Maçons limousins à la Chapelle
Rablais / 14 |
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Un petit groupe de maçons limousins, tous originaires de la même région proche de Bénévent l'Abbaye a limousiné à la Chapelle Rablais entre 1810 et 1820. Presque chaque année, ils venaient au printemps pour repartir à l'automne, par petits groupes. Aucun ne s'est fixé en Brie, tous sont retournés en Creuse, pour leurs vieux jours, ce que nous verrons un peu plus loin. |
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Les Limousins sont venus en Brie par petits groupes et pas toujours les mêmes: en 1813, Jean Momet, Michel Pagot, Pierre Pradeau et Léonard le Roudier arrivent tous le 30 mars et repartent de concert vers le 20 novembre. En 1818, Jean Momet vient à la Chapelle Rablais avec Michel Pagot le jeudi 9 avril, mais sans son frère Barthélémy qui est encore en Creuse, le dimanche 5 du même mois, à moins qu'ils n'aient réussi à parcourir le trajet en cinq jours seulement, deux passages en mairie compris. L'année suivante, les deux frères sont accompagnés de Michel Pagot; en 1820, ils sont avec François Pety, à l'aller comme au retour. Ces petites bribes d'informations sont issues des visas des passeports que les maires apposaient au départ comme à l'arrivée; elles sont certainement incomplètes. D'autres déplacements ont peut être eu lieu, d'autres compagnons ont partagé la migration...
Voyages en groupes 1811/1851 Quand ils sont arrivés à la Chapelle Rablais, les maçons étaient dans la force de leur âge. Jean Momet avait quarante ans, son cadet n'avait que trois ans de moins; Michel Pagot et Pierre Pradaud étaient de la même génération que les Momet; François Pety, François Gaspard Robinet, et Léonard le Roudier étaient les petits jeunes: entre vingt cinq ans et vingt huit ans. Ils avaient limousiné avant la Chapelle Rablais et ont certainement continué après. Chacun avait son parcours, ses relations, sa vie privée qu'on ne connaîtra jamais... Pour ne pas oublier qu'il y avait des hommes derrière les documents d'archives qui les révèlent, j'ai associé une petite photographie de paysan-maçon italien du début XX° siècle à chaque maçon-paysan limousin du siècle précédent. |
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Avant d'arriver à la Chapelle Rablais,
Michel Pagot avait limousiné à Pommeuse, non loin de Coulommiers.
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François Gaspard Robinet, jeune marié de 25 ans, demanda deux fois un passeport pour Rozay en Brie, en 1815 et 1816. Il dut changer de point de chute la seconde fois car on le retrouve en début de saison à la Chapelle Rablais où il viendra aussi en 1817. L'année suivante, il ne limousina pas car il était présent à Ceyroux le 24 septembre pour la naissance de sa fille Marie. Il est alors noté "propriétaire" au village de Bord, bien que, trois ans plus tard, présent au mois d'août, il ait été noté simple cultivateur à la Valaudy, commune d'Aulon. Propriétaire, colon ? En tous cas, François Gaspard Robinet n'était plus maçon |
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Certains Le Roudier ont été
maçons dans le Gâtinais, mais c'est dans la Marne que Léobon,
frère cadet de Léonard le Roudier s'est fixé, à
Avize près d'Epernay, où il se maria en 1816. Agé de
23 ans, maçon limousin, il épousait une vigneronne plus âgée,
35 ans. Il décèdera à l'hôpital de Vertus en 1832,
victime de l'épidémie de choléra. |
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Si François Pety a demandé à Mourioux un passeport pour la Chapelle Rablais, au printemps 1819, c'est de Bailly Carrois, village à moins de huit kilomètres, qu'il repart, à l'automne. En mars de l'année suivante le visa du maire de Mourioux est bien vague: "bont pour retourné à sa destinéz", qui le mènera encore à la Chapelle Rablais, ce devait être sa destinée! d'où il repartira pour Mourioux en novembre. S'il avait débuté comme "poulain", François Pety aurait déjà eu une dizaine d'années de limousinage quand il vint pour la première fois au village, à l'âge de vingt cinq ans. Il est peu probable qu'il ait continué longtemps à migrer car il était présent en Creuse aux côtés de son oncle, de son beau frère, pendant la belle saison, en septembre 1823, en août 1824... |
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Pierre Bougard n'a pas laissé
beaucoup de traces. Il est décédé le 6 janvier 1810
"en la maison de François Henry,
cabaretier aux Montils". Il était
âgé de soixante neuf ans, âge fort avancé pour
un maçon en activité. Il était "veuf
en premières noces de Jeanne Dubrulle décédée
au bourg d'Olon", en fait, Jeanne
Dubreuil, décédée le premier janvier 1792 à
Aulon, Creuse. L'inhumation de Pierre Bougard n'a été suivie
par aucun maçon, seul le cabaretier et un voisin ont témoigné.
On peut se demander ce qu'il faisait en janvier à la Chapelle Rablais,
logeant dans une auberge. la Chapelle Rablais
AD 77 5 Mi 2830
Un autre Bougard, lui aussi marié à Aulon, est mort, la même décennie, en Gâtinais, à Bransles où l'officier municipal note: "décédé dans notre commune en retournant dans sa patrie", ce qui est inhabituel en septembre. Bransles, 3 vendémiaire an XIII AD77 5 Mi 603 Bransles, entre Montereau et Montargis est sur un chemin probable entre la Brie et la Creuse. On ne peut affirmer qu'il venait de notre région, mais, comme pour son homonyme, des liens familiaux sont possibles entre leurs épouses et des maçons avérés à la Chapelle Rablais: Jeanne Dubreuil, épouse de Pierre Bougard pourrait être de la famille de Jean-1 Jean-2 et Léonard Dubreuil, fils de François décédé à Rozay; Marie Delisle, femme de Léonard Bougard porte le même nom qu'Antoine Delisle qui se fixera à la Chapelle Rablais... |
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Pierre Pradaud n'a laissé que peu de documents. Il avait dû limousiner dans d'autres contrées car il était âgé de quarante deux ans, deux fois marié, quand, le 30 mars 1813, il arriva à la Chapelle Rablais. Il n'était muni que d'un simple "bulletin pour un permis de passeport par M. le Maire de la commune de Céroux" daté du 11 avril, s'il faut en croire la mention sur le talon du passeport qu'il demanda à l'automne, pour retourner à Ceyroux; une erreur, à n'en pas douter puisqu'il serait arrivé en Brie le 30 mars avant même de partir de Creuse, le 14 avril ! L'année suivante, il décèda le 9 novembre à Ceyroux. |
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Jean Momet limousinait déjà en 1810, à l'âge
de 37 ans, et probablement bien avant, mais on ne sait où. En 1812,
il était à Rampillon, à dix kilomètres à
vol d'oiseau. Il viendra à la Chapelle Rablais chaque année
de 1813 à 1820, à l'exception de 1817, comme Michel Pagot:
en 1818, il repart avec un passeport vierge "délivré
sur requit". Sa dernière feuille de passeport, délivrée
pour 1819 et 1820 montre les traces d'un usage que les visas n'expliquent
pas: il n'a été tamponné que deux fois, à la
Chapelle Rablais le 22 novembre 1819 et à Mourioux le 29 mars 1820;
pourtant il semble avoir été plié et déplié.
Jean Momet avait-t'il dû le présenter de nombreuses fois au
cours de ses voyages? |
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Quand il quitte la Chapelle Rablais, il a 47 ans, peut être fatigué comme on le verra plus loin. A-t'il continué? Les actes suivants ne permettent pas d'en juger. Il est bien présent à Mourioux en 1821 pour le mariage de sa fille, mais c'est pendant la mauvaise saison, en février comme presque tous les mariages creusois de l'époque; peut être est-il reparti aux beaux jours, peut être s'est-il fixé dans sa minuscule ferme d'Azat. |
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Léonard Momet, fils de Barthélémy, n'a pas laissé de traces à la Chapelle Rablais. Cependant, sa présence y fut fort probable. Né en 1799, il était adolescent, puis jeune adulte, à l'époque où son père et son oncle travaillaient au village. Comme on est certain qu'il fut aussi maçon, son acte de mariage à Sourdun l'atteste, il dut faire son apprentissage auprès des membres de sa famille, donc venir comme "poulain" à la Chapelle Rablais. |
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Barthélémy Momet ne fait
rien comme les autres. Du moins, son calendrier n'est pas celui des autres
Limousins. Le 29 décembre 1813, bien après la Saint Martin d'hiver
(11 novembre), terme le plus fréquent du retour au pays, Barthélémy
est au Chaingy, Loiret quand Marguerite Cadillon accouche aux Billanges, dans
la maison de Léonard Momet, père. En 1817, un passeport lui
est délivré le 7 janvier, à Montereau, il venait de la
Chapelle Rablais où il était connu: le maire lui avait délivré
un certificat. Peut être avait-il décidé de ne pas revenir
en Creuse cette année-là? Il n'en est rien, puisqu'il fait viser
son passeport aux Billanges le 12 mars et que le 23 du même mois, le
revoici à la Chapelle Rablais. Deux années successives, Barthélémy
a quitté la Brie en janvier. On pourrait penser que des conditions
météo favorables auraient permis de prolonger la saison de limousinage,
ce qui n'était pas le cas: fortes gelées en décembre
en 1816, et 1817. Doc: traces de tous les maçons limousins à la Chapelle Rablais |
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Barthélémy semble
avoir été un forcené du travail. Les horaires des
maçons, tailleurs de pierre, couvreurs, carreleurs, paveurs, terrassiers,
charpentiers, etc.. fixés par une ordonnance de police du 26 septembre
1806 promettaient déjà de bonnes journées: "Du
1° avril au 30 septembre, elle commence à 6 heures du matin
et finit à 7 heures du soir, avec deux repas, l'un de 9 à
10 et l'autre de 2 à 3 heures. En hiver, la journée commence
à 7 heures du matin; elle se termine "au jour défaillant".
L'unique repas, dans cette saison, a lieu de 10 à 11 heures."
François Husson : Artisans français étude historique. Les maçons et tailleurs de pierre. 1903-1906 |
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"Celui qui habite Paris adhère généralement
à la journée de dix heures mais le Limousin qui ne cherche
qu'à faire des heures pour emporter l'argent de Paris au pays voudrait
faire plus que ce qui est raisonnable." "Nous possédons de nombreux renseignements sur l'utilisation des sommes économisées. Elles servent tout d'abord à rembourser les créanciers en effet, l'économie des campagnes migrantes repose sur le crédit avant de partir, s'il a une nombreuse famille, le maçon s'est entendu avec le meunier, le tailleur, le sabotier et les autres artisans, parfois même avec l'instituteur, pour que sa femme puisse bénéficier de crédit auprès d'eux pendant son absence bien entendu, les modalités du prêt varient en fonction de la situation financière de l'emprunteur." Alain Corbin |
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Barthélémy était encore
en Brie en 1835, âgé de cinquante neuf ans, plus que probablement
à limousiner d'un travail acharné. Il décéda l'année
suivante. A la fin de sa vie, il bénéficiait d'une petite aisance:
son inventaire fait état de 2.176,21 francs plus une valeur mobiliaire
de 1.088,13 francs dont devaient hériter ses enfants Léonard,
Marguerite et Anne Maumet (n'aurait-on pas oublié une seconde Marguerite?);
mais était-il propriétaire? L'argent durement gagné lui avait aussi servi à marier, l'année même de son décès, sa fille Marguerite, appelons-la Marguerite-1, née en 1807, avec Louis Basmoreau du village de Leychamaud, Ceyroux. Le couple recueillera Marguerite Cadillon, veuve de Barthélémy jusqu'à son décès en 1849. Marguerite-2, née en 1813, se mariera en 1839, après le décès de son père. Anne, célibataire, sans profession, se mariera en 1847 à Saint Dizier Leyrenne à l'âge de quarante deux ans, officialisant certainement une union d'où était née une petite Marguerite, déjà âgée de huit ans. |
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Un mariage implique une dot pour la fille,
mais aussi un apport pour le garçon, très souvent officialisés
par un contrat de mariage. Ce document permettait de répartir les "richesses"
en cas, très rare, de séparation, et servait le plus souvent,
en Creuse, de testament. |
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Avant d'officialiser les fiançailles,
les beaux parents de Martin tinrent à s'assurer de la solidité
financière de la famille Nadaud, mise à mal par des dettes
dues à une faillite en région parisienne: "Pourtant,
avant d'arriver à ce point, la famille Aupetit désirait
prendre un jour pour faire chez nous "las vudas", c'est à
dire, jeter un coup d'oeil sur notre maison, nos prés, nos terres...
On parla du montant de la dot. Mon futur beau-père donnait 3.000
francs à sa fille, payables par quatre cent francs chaque année,
ainsi que le mobilier, armoire, linge, six brebis et leurs agneaux."
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Louis Basmoreau, veuf de Léonarde
Baraud, propriétaire à Leychameau apportait une petite somme
de deux cents francs, Marguerite Maumet, cultivatrice à St Chartrier,
Mourioux, apportait une dot de cinq cents francs. Table
des contrats de mariage, Bénévent l'Abbaye, 3 Q 5/407 pages
12 et 210. |
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Comme tous les maçons limousins à la Chapelle Rablais de cette époque, les frères Momet étaient retournés au pays en fin de vie, là où leurs épouses, leurs parents, leurs enfants, avaient vécu. "La maladie du pays l'avait gagné, mais il était tellement délicat qu'il n'osait pas m'en faire l'aveu, car nous étions loin d'avoir payé nos dettes. "Allons, luis dis-je, il faut faire vos adieux à Paris, mon vieux Léonard..." Le père de Martin Nadaud avait cinquante quatre ans quand il posa enfin la truelle. Après avoir suivi son père et son frère à la Rue, les Combes, les Groppes, la Ribière... Jean Momet avait acquis en 1810 au village d'Azat, commune de Mourioux "une maizon en très mauvais état et les deux mazures à icelle attenantes... les bûchers et autres dépendances attachées à icelle maizon et mazures... un jardin et chenevière letout attenant de contenance de quinze arres dix neuf centiarres" pour la modique somme de deux cents francs. 8 février 1810, minutes du notaire Michel Delage Sur le cadastre de 1840, la maison appartient à
la septième et avant-dernière catégorie, trois francs
de contribution quand celles de première catégorie étaient
cotées à 35 F. Sur les 206 maisons de la commune de Mourioux,
vingt sept appartenaient à cette 7° catégorie, et vingt
six à la huitième et dernière, deux francs de contribution.
La "maizon" ne comportait que deux ouvertures, qui étaient
comptabilisées pour le fameux impôt des "portes et fenêtres". |
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Sur ce plan cadastral du village d'Azat,
commune de Mourioux, la maison, sa cour, son jardin et dépendances
proches occupent les parcelles 81, 82 et 84. Une chenevière, une petite
terre et un pré jouxtaient au Sud la masure cotée 95; voir plus
bas.
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Vers la fin de sa vie, il ne possèdait
qu"un petit bordelage à nourrir
une vache composé de bâtiments, jardin, chenevière,
prés, terres et pacages, avec leurs dépendances ... le
tout situé et répandu au territoire dudit lieu d'Azat...".
Le terme "bordelage" n'était plus utilisé depuis
bien longtemps, ayant correspondu à des rapports très
particuliers entre le propriétaire par le métayer: Les paiements en nature n'étaient pas
l'exclusivité du bordelage. Le bail de la ferme du Mée,
à Saints, près de Coulommiers, appartenant à la
famille de l'ancien curé de la Chapelle Rablais, semble tout
droit sorti du Moyen Age, alors qu'on est en 1792: "Louée
à Charles Henry Sassinot et Marie Poteau, sa femme, moyennant
2.150 livres en deniers, en trois payements, 8 fromages à la
crême et au grand moule; un jambon de derrière; un septier
d'orge, mesure de Coulommiers." Quelques
années plus tard, le bail est confirmé: "2
fromages, 2 paires de chapons, 1 paire de canards, 8 boisseaux d'orge,
30 livres de beurre, 12 livres de laine, 2 voitures de fumier, 3 voyages
du Mée à Coulommiers à ma volonté." Doc: quelques pages de "journal de mon avoir" d'Antoine Huvier 1755/1836 "... le bordelage présentait des analogies avec le servage. Ainsi les biens tenus en bordelage ne se transmettaient qu'en ligne directe; les collatéraux ne pouvaient les recueillir que s'ils vivaient en communauté ou en société de biens avec le bordelier au moment de son décès. Mais le bordelier restait une personne libre." Dictionnaire de l'Ancien Régime PUF Est-ce la vétusté de la fermette qui la fait qualifier d'un terme aussi daté que "bordelage", n'avaient-ils pas restauré la " maizon en très mauvais état" acquise plus de vingt cinq ans auparavant? L'inventaire succinct de leurs biens s'élevait à la somme de cent quatre vingt dix neuf francs, y compris "une vache estimée soixante francs, plus dix brebis avec leurs agneaux, le tout estimé vingt francs".
Dans les outils, il y a de quoi couper du bois; pour les champs, une simple bêche, une houe, aucune charrue ni outil tracté... Il semble manquer le matériel pour travailler le chanvre, celui pour les "bleds", une faucille pour les céréales, une faux pour l'herbe (comment vache et brebis auraient-elles passé l'hiver sans foin?) ne sont pas mentionnées. Une faux valait fort cher à l'époque, voir le dossier sur les moissonneurs migrants: "Soyeurs, piqueurs, sapeurs et autres calvarniers; faux, faucille ou sape ". |
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Manque aussi la "teilleuse" ou broyeuse,
destinée à assouplir les longues tiges du chanvre pour
en extraire la fibre. Manqueraient aussi un peigne, des fuseaux, peut
être un rouet... |
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Les valeurs mobiliaires sont comparables à celles relevées à la Chapelle Gauthier en 1808, lors de l'inventaire après décès d'un voiturier thiérachien qui, bien que possédant une bonne somme en numéraire, vivait dans des conditions plus que spartiates. On notera, en comparant inventaire et vente, que le "meuble" le plus cher du débardeur, et de loin, n'était pas en bois, mais en laine: une couverture, estimée douze francs, vendue pour la somme de trente francs, valeur de quinze brebis. De même chez les Momet, où la literie, soixante francs, représente exactement la moitié de la valeur de tout le mobilier. Notons tout de même la présence d'une table et d'une commode, que le voiturier ne possédait pas. Voir aussi la 29° page du dossier sur les voituriers où est décrite la maison de Nicolas Pupin et évoqués les "progrès" dans le mobilier. |
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Quelques braves moutons paissant dans
les friches du village d'Azat.
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La page est déjà fort longue, faisons une pause avant de découvrir plus précisément les propriétés de Jean Momet et Léonarde Cadillon... |
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