Zones d'ombre dans la vie
d'Etienne Labarre, marchand de bois... 1/3

Il y a deux cents ans, Etienne Labarre était marchand de bois en forêt de Villefermoy, il faisait travailler bûcherons et voituriers de la Chapelle Rablais, la Chapelle Gauthier et autres villages, ce qui justifie sa présence en ces pages consacrées aux migrants et saisonniers. Il fut aussi huissier de justice à la Martinique, bourgeois de Paris, hobereau au Châtelet en Brie où il était aussi juge de paix et administrateur du département, sous la Révolution. Il se brouilla probablement avec son père, se fâcha avec sa femme, son fils, ses filles, son associé ... Bref, un personnage public, tombé dans l'oubli, aux nombreuses zones d'ombre.

Ces pages ne sont qu'une ébauche de la biographie d'Etienne Labarre qu'il faudrait compléter en consultant les archives des administrateurs du département à partir de 1789, les minutes notariales du Châtelet-en-Brie et de Paris, et bien d'autres documents, mais je laisse ce soin à d'autres; si je consacre trop de temps à ce sujet, je n'en aurai plus pour ceux qui attendent: les scieurs de long du Forez, les maçons de la Creuse retrouvés à la Chapelle Rablais, le curé Huvier qui s'épanchait dans les pages vierges des registres paroissiaux, la Capitainerie de Fontainebleau qui s'étendait jusqu'à la Chapelle... Cependant si de nouveaux aspects de la vie d'Etienne Labarre se révélaient, je serais très heureux de mettre cette petite biographie à jour.

Le nom d'Antoine Labarre était connu en Brie grâce à l'étude du père Péricard, dans sa notice sur le Châtelet en Brie qui cite Antoine Labarre dit "Maurice" On peut retrouver une signature à son nom dans les actes, mais est-ce bien la sienne? A noter que le texte du livret indique: "Antoine Labarre, dit Maurice Marchand, bourgeois de Paris" au lieu de "Antoine Labarre, dit Maurice, marchand bourgeois de Paris", une petite virgule et une majuscule qui changent tout et m'ont induit en erreur pendant quelque temps. Mais on verra plus loin que les apparences sont trompeuses et qu'Antoine Labarre dit Maurice n'est pas que le père d'Etienne.
Etienne Labarre n'est pas né où il le déclare, ce qui n'a pas simplifié les recherches. Dans des documents de 1783, il est noté: "Etienne Labarre, 27 ans, né à Paris de feu Antoine Labarre et de Adélaïde Marguerite Rolin" et "Etienne Labarre, 28 ans, né à Paris de feu Antoine Labarre et de feue Roulin". L'Etat Civil de Paris ayant brûlé dans l'incendie de l'Hôtel de Ville, sous la Commune, on avait peu de chances de trouver trace de la naissance d'Etienne.

La mention d'un mariage avec une demoiselle Adélaïde Marguerite Rolin ou Roulin a permis de retrouver l'acte de mariage à Bussy le Repos, le 15 avril 1755 : "Antoine Labar marinier veuf de défunte Madeleine Leroy de la parroisse de Villeneuve Leroy, comme il const. par le certificat des bans et Marie Marguerite Rolin veuve de défunt Pierre Pathier laboureur de cette paroisse..."
A Bussy le Repos, comme à Villeneuve le Roy (Villeneuve sur Yonne), on trouve des Labarre, Labar, La Barre, Delabarre... AD89 5 Mi 187/3 page 40 et 5 Mi 187/6 p 59 / Merci au groupe Yahoo GenYonne.

Maurice avait épousé en premières noces Madeleine Roy, le 27 janvier 1728 à Villeneuve le Roy, paroisse Notre Dame; on trouve dans les villages proches des Leroy, Roy, et Rouet d'après la prononciation de l'époque (Le Rouè, c'est mouè!). Du couple naquit vers 1730 un fils, lui aussi prénommé Antoine qui prit aussi le surnom de Maurice d'où risque de confusion entre père et fils. Une grande différence d'âge séparait les deux frères.
En troisièmes noces, Antoine père épousera Renée Delaporte, le 15 février 1763, toujours à Villeneuve sur Yonne.

La naissance d'Etienne se situait vers 1755 ou 1756 (1783-28 ou 27). Son père ayant laissé des traces en 1755 à Bussy le Repos et en 1763 à Villeneuve sur Yonne, la probabilité était forte qu'Etienne soit né dans l'un de ces deux bourgs proches. Effectivement, on trouve trace de son baptême, non à Paris comme il le déclare, mais paroisse Notre Dame à Villeneuve sur Yonne: "Le 4 février 1756 a été baptisé par nous vicaire soussigné Etienne né de ce jour du légitime mariage d'Anthoine La Bare marinier et de Marie Roulain son épouse de cette paroisse; le parain le Sieur Etienne Boulard de Château Feuillet; la maraine demoiselle Françoise Boulard qui ont signé avec nous." Châteaufeuillé est un lieu dit au sud du hameau de Valprofonde, Villeneuve sur Yonne.
AD 89 Registre paroissial de Villeneuve sur Yonne, paroisse Notre Dame p 172

Maurice Labarre, grand père d'Etienne, lui aussi marié trois fois, fut compagnon marinier à Villeneuve. Sur l'Yonne, les gens de rivière étaient principalement flotteurs de bois issu du Morvan pour la provision de Paris. Son fils Antoine se déclarant marinier avait fait prospérer les affaires du père, dont il avait aussi repris le prénom. Le frère d'Etienne, Antoine, lui aussi "dit Maurice", dut avoir l'audace de sauter le pas: de simple transporteur, il devint marchand de bois, ce qui demandait des capitaux et beaucoup de travail: "Vous serez marchand de bois ... Voyons Paris, il vous y faudra louer un chantier, payer patente et des impositions, payer les droits de navigation, ceux d'octroi, faire les frais de débardage et de mise en pile, enfin avoir un agent comptable.." Balzac: Les Paysans

Lien vers la page "le commerce du bois"

En 1761, Antoine Labarre, dit Maurice, (le frère, probablement) avait dû suffisamment s'enrichir pour, la même année, prendre des intérêts dans une société de commerce de charbon "entre, d'une part: Matthieu Fagnier, marchand joaillier, Paroisse Saint-Barthélémy, Paris; Pierre Birot, bourgeois, Paroisse Saint-Eustache; les héritiers de François Antoine Gaudreau, ébéniste du roi et, d'autre part: Antoine Labarre, dit Maurice, marchand de bois, paroisse Saint Paul." Base Arno Fonds: MC Cote: ET/CII/412 et acquérir le domaine de Bois Louis au Châtelet en Brie: "Le 31 décembre 1761, le fief est cédé par demoiselle Catherine-Elisabeth Tirmoy au sieur Antoine Labarre, dit Maurice, marchand bourgeois de Paris." Notice historique sur le Châtelet en Brie

Quand son frère achèta le domaine de Bois Louis, Etienne allait sur ses six ans. Il en avait onze quand le manoir fut revendu: "Le 20 août 1767, le Bois Louis est de nouveau vendu, par Antoine Labarre, à haut et puissant seigneur messire François-Ferdinand, comte de Launoir de Wannes, colonel au corps des Grenadiers de France, habitant Paris, hôtel de Vallois, et au château de Surville à Montereau. " Notice historique sur le Châtelet en Brie

Lien externe vers une gravure du château de Surville

A l'âge de seize ans, Etienne embarque à Nantes sur le navire "Ville de Rennes" le dix juillet 1772 et débarque aux Antilles le six septembre. Relevé CGLA cote 120J-435 Qu'est-ce qui l'a poussé à traverser l'océan? Etait-ce l'espoir d'une carrière plus rapide, d'autant que les Antilles n'étaient revenues dans le giron de la France que depuis une dizaine d'années, après le traité de Paris qui, en 1763, mit fin à la guerre de Sept Ans et instaura un nouveau partage des terres lointaines? Comme pour les familles nobles, l'aîné n'était-il pas favorisé, charge au cadet de faire une carrière militaire ou ecclésiastique. Antoine fils aurait poursuivi l'activité de marchand de bois avec son père, Etienne étant obligé trouver une autre ressource. Ou était-ce un exil forcé dû à une mésentente avec sa famille, car on verra plus loin que les relations pouvaient être tendues.
En juillet 1774, dans la petite ville de Sainte Marie, il est témoin au mariage du fils d'un "receveur des droits et poids de ladite ville", l'époux étant "Trésorier de la bourse commune des huissiers de la juridiction de la Trinité et y demeurant" Etienne Labarre est cité avec Simon Boutin, René Marchand, négociant, Jean Baptiste Duran, "tous quatre résidens à la Trinité", bourgade proche de Sainte Marie. Registre paroissial de Sainte Marie, 1774 page 4
Y avait-il tant d'huissiers à la Trinité qu'il fallait que l'un d'entre eux ait la charge particulière de leur bourse commune? Quelques années plus tard, Etienne Labarre est témoin, à la Trinité, au mariage de Simon Boutin, déjà cité, lequel est "huissier au Conseil souverain et en la juridiction de la Trinité, natif de Duras diocèse d'Agen, majeur d'âge, fils du sieur Boutin maître en chirurgie audit bourg de Duras et de dame Marie Chalon" Registre paroissial de la Trinité, 1775 p 5
Quelques années plus tard, en 1781, Etienne est parrain d'une fille dudit Boutin. Etienne Labarre et Simon Boutin résident alors à Saint Pierre le Fort; il est précisé qu'Etienne est
"aussy huissier à conseille de cette île et en la sénéchaussée de ce bourg" Registre paroissial de Saint Pierre le Fort, 1781 page 7
Etienne Labarre n'était donc pas venu acquérir une fortune rapide dans le négoce ou l'exploitation forestière. C'était à l'époque un petit fonctionnaire de l'administration royale outremer.

Retranscription des actes et références à la page "Labarre, actes et documents"

Etienne Labarre était lié à Simon Boutin, par le travail, tous deux étant huissiers, par les résidences, passant l'un et l'autre de la petite ville de la Trinité à Saint Pierre, mais aussi par les liens familiaux. Simon épousa une Lefèvre: "Marie Victoire Lefèvre, fille mineure du sieur Gabriel Lefèvre, marchand en cedit bourg et de Marie Françoise Gouraud", soeur de la concubine du futur marchand de bois, "Marie Elisabeth Lefèvre native de la paroisse de la Trinité", avec laquelle Etienne eut trois enfants entre 1778 et 1782. On peut assurer que les concubins se fréquentaient au moins depuis octobre 1777, période de la conception de leur aîné, se connaissant depuis au moins juin 1775, réunis au mariage Boutin/Lefèvre. Elisabeth avait dix ans de plus que Labarre car, si un document peu fiable de 1783 lui donne l'âge de 27 ou 28 ans, d'où une naissance possible en 1755/56 d'autres actes de 1822 et 1828 la font naître en vers 1747.
Etienne Labarre fréquenta les bonnes familles de la Martinique, comme le montrent les actes de baptême de ses enfants: les familles Guys, Dieudonné, Vessiny, familles commerçantes relativement aisées du Mouillage de Saint Pierre. Joseph Guys fut fournisseur privilégié de l'administration de la Martinique, touchant une commission sur toutes les fournitures, entre 1765 et 1783, et il se retira à Marseille après cette date. Les Vessiny étaient une famille de marins et commerçants corses, implantés à Saint Pierre vers 1765 et semblant s'être transportés à la Trinidad Espagnole, comme de nombreux commerçants martiniquais et de la Grenade fatigués de l'administration française, après l'adoption de la cédule de colonisation de 1784.
Correspondance avec M. Alexandre Blondet auquel je dois beaucoup

Etienne Labarre fit connaissance de Louis Lézin de Milly: "né le 13 février 1752 à Saint-Pierre de la Martinique et décédé à Paris le 23 août 1804 est un avocat, homme de loi et franc-maçon, dit américain de par sa naissance aux Antilles. À Paris durant la Révolution, il milita au sein de différentes sociétés populaires et clubs. Il était rallié aux idées nouvelles d'une monarchie constitutionnelle, mais restait d'opinion modérée. Il prit parti également contre l'abolition de l'esclavage." article Wikipédia
Après un premier passage à Paris, et avant de se fixer en métropole, Louis Lézin repassa aux Iles de 1779 à 1784, où, avocat, il dut forcément rencontrer le sieur Labarre, huissier, qui y laissa des traces de 1774 à 1783. Il se retrouveront en France; Louis Lézin occupant une charge qui recoupait les activités du marchand de bois; ils finiront par s'associer...

L'arbre généalogique de la concubine d'Etienne Labarre, née Lefèvre, croise celui d'Angélique Lefèvre, grand-mère de Louis Lézin de Milly; on verra plus loin les conséquences de cette parenté présumée .

Louis-Lézin de Milly sur Wikipédia
Livre numérique d'Alexandre Blondet:
Petites et Grandes Révolutions de la Famille de Milly

En 1783, on note les préparatifs d'un retour en France métropolitaine. La raison n'en est pas connue, mais la plus probable est la reprise des affaires de son père. Revenu en France, Etienne sera riche et influent, ce que son office d'huissier n'aurait pu lui permettre.
En janvier 1783, il fait baptiser ses trois enfants illégitimes à quelques jours d'intervalle, nul doute que ces baptêmes se firent dans la plus grande discrétion.
Le père n'assista à aucune cérémonie, absence qu'il justifie par des billets étrangement semblables.
"Le onze janvier (1783) j'ai batisé Pierre François né le quatorze juin mille sept cent soixante dix huit, illégitime de de(moiselle) Marie Elisabeth Lefèvre native de la paroisse de la Trinité et résidant sur ce lieu, et de Sr Etienne Labarre qui nous a prié et authorisé par un billet en datte de ce jour et signé de lui, de batiser sur son nom l'enfant ci dessus. Le parrein a été Sr Pierre Guys, la marreine de(moiselle) Marie Françoise Dieudoné (Dieudonné) qui ont signé avec moi, le père étant absent.
Le quatorze janvier (1783) a été batisée Catherine Rachel née le dix octobre dernier (1782), illégitime de de(moiselle) Marie Elisabeth Lefèvre native de la paroisse de la Trinité et résidant sur ce lieu, et de Sr Etienne Labarre qui nous a prié et authorisé par un billet en datte de ce jour et signé de lui, de batiser sur son nom l'enfant ci dessus. Le parrein a été Sr Denis, la marreine Dame Seguin Loustalet qui ont signé avec moi, le père étant absent.
Le dix huit janvier (1783) j'ai batisé Magdeleine Thérèse née le quinze octobre mille sept cent quatre vingt, illégitime de de(moiselle) Marie Elisabeth Lefèvre native de la paroisse de la Trinité et résidant sur ce lieu, et de Sr Etienne Labarre qui nous a prié et authorisé par un billet en datte de ce jour et signé de lui, de batiser sur son nom l'enfant ci dessus. Le parrein a été Jean Vessigny (Vessiny) , la marreine de(moiselle) Magdelaine Vessigny qui ont signé avec moi, le père étant absent." Saint Pierre le Mouillage; table décennale sur le registre 1778 p 12, et Registre paroissial 1783 pp 2,3,4
Quand le premier enfant naquit, Etienne n'était âgé que de 22 ans. Il n'était pas majeur et aurait dû solliciter l'autorisation de son père pour se marier. A-t'il demandé cette autorisation avec tous les délais d'acheminement du courrier et la possibilité qu'Antoine refuse ?
Si les concubins avaient régularisé leur situation en Martinique, le mariage d'Etienne Labarre et Elisabeth Lefèvre aurait pu avoir lieu à Saint Pierre, lieu de résidence d'Etienne, ou à la Trinité lieu de résidence des parents d'Elisabeth. Les recherches ont été un peu compliquées par les bizarreries d'indexation des registres en ligne: la table décennale de Saint Pierre le Mouillage relative à l'année 1783 se trouve dans le registre 1778; la Trinité possède deux entrées: "la Trinité" où ne figurent que les tables décennales et "Trinité" où on peut trouver le détail des actes. On ne trouve pas mention de ce mariage à Saint Pierre et les registres, comme les tables décennales, sont manquantes pour la Trinité, année 1783. Etaient-ils donc mariés? Les termes "épouse", "épouse légitime" seront employés dans des actes postérieurs. A son mariage avec Adrien Joseph Hippolitte Delacourtie, en 1802, l'acte de naissance de Marie-Thérèse Labarre n'avait pas été présenté, "attendu que l'isle de la Martinique dans laquelle elle est née est au pouvoir des Anglais". Cependant, en 1822, au mariage de Catherine Rachel, sa naissance est "légitimée par le mariage subséquent de ses dits père et mère". Quant au mariage tumultueux du garçon, nous y reviendrons plus loin.
En juin 1783, Etienne avait alors 27 ans, commença le retour vers la métropole. La petite famille, accompagnée de Pierre Guys, parrain de Pierre François, embarqua sur le navire "Victoire" pour passer de la Martinique à la Guadeloupe. Ils débarquèrent à Pointe à Pitre le 9 juin. Les voici ensuite sur le brigantin de 180 tonneaux "Joseph Second", neuf hommes d'un équipage cosmopolite, commandés par le sieur Jean Jacques Martin, capitaine et propriétaire; un bateau modeste, chargé de fret et prenant quelques passagers sur son pont unique.
Les temps avaient été incertains, sur les mers, et le redeviendront; le Joseph Second avait été une prise anglaise...

Saint Domingue Année 1783. Département du Port au Prince. Le Brigantin Le Joseph Second Au mois. A l'armement n°32
Rôle de l'équipage du Brigantin le Joseph Second du port de 180 tonneaux, armé de .. canons, appartenant au sieur Jacques Martin & commandé par lui même pour aller au Havre de Grâce les gages duquel équipage commenceront le ce jour premier mai 1783
savoir Le sieur Jean Jacques Martin du Havre capitaine, Gages par mois 250 £; Jean Shar, d'Ostende 2° , 200 £; Charlemagne le Roux de Bruge , 80 £; Handrik Crolot de Prusse, charpentier, 120 £; Charles Peze, d'Amsterdam, matelot, 100 £; Manuel Joseph du Portugal, idem, 100 £; Joseph Marie de Libourne, idem, 80 £; Charles Burque, de Bruge, 80 £ .
Armement du Joseph Second AD 76 Cote 6P6_12 p 120 à 123


  Suite: Etienne Labarre, marchand de bois /2

   
  Les voituriers par terre /20 : Les marchands de bois
  Doc : Traces des marchands de bois

   Courrier

Les différences entre les deux fiches d'embarquement (de la Martinique à la Guadeloupe et la Guadeloupe jusqu'à la métropole) conduisent à se demander quels actes furents effectivement présentés: âges différents (28 ans en juin, un an de moins en juillet), orthographes différentes du nom de la mère d'Etienne, lieu de naissance d'Etienne erroné, renseignements sur les parents d'Elisabeth sur la seconde fiche uniquement, âge d'Elisabeth douteux...
Femme et enfants pouvant figurer sur le passeport du mari. Etienne Labarre ayant passé aux Antilles toute la période de la guerre d'Amérique, entre 1774 et 1783, il est probable que le passeport qui lui fut délivré ne résultait pas du dépôt d'un ancien document, périmé au bout de deux ans, mais sur l'attestation de deux témoins, comme sur celui ci-contre, d'André Louis Poisson, berger, qui obtint son passeport grâce au témoignages du maire et de l'instituteur de la Chapelle Rablais en 1807.
Quoiqu'il en soit, la famille Labarre débarque au Havre le 11 juillet 1783.
Voir le chapitre: qu'est-ce qu'un passeport?
Plusieurs cas de baptêmes tardifs ont été relévés dans l'entourage d'Etienne Labarre, même quand les naissances étaient légitimes: la fille de Simon Boutin, dont Labarre était parrain, n'a été baptisée que le 1° mars 1781 alors qu'elle était née le 9 février 1780. La sœur de Louis Lézin de Milly, épouse Gravier, baptisa en bloc trois de ses enfants en 1787, nés entre 1779 et 1785 à Sainte-Lucie. D'après M. Blondet: "Je constate qu'aux îles, la religiosité ne paraissait pas aussi poussée qu'en France. Le clergé était peu développé, les curés pas toujours présents. Certaines régions ne voyaient passer un missionnaire qu’occasionnellement, notamment dans les îles isolées, et chez les français passés sous domination anglaise. Même les missions d'état civil n'étaient pas bien remplies. Souvent les familles avaient des propriétés dans plusieurs îles, certains passaient pour diverses raisons dans d'autres îles ou en métropole. Et puis il y avait la guerre avec l'Angleterre, ses blocus et guerres de course.. Il se pouvait alors qu'on attende qu'un parrain/ marraine ou un aïeul puisse être présent à la cérémonie. Certains hésitaient peut-être aussi à baptiser un enfant avant qu'il ne soit viable." correspondance avec M. Alexandre Blondet auteur d'une étude sur Louis Lézin de Milly

Passez la souris sur les
illustrations pour leur légende.
Mise à jour: avril 2021

La rue où résidait Antoine Labarre, bourgeois de Paris est révélée en septembre 1770, et confirmée dans d'autres documents, par un "Marché de fournitures de bois de bouleaux et de trembles entre Adrien-Pierre Mignon, entrepreneur de la manufacture royale des terres d'Angleterre au Pont-aux-Choux, au coin de la rue Saint-Sébastien, y demeurant, et Antoine Labarre, marchand de bois, rue Saint-Antoine, paroisse Saint-Paul, dont ils se désistent le 2 mars 1771."
On le verra au fil des actes, toutes les résidences des frères Labarre et de leurs alliés seront situés dans les mêmes quartiers de Paris, entre le Marais et la Bastille.

Les lieux fréquentés par Etienne Labarre et sa famille à Paris

Les deux Antoine Labarre, père et fils étaient dans le commerce du bois, l'un dans l'Yonne où il devait préparer les trains de bois qui descendaient jusqu'à Paris où son fils les recevait, les entreposait et après séchage, trouvait à les vendre.
Les ports au bois de Paris sont très nombreux, il est probable qu'Antoine avait fréquenté le plus proche de sa demeure, situé sur l'ancienne île Louvier, réservée aux marchands de bois qui y payaient lourde patente, (en amont de l'île St Louis, le bras de Seine comblé est maintenant le boulevard Morland) ou sur la rive gauche, le port St Bernard où étaient aussi entreposés les bois flottés.

Doc : plan des ports au bois de Paris
Dossier : le commerce du bois