Les scieurs de long / 18
Deuxième génération & fin des scieurs

Le graphique de fréquentation par décennies présente l'aspect d'une presque parfaite courbe de Gauss, s'élevant graduellement jusqu'à culminer vers le milieu du XIX° siècle pour décliner ensuite avec un fléchissement de la courbe au moment des guerres napoléoniennes où tant d'hommes jeunes et robustes furent enrôlés, décédèrent ou revinrent infirmes. On pourrait en déduire que les scieurs arrivèrent peu à peu en Brie jusqu'à cette période puis que leur nombre diminua à l'orée du XX° siècle.

Mais il ne faut pas s'y fier. Ce graphique est forcément faux. Tout d'abord parce que je n'ai pas dépouillé les archives de tous les villages proches du massif forestier de Villefermoy, ensuite, même si je l'avais fait, je n'aurais pas pu trouver tous les scieurs présents en Brie, certains n'ayant laissé aucune trace.

La fin du chapitre sur les scieurs approche; il est temps de mettre en branle un "soyeux d'estaminet" qui devrait achever ses oscillations quand le point final sera apposé. Alors se termineront les pages consacrées aux migrants de travail en Brie 1750/ 1850, adieu aux colporteurs, marchands de bagues de St Hubert, cordonniers de Lorraine, moissonneurs de l'Yonne, débardeurs de bois de la Thiérache et du Hainaut, maçons de la Creuse, et scieurs de long du Forez et du Velay avec leurs compagnons terrassiers. Place à d'autres recherches sur les curés à la Chapelle Rablais dans la dernière moitié du XVIII° siècle; aux Petits Paris, mis en nourrice à la campagne, migrants malgré eux....
"Le "Soyeux" était un objet posé à proximité du comptoir d'un estaminet. Métallique et très coloré il représentait un personnage tenant une scie au bout de laquelle on a fixé un poids. Ce personnage reposait par deux pointes sur une surface plane, ce qui lui permettait d'osciller pendant un laps de temps qui correspondait à peu près au temps qu'avait le dernier client pour finir son verre et quitter l'estaminet."
Estaminet "Au Soyeux" Ché quo in soyeux ?

L'histoire des scieurs de long en Brie ne s'arrêta pas au mariage des migrants, car ceux-ci ne changèrent pas de métier, pas plus que leurs fils et quelquefois les générations suivantes. Du moins dans un premier temps...

Le graphique ci-dessous indique la répartition décennale des scieurs de long, depuis le milieu du XVIII° siècle jusqu'au début du XX°. En orange, les présence attestées par des actes, en beige, les présence probables. En passant la souris sur le tableau, on fera appraître en bleu les mariages des migrants de la première génération. On pourra constater un pic d'unions dans les premières décennies du XIX° siècle. Puis viendra le temps des scieurs de seconde génération, jusqu'à un lent déclin à partir des années 1870/80...

Si les scieurs de long de la première génération n'avaient pas pris épouse au même âge que les locaux, il n'en fut pas de même pour leurs enfants qui, dès la génération suivante, semblèrent suivre le même rythme que les paysans. Des écarts de 10 à 15 ans étaient fréquents, entre les mariages des pères et des fils, qu'on en juge par ces quelques exemples :

Les signes conventionnels en généalogie désignent ° la naissance x le mariage

Jacques Bessel père ° Chassignolles 1739 x Voulx 1776 : 37 ans
Jacques Claude Bessel fils ° Voulx 1782 x Villeneuve la Guyard 1803 : 21 ans

Pierre Bénéton, père ° Boisset St Priest 1715 x Nangis 1756 : 41 ans
Edmé Jean Baptiste Bénéton, fils ° Nangis 1806 x Nangis 1828 : 26 ans.
Le fils fut baptisé d'un prénom local, il ne se trouve aucun Edmé en Forez à cette époque, alors que le culte de ce saint fut vivace dans la région de Provins; une chapelle et un vitrail lui sont dédiés à St Quiriace.

Benoît Fétilleux père ° Périgneux 1817 x Coutençon 1849 : 32 ans
Placide Léon Fétilleux fils ° Coutençon 1851 x Villeneuve la Guyard 1873 : 22 ans

Etienne Nicolas père ° Champclause 1760 x Chapelle Gauthier 1794 : 34 ans
Etienne Louis Nicolas fils ° Chapelle Gauthier 1795 x Chapelle Gauthier 1819 : 24 ans

On aurait pu penser les enfants de la deuxième génération un peu plus aventureux, comme leurs pères qui durent perdre toutes leurs habitudes pour se créer une nouvelle vie. Mais il semblerait que les fils de scieurs n'aient pas essayé de pousser plus loin. Quand les pères étaient scieurs de long, les fils le devinrent aussi; s'ils étaient fils de terrassiers, ils continuèrent le métier. Comme les pères évoluèrent rarement vers une autre profession, les fils n'en eurent pas non plus la tentation, à moins d'y avoir été obligés.
Bien sûr quelques uns eurent l'opportunité de changer de métier, à la condition de ne pas empiéter sur l'ouvrage des autochtones, le plus souvent manouvriers, prêts à assumer de nombreuses tâches non spécialisées. Les scieurs étaient bienvenus, certainement moins ceux qui auraient pris le travail des locaux.

"... Le mariage suffit-il pour les intégrer, subsiste-t-il des traces permettant d'identifier leurs origines, voire même de justifier des réticences? ... Trois générations -espace habituel de la mémoire immédiate- sont probablement nécessaires pour que l'intégration complète, voire l'assimilation, fasse oublier plus ou moins les origines des descendants. Bien entendu, en milieu urbain où l'anonymat et le brassage sont monnaie courante, le problème se pose différemment." Annie Moulin: Les Maçons de la Creuse: les origines du mouvement Publications de l'Institut d'Etudes du Massif Central fascicule IV

En l'absence de documents, il est impossible de préciser avec finesse quand les descendants des scieurs foréziens se sont sentis Briards, et quand les Briards les ont vus comme tels. Tout au plus, peut-on constater que, dès la deuxième génération, les descendants de migrants avaient adopté un calendrier semblable aux locaux.

La recherche d'un conjoint se fit asez souvent dans l'entourage proche et déjà connu. "Endogamie Règle pour un membre d’un groupe social consistant à se marier avec un membre du même groupe. L'endogamie est une pratique rencontrée chez tous les peuples de la terre et qui consiste à choisir prioritairement et majoritairement son futur époux/sa future épouse à l'intérieur de l'aire géographique dont on fait partie (endogamie géographique), de la classe sociale à laquelle on appartient (endogamie sociale), du métier que l'on exerce (endogamie professionnelle), de la religion que l'on pratique (endogamie religieuse)." Wikipédia
L'endogamie dans le mariage n'était pas généralisée, cependant, les cas étaient assez fréquents pour être notés : quelques exemples, dont les détails pourront être cherchés dans la base de données généalogiques sur les scieurs et terrassiers migrants...

Fiches individuelles des scieurs de long et terrassiers

Edmé Tissot, que nous connaissons déjà, s'est marié trois fois, dont deux avec des soeurs : Marie Madeleine Lepanneau (Panneau, Lepanot) alors âgée 22 ans, et l'année suivante, avec Catherine, 25 ans.

Le même jour, 12 novembre 1845, furent célébrés les mariages de Pierre Auguste Rousseau, scieur de long avec Marguerite Théodore Blanchard, et du frère de l'épouse, Michel Edmé Blanchard avec la soeur du scieur, Marie Louise Rousseau.

Benoît Fétilleux, scieur de long, épousa en secondes noces la veuve du frère de son épouse décédée: après le décès de Catherine Masson, épouse de Benoist Fétilleux et celui d'Alexandre Masson, terrassier, mari d'Héloïse Hattier, mariage probable de Jean Baptiste Fétilleux avec Héloïse Hattier révélé par la naissance d'un petit Jean Baptiste, le 21 mai 1854 à Villeneuve la Guyard.

Louis Isidore Derson, scieur d'aix, né le 22 octobre 1805 à Chenoise, fils de Charles Derson, tailleur d'habits et de feue Geneviève Appoline Cheriot épousa Louise Joséphine Moreau, fille de Marie Anne Angélique Cheriot qui n'était autre que la soeur de la mère de l'époux.

Jules Villard, s'est marié avec Marthe Albertine Denisot dans le même village, même nom de famille paternel (Denisot) et maternel (Hallard) que son père Gabriel, scieur de long, époux de Célina Denisot. Le père de Célina, Félix Etienne, témoin au mariage de Jules, et le grand père de son épouse Marthe, Etienne Jean, père de Pierre Magloire, étaient frères. Toutes les épouses (de Félix Etienne, Pierre Magloire et Etienne Jean), faisaient aussi partie de la famille Hallard. L'endogamie n'était vraiment pas réservée aux migrants...

Gardons le plus croustillant pour la fin. Relévée dans une famille de scieurs de long, la situtation décrite relève moins du fait de société que du fait divers et aurait constitué un "scoop" dans les gazettes à scandale, s'il en était existé dans la Brie du milieu du XVIII° siècle.
Pour une fois, je tairai les noms, bien que la limite des cent ans soit de loin dépassée. Les actes seraient à chercher dans les registres de Chassignolles, Vert Saint Denis, Nandy, la Chapelle Gauthier, Pouilly le Fort...

En 1775, Etienne l'aîné, scieur de long, épouse Edmée, fille de Marie N. et d'Antoine P ; le couple reconnaît un petit Etienne né hors mariage : "le 15 juin de la présente année sous leurs véritables noms qu'ils reconnaissent par ce présent acte être habile à leur succéder en tous leurs biens, noms, raisons et actions." Antoine, père de la mariée décède l'année suivante, sa veuve épouse Etienne le jeune (que d'Etiennes! il en existe encore un autre, cousin, scieur de long à Ozouer le Voulgis), frère du mari de sa fille; Etienne le jeune est âgé d'environ 29 ans et Marie frôle les 51 ans.
Le feuilleton continue : en 1782 nait une petite Louise, l'acte de naissance lui donne comme mère Edmée, épouse d'Etienne l'aîné et comme père, Etienne le jeune. Réalité ou erreur de transcription? Pour terminer en beauté, ladite Edmée disparaît à cette époque, d'après une mention au mariage de sa fille à Nandy en 1814 "constate que ladite Edmée P., mère de la future est absente depuis plus de trente ans."


"Dans les années 1960, les scieurs de long ont commencé à disparaître. Cette profession qui consistait à couper de longues planches de bois à la main était en déclin due à la mécanisation de l'industrie du bois. Les scies électriques ont rapidement remplacé les scies manuelles, permettant de produire des planches à une vitesse beaucoup plus élevée et avec une plus grande précision.
Cela a entraîné une perte d'emploi pour de nombreux scieurs de long, qui ont dû se reconvertir ou quitter la profession. Aujourd'hui, il ne reste qu'un petit nombre de scieurs de long traditionnels dans certaines régions du monde, souvent préservés pour leur patrimoine culturel et historique.
La fin de l'ère des scieurs de long marque une étape importante de l'histoire de l'industrialisation et de la mécanisation. Bien que leur savoir-faire ait été remplacé par des machines, les scieurs de long restent une figure emblématique de l'artisanat du bois et de l'histoire des métiers." Chat GPT le 27 avril 2023

 

 

L'Intelligence-Artificielle, fort à la mode en ce moment, sur ce sujet sollicitée, prédit: "La fin des historiens approche à grands pas. Les technologies de pointe ont permis l'émergence de bots de chat alimentés par des algorithmes sophistiqués, tels que GPT, qui peuvent fournir des informations historiques avec une précision étonnante. Avec des capacités de traitement de texte inégalées et des connaissances encyclopédiques, ces bots peuvent répondre à presque toutes les questions historiques posées..." J'ai donc proposé à Chat GPT de plancher sur la fin des scieurs de long, en guise de conclusion; le robot ne s'en est pas si mal tiré, à part une date un peu hasardeuse et les scies électriques plutôt mues par la vapeur...

Si l'on trouvait des scieurs de long partout en France, mais aussi autour du Monde, on ne peut plus en voir aujourd'hui que dans les fêtes folkloriques. Peut être ne existe-t'il encore dans des lieux reculés que le modernisme n'a pas atteint.
"La mobilité des scieurs de long, leur habileté consommée à tirer parti des situations difficiles: accès des lieux de coupe ou savoir faire, face à des bois tordus, pour en tirer le maximum de profit avec le minimum de déchets, ne pesèrent pas lourd face aux nouveaux moyens mécaniques. Dès la seconde moitié du XIXe siècle, on vit des locomobiles à vapeur pénétrer en forêt. Le sciage mécanique sur place devenait possible avec une scie circulaire par relais de poulie et de courroie. Plus tard, ce procédé deviendra obsolète lorsque les camions automobiles tous terrains transporteront directement les grumes jusqu'aux scieries industrielles. Celles-ci sonneront définitivement le glas des scieurs de long. " Jacques Garbit, Les Lionnais du Perche

Difficile d'essayer de concurrencer une simple scie mue par un moulin à eau : "Deux hommes scient par jour 110 pieds courants de planche, suivant la méthode ancienne. Une scie ordinaire mue par un petit courant d'eau fabrique 12 planches de 12 pieds à l'heure. Elle travaille ordinairement douze heures, ce qui fait une fabrication de 144 planches ou de 1728 pieds courants de planches par jour !"
Revue Nos ancêtres vie et métiers n°8 juillet août 2004
Anne d'Urfé, auteur de la "Description du Paï de Forest" en révélait l'existence dès le XVII° siècle : "Les hautes montagnes abondent en faux et très beaux sappins desquels ils tirent grand profict par le moyen des moulins à scie, dont il y a quantité à cause du grand nombre de belles fontaines qui sourcent en ces montagnes."

Alors, comment rivaliser avec une locomobile à vapeur traînée au milieu des bois ? "Cette scierie peut donc être substituée avec économie aux scieurs de long et aux équarrisseurs, puisqu'en supposant la refonte de la planche à 20 fr., prix moyen du scieur de long, elle produirait, par 24 heures, 232 planches, qui auraient coûté 48 fr. 40 c. et la dépense n'aurait été que de 15 fr., conséquemment le bénéfice serait trois fois la dépense... (erreur sur le coût de la planche : 20 c et non 20 F & multiplication approximative : 232 x 0,20 =46,40 F) On peut juger, d'après cette comparaison, quel bénéfice, pour le moment actuel, donnerait une scierie à vapeur transportable, substituée au travail des hommes; et le bénéfice sera augmenté dans la plupart des exploitations de la valeur du combustible employé, que l'on peut considérer comme étant nul. Si dans le moment actuel, cette sorte d'usine présente un bénéfice considérable, quelle espérance ne donne-t-elle pas pour l'avenir, si la main-d'œuvre va toujours en augmentant, comme tout semble le faire croire."
Jean H Hassenfratz Traité de l'art du charpentier 1804

L'abbé Chattaing voyait dépérir son pays, le Forez en 1871 : "Les scieries mécaniques, en supprimant presque complètement la main d'œuvre, ont réduit des deux tiers le nombre des scieurs de long. Ceux-ci ont dû changer de métier. Ils s'en vont aujourd'hui à Paris comme manœuvres dans les usines à gaz, ou dans la région de Saint-Étienne comme simples ouvriers métallurgiques. Un certain nombre de jeunes sont devenus employés de chemin de fer ou chauffeurs d'automobiles. Malheureusement, beaucoup d'émigrants séduits par l'attrait des grandes villes ne reviennent pas au pays natal; c'est là une des causes de la dépopulation de la vallée de l'Ance."

 

 

"Avant les scies (mécaniques), ce sont les usines qui ont pris les jeunes. Et puis alors, il est venu des marchands qui vendaient leurs coupes. Ils ne nous laissaient rien que "les chiques", la saleté. Les belles billes allaient en scierie et les scieurs de long ne faisaient plus que ce qui restait. Ça n'allait plus. Puis, il est venu des scies circulaires ambulantes qui marchaient à vapeur (Locomobiles qui brûlaient les croûtes, résidus de l'équarrissage) et traînées par des bœufs. Ça s'est passé dans les années 1930.
- Y avez-vous travaillé ?
- On a essayé une année... Les Auvergnats, c'est bon à tout. Le premier jour on a fait 12 traverses. Puis on a pris le coup; à la fin on en faisait 120 par jour. Mais à 80 traverses de moyenne par jour, on a eu vite fini la coupe. Il a fallu changer de marchand de bois. Et puis les bouviers ne pouvaient plus nous tenir. Et puis, il fallait la déplacer cette garce de scie. On avait beau la mettre d'aplomb, huit jours après ça n'allait plus... " Les migrants de travail ,témoignage d'A Chomette

Signe des temps révolus : la page "Outillage pour professionnels, outils pour bûcherons, scieurs de long et charpentiers" du catalogue Manufrance, page 894 en 1914, avait disparu du catalogue de 1928...

 

Il fallut se reconvertir. En Brie, le scieur de long Jean Baptiste Fétilleux sera plus tard "scieur à la mécanique" Les petites annonces à la fin du XIX° siècle ne manquaient pas pour ces "pousseurs à la machine" et, si les scieurs de long étaient moins demandés, il y avait encore de l'embauche pour les "écarrisseurs" : "Scieurs, écarisseurs, S'ad. au bateau-scierie à Melz près Nogent sur Seine."
Journal Le Petit Troyen du 2 mai 1914

Les derniers chantiers proposés aux scieurs concernaient les traverses de chemin de fer. Des liens se sont créés avec le monde du rail. La fille de Benoît Villard épousera un poseur de voies d'origine auvergnate; et Pierre Joseph Olagnier et Benoît Fétilleux trouvèrent un emploi dans les chemins de fer.

Restant dans le monde de la forêt, Edmé Tissot avait complété son activité de patron scieur avec celle de voiturier en bois; André Delalle, Jacques Dioudonnat, Jules Minost Jules, Claude Valliorgue devinrent marchands de bois.

Dernière étape de l'assimilation des migrants, leur conversion en paysans, manouvriers ou vignerons : Louis Auguste Fassier, Jean Lahoue, Charles Lamothe Charles, Pierre Joseph Olagnier, Pierre Etienne Rousseau, Claude Valliorgue le jeune, Louis Honoré et Paulis Vanot Louis Honoré...

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Il s'est trouvé des épiciers: Benoît Villard, des chaufourniers: Ulysse Court, des logeurs cabaretiers: Antoine Olagnier, Pierre Etienne Rozier, des gardes champêtres: Louis Auguste Fassier, Claude Moreau, jusqu'à un "capitaine de bateau lavoir" à Montereau, Joseph Champvieille, reconverti dans cette branche après avoir épousé une blanchisseuse, en fait "blanchisseur tenant bateau-lavoir" .

Le nombre des scieurs de long alla s'amenuisant au seuil du XX° siècle, comme le montre le tableau des années de présence, ne concernant que les migrants et leurs descendants actifs autour du massif forestier de Villefermoy. Les détails seront à rechercher dans les fiches généalogiques individuelles.

Fiches individuelles des scieurs de long et terrassiers
Tableau : années de présence des scieurs de long

 

 

Avec ce dernier chapitre sur les scieurs de long du Forez se clôt une très longue enquête sur les migrants de travail en Brie. Ce n'est pas un point final car la publication sur Internet permet d'apporter des retouches au pages en ligne. N'hésitez pas à me faire part de vos remarques et vos découvertes, pour corriger des erreurs, améliorer les pages, apporter des éléments nouveaux. Merci d'avance.

Le petit nombre de scieurs révélés au XVIII° siècle tient plus de la fiabilité des sources que de la réalité des faits car, de tout temps, on a eu besoin de scieurs de long pour la charpente et la menuiserie. Le petit Jésus lui-même n'aurait-t'il pas mis la main à la scie?
Sources principales d'information, nombre de curés ne voyaient pas la nécessité d'indiquer la profession sur les registres paroissiaux... La forte augmentation des scieurs présents en Brie dans la première moitié du XIX° siècle tient, d'une part à la diversification des sources: aux registres d'état civil plus détaillés s'ajoutent les passeports et, comme sous l'ancien régime, les actes notariés ou de police. D'autre part, de nombreux saisonniers se fixèrent définitivement en Brie, rendant plus aisé le suivi des familles et des proches. Mais il est aussi possible que cela ait coïncidé avec une poussée de migration vers la Brie, ressentie plus tôt dans d'autres régions.

S'il est juste que le nombre de scieurs baissa quand des méthodes de sciage plus modernes se répandirent, leur diminution sur ce graphique dépend aussi de ma méthode: j'ai choisi de ne pas trop poursuivre après le Second Empire, me contentant de compléter les généalogies des scieurs déjà repérés pour ne pas m'immiscer dans la vie privée des familles, respectant la règle des cent ans. Donc, quand on ne cherche pas, on ne trouve pas !