Etienne Fare Charles
Huvier |
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En juin et juillet 1789, le célèbre
agronome anglais Arthur Young 1741/1820 était en Brie. Il y fut
reçu le 29 juin par le marquis de Guerchy, seigneur de Nangis,
et de la Chapelle Rablais. Il assista à des émeutes "les
prix qu'ils demandent pour le pain sont hors de proportion avec ceux du
blé; des injures, on passe aux coups; c'est l'émeute, et
l'on se sauve avec du pain et du blé sans rien payer; c'est arrivé
à Nangis et dans maints autres marchés."
2 juillet. – Meaux. M. de Guerchy a eu la bonté de me reconduire
jusqu'à Columiers; j'avais une lettre pour M. Anvée Dumée...
Dîner avec M. et madame Dumée : la
conversation, comme dans toutes les villes de province, ne roule presque
que sur la cherté des grains.
Doc : l'agronome Arthur Young à Nangis, 29 juin 1789 |
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"... M. Huvier Dumée,
Bailli de Coulommiers, a récemment employé un procédé
analogue; il consiste à saupoudrer le Blé noir de poudre
de cîment, à le remuer en le jetant à la pelle contre
le mur, & à le passer à trois ou quatre reprises au
crible incliné. Cette opération simple & facile, a augmenté
la valeur du Blé de six sols par boisseau... j'ai reçu des
échantillons de pain provenans, l'un de Blé noir, l'autre,
du même Blé passé au ciment. Le premier était
d'un noir violet, l'autre était blanc... M. Dumée s'est
empressé de mander les Fermiers & petits Cultivateurs des qurante-six
paroisses qui composent le ressort de son Bailliage; & il les a tous
rendus témoins de cette expérience... " Doc : le jardin de la maison du bailli
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A la même époque, un autre agronome amateur, Jean Baptiste Laval : "Je cultive & fais valoir, comme Fermier & comme Propriétaire, depuis plus de vingt ans, dans l'intérieur & au nord de l'Election de Provins, une grande quantité de terres consistant en prés, bois, vignes, étangs, moulins, & autres natures d'héritages. Pendant longtemps n'ayant jamais suivi dans mon administration rurale que les anciens usages du pays & l'exemple des autres Laboureurs, mes voisins, j'ai eu, comme eux, souvent sujet de me plaindre du peu de fruit que je recueillais de mes travaux : j'ai cherché à en découvrir la cause; & à force d'application, de comparaisons, de recherches & d'expériences, j'ai reconnu mes erreurs, & le remède à y opposer ..." Il préconise l'emploi d'engrais dans la cour de la ferme alternant "des amas de limons amoncelés au bas des terres en pente, des boues sorties de vastes fossés, des buttes de terre qui se trouvent çà & là dans les campagnes, des vieilles chaussées d'étangs détruites ... "avec les fumiers qui proviennent de mes différens bestiaux". Rien de bien nouveau ! |
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Bulletin de la Société royale agriculture de Paris trimestre hiver 1788 |
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Le paragraphe précédent n'est pas de la plus
haute importance, j'avoue que j'en ai profité pour exposer une facette
du bailli Huvier, frère du curé, et d'introduire le sieur
Jean Baptiste Laval. |
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Jean Baptiste Laval fut aussi "fondé de pouvoirs par procuration de monseigneur Jean-Baptiste-Charles-François de Clermont d'Amboise, marquis de Montglas...", le châtelain de Cerneux, à une période (1787-1788) où Etienne Fare Charles Huvier avait déjà quitté cette paroisse. Baux à loyer par messire
Jean-Baptiste Laval pour le marquis de Champcenest AD 77 E 939
Baux à loyer par messire Jean-Baptiste Laval pour le marquis de Montglas AD 77 E 244 Compte d'exécution testamentaire AD 77 254 E 27 |
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Il ne fut propriétaire que quelques années
sur la vingtaine où il déclare avoir fait valoir "une
grande quantité de terres" Entre
1770 et 1779, il acquit de M. Desgranges le domaine de l'Orme (ou Lorme)
à Courtacon, qu'il revendit en 1791 à Anne Charlotte Sophie
de Silvestre pour la somme de 80.000 livres. Jean Baptiste Laval fit de lourds travaux au château
de l'Orme "Le Sieur Jean Baptiste Laval
receveur des terres de Champcenest et des Marets ayant acheté le
château de l’Orme ... de Mr Desgranges ancien exempt des gardes
du corps du roi, et l’ayant reconstruit.."
Note du curé Mercier
L'an de grâce mil sept cent soixante dix neuf
le mercredy vingt octobre avant midy, nous Etienne Fare Charles Huvier prêtre
du diocèse de Meaux, chapelain titulaire de la chapelle Nôtre
Dame Ste Marie Magdeleine de l'ancien château de Coulommiers en Brie,
ancien curé dela Chapelle Arablay et de St Brice de Cerneux, diocèse
de Sens, en vertu de la commission à nous donnée en datte
du dix septembre dernier de laquelle commission coppie collationnée
en suitte du présent procès verbal, par Messire Charles Pierre
de Biencourt, prêtre bachelier en théologie, licencié
en droit civil et canon, vicaire général de son Eminence monseigneur
le cardinal de Luynes, archevêque dudit Sens, official de l'officialité
diocézaine et métropolitaine chanoine de ladite église
et archidicacre de Provins, étant alors en ladite paroisse St Brice
de Cerneux dans le cours de ses visites archidiaconales; ladite commission
à l'effet de faire la visitte de la chapelle du château de
l'Orme paroisse St Martin de Courtacon en ce diocèse. Le curé Mercier de Courtacon, témoin
de cette bénédiction, en livra aussi un compte-rendu,
dans le registre paroissial de 1779 : Le curé Mercier rédigea, dans le registre
de 1782, une seconde note à propos de la chapelle de l'Orme-Monteferrat,
ce qui laisse supposer qu'il y eut une troisième bénédiction
de ladite chapelle, toujours par l'ancien curé Huvier, trois
ans après celle de 1779 : |
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Quand il bénit en 1799 la
chapelle de l'Orme, pour Jean Baptiste Laval, Etienne Fare Charles Huvier
avait résigné depuis deux ans sa dernière paroisse,
Cerneux, dont le nouveau curé, Etienne Naret, était présent
à la cérémonie. Il s'était démis de
ses fonctions en 1777 "à cause
de [ma] grande infirmité depuis près de sept années"
et s'était retiré chez son frère dans la ferme du
Mée à Saints, à près de vingt cinq kilomètres
de Cerneux où il se trouva pourtant, malgré sa "grande
infirmité", le 10 septembre 1779 lors de la visite de l'archidiacre
Caquia de Monbourg (celui qui avait béni une première fois
la chapelle de l'Orme) qui lui confia la "commission
à l'effet de faire la visitte de la chapelle du château de
l'Orme paroisse St Martin de Courtacon en ce diocèse" qui
eut lieu ce vingt octobre, et aussi plus tard, le sept novembre 1782.
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Ce n'est pas l'archidiacre de Provins, ni
le doyen rural qui procédèrent à la bénédiction
de la chapelle de l'Orme, à Courtacon, mais le simple curé
de petite paroisse voisine. Etienne Huvier
fut quelquefois sollicité pour des fonctions proches de celles
d'un doyen rural : "Les doyens ruraux,
nommés par l'évêque, et révocables à
sa volonté, mettaient en possession les curés, et après
leur mort, les enterraient" Il faut avouer que, vieillissant; Jean Chastellain,
curé d'Hermé et doyen rural de Provins se faisait de plus
en plus souvent remplacer lors d'inhumations et de prises de possession
de cures. Il décéda en 1767 à l'âge de soixante
dix ans... Ce n'est pas lui qui mit Etienne Huvier en possession de
sa cure en 1759, ni qui inhuma le curé Bouflers en 1762 (Il n'oublia
cependant pas de réclamer vingt deux livres pour son honoraire.)
Etienne Fare Charles Huvier mit plusieurs curés en possession
de leur nouvelle cure, remplaçant le doyen rural :
Traces de quelques doyens ruraux et des conférences ecclésiastiques
dans les notes du curé
Les chemins de Jean Baptiste Laval
et d'Etienne Huvier se croisèrent aussi à propos du territoire
de la paroisse de Marolles en Brie, proche de Coulommiers, où
Etienne Fare Charles fut vicaire, dépendant
du curé de Choisy en Brie, de 1749 à 1752 (Voir à
ce sujet les pages de la biographie d'Etienne Huvier )
Il n'existe pas de lieu-dit
"Montferrat" à Marolles et Jean Baptiste Laval n'était
pas seigneur dudit lieu : "Il y avoit
deux fiefs : celui de la Hante à M. Quatresous (Quatresolz),
et celui de la Cresonnière à M. de Caumartin, seigneur
de Boissy le Châtel; celui-ci avoit justice." Michelin
D'ailleurs, sauf exception, voir plus
loin, un seigneur ne levait pas la dîme, mais le "cens". Ce plan n'est pas daté, mais il présente de très fortes ressemblances avec le Plan d'Intendance de cette paroisse. AD77 1 C 31/11 Le tracé des parcelles est identique, elles sont semblablement ombrées, seuls diffèrent les noms des hameaux et des lieux-dits, d'une écriture différente, plus complets sur le plan de dîmage; ainsi qu'une toute petite différence : une perche de vigne en plus sur le plan d'Intendance, sur les 1875 arpents et 03 perches qui y sont métrées. Espérons que le sieur Laval aura eu l'occasion de copier le fond de carte du plan d'Intendance, grâce à ses liens avec les marquis de Champcenest, Montglas ou Montesquiou; on n'ose imaginer le coût d'un nouveau métrage...
De quand date cette carte ? Le plan d'Intendance de la paroisse de Marolles a été levé entre 1779 et 1783, d'après la notice des Archives de Seine et Marne, et certifié plus tardivement par le géomètre, le 1° août 1787. D'autre part, Jean Baptiste Laval
n'a pu se qualifier de "seigneur de Montferrat"
qu'à partir d'août 1782; auparavant, sur le plan d'Intendance
de Courtacon, le château ne s'appelait
que "de Lorme" pour être nommé
en 1824 "Lorme Montferrat" dans le cadastre napoléonien,
voir la carte-ci-dessous. Les relations des bénédictions
de la chapelle du château, ci-dessus, l'appellent "L'Orme"
en 1779 et "l’Orme aujourd’hui
dit de Montferrat" en 1782: Baptiste Laval n'aurait pu faire figurer la mention "seigneur de Montferrat" qu'à partir d'août 1782, et ce, jusqu'au 22 décembre 1791, quand il revendit sa propriété, et même avant cette date puisqu'à partir du 2 novembre 1789, les biens du clergé avaient été "mis à la disposition de la Nation" et le plan de dîmage n'avait plus lieu d'être. |
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Le mot "dîmage", d'un emploi
assez rare, est en rapport avec la perception de la dîme que l'on
associe le plus souvent avec l'impôt en nature que prélevait
le curé du lieu pour sa subsistance. Pour simplifier ! Car les
choses pouvaient être bien plus complexes sous l'Ancien Régime...
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"Au Val-Saint-Germain, dans le XIIIème siècle, la dîme se trouvait inféodée, c’est-à-dire qu’elle avait été érigée en fief et appartenait au seigneur. Cette circonstance se présentait partout où, par spéculation, le seigneur, ayant fait construire l’église l’affermait à un prêtre, à la charge de la desservir, er moyennant une redevance, ou bien sous la réserve de la dîme, que le seigneur, conservait et qu’il aliénait ensuite quelquefois." Louis Richard Vian Histoire du Village de Saint-Chéron 1873-1875 tome 1 p 154 Le "dîmage"
concernant la perception de la dîme, il aurait été logique
qu'un "Plan de Dimage de la paroisse de Marolles"
ait été tracé pour l'un des décimateurs qui, dans
cette paroisse, étaient "le prieur, le curé de Choisy,
l'abbesse de Jouarre, le chapelain de la Petite Mère Dieu dans l'église
paroissiale de Coulommiers et l'Hôtel-Dieu de la même ville"
Michelin
A quoi pouvait
correspondre ce "dîmage" ? Le transfert des droits de
l'un des décimateurs à Jean Baptiste Laval ? La trace d'un
"bail de dixmes" ? Le coût de cette grande carte aurait-il
été justifié pour un bail de location pouvant courir
sur seulement trois, six ou neuf années, sans certitude de renouvellement
?
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Il est aussi possible que le "seigneur de Montferrat"
ait été en contact avec Louise Madeleine Charlotte de
Barentin de Montchal, épouse Quatresolz, seigneur de Marolles,
que nous avons découverte à la troisième page de
se dossier. |
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Quelques mois plus tard, le 9 ventôse
an II, une autre session du Tribunal révolutionnaire condamna
une dizaine d'autres accusés de ce complot de la "petite
Vendée briarde", parmi eux, deux prêtres, des laboureurs,
des artisans et deux gardes : En Joseph Davale, né à St Thibaud, il faut reconnaître Joseph Laval, né en 1746 à St Thiebault, Haute Marne, frère de Jean Baptiste né au même lieu en 1740, ce dernier ayant traversé sans encombre la Révolution et devint maire de Provins.
On peut comparer le plan de Marolles avec l'un des rares plans de dîmage conservés aux Archives départementales de Seine et Marne, celui de la Haute Maison "appartenant à messieurs du Chapitre St Etienne de Meaux pour deux tiers, et l'autre tiers appartient au sieur prieur dudit lieu de la Haute Maison". AD77 Plan G 69 / Matrice G 70 On constate alors que, sur celui de Marolles, manque un élément important : une numérotation permettant un renvoi à une matrice où étaient répertoriées les parcelles avec leurs natures et leurs propriétaires. Ce plan de Marolles n'aurait eu que peu d'utilité pour la perception de la dîme; comme sur le plan d'Intendance les parcelles y sont figurées par "masses de culture" et non suivant les différents cultivateurs.
Par contre, il expose clairement la répartition
des ces "masses de culture" et est plus précis que
le plan d'Intendance pour la localisation des hameaux et des lieux-dits;
idéal pour représenter le territoire de la paroisse de
Marolles à quelqu'un qui ne le connaîtrait pas très
bien, comme Jean Baptiste Laval, résidant à quelque distance,
Champcenest puis Courtacon. Ce bel objet aurait aussi pu ajouter au
prestige du tout nouveau "seigneur
de Mont-Ferrat &c." montrant
que le pouvoir de Jean Baptiste Laval dépassait les limites de
sa petite seigneurie, s'étendant "dans
l'intérieur & au nord de l'Election de Provins".
Cette très longue page regroupe des paragraphes qui trouveront certainement une nouvelle place dans les pages à venir...
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