Les voituriers par terre / 11
Le bois sur la Seine
Ce tableau de 1854 montre le trafic fluvial
sur la Seine, depuis le Canal de Troyes jusqu'à Paris Bercy. En bas,
le "mouvement à la remonte" est infime par rapport au "mouvement
à la descente": dix fois moindre.
La puce bleue situe Melun. L'accroissement du trafic, à Montereau,
puce rouge, montre que le plus gros trafic provenait de l'Yonne, ce que précisent
les chiffres: "Le tonnage total à la descente
est de 1.098.770 tonnes se décomposant ainsi qu'il suit pour chaque
affluent ou partie de rivière: Canal de Troyes, Aube: 13.702 t. , Petite
Seine de Marcilly à Montereau: 62.824 t. , Yonne: 338.138 t. , Canal
du Loing: 193.730 t. , Marne: 210.272 t. , Grande Seine, de Montereau à
Bercy: 280.104 t. "
Le graphique ci dessus montre que le transport des bois augmente régulièrement
entre Montereau et Melun, sans pic particulier qui indiquerait la présence
d'un important port au bois.
Tableaux du mouvement de la navigation de la Haute Seine en 1854 dressés sous la direction de M. Chanoine, ingénieur en chef AD77 3Sp1 édité à l'occasion de l'exposition: les Chemins qui bougent 1993
Au milieu du XIX° siècle, Melun
voyait sur la Seine, un transit de 740.000 tonnes de marchandises diverses
à la descente, moins de 100.000 tonnes à la remonte où
les chevaux de halage devaient lutter contre le courant.
Plus de la moitié du tonnage à la descente était du bois.
Une part en charbon de bois, deux parts en bois de
service, planches, charpente, merrain, osier, cercles etc.. huit parts
en bois de chauffage, bourrées, cotrets, etc...
Sur le tableau, plus bas, trop fortement réduit pour être bien
lisible, chaque couleur représente un type de marchandises. La couleur
noire désigne le charbon de bois, la couleur verte, plus ou moins pâle,
plus ou moins hachurée désigne le bois.
Merrain: nom donné aux planches obtenues en débitant les troncs d'arbre dans le sens des rayons médullaires et dont on fait des panneaux, des douves de tonneaux etc.
Un cotret est un fagot de bois court et de moyenne grosseur... châtrer un cotret: en retrancher des morceaux pour frauder l'acheteur. Larousse du XX° siècle
Documents | |
Traité de la Police de Nicolas de la Mare | |
Extraits de l'article BOIS, l'Encyclopédie | |
Article "plan de Turgot" sur Wikipedia et carte (plan sur une feuille, 12 Mo, peu précis) | |
Plan de Turgot, bibliothèque Harvard | |
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Courrier | |
Mystères d'Internet: pourquoi dans Firefox l'étiquette "place de Grève" du plan n'apparaît pas colorée comme les autres alors qu'il n'y a pas de problème avec Explorer ? |
"Les bois étans arrivez aux bords des rivières, il est permis aux Marchands, pour y faire amas des bois, soit pour les charger en bateaux, soit pour les mettre en trains flottables, de se servir des terres voisines, en payant par an dix-huit deniers pour chacune corde, du bois qui sera empilé sur les terres, étant en prez & un sou pour corde sur les terres étant en labour." De La Mare Traité de la Police 1719
Le bois est prêt à rejoindre les ports au bois de Paris: " Il n'y avoit autrefois à Paris que les Ports de la Grève, & celuy de la Bûcherie, proche le petit Châtelet, pour l'arrivée & la vente du bois venant d'amont, & celuy de l'Ecole, S. Nicolas pour le bois qui vient d'aval, le Port de la Bûcherie a été supprimé, il y a long- temps, le nom en est demeuré à la ruë, & l'on a depuis étably, avec celuy de la Grève, les Ports de la Tournelle, ceux de S. Bernard, & au Plâtre, pour le bois d'amont, le Port de la Grenoüillère, outre celuy de l'Ecole, pour le bois d'aval, & pour les Bourgeois qui font venir du bois de leur crû, le Port S. Paul leur est destiné. " Ci contre: empilements de bois flotté dans le Morvan, ci dessous, deux vues du quai de la Tournelle, margotats et piles de bois.
On retrouvera ces lieux sur le plan de Paris commandé en 1734 par Turgot, dessiné par Louis Bretez. Comme les cartographes de la Renaissance qui peuplaient de nefs et de monstres l'immensité des océans, Bretez s'est plu à faire flotter sur la Seine la multitude des bateaux qui l'animaient. Paris est dépeuplé: pas un homme, pas un cheval, mais le fleuve est couvert d'embarcations. La plupart sont vides d'hommes (en cherchant bien, on en trouve près de la pompe de la Samaritaine, Pont Neuf; la vie semblant reprendre quand on quitte la capitale, près du port de la Grenouillère et l'île aux Cygnes, à l'ouest de la capitale, donc en bas de la feuille). Les coches d'eau ne sont tirés par aucun cheval et les bachots des passeurs traversent seuls le fleuve. Par contre, marnois, margotats et foncets sont remplis des matériaux à livrer: foin ici, tonneaux là-bas... Le bois à brûler est présent partout: sur les margotats, en trains de bois, sur les quais et les prairies alentour.
Le plan de Turgot représente
Paris en une perspective cavalière où chaque immeuble est dessiné.
Il fourmille de détails que la taille de la carte, environ 2,5 mètres
sur 3, ne permet de rendre sur un écran qu'en employant des effets
de loupe. En passant la souris sur les petits poissons, inutile de cliquer,
on agrandira une zone où était déchargé le bois
pour la provision de Paris.