Chasseurs à Villefermoy
sous le Second Empire / 1/2
11° page du dossier sur la chasse

La Maison Rouge, sur le territoire de Fontenailles, Seine et Marne, à ne pas confondre avec le village entre Nangis et Provins, était une ferme d'un assez bon rapport, au début du XIX° siècle. Bernard Vincent, fils du fermier des Moulineaux, à la Chapelle Rablais, y épousa Anne Thouzard, fille du fermier de Maison Rouge, chaque époux apportant 2.000 francs, soit 4.000 F au total, ce qui plaçait le couple parmi les mieux dotés de la période 1789/1811. Jean Thousard, le fermier, s'établit bientôt à Nangis comme marchand de bois, ce qui demandait aussi des capitaux.

voir le 22° page du dossier sur les voituriers thiérachiens: Bourguignons à la Chapelle Rablais
Doc: mariages à la Chapelle Rablais 1789/1811

Cependant, on était loin d'un château; la Maison Rouge n'est qu'une grosse ferme sur toutes les cartes, dont le plan ci-dessus, tracé en 1774 pour les moines de Barbeau qui possédaient alors Villefermoy, plan qui figura dans la bibliothèque de Bois Boudran, fief depuis 1816 des comtes Greffulhe, Jean-Louis, puis ses fils Charles et Henri, enfin Henry, époux de la célèbre comtesse Greffulhe. AD 77 101 H 28 / plan et tampon de la bibliothèque de Bois Boudran
Dans la première moitié du XIX° siècle, dans sa notice sur Fontenailles des "Essais statistiques historiques chronologiques, littéraires, administratifs", Michelin bégaie un peu en attribuant les mêmes fermes à deux propriétaires différents: "Grignon, à M. de Montenard, propriétaire aussi des fermes de Heurtebise, la Maison-Rouge, les Bouleaux, avec un pavillon du même nom, ainsi que du moulin de Villefermoy et l'habitation du garde dite la Meunière...." alors que quelques lignes auparant: "M. Girault-Duluc possède les fermes de Grignon, d'Heurtebise, de la Maison Rouge, des Bouleaux avec le pavillon de même nom et du moulin de Villefermoy, qui a un gouffre sous sa roue, absorbant toute l'eau qui le fait tourner, et provenant des étangs qui sont au dessus." Louis Michelin, imprimeur à Melun, canton de Nangis, réédition Amattéis
En fait, la notice de Michelin mélange les deux éditions de ses "Essais historiques": 1829 et 1841.
En 1791, Le domaine de Villefermoy avait été acheté par Constantin Tellier comme bien national confisqué aux Bernardins de Barbeaux. Il vendit en 1793 les étangs, le moulin et les terres au sculpteur Giraud mais il garda la ferme qui sera rachetée par le comte Charles Greffulhe en 1873. A la mort du sculpteur le 14 février 1830 aux Bouleaux de Fontenailles (Etat civil, AD77 5 Mi5489 p 7), ses biens passèrent à M. Girault Duluc comme l'indique Louis Michelin: "les fermes de Grignon, d'Heurtebise, de la Maison Rouge, des Bouleaux avec le pavillon de même nom et du moulin de Villefermoy..." puis en 1840 à M. Monteynard comme il l'indique aussi.
Un bail de la ferme de l'Heurtebise, chez le notaire Tartarin datant de 1816, à Joseph Brunet prouve que cette ferme -et Maison Rouge- appartenait bien à cette époque, à Joseph Frédéric Girault, 3 place Vendôme, Paris, qui fit construire le manoir des Bouleaux.

En 1837, le "Dictionnaire géographique universel ou description de tous les lieux du globe" note un "pavillon" aux Bouleaux; Michelin précise en 1843, dans ses "Tableaux scénographiques", que ce pavillon accueille quatre personnes et la ferme des Bouleaux, dix. En 1841, parmi les personnes recensées, figure un "concierge", Pierre Camecy et son épouse, chargés d'entretenir le pavillon en l'absence des propriétaires. Recensement de 1841, Fontenailles, canton de Mormant AD77 10 M 57

Jean Baptiste Giraud était sculpteur. "Par un héritage d'un oncle fortuné, cet artiste fut affranchi de toute contrainte matérielle. il passa ainsi huit années en Italie à étudier l'Antique. Il n'exposa qu'au Salon de 1789 et acheta un hôtel 3, place Vendôme à Paris, là, dans sa demeure, il installa un musée de moulages dont l'entrée était gratuite pour les artistes".
cité dans Wikipédia
Il aurait dépensé "deux cent mille francs à faire mouler en plâtre les plus beaux morceaux de sculpture antique."

En 1841, les Bouleaux, Grignon, l'Heurtebise, Villefermoy, et la Maison Rouge sont revendus au marquis de Tamisier. Pierre Alfred de Tamisier, jeune diplomate, fut chef de cabinet du Prince de Polignac qui était Président du conseil des ministres sous Charles X, puis secrétaire d'ambassade. Comme les Greffulhe, il s'occupait de comices agricoles en Seine et Marne, et publia en 1842 et 1843 des rapports de visites de fermes (Lady, Grandpuits...). Il est recensé en 1846, demeurant aux Bouleaux "château: Alfred de Tamisier, marquis, 45 ans; Delorme Charlotte, sa femme, 34 ans, et Marie, leur fille de 15 ans." sans compter deux cochers, un domestique, un cuisinier, une femme de chambre, un maître d'hôtel, un garde et sa famille; plus le fermier, sa famille et son personnel. Recensement 1846 canton de Mormant 10 M 86

Ci-contre, son portrait par Decaisne,
"artiste peintre d’histoire, de genre et de portrait belge", auteur du fameux portrait de Lamartine aux deux chiens.
Liste des propriétaires: monographie de Fontenailles 1997
Correspondance avec un descendant du marquis de Tamisier

Doc : compléments biographiques sur la famille Tamisier

A l'époque présumée de la construction du château de Maison Rouge (1892-25=1867) , le marquis de Tamisier était déjà décédé (1801/1854) Les propriétés sont à nouveau vendues, à M. Tattet, avant que le comte Charles Greffulhe ne les rachète en 1876 *. Les Bouleaux seront alors le château-boudoir et l'atelier de peinture d'Elisabeth, princesse de Caraman Chimay, épouse d'Henry Greffulhe. Peut être y a-t'elle peint ce portrait si vivant de l'abbé Mugnier, le "confesseur des duchesses". Elle invitera Pierre et Marie Curie à y résider en 1903.
* date à vérifier

La ferme de la Maison Rouge semble bien avoir été abandonnée à l'époque indiquée en 1892 par le père Gérôme: " Le château construit il y a quelques vingt cinq ans était abattu huit ans après". La construction, vers 1867, aurait eu lieu quand M. Tattet était propriétaire des fermes; la destruction, à peu près au moment de l'achat par Henry Greffulhe.
Les recensements de Fontenailles montrent que la ferme de Maison Rouge était occupée en 1872 par Louis François Ropsy, cultivateur, 42 ans & Mélanie Tisserand, 38 ans, ainsi que Louis Ropsy, 12 ans, mais que le hameau ne figure plus au recensement suivant, 1876.

Recensements 1872 10 M 237; 1876 10 M 268

Ci dessus, le discret manoir des Bouleaux, entre Saint Ouen et la Chapelle Gauthier, attribué à tort à cette commune, alors qu'il est sur le territoire de Fontenailles, comme la ferme de l'Heurtebise dont il sera question plus loin.
Il faut donc s'intéresser au propriétaire des fermes vers 1867, "M. Tattet", seule indication de la monographie de Fontenailles. Un acte d'état civil de 1877 à Fontenailles donne des précisions sur la famille, et met en doute la date de vente des Bouleaux, présumée en 1876, alors que la famille Tattet y réside encore l'année suivante, et peut être même en 1879, puisqu'Alexandre Tattet participe à une chasse du comte Greffulhe rapportée dans le Figaro du 12 novembre.

26 septembre 1877, naissait aux Bouleaux, Hélène Lydie Olympe Tattet; un certain amour de la Grèce semble avoir présidé au choix des prénoms. Son père est Alexandre Anatole Frédéric Ferdinand Tattet, 54 ans, propriétaire aux Bouleaux, sa mère, Alice Ida Juillerat Chasseur, a quarante sept ans. Hélène a vingt sept ans de différence avec sa soeur Emma Jenny Julie dont le mari, Edouard de Visme, est d'ailleurs l'un des témoins du bébé; l'autre étant le fermier des Bouleaux, François Auguste Mouton.
Le sort a voulu qu'Hélène imite, bien involontairement, son père, qui fut un aussi un petit tarderon, né en 1827, quatorze ans après son frère Alfred .

Etat civil Fontenailles AD77 5 Mi 5495 p 105
La table décennale note 29 septembre 1877, date de la déclaration.

Alexandre Tattet, Alice Juillerat-Chasseur et leurs enfants figurent parfois sur les recensements de Fontenailles. Ils n'étaient pas présents en 1872; le fermier, vieillissant était Germain Bouly, 69 ans, aidé d'un domestique de 14 ans et d'un jardinier de 28 ans. Mais en 1876, la famille Tattet est recensée aux Bouleaux où vivaient trois familles:
1/Alexandre Tattet, 49 ans, français né à Paris, pas de mention de femme ni d'enfant, mais avec sa domesticité: Constant Vaussy, 35 ans, valet de chambre; une femme de ménage 31 ans, une femme de chambre 34 ans. Je n'ose pas m'aventurer dans le déchiffrement de certains noms de famille, les scans mis en ligne étant quelquefois particulièrement illisibles. 2/ Eugène David, 32 ans, jardinier, né à Saint Ouen et sa famille. 3/ Auguste Mouton, 41 ans, cultivateur, qui a remplacé Germain Bouly, figurent aussi son épouse et sa fille, un pâtre et un berger.
Pas de Tattet au recensement suivant, 1881. Auguste Mouton, est toujours là, avec sa famille, secondé d'un charretier de 17 ans et un pâtre de 16 ans. Plus un jardinier et sa famille.
Que les Tattet ne figurent pas sur les feuilles de Fontenailles ne prouve pas qu'ils ne résidaient plus aux Bouleaux, comme le précise le recensement de Margency où est née Henriette, le 23 août 1851: "ne sont point comprises dans cet état une 40° de personnes qui viennent habiter Margency pendant la bonne saison, lesquelles ont été inscrites à Paris ou autres villes."

Les lieux de naissance des enfants d'Alexandre et Alice sont divers et variés:
Emma Jenny Julie, déjà citée, est née le 7 juillet 1850 à Paris. En 1849, Alexandre étant domicilié à l'hôtel particulier de la famille 15 rue de la Grange Batelière, il est probable que Jenny y naquit.
Henriette Lucie Renée est née le 23 août 1851 à Margency, (et non à Montmorency comme l'indique son acte de mariage) où la famille possédait un rendez-vous de chasse: Bury, photographié ci-contre.
La naissance de Charles Ferdinand Louis, le 23 octobre 1852, est notée à Montlignon. Il s'agit d'une autre commune limitrophe de la propriété de Bury où Alfred Leroux, beau-frère d'Alexandre, époux de sa soeur Emma, possédait une résidence.
Henriette Jeanne Marie est née le 24 mai 1857 à Fontenailles.
Hélène Lydie Olympe, 26 septembre 1877, est aussi née aux Bouleaux, commune de Fontenailles comme on l'a vu.
Après la résidence familiale, 15 rue de la Grange Batelière, en 1864, Alexandre Tattet réside au 6 rue Bleue, Paris, autre demeure familiale. En 1872, il est au 28 rue de Grammont. De 1881 à son décès, le 24 octobre 1899, il habite au 96 rue de la Victoire. Ses résidences parisiennes sont concentrées dans le 9° arrondissement, non loin de la Bourse où travaillait son père.

Madame Anne Bon Jeanne LAURENCE, propriétaire, veuve de Pierre Frédéric Ferdinand Tattet, ancien agent de change près la bourse de Paris, y demeurant rue Grange Batelière n°15; laquelle a dit que, voulant rendre à M. Alexandre Anatole Frédéric Tattet, son fils, actuellement majeur, propriétaire demeurant à Paris rue Grange Batelière n°15 compte de l'administration qu'elle a eue de ses personne et biens, comme sa tutrice naturelle depuis le 11 mars 1841 jour où ledit Alexandre Tattet a eu dix huit ans jusqu'au onze mars 1844 jour où il a atteint sa majorité... "
2 avril 1845 notaire Henri Thion de la Chaume
L'acte ci-dessus, rédigé quand Alexandre eut atteint l'âge de 21 ans, détaille les avoirs -et la composition- de la famille de feu Pierre Frédéric Ferdinand Tattet, ancien agent de change près la Bourse de Paris. Quatre vingt dix pages sont nécessaires pour en faire le tour. En vrac: une participation de
"98 actions de la société de commandite fondée pour l'éclairage par le gaz d'huile de résine, Auguste Ribot et C°" , des propriétés à Gien et Nevoy, dans le Loiret, une maison 6 rue Bleue à Paris où Alexandre sera domicilié en 1864, l'hôtel particulier 15 rue de la Grange Batelière adjugé à la mère pour 400.050 F, le prieuré Sainte Geneviève à Jossigny, en Seine et Marne; et bien d'autres avoirs, pour une masse active de 2.519.451, 40 F dont Alexandre percevra 195.491,11 F pour les trois ans de tutelle. Cet acte révèle avec précision la composition de la famille: une soeur, Marie Charlotte Emma, née après Alexandre, le 31 janvier 1827, et un frère, de quatorze ans son aîné, Alfred Ferdinand Tattet, né le 19 novembre 1809, qui a laissé plus de traces que son cadet.

Alfred, le frère aîné, acquit aussi une propriété en Seine et Marne : l'Ermitage de la Madeleine, à Samois; aujourd'hui un immense château proche du pont de Valvins, à l'époque "un pavillon assez exigu, de style dix-huitième siècle, composé d'un rez-de-chaussée et d'un étage mansardé, dont la porte, du côté de la forêt, s'ouvrait au ras du sol, et dont les fenêtres, du côté de la Seine, donnaient sur un jardin à la française, encadré de charmilles."
Léon Séché, La Jeunesse dorée sous Louis Philippe 1910

Bien qu'en excellentes relations avec son "petit frère, ce pauvre être chétif et souffrant" qu'il met dans la confidence de ses frasques, on n'a pas preuves de sa présence aux Bouleaux. On pourra retrouver quelques aspects de sa vie (Alfred Tattet fut l'ami de Musset et de George Sand, connut Victor Hugo...) à la page "Traces de la famille Tattet".

Traces de la famille Tattet

Les divers lieux de naissance, entre la Capitale et les résidences d'été de la famille ou des proches, montrent que la famille d'Alexandre Tattet ne s'était pas fixée avant d'acquérir les Bouleaux, en 1854, peu après le décès de sa mère en décembre 1851. Les recensements indiquent l'évolution de la propriété: en 1851 n'y figurent que deux familles: un cultivateur et un garde; en 1856, on note quatre familles dans trois habitations: la ferme, la basse cour occupée par la famille d'un garde et celle d'un jardinier, enfin, le château où réside Alexandre, son épouse, trois enfants et quatre domestiques.

Il trouve injuste l'impôt indirect qui frappe exagérément les pauvres, mais défend aussi les propriétaires terriens, dont il fait partie: "L'impôt a toujours été fort mal réparti en France; il est loin d'être proportionnel ainsi que l'exigeraient l'équité et la justice. Autrefois il portait presque exclusivement sur le peuple; la noblesse et le clergé en étaient presque exempts; aujourd'hui il frappe sur les moins favorisés de la fortune, et ne prélève sur les plus riches qu'une légère contribution... Le propriétaire foncier, l'agriculteur obligés de porter dans la caisse du percepteur une part considérable de leur revenu, tandis que l'industriel, l'officier public, le banquier, le capitaliste ne paient que des droits insignifiants."
On ne peut pas le traiter de "socialiste", car il a, de cette doctrine, une définition assez particulière: "C'est le socialisme légalement organisé, car le socialisme, quels que soient sa forme et les noms particuliers qu'on lui donne, se réduit à cette formule : Faire profiter la société tout entière du travail et de la fortune de quelques-uns. En 1848, la France a repoussé énergiquement les hommes insensés ou criminels qui tentaient de lui imposer l'application générale de ces funestes doctrines ; comment donc en laisse-t-elle subsister l'application partielle dans sa législation?"
On connaît les opinions politiques du frère aîné d'Alexandre, Alfred: "Tous les habitués des réunions de Tattet étaient républicains, libéraux et adeptes fanatiques de l'idée romantique... Nous savons du reste que Tattet et Arvers firent le coup de feu sur les barricades de 1830. Mais les journées de juin 1848, et la peur du socialisme révolutionnaire les jetèrent comme tant d'autres dans la réaction, et, l'année d'après, ils ne juraient plus que par le prince Louis-Napoléon."
Léon Séché: La Jeunesse dorée au temps de Louis Phlippe

Alexandre Tattet s'intéressa à la politique locale. Plusieurs documents en témoignent. En 1872, il figure dans la liste des jurés d'expropriation de la Commission de la Voierie, canton de Mormant, désignés au cours de la séance du Conseil Général de Seine et Marne du 29 août 1872, présidée par son voisin à Fontenailles, le comte H. Greffulhe, châtelain de Bois Boudran.
En 1868, il fait imprimer un petit fascicule :
"De la Location du droit de chasse. Lettre adressée aux habitants de La Chapelle-Gauthier et de Saint-Ouen (Seine et Marne)" dont j'aimerais bien prendre connaissance... cité dans Le droit de chasse en France de 1789 à 1914, par Christian Estève
La même année, il fait paraître un autre fascicule de seize pages intitulé
"Des Prochaines élections au Corps législatif, par A Tattet. Dédié aux Electeurs du canton de Mormant (Seine-et-Marne)", sans pour autant sembler briguer un mandat. Si la dédicade de cet essai semble la destiner aux habitants de la région, son contenu révèle des considérations de politique bien plus générale que locale : quatre pages sur l'engagement de la France aux côtés du pape, pour la "défense des Etats romains"; trois autres pages sur les frais relatifs aux armées: "La loi du 1er février 1868 a augmenté dans une proportion considérable les forces militaires de la France, car elle a porté la durée du service de sept à neuf années, et créé une armée nouvelle qui, sous le nom de Garde nationale mobile, doit donner 550,000 combattants. Le Gouvernement pourra donc bientôt disposer de 1,300,000 soldats, nombre qui n'a jamais été atteint à aucune époque de notre histoire, même sous le règne de Napoléon 1er..." Il semble anticiper l'affrontement entre l'Allemagne et la France qui aura lieu deux années plus tard. Nous y reviendrons à la page suivante.

Quelques extraits du texte d'Alexandre Tattet pourraient être reproduits sans modification, pour s'appliquer aux discours électoraux du XXI° siècle: "Rien ne se distingue moins de la profession de foi d'un candidat du gouvernement que la profession de foi d'un candidat de l'opposition... Dans la confusion et les brigues qui vont se produire, les promesses de toutes sortes, les dons intéressés ne manqueront pas; nos murs vont se couvrir d'affiches de toutes couleurs, nous allons être inondés de circulaires; le candidat présenté ou appuyé par l'administration nous vantera son indépendance, les plus hostiles au gouvernement parleront de leur attachement à nos institutions, et chercheront à nous prouver que ce n'est qu'en les ébranlant qu'on arrivera à les consolider."
Des Prochaines élections au Corps législatif, par A Tattet" Dédié aux Electeurs du canton de Mormant chez A. Hérisé, Melun

Ayant des ancêtres Suisses du canton de Neufchâtel, les Tattet de la Côte aux Fées, les Juillerat de Locle, la famille Tattet / Juillerat était protestante; tous les actes religieux que j'ai pu retrouver le montrent. Le mariage d'Henriette Lucie, en 1875, eut lieu à l'église protestante de l'oratoire du Louvre; celui d'Henriette Jeanne, 1881, se déroula à l'oratoire St Honoré, autre nom de ce même lieu de culte; Hélène se maria en 1901 à l'église protestante du St Esprit, rue Roquépine, où eut lieu la cérémonie funèbre de Charles, en 1909.
Les pasteurs étaient nombreux dans la famille, d'un grade élevé, et souvent décorés de la Légion d'Honneur: l'oncle d'Alice, Henri François Juillerat Chasseur, fut président du consistoire de Paris; Emma épousa en 1872 Jean Casimir Edouard de Visme, fils de Casimir de Visme, président du consistoire de Lille, et la petite dernière, Hélène se maria en 1901 avec Gustave Camille Soulier, fils et frère de pasteur. Camille Soulier, le frère officiant de 1890 à 1910 à l'église protestante du St Esprit, maria peut être Gustave Camille avec ladite Hélène et enterra son beau frère par alliance, Charles Tattet.

 

Références : "Traces de la famille Tattet"

D'autres familles protestantes possédaient des résidences à proximité. A moins de quatre kilomètres à vol d'oiseau des Bouleaux, à Champ Brûlé, le baron Hottinguer était "l'héritier de la célèbre banque protestante". Le château de la Maison Rouge, s'il a existé, n'était qu'à sept cents mètres de celui du baron.
Plus près encore des Bouleaux, à Bois Boudran, la famille Greffulhe était aussi d'origine protestante, mais ne l'est pas restée.
"Les Greffulhe étaient protestants, en d'autres temps ceci eut été un obstacle presque insurmontable mais le duc de Doudeauville leva tous les scrupules de différence de religion et obtint les dispenses" pour le mariage de Jean Louis Greffulhe et Célestine de Vintimille en 1810. Un siècle plus tard, la fille de la comtesse Greffulhe se mariait en grande pompe à l'église catholique de la Madeleine. Citations: Eric Legay Le comte Greffulhe, un grand notable en Seine et Marne
Cependant, si la pratique de leur religion avait participé au choix de leur résidence briarde, les Tattet auraient plutôt choisi, au nord de la Seine et Marne, la région de Meaux et Rebais où les temples protestants étaient plus nombreux.

Ces pages auraient dû logiquement s'intercaler entre la chasse à courre des fils de Louis-Philippe et celles du comte Greffulhe, qui ne remonta l'équipage de son père que deux années avant la fin du second Empire, en 1868, jusqu'en 1912. Mais comment comprendre les paragraphes qui suivent sans savoir comment le comte Greffulhe pratiquait la chasse et gérait ses terres ?

Les quatre pages précédentes sont consacrées aux chasses du comte Greffulhe

En 1892, le directeur du journal provinois "le Briard", sous le pseudonyme du père Gérôme consacra une série d'articles aux excès du comte Greffulhe sur son territoire de chasse de Bois Boudran, à Fontenailles.
"... on me montre l'emplacement du château et de la ferme de Maison Rouge, bâtis à la porte de Glatigny et aujourd'hui rasés. Le château construit il y a quelques vingt cinq ans était abattu huit ans après, encore tout flambant neuf, et les démolitions ont servi à combler les caves. "Voilà des décombres qui sont revenus cher." me dit-on."
Le Briard 21 octobre 1892
On dit même: "Pour la petite histoire, cette ferme sera détruite sur l'ordre du Comte Greffulhe vers 1892 car lors d'une chasse avec le Roi des Belges, elle avait gêné celui-ci pour tirer sur une compagnie de perdreaux." Ce qui ne correspond pas aux indications données par le Briard, du moins pour les dates, mais ajoute à la légende noire du comte et du roi des Belges de l'époque, Léopold II qui n'a pas laissé que de bons souvenirs au Congo. Site de Fontenailles

Pierre Alfred de Tamisier avait épousé en 1830 Charlotte, fille de Charles Arnould Delorme. Ceci ne pourrait être qu'un détail généalogique parmi d'autres si la demeure du beau-père ne fut, plus tard, la propriété de Napoléon Joseph Jérôme Bonaparte, dit Plonplon, qui fut, sous Napoléon III l'heureux bénéficiaire des chasses à Villefermoy, en excellentes relations avec le successeur de Tamisier aux Bouleaux, Alexandre Tattet, ce qui sera développé à la page suivante.

Ci-contre, portrait de Charles Arnould Delorme par Ingres. Il avait créé en 1808 le premier passage couvert de Paris, entre Saint Honoré et Rivoli. Pendant les Cent Jours, "M. Delorme offrit à l'Empereur à titre patriotique et pour le temps que durerait la guerre, le revenu du Passage Delorme qui s'évelait à 60,000 francs".
1° juin 1849 Légion d'Honneur notice 109095

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Mise à jour 16 août 2022