Les scieurs de
long/14
Relations des scieurs avec les autres migrants
Publicité pour les vins Nicolas
Certains scieurs ne laissèrent que peu de traces, migrants saisonniers,
ou qui eurent le malheur de décéder loin de leur "pays".
Plus d'un quart des scieurs retrouvés choisit de s'installer en Brie,
avec leurs enfants, ils occupent plus de la moitié du "camembert"
ci-contre. Pour ceux-ci, comme pour les locaux, on peut retrouver un peu
plus de renseignements sur leur existence.
N'oublions pas que ce graphique ne représente pas l'ensemble des
scieurs et terrassiers ayant fréquenté Villefermoy, ou apparentés,
car tous les migrants n'ont pas laissé de traces..
"Quand un Auvergnat trouve un biais pour se faire de l’argent, il appelle toujours ceux de son pays." Henri Pourrat Migrant, voyageant, travaillant ensemble, les scieurs de long et les terrassiers n'ont pas cessé de se fréquenter après leur installation définitive en Brie. Quelques témoignages...
En 1819, mariage du scieur de long, veuf et passablement
âgé, Claude Valliorque, 69 ans,"né
à Saint Martin d'Alègre en Overgne"
avec une fille, née en Brie, d'un terrassier originaire du Forez,
Anne Marie Vignal, 40 ans, elle aussi veuve. Jusque là, rien de particulier.
26 juin 1819 État Civil, Chevry en
Sereine AD77 5 Mi 2847
Les mariages entre confrères étaient fréquents (terrassiers et scieurs pouvant être assimilés). Par exemple, la plupart des scieurs de long recensés à la Chapelle Gauthier dans les années 1830 étaient unis par des mariages: Louis Derson scieur de long, avait épousé Rose Moreau, fille de Louis Adolphe Moreau, scieur de long, époux de Rose Trévé, soeur de Jean Baptiste Trevé, scieur de long.
Donc rien que de plus normal à ce qu'un scieur épouse la fille d'un terrassier, à part le fait que les communes de résidence des deux époux étaient passablement éloignées: l'épouse étant originaire de Mormant, l'époux résidant "de fait" à Chevry sur Sereine, à plus de quarante kilomètres de distance. Pas question d'échanges par courrier, sur l'acte de mariage, "les parties contractantes ... ont déclaré ne sçavoir signé". Les liens entre des migrants du centre de la Brie et ceux des franges du Gâtinais avaient perduré après l'installation des deux familles. Peut être par l'entremise des Monteillard qui comptaient des représentants à Château-Landon comme à Fontenailles et la Chapelle-Rablais. Les familles Vignal et Monteillard étaient d'ailleurs liées : Louis Vignal, fils d'un terrassier originaire de Craponne sur Arzon, Haute Loire et lui-même terrassier à Mormant y épousa Marie-Anne Monteillard, fille mineure de Jacques Monteillard, terrassier à Fontenailles, originaire d'Allègre, Haute Loire.
Mariage Vignal / Monteillard 20 septembre 1792 Etat civil, Fontenailles AD77 5 Mi 5484
Comme on a pu voir avec les frères Besseyre, certains membres de la même famille choisirent de s'installer, non pas dans le même village, mais dans des bourgs proches. Ce fut le cas des frères Monteillard dont il fut question plus haut.
Jacques, l'aîné, né en 1749 à Allègre,
se maria à Fontenailles en 1775. Il était terrassier et ses
descendants le furent aussi. Son frère Barthélémy né
en 1755 se maria aussi à Fontenailles en 1780. Il était scieur
de long et ses descendants le furent aussi. Pourquoi l'un était-il
terrassier quand l'autre était scieur? Mystère!
Barthélémy ne resta pas à Fontenailles, où il
avait pris épouse, mais s'intalla à la Chapelle Rablais où
il diversifia ses activités. Le simple "scieur
d'aix", "scieur de longt" devint au fil des années
"maître écarrisseur",
mais aussi petit cultivateur, exploitant des terres dont il pouvait vendre
le produit, on en retrouve la trace dans l'inventaire après décès
d'un voiturier thiérachien:
"Dettes passives... 28. Ladite veuve Nival déclare ... dû
à Montillard manouvrier aux Montils soixante francs pour luzerne
que ledit a fourny"
29 floréal an XI AD 77 261 E 61 minutes du notaire Hardouin
Notons qu'il ne sera jamais question de soeurs, aucune ne semblant avoir fait le voyage. Pas plus que d'épouses, restées au pays pendant la mauvaise saison, un peu plus favorisées que celles des maçons limousins qui devaient se charger des lourds travaux de fenaison, de moisson puisque leurs époux étaient partis à la belle saison... Certains scieurs mariés ne quittèrent définitivement le Forez qu'après veuvage.
16 mars 1819 Mariage de Claude Nicolas,
scieur de long, né le 13 floréal an II à Allègre,
Hte Loire, fils de feu Claude Nicolas, maréchal ferrant à
Allègre et de feue Madeleine Mattet, domicilié à Dormelles.
avec Marie Scholastique Bontemps, née le 29 mai 1792, fille d'Edmé
Bontemps, vigneron et d'Elisabeth Françoise Couppé.
Témoins de l'époux: Martin Amable Nicolas, 32 ans, terrassier
dans la commune d'Ouchy, Yonne, frère; François Nicolas, 26
ans, terrassier à Toraille, Loiret, frère; ne signent pas.
Etat civil de Dormelles AD 77 5 Mi 6437 p 77
Plusieurs actes attestent la présence dans
le Gâtinais des frères Nicolas (présentés quelques
pages auparavant, leur frère aîné ayant reçu
bonne éducation et atelier de maréchal paternel) tous nés
à Allègre, Haute Loire. François fut terrassier à
Thoraille, se maria et décéda à la Selle en Hermoy,
deux villages du Loiret. Claude, qui fut un temps terrassier aux côtés
de son frère, se maria à Dormelles, Seine et Marne, il était
devenu scieur de long. Un troisième frère s'était joint
aux autres : Martin Amable. Tailleur d'habits dans le Forez où il
s'était marié en 1809, on le retrouvait une dizaine d'années
plus tard, terrassier dans le Gâtinais. Terrassier et tailleur d'habits
ne demandaient que peu d'outils. Une pioche, une pelle pour l'un; des ciseaux
des aiguilles pour l'autre, pas besoin de boutique, le tailleur allait de
ferme en ferme pour couper et coudre les pièces filées et
tissées à la maison.
Une fois encore, des frères choisirent de s'installer dans la même
région, mais pas dans le même village. Cette singularité
m'a permis de corrriger l'acte de 1819. Toraille ne fut pas bien difficile
à préciser en Thorailles, non loin de Montargis, Loiret. Par
contre, point d'Ouchy dans le département de l'Yonne. Mais un village
de Douchy, lui aussi dans le Loiret, le troisième frère restant
proche des deux autres..
Pourquoi diable aller chercher des exemples de terrassiers
du côté de Montargis alors qu'on est censé s'intéresser
aux scieurs de long en forêt de Villefermoy ? Tout d'abord parce que
les migrants du Forez, sont terrassiers, quand ils ne sont pas scieurs de
long : Jacques Monteillard est terrassier et son frère est scieur;
Martin Amable Nicolas et François Nicolas sont terrassiers quand
leur frère Claude est scieur... Les terrassiers de la famille Nicolas
oeuvrent non loin de la forêt de Montargis; le scieur à Dormelles,
dans le Gâtinais. La famille avait déjà des liens avec
la famille Valhorgues à Allègre, dans le Forez, (l'aîné,
Blaise a épousé Jeanne Marie Valhorgues). Claude Nicolas est
témoin au mariage du scieur (local) Clément Séverin
Rousseau, lequel fréquente à Dormelles des Valliorgue, que
l'on retrouve à Varennes sur Seine, où a travaillé
le scieur forézien Fleury Villard qui est venu s'installer à
la Chapelle Rablais. Encore un fil à remonter.
Cinq scieurs de la famille Besseyre, originaire de Chassignolles, Haute Loire, se fixèrent en Brie, dans des villages différents aux alentours de 1775. Trois frères, fils de Jacques "Jacounet" Besseyre (°1708) et de Marie Thaunat: Etienne, Jacques l'aîné, Jacques le Jeune; et deux cousins par l'arrière grand-père, fils d'autre Jacques (°1719) et de Charlotte Dumas: Etienne l'aîné et Etienne le Jeune. Suivant les villages où ils laissaient des traces, le nom de famille variait : on trouva des Besseire, Besseyre à Vert St Denis, et aussi Voulx, Villeneuve la Guyard, Villeblevin; des Bessel, Besselle à Ozouer le Voulgis, les Ecrennes, Verneuil l'Etang; des Bécelle à Villeneuve la Guyard, Guignes, la Chapelle Gauthier (transcrit Breuille dans la table décennale), et Vert Saint Denis où Henriette fit officiellement changer son nom en Bécelle. Même origine, même parents, mais des frères aux patronymes différents suivant les villages...
Pierre Giraux, "silleur de long" originaire de "St Etienne-près-Alègre, Auvergne, district de Brioude" maria en 1825 sa fille Florentine Félicité à François Maury, marchand de "pare à pluie" de Corrèze; plus que probablement colporteur en parapluies, comme son père, "marchand de parapluye, demeurant la commune de Cirgues Dayze, canton de Servières, département de la Corrèze, décédé chez Nadal Purac, manouvrier, 16 rue du Mureau Provins". Le frère et l'oncle de François Maury étaient aussi marchands de parapluies, l'un des métiers des migrants, comme le montrent les cartes des métiers et destinations des migrants "limousins".
Limousins : métiers, destinations
François Maury poursuivit quelque temps le métier familial
avant d'opter pour celui de scieur de long, trois ans après son mariage.
A noter que Pierre Giraux, le père de l'épousée, avait
choisi le métier plus reposant d'aubergiste.
Restons dans la famille Giraux. Un fils, "Pierre
Guillyaume Girau" épousa Marie Jeanne Crépine
Belluchet. A part le fait que les mères de deux époux étaient
soeurs, on peut remarquer que les deux pères étaient migrants
: Pierre Giraux, scieur, venait du Forez et Jacques Péluchet, maçon,
venait de St Goussaud, en Creuse.
Traces des scieurs de long et terrassiers
Comme le précisait Félix Bourquelot en 1870 : "Thiérachiens: Charretiers qui mènent à Provins le bois de la forêt de Chenoise dans de longues voitures traînées par de petits chevaux à demi-sauvages, vivant dans la forêt et ne connaissant guère l'écurie." Les Thiérachiens débardaient avec des chevaux; inventaires après décès et ventes d'attirail le prouvent; au contraire des galvachers du Morvan qui oeuvraient aussi en Ile de France, quoiqu'il ne se soit trouvé aucun "voiturier bourguignon" en forêt de Villefermoy. (A retrouver dans le dossier sur les voituriers en bois, et sur la carte où les puces vertes correspondent aux Thiérachiens, les rouges aux galvachers, les jaunes aux charbonniers, les bleues aux gens de rivière bourguignons, flotteurs de bois etc...)
Galvachers et Thiérachiens, 21° page du dossier sur les voituriers
en bois
Galvachers et Thiérachiens, carte de localisation en Brie sur Google
Maps
Même si leurs métiers du bois ne les avait pas rapprochés, scieurs et voituriers ne pouvaient s'ignorer, habitant presque tous le gros hameau des Montils, plutôt que le bourg. Edmé Tissot a vu comment opéraient les "Tirachiens", leur travail avec les chevaux. Alors, le Forézien acheta un attelage à un voiturier. Et, comme quelques années plus tôt où il avait récolté une amende pour vagabondage de boeuf, en 1811, il prendra une nouvelle prune, pour vagabondage de chevaux, cette fois-ci, divagation bien "tirachienne" : " petits chevaux à demi-sauvages, vivant dans la forêt et ne connaissant guère l'écurie" ...
Edmé n'était pas très riche, pas très pauvre, non plus. Il se maria trois fois, dont deux avec des soeurs, filles d'un berger des Montils. Pour le premier mariage, le contrat fut passé en septembre 1793 alors que la cérémonie n'eut lieu qu'en avril de l'année suivante, Edmé apportait 536 livres et Marie Adélaïde Lepanneau 250. Total 786 livres. Au second contrat passé une semaine avant les épousailles avec la seconde soeur Lepanot, il n'avait plus que 250 livres. Papa Lepanot remit deux cent cinquante livres: 675 pour le couple. Pour le troisième mariage, contrat signé une quinzaine de jours avant le mariage, il disposait de la même somme que pour le premier, plus cent francs de douaire; la mariée qui n'était plus de la même famille apporta la même somme de deux cent cinquante livres, devenus Francs pas encore Germinal puisqu'on était qu'en septembre 1802 : total 796 F. Le contrat de 1802 précisait qu'en cas de veuvage, le survivant aurait droit à "linge, lit garni, commode ou armoire vuide... si c'est la future bagues, joyaux, gobelet d'argent s'il y en a ... si c'est le futur, sa tasse, boucle et montre d'argent... Conviennent les futurs que les deux enfans du second lit du futur, et celui de la future, seront nourris, logés, couchés, chauffés, blanchis, éclairés et entretenus tant en santé que maladie, aux frais de la future communauté jusqu'à l'âge de quatorze ans... Les frais de nourriture et entretien évalués la somme de cent francs par an."
Le couple empruntera mille francs, sans intérêt, à Nicolas Pupin en 1807 en hypothéquant la maison qu'ils venaient d'acheter aux Montils et tous leurs biens, déjà hypothéqués en faveur de leurs enfants, héritiers des précédents époux: "...leur maison de trois travées située aux Montils commune de la Chapelle Rablay ... tenant au levant à une propriété qui appartient aux enfans mineurs dudit Tissot, au couchant sur la rue qui conduit à Nangis, au Midy, sur la Rue de Melun et du Nord à un Clos appartenant auxdits mineurs... un clos entouré de hayes vives 21 ares 10 ca, cinquante perches... un autre clos... " Cette maison de cinquième catégorie cadastrée A 306 en 1832 existe encore, le petit fils d'Edmé Tissot, François Victor Bertin l'avait modifiée en 1868.
21 octobre 1807 minutes du notaire Tartarin AD 77 273 E 31
La mort de Nicolas Pupin en 1808 retarda peut être l'achat d'un attelage complet de Tirachien que les Tissot achetèrent en 1809 pour 1.040 francs à payer en cinq termes, sans intérêts, jusqu'à la Saint Martin 1811. A noter que Louis Meunier, le vendeur, était certainement meilleur négociateur que le couple Tissot/Voulminot, puisqu'il leur vendit au prix fort un chariot, un poulain et sept juments qui n'étaient pas de première jeunesse, dont une avait "le pied gauche de devant tourné". Le brave Louis Meunier avait profité de la vente aux enchères Pupin pour se procurer un chariot pour 120 francs et des juments pour un prix dérisoire, entre 10 francs pour "une jument sous poil noir garnie de son collier et trez" deux autres à une vingtaine de francs pièce, la plus chère: "une jument sous poil rouge bay mis à prix par le citoyen Boulogne à Villeneuve les Bordes & adjugé au citoyen Meunier moyennant 31,50 F". On est bien loin du millier de francs déboursé par Edmé Tissot pour un chariot, sept juments et un poulain. minutes du notaire Tartarin AD 77 273 E 31
Scieurs et terrassiers, migrants ou locaux, se fréquentaient. Ils
avaient aussi des relations avec d'autres groupes de migrants. Quelques
actes prouvent la rencontre de ces marcheurs au long cours.
Le 12 mars 1890 est décédé près d'un hangar
de la ferme des Moyeux, le château de la Chapelle-Rablais, Jean, environ
62 ans (admirons la précision dans l'approximation), célibataire,
"originaire de l'Auvergne, chaudronnier ambulant,
sans domicile fixe, dont le nom, le lieu et la date de naissance ainsi que
la filiation nous sont inconnus". État
Civil, la Chapelle Rablais AD77 6 E 92/6
Est-ce un hasard si l'un des témoins
était Fleury Gabriel Villard, scieur de long, et frère germain
de l'introuvable petite Marie. La sécheresse de l'acte d'état
civil fut complétée par un article dans la "Feuille de
Provins" du 15 mars 1890 :
Il me semble tout à fait probable que ledit
Jean Chavide ou Chavire ait conversé, avant sa mort soudaine, avec
des "pays",
dont le scieur Fleury Gabriel Villard, et, au fil de la conversation révéler
les quelques éléments repris dans l'article. "Chaudronnier
ambulant.... roulant à droite et à gauche dans les campagnes",
aurait-il aussi donné des nouvelles de compagnons disséminés
alentour?
Les campagnes étaient parcourues de forains qui, allant de village
en village, servaient de gazette. Les passeports conservés à
la Chapelle Rablais n'ont pas gardé la trace de tous ceux qui y transitaient,
par le simple fait qu'ils n'avaient aucune raison particulière de
faire renouveler leur pièce d'identité dans cette petite paroisse.
Dans la liasse d'Egreville, on découvre certains de ces petits métiers:
montreur de lanterne magique, chiffonnier, bimbelotier, colporteur, deux
artistes acrobates vieillissants, sans domicile fixe, un marchand d'images
et joueur d'orgue, un mètre trente sept, barbe rouge et pied bot,
cheminant avec femme et enfant...
L'attelage devait être payé à Louis Meunier, par tiers jusqu'au 11 novembre 1811, jour de la Saint Martin où se réglaient de nombreuses dettes. Pas besoin de se déplacer pour payer l'achat de l'attelage, Meunier et Tissot étaient voisins aux Montils; d'ailleurs, Louis Meunier n'était pas Thiérachien, né à Châteaurenard, dans le Loiret, non loin de Montargis.
"Fut présent S. Joseph Germain voiturier par terre demeurant à la Chapelle Gauthier, chez le S. Devin le jeune aubergiste demeurant audit lieu Lequel à par ces présentes cédé transporté & abandonné de cejourd'hui, avec promesse d'en faire jouir & garantir de tout empêchement généralement quelconque à Jean Baptiste Delchande aussi voiturier demeurant ordinairement à Montmigni pays Henault et étant ce jour à ladite Chapelle Gauthier à présent acquéreur ce acceptant. L'effet et droit d'un billet de la somme de cinquante une livres qui reste à payer sur plus grande somme dont va être parlé, qui lui à été cédé par Pierre Houdion voiturier demeurant à Dammartin sous Tigault en datte du premier aoust mil sept cent quatre vingt dix... un autre billet de cent cinquante livres fait par Philippe Benson au profit dudit Houdon, en datte du douze novembre mil sept cent soixante dix sept...."
Jai souscigné reconnoit aitre redevable de la some de saintquante et une livre dont je promet pejer a pierre audions residant a dont martiens sur tigaut a la saint jans baties de lannait de 1778 fait a maux le 12 nauvembre 1777 Philippe Benson
Je donne moi pierre houdion plin pouvoir a Joseph Germain thirachin de recevoir la somme de cinquante et une livre dû par philipe Benson portée par ledit billet fait le premier aous mil sept cent quatre vingt dix" minutes du notaire Baticle la Chapelle Gauthier AD77 273 E 23 n°114
Edmé Tissot avait-il déjà apuré ses dettes, n'avait-il pas eu l'occasion d'effectuer un "transport de billet" avec un Thiérachien retournant à Momignies, ou bien avait-il fait le long déplacement pour régler le reliquat de l'emprunt ? Ce n'est qu'une hypothèse pour essayer de justifier ce long voyage (plus de deux cents kilomètres par Soissons, Laon, Vervins....) dans une contrée où il n'avait aucune attache.
Ces petites tranches de vie ont montré les rapports des migrants entre eux, quelqu'aient été leur origine et leur profession, à l'exception cependant, des maçons limousins, plus solitaires. Dans la page suivante, j'essaierai de montrer les liens qui pouvaient se créer entre les scieurs et les locaux.
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Retour : patois et patwe | |
Plan du chapitre sur les scieurs de long et terrassiers | |
Documents sur les scieurs de long et terrassiers | |
Sources et bibliographie | |
A la Chapelle Rablais, parmi les deux cents documents, environ la moitié concerne des locaux : bergers, meunier, maréchal ferrant en apprentissage, marchands de moutons, châtelain, curé. Les migrants ont aussi laissé leurs traces : scieurs, maçons, voituriers. Et un colporteur, un ramoneur, des batteurs en grange, des tailleurs d'habits, des cordonniers-émouleurs, des marchandes de sangsues et deux couples de forains apparentés aux charbonniers de la forêt d'Othe allaient de foire en foire pour proposer leurs bagues miraculeuses de Saint Hubert, censées préserver de la rage... Tout un petit peuple qui passait de village en village, de ferme en ferme pour proposer leurs services et propager les nouvelles.
Charbonniers et forains, les bagues de Saint Hubert
Les passeports pour l'interieur à la Chapelle Rablais, liste...
A dire vrai, les "Tirachiens" en forêt de Villefermoy avaient plutôt leur origine dans la botte du Hainaut, autour du bourg de Momignies. Plusieurs familles s'étaient fixées dans les villages autour de l'ancienne forêt de Barbeau et il semblerait qu'ils aient peu à peu acquis le presque monopole du débardage, à tel point qu'un débardeur en bois était qualifié de "Thiérachien", quand bien même il était né en Brie.
"Vilaige de Monmigny", besogné de Croy XVII°s.
Si le métier de scieur de long avait semblé moins contraignant que celui de colporteur de parapluies à François Maury, celui de voiturier avait tenté un scieur du Forez. Sans abandonner son métier de scieur de long, Edmé Tissot se diversifia en débardant le bois de la forêt proche.
Le 29 brumaire an IX, 20 novembre
1800, le "garde fonds de propriétés
des citoyens Moufle" surprend Edmé
Tissot "à se chauffer près
d'une loge avec son chien", extrait déjà
cité dans ces pages. Penchons-nous sur l'objet du délit : "il
a trouvé quatre boeufs sous différents Poils et âges appartenant
au citoyen Edmé Tissot manouvrier demeurant aux Montils, commune de
la Chapelle Arablais, qui étoient à même ledit Bois à
le manger et le brouter." Qui pouvait
avoir l'usage de quatre boeufs? Un riche laboureur, ce qu'Edmé Tissot
ne fut jamais ? Ou bien un débardeur, menant les bûches de la
forêt aux ports, sur la Seine. De nombreux "beutiers" ont
laissé des traces dans la toponymie, marquant les chemins qu'ils empruntaient,
à égalité avec les "Thiérachiens", à
retrouver à la 18° page du dossier sur les voituriers tirachiens...
Jugements de simple Police, Nangis, UP 2314
Beutiers et Thiérachiens, chemins et ports
Les "Thiérachiens"
avaient la spécialité de débardage dans certaines forêts
de Brie; dans "Le patois briard, notamment de la région de Provins,
1930" Auguste Diot en donne la définition:
"Tirachien, débardeur d'arbres en grume
dans les forêts, amenant ensuite ces arbres dans les gares ou dans les
chantiers de bois au moyen de chariots ou de fardiers. L'origine de ce nom
vient de ce que beaucoup de ces gens sortaient autrefois de la Thiérache.
Ils avaient des petits chevaux ragotins se dispersant dans la forêt
pour chercher leur nourriture et rappliquant au galop auprès de leur
maître lorsque celui-ci les rappelait en lançant des coups de
sifflet entre ses doigts."
"Ragotin cheval de taille moyenne, mais solide, bien fait, nerveux."
Les enfants sur leur passage chantaient cette comptine:"Tirachiens,
tiraloup, tire la queue du loup!"
Comptine: Almanach le Briard, Coulommiers 1887
Seule une fille de quatorze ans, Marie
Villard, a laissé une trace sur le passeport de son père. Marie
Daragon, épouse de Fleury Villard était décédée
en 1825. Les orphelins avaient dû être confiés à
Catherine Villard, au hameau de Sommériecq, commune de Luriecq, car
c'est chez sa tante que le petit Jean, 9 ans, décéda en avril
1826. Ayant perdu ses attaches en Forez, le scieur se fixa en Ile de France.
En septembre 1826, il épousa une Briarde, en 1829, il retourna une
dernière fois à Luriecq d'où il repartit avec la petite
Marie, 14 ans.
J'ignore ce qu'a pu devenir cette petite Marie; en partant sur ses traces,
j'en ai croisé une autre, elle aussi née en Forez, épouse
d'un migrant et venue s'installer non loin de la Chapelle Rablais, à
Montereau.
A la recherche de Marie Villard / Michel Buthion, ouvrier faïencier à
Montereau