Maçons limousins |
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Passez
la souris sur les illustrations pour leur légende. |
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Le maçon limousin vivait deux vies dans la même
année. Pendant la mauvaise saison, il était mari, père,
soutien de famille et cultivateur en Creuse. Pendant la belle saison, on
le retrouvait, après un long voyage à pieds, maçon,
célibataire, vivant dans un monde d'hommes, loin de chez lui. L'hiver
approchant le ramenait chez lui, sauf exception. |
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On découvre des petits bouts de vie épars en Brie, d'autres en Limousin; il ne reste plus qu'à rapprocher les pièces en espérant qu'il s'agit du même puzzle. Et là; quelques problèmes surgissent; tout d'abord à cause du nom de famille.
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A quelques exceptions près, la
graphie d'un nom n'était que la retranscription de ce qu'entendait
le curé ou l'agent communal, en Limousin comme en Brie. Au milieu
du XVIII° siècle, le curé de la Chapelle Rablais a préfèré
l'orthographe compliquée de "Baulny" à Boni ou
Bony, car le prêtre était en famille avec un Ogier de Baulny;
ses successeurs reviendront à une orthographe plus simple. A la
Chapelle Arablay (quelquefois Arabloy), le nom de Denis Félix pouvait
aussi être retranscrit Fély. Ce n'était pourtant pas
un inconnu, depuis longtemps au village, il avait été maire,
comme son fils le sera plus tard.
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Que dire des véritables -et très rares- étrangers: François Romaska, né en Bohême et prisonnier de guerre sous la Révolution, devint batteur en grange, journalier allant de ferme en ferme pour battre les gerbes (blé, orge, avoine, fèves, pois..) A n'en pas douter, François Romaska devait avoir un accent à couper au couteau, dû à ses origines: son nom a été retranscrit: Romaska et Roberca dans le même document, Romatka, Romarka, Gromoska (son fils Jean); Hromalk dans d'autres, ce qui était peut être son nom d'origine. Romaska, le nom de sa descendance semble avoir été une création de l'officier municipal de la Chapelle Rablais. Dans le premier jet de son acte de mariage, registre conservé en mairie à la Chapelle Rablais, son nom a été retranscrit Hromalk avant d'être raturé et corrigé Romatka, son lieu d'origine étant "la Boesme". |
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La famille Romaska a fait souche dans la région, à la Chapelle Rablais et Saint Ouen en Brie où la municipalité vient d'acquérir la "maison Romaska"
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Les noms des Creusois n'échappèrent
pas à ces variantes orthographiques, si communes à cette époque.
Il n'était pas rare que le patronyme soit modifié par un article:
Roudier, le Roudier, Menu, le Menu, Boucher, Duboucher... Le nom de l'épouse
était souvent féminisé: Marguerite Curette, décédée
en 1817 était une fille Curé; Léonarde Momette était
femme Momet... |
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Variantes dans les noms des Limousins en
Brie:
Auberger, Aubergier - Auconte Aucomte, Aucompte - Betoule, Betoult, Betoune, Betonne, Betton, Betolle - Boucher, Bouché, Bouchet - Charmeau, Charmot, Charmaud - Chassagniaud, Chassagiau, Chassagnaud - Cheyron, Cheron, Cheyroux, du Chéron - Devoret, Devauret, Devaureix - Duboucher, Dubouché - Dubreuil, Dubreuille - Gendarme, Jeandarme - Geoffre, Jofffre - Lahoue, Lavoust, la Houe, Lahoust - Le Lionnet, Le Lionnais, Lionnois, Delaunay, Delionnet, Deleonet - Le Roudier, Rodier, le Rodier - Longeau, Longeaud, Lonjaux - Menut, Menu, le Menu - Momet, Maumet, Mammet, Maumé - Nadaud, Nadeau, Nadeaud - Pety, Petit - Picaud, Picot - Pradeau, Pradaud, Pradode, Pradaude, Depradeix, de Pradeix Dépradé - Rouchaud, la Roche - Roucheteau, Rochette, Rouchette - Rouffinet, Rofinet... |
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D'un passeport à l'autre, il est rare que le nom varie pour l'excellente raison que les agents municipaux se contentaient souvent de recopier mot à mot le formulaire périmé. Mais ces actes écrits n'étaient pas toujours fiables: Barthélémy sera longtemps nommé "Maumet" alors que son frère Jean gardera la graphie "Momet" ou "Momèt"; la différence dans l'orthographe durera jusqu'au 22 novembre 1819, quand le maire de la Chapelle Rablais, devant délivrer à chacun un nouveau passeport, décida d'écrire le nom des deux frères de la même manière. |
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L'un comme l'autre aurait bien été
incapable de rectifier la graphie de leur nom, ne sachant écrire,
comme la plupart des cinquante sept maçons découverts à
Chapelle Rablais et communes limitrophes. Pour quarante six mentions de
signature, on note trente neuf "ne sait signer",
seuls sept ont su tracer leur signature soit environ 15 % , moitié
moins que les Limousins de Paris.
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Je ne dispose pas d'assez d'actes
où les femmes aurait été invitées à
signer, pour tenter une généralisation à propos du
degré d'instruction des épouses.
Sur un acte de 1837 où les deux époux Momet font donation de tous leurs biens à leur fille Antoinette, une mention autorise Léonarde Cadillon à "expressément l'effet et pour la validité des présentes". A noter que cette mention a été ajoutée en marge, il semblerait bien que l'avis de Léonarde avait été oublié, pourtant, comme son mari, elle se dépouillait de tous ses -maigres- biens. Minutes du notaire Boutelas, Bénévent AD 23 6 E 4527 |
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"Pourtant, en Creuse, les migrants
sont plus instruits que les sédentaires: en 1848: agriculteurs, cultivateurs,
laboureurs: 62% d'illettrés; colons: 96%; journaliers: 75%; domestiques:
85%; migrants 55%... Pourquoi ce contraste ? La nécessité de
l'instruction est plus vivement ressentie par les populations qui pratiquent
l'émigration temporaire et cela, non seulement parce que le savoir
lire et écrire facilite l'intégration au milieu urbain ainsi
qu'une éventuelle ascension au sein de la profession, mais parce qu'il
permet des contacts épistolaires directs avec les membres de la famille
demeurés au pays. De Paris ou de Lyon, le maçon qui sait lire
et écrire est tenu au courant des incidents survenus dans sa propriété,
il peut continuer d'assurer la direction économique du domaine, de
régler la répartition des cultures il fixe la date de vente
et le prix des animaux. Pour ces mêmes raisons, en pays d'émigration,
on attache davantage de prix à l'instruction des filles. Tout cela
fait que, si les écoles rurales ne sont pas plus fréquentées,
elles se révèlent ici plus efficaces, d'autre part, au cours
de leur séjour hivernal au pays, un certain nombre de migrants suivent
les cours du soir dispensés par les instituteurs, soit pour parfaire
leurs connaissances, en particulier en matière de calcul, soit plus
souvent pour s'initier au toisé et au dessin linéaire. Les maçons
s'efforcent même d'acquérir à la ville les connaissances
qui leur font défaut en fréquentant là aussi des cours
du soir."
Alain Corbin: Archaïsme et modernité en Limousin au XIXe siècle 1975 |
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Ceux qui ont signé:
Louis Cheron (Cheyron), du Grand Bourg, à la Chapelle Rablais en 1792 signait avec aisance. Michel Couty, résidait à Rampillon, originaire de Laurière, a passé un contrat notarié pour bâtir deux maisons aux Montils, arrive difficilement à aligner les lettres bâton de Couti Ci-dessus: les deux frères Dubreuil, tous deux prénommés Jean, originaires de Bénévent, étaient incapables de signer leur passeport; cependant, à l'occasion du mariage de leur autre frère Léonard en 1828, l'un d'eux se lança à aligner péniblement les lettres de son nom, en oubliant le U : Dubreille En 1838, l'un des quatre frères Menut ayant participé aux travaux de la petite école de la Chapelle Rablais, originaire de Ceyroux, signa correctement lors du mariage du maçon limousin Delisle. En 1844, Pierre Longeaud, de Mourioux, se maria à Héricy, en déclarant demeurer à la Chapelle Rablais, probablement chez Jean Boucher. Il signait avec aisance. En 1849, Pierre Picot, originaire de Ceyroux, signait aussi son passeport avec aisance. Un menuisier de Ceyroux, Jean Baptiste Jannet, semble maîtriser l'écriture, il faut dire que l'on est en 1866. |
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Justifier de son identité par un document écrit
n'était pas chose courante. Pour un acte de naissance ou de décès,
on se contentait de présenter l'enfant au curé, au maire,
deux témoins et le nouveau-né avait une identité; le
curé, le maire constatait le décès, deux témoins,
l'acte de décès était bouclé. A noter que, pour
les étrangers au village, les témoins des inhumations pouvaient
être plus nombreux, chaque compagnon souhaitant noter sa présence;
c'est ainsi que se révélèrent des maçons qui
seraient restés incognito. |
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Par contre, des actes authentiques étaient réclamés pour le mariage, surtout pour des étrangers au village, afin d'éviter usurpation d'identité, consanguinité ou bigamie. Car il pouvait se faire que des Limousins ne donnent plus de nouvelles et recommencent une nouvelle vie loin de leurs montagnes. Je n'ai pas trouvé d'exemple de famille creusoise abandonnée dans les archives que j'ai étudiées, seulement deux "absences": L'acte de décès pouvait
tarder à arriver: sa famille était elle informée de la
mort de Julien Jardinaux, le 24 février 1829 qui ne fut retranscrite
que trois ans plus tard, le 22 juin 1832 sur l'état civil de Bussières.
A noter que le lieu de décès "Parvis Notre Dame n°4"
cachait pudiquement l'adresse de l'ancien Hôtel Dieu de Paris; l'hôpital
faisait toujours peur...
Un maçon pouvait être donné pour mort, sans preuve: en 1821, le père de François Pety avait disparu depuis vingt ans, "décédé à Paris d'après l'attestation des quatre témoins ci après relatés et depuis vingt ans, ils n'ont pas de nouvelles... sans savoir le cartier" AD23 Etat civil de Mourioux 4 E 161/7 |
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Sans parler des contrats de mariage, très
fréquents même dans les ménages les plus modestes,
nombre de pièces authentiques pouvaient être demandées
à l'occasion d'un mariage: "... le Sieur Pierre Longeau,
maçon, âgé de vingt cinq ans, demeurant à
La Chapelle Rablais, département de Seine et Marne, né
à Mourioux, département de la Creuse le vingt quatre mai
mil huit cent dix huit, comme il est constaté par l'acte de naissance
délivré au greffe du tribunal civil de Bourganeuf, (Creuse),
par Monsieur Poissonnier commis greffier le vingt trois janvier dernier,
majeur, fils de Jean Longeau, aussi décédé à
Mourioux, le vingt neuf décembre, mil huit cent trente trois,
comme il résulte de son acte de décès, délivré
audit greffe de Bourganeuf, et de Catherine Peyron, décédée
audit Mourioux département de la Creuse, le premier avril mil
huit cent trente trois, comme il est constaté par son acte de
décès délivré au greffe du tribunal civil
de Bourganeuf, ses père et mère, d'une part... "
La mère, souvent restée en Creuse,
pouvait donner son consentement par acte notarié, ou être représentée:
"... fils de défunt François Dubreuil et de Catherine
Delage, sa femme actuellement sa veuve en présence et du consentement
de François Xavier Bourdenet garde demeurant à Nangis au nom
et comme fondé de la procuration de ladite veuve Dubreuil.. "
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C'est à l'occasion de son mariage
qu'un maçon retrouva son identité: Léonard,
veuf de Jeanne Delaunay, est nommé "La
Roche" en 1810, à la naissance
hors mariage de son fils Pierre Louis Mathieu avec Elisabeth Saunois à
Fontenailles, village proche de la Chapelle Rablais. Le voici "Rouchaud"
en 1811, veuf de Marie Deleonet, lorsqu'il se marie avec la même Elisabeth
Saunois, à l'âge de 27 ans. Il est plus que probable que son
véritable nom lui fut rendu quand il officialisa sa liaison et qu'il
dut présenter des papiers authentiques: acte de naissance, acte notarié
de consentement des parents résidant à Jabreilles, canton de
Laurière. Auparavant, il portait le même patronyme que son oncle
Jean Laroche, 53 ans, maçon à Bailly Carrois. On peut supposer
que le jeune Léonard fut le "poulain"
de son oncle, connu sous le même nom,
inscrit, par économie, sur le passeport de son parent où pouvaient
figurer d'autres membres de la même famille: femme, enfants... |
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On aura remarqué qu'alors que son époux changeait de nom, son épouse décédée changeait de prénom: de Jeanne Delaunay, la voici baptisée Marie Deleonet. Car les prénoms sont source de confusion, en Limousin, plus encore que dans d'autres contrées, nous le verrons plus loin. |
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A chaque contrée, ses prénoms
favoris. Autour de la Chapelle Rablais, on trouvera quelques Fiacre, Lié,
Bon (vocable de l'église) et aussi des Edmé, nom fort coté
dans la région provinoise où ce saint, ancien archevêque
de Cantorbéry termina son existence au XIII° siècle.
Une chapelle, des vitraux lui rendent hommage dans l'église Saint
Quiriace de Provins; le musée en conserve la chasuble. Le registre
paroissial 1752/1762 de la Chapelle Rablais révèle dix neuf
Edmé, soit envrion 8% des prénoms masculins. J'ai cherché
pendant quelque temps l'acte de naissance d'Edmé Tissot, scieur
de long venu de l'Hôpital le Grand, qui s'installa à la Chapelle
Rablais. Point d'Edmé en Forez, mais un Aymé Tissot, né
en 1763. Il avait été rebaptisé à la sauce
briarde!
Pendant quelque temps, on trouva des "Fare" à la Chapelle Rablais, effet de mode qui cessa quand le curé Etienne Fare Charles Huvier quitta la paroisse; il portait une dévotion particulière à l'abbesse de Faremoutiers: "J'étois pour lors à Faremoutiers et ai assisté à la procession de Sainte Fare, ma bonne patronne." 1759, registre paroissial original, la Chapelle Rablais. |
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En Creuse, quelques prénoms singuliers:
Pardoux, Dizier, Yrieix, Léobon (totalement inconnu, donc mal
retranscrit en Brie: Lié-Bon ou Lubin), Martial, Silvain, mais
surtout Léonard. "Pour les
filles, c'est plus classique, avec toujours Marie et Anne qui dominent,
même s'il y a quelques Sylvaine en Creuse, des Valérie
en Haute-Vienne, et des Léonarde un peu partout. |
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Le prénom peut fluctuer suivant
les actes, de la simple confusion, comme le fils pris pour le père
(Pierre Bouché recensé en 1841 sous le nom de Jean, comme
son père); de l'épouse du cadet prise pour celle de l'aîné
(Marguerite Cadillon, épouse de Barthélémy, renommée
à son décès en 1836 Léonarde comme la femme
de Jean Momet) jusqu'à un embrouillamini: cette même Léonarde
Cadillon, épouse Momet, est prénommée correctement
à son mariage en 1803, la voici Catherine en 1837, puis Anne à
son décès en 1854. Le contexte permet cependant d'affirmer
qu'il s'agit à chaque fois d'un avatar de Léonarde. On peut
se demander si son prénom de baptême était couramment
utilisé quand on parlait d'elle; l'appelait-on "la
Momette" ou autre surnom?
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En Brie, il n'est pas rare qu'un même
prénom soit donné à plusieurs enfants, mais uniquement
quand le premier est décédé: deux fils d'Edmé
Baujouan furent aussi nommés Edmé, l'un n'ayant vécu
que cinq mois en 1753, l'autre lui ayant succédé en 1754. |
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Petite anecdote transmise par Catherine
Lamonthézie, qui a révélé des milliers de travailleurs
saisonniers sur le site "Migrants limousins" : |
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Qu'on me permette un petit paragraphe personnel:
je fréquente depuis quelques années une communauté
paysanne et montagnarde qui a donné de nombreux maçons migrants.
Il ne s'agit pas des Limousins au XIX° siècle, mais des Italiens
du XX°, ceux décrits par Cavanna dans "les Ritals";
son père était originaire de la même vallée
que ces Piacentins que l'on retrouve en grand nombre à Nogent sur
Marne. Sans être le calque parfait de la migration des Limousins,
celle des Italiens présente bien des ressemblances: les hommes
des mêmes villages iront faire le même métier dans
la même ville de France, et ceux des vallées voisines n'auront
pas la même spécialité, ni la même destination.
Différence de taille: la distance (1.000 kilomètres) ne
permettait pas le retour annuel dans les foyers.
Revenons au sujet des noms et prénoms: au village d'origine, il est bien rare que l'on appelle quelqu'un par son nom, au point que lorsqu'un Mauricio est mort, certains se sont demandé qui c'était celui-là: il était connu de tous sous le prénom de Carlo... Les noms de famille et les prénoms sont souvent identiques. On ne compte plus les Francesco, Antonio, Angelina... Cavanna, Morisi, Bruzzi... alors, chacun a son surnom: Touniet d'Arfeu parce que la maison familiale avait pris feu dans les années 20; Chiquino d'Angol', sa maison fait le coin, Maria dè Prè, Miquetto d'Arbaz, sans oublier Anjuline... |
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L'un de ces montagnards, qui
après avoir fait mille petits métiers: chauffeur de concasseuse
à vapeur, colporteur en fleurs et graines dans la vallée
du Pô, chauffeur de "mondine", les repiqueuses de riz
à Vercelli... a fini par migrer en France.
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Pour éviter les confusions dues
aux noms et prénoms semblables, les Limousins ont aussi utilisé
des surnoms. Ceux-ci sont rarement mentionné dans les papiers officiels,
cependant, j'en ai relevé une vingtaine, surtout dans les actes
des paroisses d'origine où la profusion de Limousins portant le
même nom et le même prénom pouvait donner lieu à
des confusions : Claude Bellezane dit Bagniolet; Claude Belzanne dit Poudrier;
Léonard Bellesanne dit Baron; Léonard Bellezane dit Marquis;
Jean Coulaud dit Passetemps; François Courty dit le Large; Jean
Deleonnet fils dit le Procureur dit Bajaud; Jean Deléonnet dit
le Jeune et Jean l'Aîné; Léonard Deleonet dit le Procureur;
Léonard Deleonet dit Lignat; Mathurin Fondaneyche dit Poirier;
Marien Laudy dit le Merle; François Lejeune dit Lafleur; Pierre
Noir dit Charpentier; Léonard Patheyron dit Annet; Théodore
Petit dit Lafond; Jean Ragot dit Cabinet; Pierre Redon dit le soldat;
Léonard Rouchaud dit la Roche; Simon Roufinet dit Balot; Léonard
Texier dit Rivet; Léonard Vincent dit Rigaud...
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Aux noms et prénoms fluctuants, s'ajoute
la concentration des mêmes familles dans les mêmes villages;
je souhaite bon courage aux généalogistes creusois pour
reconnaître parmi la profusion d'appellations semblables, celle
qui correspond à leur ancêtre. |
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La palme de l'embrouillamini de noms
revient sans conteste à Léonard Bétoule et ce, sur
trois générations au moins. Ce nom est très fréquent
en Limousin, tant pour les lieux que pour les personnes, ayant un rapport
avec le bouleau (betulla), un hameau de Mourioux est nommé "la
Bétouillère".
Suivant les actes, on trouvera Betoule, Betoult, Bétolle, rien d'inhabituel. Mais il dérivera en Bétoune, puis Bettonne par les fautes successives d'un clerc un peu sourd, ayant confondu Bétoule et Bétoune, puis d'un autre un peu myope n'ayant pas distingué le U du N, dont les graphies étaient alors très proches: Bétoune était devenu Bétonne. En 1822, sa fille sera même nommée Betton. |
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Auparavant, sa mère avait reçu le nom fort singulier de Teyphe que l'on trouve dès 1745, à la naissance de Léonard: "Le deuxième may mille sept cent quarante cinq a été baptisé Léonard, fils de Jean Betoule et de Pétronille Teyphe, né le jour précédant au village Sazerat" AD 87 Registre paroissial de Nexon On retrouve une orthographe proche en 1780, quand Léonard Betoult se marie dans l'Yonne: "Tlyphe" corrigé en "Teyphe". Registre paroissial de Villiers-Louis AD89 5 Mi 1072/2 Sa parenté n'est pas signalée pour son second mariage à Chalautre la Reposte, "de droit dans la paroisse de Nexon en bas Limousin, de fait dans celle de Savins" Etat civil de Chalautre la Reposte, AD77 5 Mi 6076 Pour un troisième mariage, l'officier municipal ne déchiffre pas correctement l'écrit qui lui est présenté, portant sur le décès de "Jean Betoune, masson et de Pétronille Ceyplse, tous deux décédés dans le département de la Vienne (en fait, Haute Vienne)" Etat civil de Villeneuve les Bordes, AD77 5 Mi 1429 A n'en pas douter, la graphie Teyphe est due
à un curé hellénisant qui a agrémenté
d'un PH et d'Y évidemment grec, un nom qui devait être
plus commun. Reste à trouver quel pouvait être ce nom sur
d'autres actes concernant Léonard Bétoule et son épouse
Pétronille. Feuilletons donc le registre paroissial de Nexon
à la recherche du prénom Pétronille, qui ne semble
pas si courant (encore moins après la chanson de Dranem "Pétronille,
tu sens la menthe"!) Funeste erreur: dans cette région,
les Pétronille fourmillent: un petit sondage express sur Généanet
révèle 32.753 occurences en Haute Vienne contre 1.587
dans la Creuse. Mille cinquante Pétronille pour le seul bourg
de Nexon (il est vrai que la même doit figurer sur plusieurs arbres).
Ce n'est pas tout, à la troisième génération, la fille de Léonard, "Marguerite Betton" accoucha en 1822 à la ferme de Putemuse, commune de la Chapelle Rablais, d'une petite Anne Marguerite, hors mariage (à noter que, pour une fois, une femme est mentionnée comme témoin d'un acte d'état civil, car c'est l'épouse du fermier, chez qui Marguerite était journalière, qui déclara la naissance et non son époux, y avait-il anguille sous roche?) La mère de l'accouchée y est nommée Pencrace par un agent communal qui n'avait pas compris que Juilien ou Julien était le nom de famille et Pancrace le prénom du père. AD77 la Chapelle Rablais 5 Mi 2830 |
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La recherche de correspondance entre le nom
inscrit sur les registres d'Ile de France et celui porté dans
les paroisses d'origine est souvent un parcours semé d'embûches.
Prenons l'exemple de la famille Mademy. Plusieurs maçons Mademy
se fixèrent à Mareuil, commune qui a fusionné avec
Aÿ, en Champagne, au début du XVIII° siècle où
leur descendance poursuivit l'activité de maçonnerie,
hébergeant aussi des Creusois dans le "cabaret", tenu
par Jean Louis Mademy dès 1827, année où décèda
Pierre Duligat, "demeurant à
la Cour, Jabreilles, ouvrier travaillant et logeant chez Jean Louis
Mademy, maçon et aubergiste à Mareuil." |
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Michel Pagot a laissé des traces
à Bord, commune de Ceyroux: son mariage en 1804 où son épouse,
Catherine Gavinet, était née en 1788, naissances et décès
de ses enfants, adresse à Bord sur ses passeports... jusqu'à
la naissance de sa petite fille Marie Célestine "est
comparu Michel Pagot, âgé de cinquante sept ans, cultivateur
demeurant au village de Bord, commune de Ceyroux", signée
par le maire Delage AD23 Etat civil Ceyroux 4 E 48/11.
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J'espère ne pas m'être
(trop souvent) trompé en attribuant à des inconnus les petis
bouts de vie des maçons creusois retrouvés en Brie, entre les
confusions de noms, de prénoms, de villages... L'ensemble des actes
figure à la très longue page "Traces des maçons
limousins". Si vous relevez des erreurs, n'hésitez à me
proposer de les corriger.
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