rozay en 1831; il y finira marchand de chiffons! Peut être le jeune Louis Adrien Félix est-il passé de maître en maître pour son apprentissage, comme son oncle; les passeports pour l'intérieur n'en gardent pas la trace; ils tombaient d'ailleurs en désuétude vers le milieu du XIX° siècle. |
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Les deux autres fils de feu Edmé
Félix seront élevés par Antoine Delisle et Marie
Julienne Dagoureau, on les retrouve en 1856, âgés de vingt
et vingt deux ans. Charles Hippolyte sera manouvrier puis cultivateur;
Auguste deviendra maçon; il est probable qu'il a été
formé par le maçon creusois, car son père, Edmé
Félix était garde-vente de son vivant, métier entre
garde forestier et contremaître pour un marchand de bois, aucun
rapport avec la maçonnerie.
Marie Julienne Dagoureau eut trois enfants avec Antoine Delisle; aucun n'atteignit l'âge d'un an. |
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
En épousant la fille de
l'ancien charron, marchande épicière et propriétaire,
Antoine Delisle accédait à un statut inespéré
pour un migrant. Marie Julienne apportait une aisance certaine, et une
place centrale au village: le café-épicerie.
C'est dans la salle du café qu'avaient lieu les adjudications comme celles de mai et juin 1840 où furent vendus aux enchères "une maison, dite la Grande Maison, couverte en tuiles, sise à la Chapelle Rablais, canton de Nangis..." et "un corps de bâtiments, moulin à vent et dépendances, situés aux Montils, commune de la Chapelle Rablais; de trois pièces de terre et bois situées sur le territoire de la Chapelle Rablais... en la demeure du sieur Delisle, cabaretier à la Chapelle Rablais et par le ministère de M° Garnot, notaire à Provins et en présence de M° Bony, notaire à Nangis." La Feuille de Provins 2 & 16 mai 1840 |
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
La "Grande Maison" existe
encore, c'était la demeure de Denis Toussaint Félix, maire
de la Chapelle Rablais jusqu'en 1832, grand-père des garçons
qu'éleva Antoine Delisle.
Son fils, Denis François Toussaint Félix, anciennement meunier aux Montils et demeurant à la Grande Paroisse avait des dettes auprès du sieur Mattelin et dut vendre moulin et Grande Maison... |
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Antoine Delisle est élu conseiller
municipal le 29 octobre 1848. Il sera nommé adjoint au maire, Louis
Pecquenard, le 19 novembre suivant. Il fut plusieurs fois délégué
cantonal avec Picard le 21 décembre 1848, le 1° septembre 1850,
le 24 août 1851; délégué pour les listes électorales
en janvier 1850; conseiller pour composer le conseil de recensement le 5 octobre
1851. Malgré une crise au sein de la municipalité au printemps
et à l'été 1852 (seuls deux conseillers sont présents,
les séances sont ajournées), il prête serment à
la République comme tout le Conseil municipal le 2 mai 1852. Réélu
le 24 octobre 1852, il signe avec tous les conseillers, sauf deux, une lettre
de félicitation à l'Empereur, alors que l'Empire ne sera proclamé
que le 2 décembre; et prête serment à l'Empire le 27 février
1853.
Délibérations du Conseil municipal, archives de la Mairie. |
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Antoine Delisle restait maçon, même s'il apparaissait en cabaretier sur les affiches, métier de son épouse, bien obligée, comme toutes les femmes, de s'effacer derrière son "chef de ménage". Les travaux qu'il effectua chez les particuliers
ne sont pas connus (sauf exception, voir plus loin). En 1859, il obtint
l'adjudication des travaux à l'église, déjà
nécessaires depuis près d'un demi-siècle: "Le
Conseil Municipal de ladite commune ayant reconnu l'urgente nécessité
de faire réparer le clocher de l'église de cette commune,
elle-même dans sa voûte et sa couverture et autres parties
d'icelle, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur,
comme aussi à la sacristie, après avoir fait un devis
estimatif des réparations à faire à ladite église
par un homme de l'art, lequel devis se monte à la somme de deux
cent quarante neuf francs." |
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Maquette du centre du village à l'époque où Antoine Delisle travaillait à la réfection de l'église, réalisée avec les élèves dans le cadre d'une classe patrimoine avec les Archives départementales de Seine et Marne, 1997. |
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Mais le paiement des travaux à l'église tardait, comme avait tardé la décision de les effectuer: la commune était très pauvre; elle avait à financer les travaux pour le presbytère, la maison d'école, l'alignement des chemins... et l'église qui tombait en ruine. Tout était bon pour trouver quelqu'argent. |
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
On vendit les vieux bois de l'église, la
terre des murs abattus, jusqu'à la vase de la mare: "le
Conseil municipal prie Monsieur le Préfet de vouloir bien autoriser
Monsieur le Maire à vendre la vase provenant du curage du Gué
de la Grande Cour..." 18 octobre 1881
AD77 4 OP 89/2 |
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
La municipalité ne devait pas être
la seule mauvaise payeuse. En 1861, est publiée une annonce légale
concernant la vente sur saisie d'un toute petite maison aux Montils à
la requête de Delisle: "comprenant un chauffoir,
avec grenier au-dessus... petit appentis carrelé, aussi couvert en
tuiles, au nord de la maison, servant de fournil, avec four et évier"
sur la parcelle 290 qui était vierge de toute construction sur le cadastre
de 1832. Une contruction nouvelle y est signalée dans les modifications
du cadastre en 1852, édifiée pour Thomas Charon, occupée
par Napoléon Eugène Fourquenay. Le maçon limousin Antoine
Delisle a dû la construire et ne pas réussir à se faire
payer par Louis "Thomas" Charon (Thomas étant le nom de famille
de son épouse), d'où poursuites et vente judiciaire. |
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Antoine Delisle, maçon creusois installé en Brie est resté fidèle à ses origines jusqu'à la fin de sa vie. En plus de ses relations en Brie où il fut apprécié, élu plusieurs fois, il continua à s'entourer de proches: les Menut, Goux, Jannet se retrouvent en Creuse, comme en Brie. Sa soeur Marguerite, 17 ans, était présente à la Chapelle Rablais en 1846, comme le montre le recensement, en même temps que les fils de Julienne Dagoureau: Charles et Auguste Félix, 12 ans et 10 ans. Marguerite épousera Charles Jannet, menuisier, le 10 janvier 1849 à Ceyroux, en Creuse; Jannet que l'on retrouvera à la Chapelle Rablais... Parmi les témoins, du premier mariage, on trouvait
un Menut, Louis; parmi ceux du second, encore un Menut, maçon en
gros murs, beau frère de l'époux. A son décès,
sont présents à la Chapelle Rablais son beau frère,
Charles Jannet, époux de sa soeur Marguerite et encore un Menut,
Pierre, neveu, fils de Catherine Delisle, soeur d'Antoine. La dernière décennie de son
existence semble avoir été moins paisible que les précédentes.
Même s'il attendit longtemps le paiement intégral des travaux
à l'église, il était loin d'être dans la
misère: à son décès, il laissait 900,90
F.+ 572,55 F. de biens meubles et 17.835 F. en mobilier, argent, rentes
et créances, un ou des immeubles situés à la Chapelle
Rablais pour un revenu de 14.480,50 francs. De loin, le Creusois le
plus fortuné ayant résidé à la Chapelle
Rablais. |
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Au recensement suivant, 1866, Antoine héberge
une veuve, Léonarde Goût (Goux) et son fils de 16 ans,
originaires d'Aulon, village de la Creuse où Antoine s'était
marié en premières noces en 1833; un concubinage est fort
probable. Goux n'est pas un nom inconnu car Silvain Goux, cultivateur
au village de la Peyre, le Grand Bourg, Creuse, était cousin
germain de la première épouse d'Antoine Delisle, Marie
Dezert, et témoin à son mariage. Le monde est petit ! |
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Le maçon creusois Pierre Lelong
n'apparaît qu'en 1837, il est alors qualifié de maître
maçon et choisi comme expert par l'ancien maire de la commune. A l'évidence,
il devait être présent depuis plusieurs années pour gagner
ainsi la confiance de Denis Toussaint Félix. Preuve, s'il en était
besoin, que nombre de Limousins passèrent entre les mailles du filet,
travailleurs migrants qui n'ont pas laissé de traces... |
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
" En 1823, l'instruction était donnée
aux enfants dans une maison particulière louée à cet
effet. Cette maison qui existe encore actuellement, mais qui a subi des
restaurations et des transformations assez importantes est située
derrière l'église; elle ne comprenait alors qu'une seule pièce
servant à la fois d'école, de cuisine, de salle à manger
et de chambre à coucher.
Carte: voir la localisation des trois petites écoles sur le plan
cadastral du village "Ce jourd'hui dix neuf janvier mil huit cent trente cinq huit heures du matin Nous Claude Désiré Testard, géomètre arpenteur demeurant à Nangis patenté pour l'année 1834 sous le n° 642 et Pierre Lelong maître maçon demeurant à la Chapelle Gauthier patenté sous le n° Experts choisis, le premier par monsieur le maire et conseillers municipaux de la commune de la Chapelle Rablais et le second par monsieur Félix père propriétaire demeurant aussi à la Chapelle Rablais et à l'effet de procéder à une visite, d'escription figurées et estimation d'un batiment et de deux petits jardins situés en la commune de la Chapelle Rablais, dont le plan est ci-après..." AD77 4 OP 89/1 |
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Projet abandonné de modification de la maison d'école en 1864 |
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Pierre Lelong avait déjà une longue carrière
de Limousin migrant saisonnier. En 1837, il était âgé
de cinquante deux ans, né en 1785, et avait en Creuse femme et enfants.
Originaire de Marsac, comme une quinzaine d'autres maçons en Brie,
il s'y était marié en 1807 avec Françoise Rouffinet
(au moins quatre maçons Rouffinet de Marsac sont venus travailler
en Brie) et y avait deux enfants qui, eux aussi, se marièrent à
Marsac. |
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
|
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Au décès de son épouse creusoise, le 12 juin 1842, Pierre Lelong était bien présent mais... ce n'était pas le bon, c'était son frère ! Né en 1793, propriétaire au village du Rhet, Marsac, époux de Marguerite Bateau, c'est le cadet qui était présent en Creuse au mois de juin, et non son frère aîné, probablement en Brie à cette époque, à la Chapelle Rablais ou dans une commune avoisinante. Les parents, François Lelong et Françoise Pachot, avaient donné le même prénom à deux enfants vivants, coutume assez répandue, comme nous l'avons déjà noté, tant pour les maçons limousins que pour les scieurs de long du Forez et du Velay à retrouver dans un autre chapitre. Quant à la soeur, prénommée Françoise, comme sa mère, elle épousa le frère de l'épouse de son frère : Louis Rouffinet, mariage croisé aussi fréquent... S'il était absent en juin 1842, pendant la saison de limousinage, il l'était aussi à la mi-avril 1841 quand son fils décéda, mais il était bien présent le 11 mars 1829, pour le mariage de sa fille. Les présences et les absences de Pierre Lelong étaient conformes au calendrier des maçons migrants. La naissance -la conception- de ses enfants le confirme: Pierre est né fin novembre, Anne début décembre... |
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Quand Françoise Rouffinet décéda
en 1842, Pierre Lelong abandonna la Creuse pour se fixer en Brie où
il épousa à Fontenailles en 1845 Marie Jeanne Delahaye,
déjà deux fois veuve: de Joseph "Hyarouge",
Allemand, de parents inconnus, probablement ancien prisonnier de guerre,
manouvrier à la Charmée, décédé à
Fontenailles le 5 janvier 1830 5 Mi 5489 p 5 puis de Pierre Saunois
(° Fontenailles 1780/1843), vigneron à la Charmée
à son décès; marneur à la Chapelle Rablais
à son mariage le 7 janvier 1833. Lui même était
veuf d'Anne Julienne Auxerre décédée à la
Chapelle Rablais le 20 août 1832, pendant l'épidémie
de choléra. Marie Jeanne Delahaye décéda en 1850, âgée de soixante et onze ans; Pierre Lelong, dix ans plus tard, à l'âge de soixante quinze ans. Il ne semble pas avoir laissé de descendance en Brie. Son fils Pierre était décédé en 1841; sa fille Anne avait épousé à Marsac, en 1829, Léonard Duditlieu, cultivateur et maçon migrant; le couple n'eut que des filles; l'une épousa un Coudert (9 maçons Coudert en Brie); l'autre un Roudier (Léonard et Lébon le Roudier migrèrent en Ile de France). A chercher donc dans ces familles, ou en fouillant la généalogie d'autres Lelong, maçons migrants en Brie... Gabriel Lelong, fils de Gabriel, mort à Nangis en 1814, lui même fils de Léonard, originaire de Laurière et mort à Rampillon en 1807, ledit Gabriel Lelong épousa à la croix en Brie, le 23 janvier 1834, une Dudilieu fille de Louis, né en Brie. Dans l'ascendance de l'épouse figure un Liénard Duditlieu, prénom révélateur d'une origine limousine... Un autre Lelong, François, maçon, a demandé un passeport pour l'intérieur au Châtelet en Brie, le 2 novembre 1837 pour se rendre à St Etienne de Fursac, commune limitrophe de Marsac. Il est fort probable qu'il était en famille avec Pierre, par un autre Pierre Lelong, 67 ans en 1807, cultivateur "au village de Dansanne, commune de Bas Feursac", oncle de notre Pierre Lelong. François, fils de Silvain était le petit fils de ce nouveau Pierre Lelong. Sans certitude car la mention dans le registre du Châtelet est fort brève : "n°204 Lelong François, maçon, domicile St Etienne de Fursac, destination St Etienne de Fursac, le 2 9 bre 1837." Archives de la Mairie, le Châtelet en Brie
|
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Antoine Delisle n'eut pas d'autres descendants
à la Chapelle Rablais que les fils de son épouse; les Dubreuil
cessèrent leur activité de maçons; y a-t'il des descendants
Lelong en Brie?
A la page suivante, nous découvrirons le parcours de Jean et Pierre Boucher, Creusois, à l'origine d'une lignée d'entrepreneurs à la Chapelle Rablais. |
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
|
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||